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du blé, moins rapide sans doute qu'il n'a été de 1867 à 1880, mais encore long en durée et ample en quantité, et que ce développement ne manquera pas de se produire si un jour les conditions du marché intérieur et de l'exportation lui deviennent favorables.

On cultive un grand nombre de variétés de blé d'hiver et de blé de printemps. Jusqu'en 1891, le premier occupait une superficie double de celle du second. Le contraire s'est produit en 1892: on a cultivé deux fois plus de blé dur de printemps que de blé d'hiver.

Voici la comparaison de 1885, 1891 et 1892.

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Le blé de printemps, qui rend généralement plus en Amérique que le blé d'hiver, domine presque exclusivement dans le Minnesota, l'Iowa et généralement dans l'ouest et l'extrême nord, à cause de la rigueur des hivers et de l'humidité du printemps. La limite méridionale de la zone où il domine peut être figurée par une ligne allant du Colorado au lac Ontario.

Ce blé, qui donnait une farine grise, parce qu'il était difficile par les anciens procédés de séparer complètement le son, a beaucoup gagné depuis 1880 dans l'estime des meuniers, depuis l'emploi du système hongrois de mouture au cylindre qui produit une farine très blanche et en rend plus au boisseau (1). Le prix du blé de printemps a augmenté

(1) Très souvent aujourd'hui on mélange les deux blés pour faire de la farine.

de 20 à 40 p. 100 en vingt ans ; depuis 1887, il vaut à Chicago un peu plus que le blé d'hiver: de là le développement qu'a pris cette culture (1). Cette transformation a donné un avantage de plus aux nouveaux Etats du nordouest sur les anciens Etats du centre (2).

Le blé d'hiver est cultivé surtout dans les Etats situés à l'est du Mississippi. Jusqu'à ces dernières années, la meunerie avait préféré le blẻ tendre au blé dur: il valait 5 à 10 cents de plus. Dans le sud, on cultive le blé dur en concurrence avec le blé tendre.

Sur les 516 millions de boisseaux récoltés en 1892, 12 Etats en ont produit 419, fournissant chacun plus de 10 millions de boisseaux. Situés presque tous dans le bassin moyen et supérieur du Mississippi, ils forment un groupe compact dans la plaine centrale, comprenant le Kansas (71 millions de boisseaux en 1892 et 23 seulement en 1893, diminution énorme) (3) qui tenait cette année le premier rang, le Nebraska (15 millions) (4), les deux Dakota (66 millions en 1892 et 47 en 1893) (5), le Minnesota (6)

(1) Voir Third biennial Report of the Bureau of Statistics of Labor of Minnesota, p. 179 et suiv.

(2) Le blé dur du Dakota red fife > fait prime à New York.

(3) Comtés qui ont produit le plus de froment en 1880 (d'après le Census) Brown, Dikinson, Doniphan, Jefferson, Mc Pherson, Saline, Sedgwick.

La récolte du Kansas est sujette à des variations considérables, 71 millions est de beaucoup la plus forte récolte que cet Etat ait eue; elle est encadrée entre celle de 1891 qui a donné 54 millions et celle de 1893 qui en a donné 23; la récolte de 1887 n'avait été que de 7,6 millions. (4) Comtés: Adams, Butler, Clay, Dodge, Fillmore, Hamilton, Saline, Seward, Sherman, York.

(5) Comtés (en 1890) Barnes, Cass, Dickey, Grand Forks, Pembina Richland, Sargent, Traill, Walsh.

(6) Comtés (en 1891) Brown, Douglas, Kandiyohi, Lac qui Parle, Marshall, Meeker, Nicollet, Norman, Ottor Tail, Renville, Sibley, Stearns, Yellow, Medicine.

(41 millions en 1892 et 30 en 1893 (1), le Missouri (2) (25 millions en 1892 et 15 en 1893), l'Illinois (3) (28 millions en 1892 et 15 en 1893), l'Indiana (4) (40 millions en 1892 et 35 en 1893), le Michigan (5) (24 millions en 1892 et 26 en 1893), l'Ohio (6) (38 millions en 1892 et en 1893), le Kentucky (7) (11 millions en 1892 et 10 en 1893), la Pennsylvanie, (8) (19 millions en 1892 et 18 en 1893). On peut rattacher à ce groupe deux petits Etats voisins de la Pennsylvanie, Maryland et Delaware. La plupart de ces Etats consacrent 6 à 12 p. 100 de leur territoire à la culture du froment.

L'Iowa qui a donné jusqu'à 32 millions 1/2 de boisseaux (en 1886), a tout à coup, en 1892, réduit des deux tiers sa superficie cultivée en blẻ et n'a récolté que 6 millions 1/2 de boisseaux en 1893. Que de déceptions et de gênes de pareilles variations ne font-elles pas soupçonner!

La Californie (9) (39 millions en 1892 et 35 en 1893) forme à elle seule un groupe important.

(1) Le rendement avait été de 13 boisseaux par acre d'après le Census de 1880; il était de 14 boisseaux d'après celui de 1890.

(2) Comtés: Franklin, Greene, Johnson, La Fayette, Pike, Polk, Saint-Charles, Saint-Louis, Saline.

(3) Comtés Adams, Christian, Clinton, Greene, Macoupin, Madison, Montgomery, Monroe, Pike, Randolph, Saint Clair, Sangamon, Washing

ton.

(4) Comtés: Allen, Caroll, Elkhart, Fountain, Gibson, Knox, La Porte, Montgomery, Posey, Rush, Saint-Joseph, Shelby Tippecanoe. (5) Comtés: Allegan, Barry, Calhoun, Clinton, Hillsdale, Iona, Jackson, Kalamazoo, Kent, Lenawee, Oakland, Saint-Joseph, Washtenaw. (6) Comtés Champaign, Darke, Greene, Hancock, Miami, Montgomery, Pickaway, Sandusky, Seneca, Stark, Wayne.

(7) Comtés Bourbon, Christian, Fayette, Hardin, Logan, Meason, Scott, Woodfort.

(8) Comtés: Berks, Chester, Cumberland, Franklin, Lancaster, Washington, Westmoreland, York.

(9) Comtés: Butte, Colusa, Contra Costa, San Joaquin, Solano, Stanislaus, Sutter, Tehama, Yolo.

La moyenne générale du rendement a été, pendant la période 1880-1893, de 12, 4 boisseaux par acre (11,25 hectolitres par hectare) (1). En France la moyenne a été 15,10 hectolitres par hectare, pour la période 18801889 (2).

Le rendement est considérable dans les terres irriguées, et dans certaines vallées de la région de la Cordillère, où s'est accumulé depuis des siècles un humus profond que les pluies n'ont pas dilué; il s'élève jusqu'à 17,8 boisseaux (16,1 hectolitres par hectare) dans l'Utah, le Nevada, le Montana, jusqu'à 18 dans le Wyoming et même 19 (17,2 hectolitres) dans le Colorado. Mais ces Etats ne produisent en somme qu'une petite quantité de blé, parce que la plus grande partie de leur territoire est inculte. En général, le rendement moyen par acre semble avoir une tendance à diminuer dans les nouvelles formes de l'ouest à mesure que la surface cultivée s'étend et que les mauvaises herbes se multiplient.

Au contraire, dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, où presque tout le sol est approprié et où la culture est le plus avancée, le rendement ne dépasse guère 16 boisseaux (14, 5 hectolitres), parce que la terre est généralement

(1) La moyenne calculée sur la totalité des récoltes des Etats-Unis pendant les années 1889-1893 est de 11,56 hectol. par hectare, la statistique américaine donne une autre moyenne un peu plus forte calculée sur les rapports des correspondants du Département de l'Agriculture; cette moyenne, qui comprend les deux très bonnes récoltes de 1892 et surtout de 1893, est supérieure à la moyenne des vingt années 1870-1889 qui a été de 11,01.

Pour la France la moyenne quinquennale de 15,20 hectolitres comprend la mauvaise récolte de 1891 et la récolte médiocre de 1892.

(2) M. Dodge (Album of Agric. Stat, p. 7) fait remarquer que, quoique le climat du sud ne soit pas favorable à la production du blé, on peut en certains endroits obtenir une récolte supérieure à la moyenne générale des Etats-Unis.

de médiocre qualité (1). Cependant le rendement tend à y augmenter à mesure que l'agriculture s'y perfectionne; on trouve dans le Maine des fermes qui rendent 30 à 40 boisseaux (27 à 36 hectolitres par hectare) et dans le New York des fermes qui rendent 32 et quelquefois plus. (2)

Le rendement descend à 8 (6, 4 hectolitres) et même à 6 (South Carolina) dans le sud qui est, sous presque tous les rapports, à l'état d'infériorité. Néanmoins, quoique le climat n'y soit pas favorable à la production du blé, on pourrait, en certains endroits, obtenir un rendement supérieur à la moyenne générale des Etats Unis.

Dans l'échelle du rapport de la quantité produite au nombre d'habitants, le premier rang appartient aux deux Dakota, qui ne sont jusqu'à présent qu'une grande fabrique de blé bien outillée en machines où l'on épargne le travail de l'homme. En général les régions de l'ouest et du nordouest récoltent par tête d'habitant beaucoup plus de blė que celles de l'Atlantique.

« Le rendement, dit M. Dodge dans son rapport pour l'année 1892 (3), pourrait facilement augmenter de moitié;

(1) D'après l'enquête décennale de 1882, le rendement moyen en blé était de 15,92 hectolitres pour la France entière. La récolte ayant été très bonne (129 millions d'hectolitres), ce rendement est un peu supérieur à la moyenne ordinaire de la période 1880-1890. Cette moyenne varie beaucoup suivant les départements. Ceux où elle était le plus forte sont: Seine: 27.29, Nord 24,25, Eure-et-Loir 20,10, Oise 20,80, Seine-etMarne 21.80, Seine-et-Oise, 23,60. Ceux où elle était le plus faible sont: Corse 9,17, Charente 11,70, Basses-Alpes 12,36, Alpes-Maritimes 12,07, Charente-Inférieure 12,77, Lot 12,13.

(2) On trouve aussi dans l'Illinois, le Minnesota, etc., quelques fermes rendant 20 à 30 boisseaux par acre.

(3) M. Dodge (Report of the Statistician for 1892, p. 417) fait remarquer que 50.000 fermiers ont fourni des renseignements sur le rendement en récoltes en 1892, mais que le plus grand nombre les a fournis seulement pour le maïs. Pour le blé, les renseignements ont porté sur 23 mil

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