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Recevez donc avec joie et allégresse ces lettres apostoliques que nous vous avons annoncées, et que nous mettons ici sous vos yeux. PIE, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS de Dieu, POUR EN PERPÉTUER LE

SOUVENIR.

L'Eglise de J. C. qui parut aux regards de saint Jean sous l'image de la Jérusalem nouvelle, descendant du ciel, tire sa consistance et son ornement, non-seulement de ce qu'elle est sainte, catholique et apostolique, mais. encore de ce qu'elle est une, et fondée sur la solidité d'une seule pierre angulaire.

Toute la force et la beauté de ce corps mystique résulte de la ferme et constante union de tous les membres de l'Eglise dans la même foi, dans les mêmes Sacremens, dans les mêmes liens d'une charité mutuelle, dans la soumission et l'obéissance au chef de l'Eglise.

Le Rédempteur des hommes, après avoir acquis cette Eglise au prix de son sang, a voulu que ce mérite de l'unité fût pour elle un attribut propre et particulier qu'elle conservât jusqu'à la fin des siècles. Aussi voyonsnous qu'avant de remonter au ciel, il adresse, pour l'unité de l'Eglise, cette prière mémorable à son Père: «Dieu saint et éternel, con» servez ceux que vous m'avez donnés. Fai»tes qu'ils forment entr'eux un seul corps, » comme nous formons nous-mêmes une subs»tance unique, que leur union devienne le

» unum sint sicut tu, Pater, in me, et » ego in te, ut et ipsi in nobis unum

>> sint >>.

Hæc Nos animo cogitantes, simul ac inscrutabilidivinæ Providentia consilio, ad supremum Apostolatûs apicem, licet indigni, vocati fuimus, statim convertimus oculos nostros ad populum acquisitionis, solliciti servare unitatem in vinculo pacis, Galliasque potissimùm intuentes, magnitudine regionum, populorum frequentiâ, ac religionis gloriâ multis jam sæculis commendatissimas, maximo dolore affecti sumus, cùm animadverterimus regiones ipsas quæ tamdiù Ecclesiæ decus ao deliciæ extitissent, postremis hisce temporibus, intestinis perturbationibus adeo exagitatas fuisse, ut maximum religio detrimentum exindè acceperit, cujus causâ, recolendæ memoriæ Pius VI decessor noster tot tantasque curas impendit. Nolumus nos hic commemoratione malorun ea vulnera refricare, quæ divina Providentia nunc sanare properat. Quibus nos divinâ ope adjuti, cùm opportuna remedia adhibere maximè cuperemus, illud jampridem apostolicis nostris litteris die decimâ quintâ maii superioris anni ad universos episcopos datis, professi sumus: « Nihil optatius contingere nobis

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symbole de celle en vertu de laquelle j'existe » en vous et vous en moi; et qu'ils n'aient en » nous et par nous qu'un coeur et un esprit »>.

Pénétrés de ces grandes idées, dès que la divine Providence, par un trait ineffable de sa bonté, a daigné nous appeler, quoiqu'indigne, au pouvoir suprême de l'apostolat, nos regards se sont portés sur le peuple acquis par J. C. avec le plus vif désir de notre part, de conserver l'unité catholique dans les liens de la paix; mais c'est surtout la France que nous avons fixée, ce pays célèbre depuis tant de siècles par l'étendue de son territoire, par sa population, par la richesse de ses habitans, et surtout par la gloire qu'il s'étoit acquise aux yeux de la Religion. Quelle douleur profonde n'avons-nous pas ressentie en voyant que ces contrées heureuses, qui faisoient depuis si long-temps la gloire et les délices de l'Eglise, avoient, dans ces derniers temps, éprouvé des troubles si violens, que la religion elle-même n'avoit pas été respectée, malgré les soins et la vigilance de notre prédécesseur d'heureuse mémoire le Pontife Pie VI.

Mais, à Dieu ne plaise que par le souvenir de ces maux cruels, nous prétendions rouvrir des plaies qne la divine Providence a guéries. Déjà nous avons exprimé combien nous désirions y apporter un remède salutaire, lorsque dans notre bref du 15 mai de l'année précédente, nous disions à tous les évêques : » Que rien ne pouvoit nous arriver de plus

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» posse quàm vitam pro filiis nostris, qui sunt Galliæ populi, profundere, » si eorum salus posset interitu nostro >> repræsentari ».

Ad ea a patre misericordiarum impetranda cùm indesinenter preces nostiæ, lacrymæque in maxima animi ægritudine profunderentur, « Deus totius » consolationis, qui consolatur nos in >>> omni tribulatione nostrâ »>, recordatus misericordiæ suæ, respicere dignatus est dolorem nostrum, ac admirando providentiæ suæ consilio, nec opinantibus nobis, aditum aperuit, quo nos, et tantis malis occurrere, et Ecclesiæ unitatem et charitatem, quam <«<< anti» quus humani generis hostis superse>> minans zizania super mysticum Ec>> clesiæ agrum » dissolvere atque extinguere conatus erat, constabilire iterùm ac revocare possemus.

Siquidem ille Dominus, « qui dives » est in misericordiâ, cogitat consilia » pacis et non afflictionis», illustrem virum penes quem summa nunc gallicanæ Reipublicæ est administratio, eâdem cupiditate finem tot malis imponendi inflammavit, ut ejus ope in abundantia pacis religione restitutâ, bellicosissima illa Natio ad unicum fidei centrum revocaretur.

Vix carissimus in Christo filius nos

>>heureux que de donner notre vie pour les » Français, nos tendres enfans, si par ce sa»crifice nous pouvions assurer leur salut ».

cœur,

Nous n'avons cessé, dans l'affection de notre de solliciter du Père des miséricordes cet insigne bienfait par nos prières et par nos larmes. Ce Dieu de toute consolation, qui nous soutient dans nos afflictions et dans nos peines, a daigné considérer avec bonté l'excès de nos douleurs, et par un trait admirable de sa Providence nous offrir, d'une manière inattendue, les moyens d'apporter remède à tant de maux, et de rétablir, au sein de l'Eglise, l'esprit d'union et de charité que l'ancien ennemi des chrétiens, en semant l'ivraie parmi eux, s'étoit efforcé d'affoiblir et d'éteindre.

Ce Dieu dont la miséricorde est infinie, et qui n'a pour son peuple que des sentimens de paix, et non des désirs de vengeance, a fait naître dans le cœur généreux de l'homme célèbre et juste qui exerce aujourd'hui la suprême magistrature dans la République française, le même désir de mettre un terme aux maux qu'elle éprouve, afin que la Religion, rétablie par son secours, refleurit au milieu des douceurs de la paix, et que cette nation belHiqueuse revînt, après ses triomphes, au centre unique de la Foi.

A peine notre très-cher fils en J. C., Napo

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