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: Les rapports de la Suède avec la Russie et le Danemarck étaient changés depuis la paix de Tilsit. La cour de Pétersbourg fit faire des propositions à celle de Stockholm pour la détacher de l'alliance d'Angleterre, mais elles ne furent point acceptées. A la fin de février 1808, les troupes russes entrèrent en Finlande. Aussitôt que la nouvelle en fut arrivée à Stockholm, le roi donna ordre de cerner, par un détachement de troupes, l'hôtel du ministre de Russie, et de lui interdire toute communication au-dehors. La police fut chargée de surveiller ses domestiques, et il n'eut la permission de partir que vers le printemps.

Quelques jours après, le Danemarck déclara la guerre; les troupes de cette puissance se mirent en marche vers la frontière de Norwège; c'était le point sur lequel le Danemarck pouvait agir contre la Suède; mais la difficulté des passages, et celle de se pro

curer des vivres parmi les rochers, dans une contrée stérile, diminuaient le danger en entravant les opérations. C'était en Finlande que devaient avoir lieu les événemens majeurs et décisifs. Il ne sera pas inutile de présenter ici des notions sur ce pays où il y a eu plusieurs autres guerres qui ont influé sur les destinées de la Suède, et dont se compose une grande partie de l'histoire moderne de cet état.

CHAPITRE XXV.

Coup d'œil historique et géographique sur la Finlande.

LA Finlande, qui, vers le nord et l'est, confine à la Russie, fut la première conquête des Suédois. Eric, surnommé le Saint, entreprit, dans le douzième siècle, une croisade contre les habitans pour les convertir au christianisme. Ils résistèrent quelque temps, et l'évêque, qui avait accompagné le roi, étant tombé en leur pouvoir, ils le massacrèrent; mais la force l'emporta, et d'autres missionnaires plus heureux parvinrent à faire renoncer les Finois au culte de leurs idoles. Des colonies suédoises s'établirent à différentes époques le long de la côte, y fondèrent des villes, et enseignèrent l'agriculture aux indi

gènes. Les conquérans de la Finlande se montrèrent plus justes et plus généreux que ne l'avaient été les chevaliers teutoniques envers la Prusse, la Livonie, la Courlande. Les peuples de ces contrées furent condamnés, par les chrétiens vainqueurs, à former une caste abjecte, vouée aux travaux les plus pénibles, sans liberté personnelle, sans propriété. Les Finois furent admis à tous les priviléges civils des Suédois, et partagèrent avec leurs vainqueurs les bienfaits que répandit la civilisation.

La Finlande s'était peuplée d'habitans industrieux, et avait un commerce florissant lorsque les guerres de Charles XII y ayant attiré les armées russes, l'exposèrent à de longues calamités. Les districts limitrophes furent ravagés, et ne conservaient, pour cultiver le sol, que des enfans et des vieillards. Le pays commençait à réparer ses pertes, et les états du royaume s'étaient occupés des moyens de le faire fleurir. Mais une

nouvelle guerre le désola en 1741. Elle fut la suite des difficultés et des jalousies qui s'étaient élevées entre la Suède et la Russie. Le parti des chapeaux, alors dominant, opina pour des mesures hostiles, et fut appuyé par les puissances du midi, qui désiraient d'affaiblir l'influence de la cour de Pétersbourg dans les démêlés occasionnés par la succession de l'empereur Charles VI.

Quinze mille hommes ouvrirent la campagne en Finlande, et s'avancèrent vers la frontière. Le général en chef n'était pas arrivé, quand une affaire s'engagea près de Wilmarstrand, où trois mille Suédois furent défaits, et dispersés ou tués. Une révolution inattendue conduisit dans le même temps Elisabeth sur le trône de Russie. Le général fit paraître un manifeste pour déclarer que la Suède avait commencé la guerre, dans l'intention de délivrer la Russie d'un

gouvernement oppressif, et qu'Elisabeth ayant renversé ce gouvernement,

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