Page images
PDF
EPUB

écouter les représentations de quelques personnes qui étaient avec lui, il descend, cherche les livres, et les envoie à l'auteur du mémoire.

CHAPITRE XXI.

Littérateurs.

La littérature demande, pour fleurir, un concours de circonstances que les pays du nord peuvent difficilement lui offrir. Elle a cependant fait en Suède des progrès qui honorent la nation. Ce pays a des historiens, des poètes, des traducteurs qui rendent souvent avec succès les beautés des grands écrivains de France, d'Angleterre et d'Allemagne. Deux hommes, Olais Dalin et Henri Kielgrén, ont sur-tout contribué à ces progrès, l'un sous les auspices de LouiseUlrique, l'autre sous ceux de Gustave III.

Dalin vit le jour au commencement du dix-huitième siècle. Après avoir fait de bonnes études, il parcourut une partie

laire (1), et reçut des titres de noblesse. En 1763, il devint chancelier de la cour; mais il ne put remplir long-temps les fonctions de cette place, et mourut six mois après l'avoir obtenue. On a fait à Stockholm une belle édition de ses poésies, accompagnée de son portrait et de l'histoire de sa vie, qu'avait écrite le sénateur comte de Scheffer, ami de Dalin.

Dalin avait commencé à former la littérature; Kielgrén, né vers le milieu du dernier siècle, la perfectionna, et donna de nouveaux modèles. Ce littérateur joignait à une imagination vive et brillante beaucoup d'esprit et une philosophie aimable. Il prit pour modèles Horace et Voltaire, et traduisit même, avec une élégance soutenue, plusieurs de leurs productions. Ses odes,

(1) La Suède a quatre ordres de chevalerie, celui des Séraphins, celui de l'Épée, celui de l'Etoile polaire et celui de Vasa.

[ocr errors]

ses épîtres, ses élégies sont écrites aved une grande pureté, et respirent souvent cette grâce, cette finesse qui prouvent un naturel heureux et un goût exercé. Ses Essais de Philosophie morale en prose renferment des vérités utiles ex primées avec énergie et précision. Il rédigea, pendant plusieurs années, un journal qui devint un cours de bonne littérature, et dans lequel il s'élevait avec sévérité contre le faux bel-esprit l'abus de l'imagination, le sublime man qué.

Cet homme, aussi distingué par ses talens que par ses qualités morales, vécut long-temps dans une situation pénible; mais Gustave III, ayant appris à connaître son mérite, lui accorda une protéction généreuse, et lui donna des preuves de confiance et d'estime. Kiel gren était souvent appelé auprès de ce prince pour discuter des questions de littérature et de goût. Il fut chargé de mettre en vers et d'adapter au théâtre

l'opéra de Gustave Vasa et le drame de Christine, dont le roi avait fait le canevas. Il y a dans ces deux pièces des morceaux de la plus belle poésie, et le public les combla d'applaudisse

mens.

La santé de Kielgren avait toujours été faible et chancelante; il passa quelques années dans un état douloureux qui le conduisit enfin au tombeau, où le déposèrent quelques amis, sans autre appareil funèbre que le regret et la douleur. Il avait à peine fourni la moi, tié de la carrière que la nature accorde ordinairement, et sa patrie fut privée trop tôt de ses talens et de ses

vertus.

Dalin eut pour successeurs Botin, historien souvent profond, le comte de Gyllenborg, auteur de pièces lyriques, d'une satire, d'un recueil de fables, et le comte de Creutz, qui a fait une idylle intitulée Atys et Camille. C'est le même comte de Creutz qui se distin

« PreviousContinue »