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ment appuyé par plusieurs autres orateurs le marquis de Blandford, M. Western, les aldermen Waithman et Thomson, etc.), .qui présentaient des moyens ou des vues pour remédier à la détresse, tels que la suppression des monopoles, la réduction des taxes, et un changement dans le bill de 1819 concernant les monnaies, le rétablissement des petits billets, etc.

Le chancelier de l'échiquier (M. H. Goulburn) maintint ici, comme lord Wellington devant les pairs, que la détresse n'était pas géné rale en Angleterre ; que même l'état agricole de l'Irlande était très florissant, et que dans le nord on n'avait ressenti aucune misère. Quant au système monétaire que des membres avaient parlé de changer, l'honorable chancelier de l'échiquier déclarait que l'altération du numéraire tel qu'il avait été fixé en 1819, comme base de la circulation, ou le rétablissement des bank-notes d'un schelling, étaient des concessions que le gouvernement ne ferait jamais.

Ici un orateur, qui paraissait pour la première fois comme membre du parlement, le fameux O'Connell, se leva du troisième banc de l'opposition et son apparition excita au plus haut degré la curiosité de la Chambre. Il commençait par réclamer l'indulgence de la Chambre en annonçant que le peuple d'Irlande lui avait commis le soin de ses intérêts, et que pour remplir ses devoirs il aurait souvent à exprimer ses opinions... Venant au discours de la couronne, il le trouvait indigne d'un gouvernement sage; il ne pensait pas qu'en France même on supportât un tel discours. «Si la « Chambre des Communes représentait véritablement la nation an« glaise, s'écriait-il, oserait-on lui tenir un pareil langage? » Enfin, après une critique amère des passages relatifs à la Turquie, à la Grèce, au Portugal, il donnait, en parlant de l'Irlande, un démenti formel aux assertions du chancelier de l'échiquier.

« J'ai traversé naguère, disait M. O'Connell, les provinces de Connaught, de Leinster et de Munter, et je n'y ai pas vu cette prospérité que les ministres aperçoivent avec tant de perspicacité, au milieu des souffrances générales du pays. Dans un district an nord de l'Irlande, j'ai su que les fermages du mois de novembre n'avaient pu être soldés que par la vente de la couverture, et même de la marmite du fermier........ Il nous faut une réforme dans le système actuel de la loi commune des cours ecclésiastiques et d'amirauté; et, à ce

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sujet, j'adresse mes très humbles et très sincères remercimens à M. Peel pour les heureuses tentatives de réforme qu'il a déjà essayées dans le système génėral de nos lois. Mais il faut aller plus loin, détruire la barbarie des plaids spéciaux, et faire que toutes nos cours de justice basent leurs jugemens sur des principes uniformes et bien établis.

De toutes les opinions émises dans cette grave question de la détresse du pays, nulle ne mérite plus d'attention que celle de M. Huskisson, par la connaissance de la matière et l'importance de la position politique qu'il avait eue dans le cabinet. En voici la substance.

Je pense, disait-il, que dans les circonstances présentes, et au milieu de l'inquiétude qui règne généralement, il ne faut pas provoquer une discussion hostile entre les représentans du peuple et le peuple lui-même, et ne pas faire tomber les reproches sur la Chambre des Communes en exagérant les malheurs du temps. Je suis loin de désespérer de voir notre pays reprendre une situation plus favorable; mais d'après toutes les informations que j'ai prises, je suis certain que l'état de gêne où se trouvent généralement les producteurs les ruinerait absolument s'il continuait plus long-temps. Je crois que le pays, dans ce qui touche la classe des producteurs, est dans un grand état de souffrance, quoique je sois persuadé an fond qu'il n'y a rien d'imminent poor sa ruine. C'est en s'étudiant à améliorer ce qui touche les intérêts des classes industrielles que nous pourrons rétablir la prospérité publique.

« Il a plusieurs difficultés à considérer dans la position où nous sommes, et dont le Parlement fera bien de s'occuper : quelques-uns attribuent la détresse publique à un prétendu défaut de numéraire; proposition qu'il serait difficile de soutenir, car nous voyons que le numéraire est maintenant plus abondant qu'il ne l'a jamais été dans la capitale. Nous avons vu les bills de l'échiquier produisant 2 114 p. 010 se vendie à 75 s. de prime, ainsi que le bas prix auquel on empruntait l'argent. Le fait est qu'il régnait une stagnation complète dans quelque partie de l'industrie productive, et que, dans d'autres, les capitaux restaient inertes Ce fut un sujet de satisfaction de reconnaître que le produit de nos exportations, dans la dernière année, a excédé celui des années précédentes; mais nons savous aussi que les capitaux et les propriétés ont été fort souvent improductifs. Il serait difficile de concilier ces deux faits, le défant de numéraire et le taux si bas des profits.

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Dans presque toutes les branches d'industrie, le gain était si faible qu'il pouvait à peine compenser le capital avancé, ou suffire à la dépense des individus employés aux différens travaux. Il y a certainement de l'irrégularité dans l'action de notre existence; et, dans le cas où nous nous tronvons, en proposant d'augmenter le numéraire, ce serait peut-être agir aussi inconsidérément que de faire boire des liqueurs spiritueuses à un homme dont le sang serait déjà allumé. Je ne serais donc pas disposé à soutenir la motion de l'honorable sir Edward Knatchbull, si l'on devait en inferer que je partage quelques unes des doctrines soutenues par ceux qui l'ont appuyée. Je suis si loin de les adopter ces doctrines, que c'est avec une vraie satisfaction que j'ai entendu ce qu'en a dit le lord chancelier.

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En vain prétend-on que la détresse n'est pas aussi grande que nons le disons. La classe des producteurs a été très malheureuse, et je pense que

cet effet est dû à des causes qui ne permettaient au Parlement d'y apporter ui secours ni remèdes, en donnant une direction différenté au cours des capitaux. Sur ce point, je diffère entièrement d'avis avec celui qui a appuyé l'adresse.

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Je n'ai pas l'intention de m'avancer dans le vaste champ de la politique étrangère. Mais je ferai observer, en passant, que le disconrs de S. M. n'a fait que constater la fin de la guerre entre les Russes et les Turcs. Je suis très satisfait de savoir que cette guerre est terminée, sans avoir aucun éclaircissement sur la manière dont elle a été conduite à fin. C'était un principe reçu, que l'indépendance de la Turquie était nécessaire à l'équilibre des puissances de l'Europe. Or, cette circon. stance imposait naturellement au gouvernement la charge (onus) de démontrer que rien, dans le traité d'Andrinople, ne rompt cette balance, Ou n'en dit rien, et depuis l'arrivée des Russes dans cette ville, on ne voit pas que l'affaire des Grecs ait fait de grands progrès. Quant au Portugal, quelqué soin que l'on ait mis dans les deux dernières sessions à ne pas traiter le fond de la question qu'il soulève, j'espérais que nous n'éviterions pas plus long-temps de rechercher ce qu'il était convenable à notre nation de faire en cette cir constance. On a bien laissé prévoir la reconnaissance de don Miguel, mais: si cela doit avoir lieu, il serait bon que l'on nous donuât des informations un peu plus précises qu'à la dernière session. J'ai vu avec regret que dans le discours de la couronne, on a complétement omis de parler des guerres qui ont ea liea sur l'autre hémisphère. Nous avons un traité de paix et d'amitié avec Mexico, et je pensais que les efforts qui ont été faits pour empêcher l'industrie de ce pays de suivre son cours naturel, que ces tentatives de pillage. et de guerre funestes à la reconnaissance du commerce à México, aux intérêts de la navigation, à l'exploitation convenable de l'Amérique du Sud, dout les produits sont si importans pour nous, je pensais, dis-je, que tout cela méritait quelque attention, et j'aurais été bien aise d'apprendre que S. M. cherchait sans relâche à faire renaître la paix et la sécurité dans ses nouveaux États. Nous ne sommes pas les seals que ces matières concernent. L'Europe a le plus grand intérêt à voir l'Amérique du Sud jouir d'une paisible indépendance, et se former en sociétés utiles et importatites.

«Dans le discours, il n'est pas non plus question de l'Irlande. Je ne prétends pas bien connaitre ce pays; mais je crois que, malgré quelques inconvéniens, sa grande richesse agricole est un avantage pour l'Angleterre. Pourquoi, après le grand acte de justice de la dernière session, ne pas nous dire si cette mesure a produit tout le bien qu'on en attendait? Je pense, moi, qu'elle a produit un grand bien, sans être étonné de ce que les résultals n'en out point été aussi étendus qu'on le désire. »

Après ce discours, que l'on peut considérer comme un signal que M. Huskisson donnait à ses amis de se séparer du ministère, M. Peel s'attacha moins à le contredire et à le réfuter qu'à faire voir sous un jour favorable les finances et le commerce de l'Angleterre. Quant au système monétaire, il déclarait, comme le chancelier de l'échiquier, que les ministres étaient bien décidés à n'y rien changer; et tout en reconnaissant combien la détresse était affreuse et affligeanté pour tout bon Anglais, il conjurait le parle

ment de ne pas adopter avec trop de chaleur des mesures qui pourraient troubler la tranquillité publique.

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M. Brougham, qui parla le dernier sur l'amendement, ne le croyait pas nécessaire; ce n'était, à son avis, qu'une querelle de mots qui ne préjugeait en rien la grande question de la détresse ; cependant il le préférait à la rédaction de l'adresse.

En résultat, l'amendement mis aux voix fut rejeté à une majorité de cinquante-trois voix (cent cinquante-huit contre cent-cinq), majorité trop faible pour lui promettre une longue existence.

L'adresse, rapportée le lendemain, fut l'objet d'une discussion qui se prolongea plusieurs jours, et roula principalement sur les affaires extérieures. Plusieurs membres (lord Palmerston, M. Grant, lord John Russell, le docteur Lushington, sir R. Wilson et sir Lamb) attaquèrent ou blâmèrent fortement le système du cabinet, que M. Peel défendit, en déclarant nettement que le système de politique extérieure et intérieure que le ministère avait adopté était essentiellement pacifique.

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Le pays a acquis assez de gloire militaire, disait l'honorable secrétaire d'État les sacrifices onéreux de la dernière guerre, tout en réprimant une tendance trop belliqueuse, laisseraient néanmoins encore à l'Angleterre assez de ressources pour se montrer, si l'honneur national l'exigeait..... Mais la paix est essentiellement désirable..... L'Angleterre peut avouer publiquement son amour pour la paix, parce qu'elle est assez forte et assez puissante pour ne point redouter les conséquences de la guerre. Qu'il me soit permis de dire que ceux qui, par principes, par humanité, par une conviction politique, se sont efforcés de maintenir les peuples dans une paix juste, ceux-là seront toujours les plus capables de soutenir les suites d'une guerre juste et nécessaire. J'ajouterai maintenant un mot sur ce qu'a dit l'honorable M. Lamb, en faisant allusion à la création du ministère français; il a prétendu que c'étoit une chose notoire, en France comme en Angleterre, que notre cabinet avait présidé au choix des nouveaux ministres. Une pareille allégation est absolument dénuée de fondement; nulle communication directe ou indirecte ne s'est établie avant cette nomination entre aucun des personnages revêtus ici d'un caractère officiel, et les membres du cabinet français.

Quant à l'objet spécial de l'adresse, à la détresse du pays, on revint à plusieurs fois sur les causes et sur les moyens indiqués pour y remédier. Le marquis de Blandford mettait au nombre des moyens les plus efficaces la réforme parlementaire; mais la question n'était pas arrivée à sa maturité; et après bien d'inutiles

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débats, l'adresse fut adoptée sans division, telle qu'elle avait été proposée.

En même temps qu'il repoussait l'enquête pour l'intérieur, M. Peel en provoquait une sur l'état de l'Inde, sur la question du monopole de la Compagnie. Il ne se trouva point à ce sujet d'opposans, et le comité a été nommé du consentement de toute la Chambre. Une autre session fera connaître le résultat de cette enquête.

Quoiqu'on eût abordé toutes les grandes questions de politique extérieure et intérieure, à propos du discours de la couronne et de l'adresse, il se fit encore plusieurs motions, annoncées à cette époque, sur les mêmes objets. Ainsi, lord Holland demanda, dans la séance du 13 février, que la Chambre exprimât en ces termes ses vœux sur la pacification de la Grèce :

• La pacification de la Grèce, disait-il, ne sera jugée par la Chambre utile aux intérêts de l'Angleterre et honorable pour la couronne qu'autant qu'elle assurera au pays un territoire suffisant pour sa défense, par terre et par mer, et qu'elle établira un gouvernement libre d'adopter des institutions en rapport avec les vœux du peuple, et de protéger ses sujets contre toute intervention intérieure dans leurs affaires,»

Cette motion devait paraître inopportune et fâcheuse au ministère, au moment qu'il venait de signer le protocole du 3 février (V. page 671), et de marquer des limites si étroites à la Grèce. Lord Holland, qui le connaissait sans doute, insistait particulièrement sur la cession de Candie.

Le duc de Wellington, après s'être défendu tant bien que mal sur le rôle que l'Angleterre avait joué dans les démêlés de la Porte avec la Grèce et la Russie, malgré la réserve qu'il voulait garder sur des négociations non encore terminées, voulut bien laisser échapper une partie de son secret.

Lord Holland a prétendu, dit S. G., que nous aurions dû joindre l'île de Candie au territoire grec; mais le noble lord doit savoir, ce que tout le monde sait, que l'ile de Candie n'a jamais été comprise dans le protocole signé au mois de mars de l'année dernière. Mais pourquoi ne pas l'y comprendre? me dit-on. Je ne sais si nous le devons ou si nous ne le devons pas; tout ce que j'ai à dire, c'est qu'en supposant que nous prissions cette détermination, il faudrait d'abord en faire la conquête, il faudrait l'avoir pour la donner. Elle appartient à la

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