Crois-tu, ma Rosmala, que le courroux des Dieux Puisse ajouter aux maux que nous souffrons tous deux? Laissons briller l'éclair qui mènace nos têtes, Nos coeurs sont trop flétris pour craindre les tempêtes. AIR. Depuis vingt ans proscrits, errans, Mille souvenirs déchirans Chaque jour comblent nos misères. Quel avenir espérer ? Nous faudra-t-il sur l'aride bruyère, Loin de nos aïeux expirer, Sans avoir de leur tombe embrassé la poussière? ROSMALA. Qu'ai-je entendu, grands Dieux! Loin de notre patrie Nous serions condamnés à finir notre vie, AIR. Non, non, plus de souffrances, Odin va mettre un terme à nos longues douleurs ; Odin, Fingal! voilà nos espérances. 'Tremble, Caros!... Du haut de ta grandeur, Ton œil plonge en riant sous l'effroyable abîme Où languit ta victime; Vois-la briller enfin de toute sa splendeur; .... Comme un pin de Moruth par la foudre écrasé, Et tu rentres dans la poussière. Mais pourquoi tardez-vous! Qui vous peut arrêter! Odin!... MORAR. De quel espoir tu flattes ma vieillesse ! Oh! ma fille, avec quelle ivresse ROSMALA. Ah! leur nom seul me fait verser des larmes; Mais quand nous rentrerons pour la première fois Dans ce palais des rois, Jadis affreux séjour et de deuil et d'alarmes! Quel souvenir nous attend là? MORAR. Que dis-tu, Rosmala! De Sennmor épargne les frères; Sans les accroître encor de tous ceux de nos pères? Fuyez donc, noirs chagrins... n'attristez plus mon âme! MORAR. Viens, Rosmala, ta voix m'enflamme. Eh! mais... n'entends-je pas, dans le lointain des airs, Déjà nous respirons un air plus doux, plus pur.... Le ciel exauce enfin nos vœux; Salut, ombres de nos aïeux! Quel destin éclatant Ce grand jour nous révèle ! (Ensemble). Salut! salut, terre chérie! Salut! salut! ô ma patrie! A M. LE COMTE DE VIOMENIL, Lieutenant-général des armées du roi, pair de France. NESTOR des chevaliers Français, Vous êtes aussi leur modèle; Amant de la fière Bellone, Pareils au printemps, vos hivers Trompant ainsi le vol du temps, Les premiers jours de son printemps. FOUQUEAU DE PUSSY. SIRIUS, OU LES MONDES (1)." ODE. (Cette ode, tirée d'un ouvrage inédit sur les constellations anciennes, renferme les opinions des anciens philosophes sur la pluralité des mondes, et sur l'origine et le système de l'univers ). SOUVERAIN des soleils (2),,astré aux feux éclatans! Tu fus divinisé sur ces rives fameuses (3) Où le Nil à ta voix fertilisait les champs (1) Voici la lettre que nous a adressée l'auteur de ces vers en nous les envoyant : « Occupé pendant long-temps de recherches astronomiques, j'ai composé un ouvrage manuscrit sur les différentes sphères anciennes et sur l'époque de leur formation; à l'exemple de M. Marchangy dans sa Gaule poétique, j'ai inséré différentes pièces de vers qui peignent le caractère des peuples et les mœurs des temps. Je vous envoie aujourd'hui l'une de ces ·pièces qui, sous la forme d'une ode, contient l'exposé des connaissances astronomiques des anciens philosophes Grecs ; le sujet, intéressant par luimême, l'est peut-être encore plaš par sa nouveauté; je laissé à votre jugcment à décider si le style le rend digne du public ». (2) Manilius, lib. 1, vers. 392. (3) Hérodote, 4. (4) Bainbrigge, de anno canicul. c. 4. Mais ton trône brillant est dans l'immensité. Plein d'un trouble inconnu, j'admire ta splendeur. Un charme impérieux plus haut m'élève encor ; Et je la suis à peine entraîné par l'essor J'ai franchi cet espace où luit l'astre des jours, Là dans sa profondeur s'ouvre l'immensité. Là mon oeil égaré ne se reconnaît plus. De sa course sanglante (10). L'univers agrandi s'étend autour de moi, Sa demeure paisible. (5) Diogène Laërte, liv. 8. c. 39. Theophrast apud Cicer. Academ. 2, (6) Plutar. de plac. philos. lib. 1, cap. 3. (7) Emped. apud Porphyr. de vitâ Pythag. p. 35. Aristot. de Coelo, lib. 2. (8) Macrobe. Songe de Scipion. liv. 1, c. 17. (9) Plut. de plac. philos. lib. 2, c. 20. -Petau, Uranolog. tom. 3, p. 81. (10) Seneque. Quest. nat. liv. 7, chap. 3. par Aristote, Meteor. lib. 1. c. 26. (11) Suidas, de Orph. p. 350. Hippocrate de Chio cité |