simplicité antique va au point que les parens, devenus vieux ou infirmes, tombent au pouvoir des enfans, qui les alimentent assez mal, et qui ne se font pas même scrupule de les débarrasser du fardeau de l'existence.

Le costume se rapproche davantage de celui des Russes que de celui des Suédois. Mais la langue n'a aucun rapport avec celle de ces deux peuples voisins ni avec l'idiome lette qu'on parle en Livonie. On lui a trouvé du rapport avec le lapon, et de la conformité avec les dialectes de diverses peuplades qui habitent le nord de la Russie, et qui sont évidemment de race finoise. Quelques auteurs ont cru apercevoir de l'analogie dans les racines et dans les constructions avec l'hébreu et le grec. Quoique le suédois ait dominé depuis tant de siècles dans les tribunaux, dans les colléges, dans plusieurs villages et dans les villes les plus commerçantes, le peuple conserve l'usage de la langue

indigène; et ceux qui ont appris le suédois en Suède, ou dans les familles venues de ce pays, font en sorte de l'oublier quand ils retournent au lieu de leur naissance.

C'est le long des côtes qu'il y a le plus de civilisation et que les villes sont en plus grand nombre. Abo est la capitale ; elle est située sur une rivière qui se jette dans la Baltique, et qui donne de la facilité pour le commerce. Des marchands écossais et lubeckois firent les premières entreprises sous le règne de Gustave Vasa, et maintenant il s'y trouve plusieurs maisons du pays qui ont des relations étendues. La ville a une population de dix à onze mille ames, un tribunal, un évêché et une université qui, dans les derniers temps, a été très-fréquentée.

Helsingfors a le meilleurt port, qui est vis-à-vis de la forteresse de Sueaborg. Cette ville a trois mille habitans. et fait un assez grand commerce, ainsi que Nystad, Bioerneborg, Carleby.Uleo

borg, au fond du golfe de Botnie, non ̧ loin de Torneo, est parvenue à une prospérité surprenante par ses exportations en bois et en goudron. On y compte six mille ames, des maisons opulentes, et plusieurs hommes de mérite qui joignent à la capacité du négociant des connaissances variées et le goût des arts agréables.

La ville la plus régulièrement construite est celle de Vasa, sur le golfe de Botnie, fondée par Charles IX, fils de Gustave Ier ou Gustave Vasa. Gustave III

y fit un voyage en 1775, et la choisit pour y établir une cour de justice. Il fit élever peu après un édifice où cette cour tient ses séances. Cet édifice est d'une grande étendue et se fait remarquer par la régularité de l'architecture. Il touche à une place très-vaste autour de laquelle sont les maisons qu'occupent les membres du tribunal. La ville de Vasa, auparavant peu importante, a eu dans les derniers temps. une population de trois mille ames; et

le mouvement du commerce, joint à celui des affaires qui sont du ressort de la cour de justice, a répandu une grande aisance. Pour faciliter les communications, on a fait plusieurs routes dans les districts qui environnent la ville.

Malgré les progrès de la population et de la culture, les communications dans la plus grande partie du pays sont entravées et difficiles. Il y a encore de vastes espaces entre les habitations, et sur-tout entre les villes. Les chemins sont bons, mais ne vont pas fort avant dans l'intérieur des districts. Les rivières et les lacs ne sont navigables que sur quelques points de leur immense élendue. C'est en hiver, quand les neiges et -les glaces couvrent la terre et les eaux, que se font les principaux transports. C'est alors aussi qu'il y a le plus de facilité pour faire la guerre et pour avancer, -sur-tout lorsqu'on a une armée aguerrie aux frimas et accoutumée à une nourriture peu dispendieuse.

L'ARMÉE russe commença la campagne au milieu des rigueurs d'un hiver qui durait sans interruption depuis plusieurs mois. Il n'y avait, pour arrêter cette armée, qu'un corps de dix mille hommes manquant de vivres, dispersé sur plusieurs points, et se rassemblant à la hâte. La forteresse de Sueaborg n'était pas non plus gardée comme elle aurait dû l'être, et les glaces, devenues très-solides, en rendaient les approches plus faciles. Le corps d'armée fut bientôt poussé jusqu'au centre du pays, où il prit une position. La forteresse capitula, et les magasins, l'artillerie, ainsi que cent cinquante bâtimens de guerre de toute grandeur,se trouvant dans le port parmi