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exceptions les pensions de MM. d'Assas, de Chambort & Luckner. Cette omission a été rétablie sans peine.

M. d'Estourmel a réclamé l'exception en faveur des septuagénaires.

tiers

M. Camus a observé qu'il y consentoit volonpour les octogénaires, ce qui feroit un objet de 15 cent mille liv.; mais que les pensions des septuagénaires s'élevoient à 8 millions, & qu'il faudroit peut-être tirer une ligne entre ces derners & ceux qui sont âgés de 75 ans. Il a ajouté que le comité ne demandoit qu'à présenter son travail général si l'assemblée vouloit lui fixer un jour. Sur ce, on a renvoyé à vendredi prochain.

Un membre du comité d'agriculture & de commerce a représenté que le privilege de franchise accordé à la foire de Beaucaire n'a pu être compris dans l'abolition des privileges, décrétée par l'assemblée nationale. Comment supposer en effet l'intention de détruire un commerce aussi avantageux pour le royaume entier, où les étrangers nous apportent des matieres premieres en échange du produit de nos manufactures? Cependant comme cette vérité n'est pas reconnue universellement, le comité a cru devoir proposer un projet que l'assemblée a décrété en ces termes :

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DÉCRET.

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« L'assemblée nationale, après avoir entendu son comité d'agriculture & de commerce, considérant que la franchise accordée aux foires franches est plutôt une faveur pour tout le royaume qu'un privilege pour certaines villes a décrété & décrete qu'il ne seroit rien innové, quant à présent, dans tout ce qui regarde les foires franches, & que la franchise continuera provisoirement comme par le passé; que les anciennes ordonnances seront exécutées selon leur forme & teneur; & particuliérement que le tribunal établi à Beaucaire pour connoître en premiere instance des contestations relatives à la foire franche, qui s'y tient chaque année, continuera ses fonctions, comme par le passé, en se conformant aux dé

crets de l'assemblée nationale. »

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Les officiers municipaux restés à Nismes, ont enfin instruit l'assemblée, par une lettre du 20 juin, souscrite par sept membres des troubles qui ont eu lieu dans cette malheureuse ville. Ils se rapprochent, quant aux principaux faits, des détails contenus dans le procès-verbal de l'assemblée électorale du département. Ils finissent par offrir leur démission,

comme ne pouvant suffire aux travaux dont ils sont surchargés.

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Enfin, les causes de l'étonnant silence de MM. les officiers municipaux de la ville de Nismes vous sont dévoilées a dit M. l'évê que de Nismes. Je ne viens pas ici appuyer leurs motifs, mais seulement vous représenter combien ces derniers troubles & la stagnation du commerce augmentent le nombre des malheu reux dans cette ville. Les besoins sont pres← sans. Je demande que jusqu'au remplacement des officiers municipaux, les commissaires du roi en remplissent les fonctions & que le directoire du district soit autorisé à venir au secours des indigens de Nismes, en faisant un emprunt au nom du département.

Il est juste, s'est écrié M. Gouttes, de porter du secours à ces malheureux; mais il faut que ce soit aux dépens de ceux qui ont occa sionné le dommage.

Il étoit deux heures M. le président a annoncé M. de Mirabeau, que conformément au décret rendu hier, demandoit à être admis. L'annonciation d'un pareil messie a excité d'assez longs bourdonnemens; un chacun sembloit vouloir en avance délasser son esprit pour porter toute son attention au monolo

gue que M. de Riquetti minor alloit jouer. M. le président craignant que la séance ne fut orageuse, a rappelé avec beaucoup de sangfroid à l'assemblée, la dignité & la majesté qu'elle devoit mettre dans une pareille circonstance. Pour prévenir tout tumulte, le président a demandé à l'assemblée où elle vouloit que M. de Mirabeau fût admis.

M. de Cazalès: M. de Mirabeau le jeune n'est point dépouillé de son caractere de député. L'assemblée n'a point prononcé ; jusqueslà aucun de ses membres ne doit être dépouillé de son caractere.

M. de Mirabeau l'aîné : Quand il ne seroit pas question de mon frere, je ne vous en dirois pas moins qu'il s'agit du point de discipline. L'amour-propre ne fait rien ici sur moi, l'amour-propre est & doit être de manifester son innocence, ou d'avouer ses torts. Je vous répete qu'il ne s'agit ici que d'un projet de discipline; & que tout ce que vous pouvez faire, c'est de déclarer le membre inculpé, jugeable.

L'assemblée, sans aller aux voix, s'est accordée à admettre le membre prévenu dans l'enceinte, & à le laisser s'expliquer & se justifier dans la tribune.

M. de Mirabeau, introduit dans l'assemblée & monté à la tribune, M. le président lui a lu le décret rendu le 18 à l'occasion de la lettre du régiment de Touraine. Après cette notification, M. Riquetti a dit :

M. le président, j'étois à 200 lieues d'ici, lorsque le décret qui me concerne m'a été notifié. Je me suis empressé d'y obéir. Je sais que la calomnie m'a précédé, la calomnie me poursuit & m'environne maintenant, la calomnie me poursuivra encore; mais je me présente devant l'assemblée nationale avec le calme de l'innocence; je reclame sa justice & sur-tout son indulgence; car je suis tellement harassé d'avoir passé treize nuits sans dormir, que je ne pourrai peut-être soutenir mon organe & la série des faits. Au reste, je les dirai nuement. M. de Mirabeau a tenu parole. Il alloit hachant les faits; mais à travers leur intervertissement, la hachure de sa narration, il mettoit dans un assez beau jour sa justification. Au reste je vais suivre M. de Mirabeau; on en jugera.

J'ai appris, & je me suis convaincu par ma propre expérience avec quelle faculté on peut tromper le peuple & le désabuser. J'ai vu le même peuple demander ma tête le 14, & le 22 venir au-devant de moi ce trait m'est

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