Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

•paru indispensables, pour retenir, par la terreur, les légions de
⚫ traîtres entrés dans ses murs au moment où l'on allait marcher à
« l'ennemi; et, sans doute, la nation entière, après la longue suite
« de trahisons qui l'ont conduite sur le bord de l'abyme, s'empressera
d'adopter ce moyen si nécessaire de salut public; et tous les Fran-
çais s'écrieront, comme les Parisiens : « Nous marchons à l'ennemi,
mais nous ne laissons pas derrière nous des brigands pour égorger
⚫ nos femmes et nos enfants. L'infernal espoir de ces provoca-
teurs ne sera pas rempli. Trois ou quatre municipalités seulement se
déshonoreront, en imitant leur exemple, et feront périr environ
150 personnes.
L'histoire n'a compté que très-peu de gouver-
neurs ou de magistrats qui refusèrent d'obéir aux ordres sanguinaires
de Charles IX (Massacre de la Saint-Barthélemi, en 1572); le très-
grand nombre des communes de France reçoivent, au contraire, avec
indignation la circulaire féroce de la commune de Paris; et la ca-
tastrophe de 1572 reste encore, suivant l'expression de Péréfixe,
< une action exécrable, qui n'a jamais eu, et qui n'aura jamais, s'il
« plaît à Dieu, de semblable. » Sans doute, on doit accuser le
peuple français de la plus insigne lâcheté pour avoir souffert le
triomphe de la commune de Paris; mais les émissaires de Marie de
Médicis, les courtisans du Louvre, sous l'avant-dernier des Valois,
avaient mis tous, un horrible empressement à massacrer leurs con-
citoyens sans défense.

Si en 1792 les anciens chefs du peuple français, ces hommes auxquels il eût, entraîné par ses habitudes, rendu quelque déférence, se fussent trouvés en France, ils auraient inévitablement influé sur l'opinion générale, et, sans doute, prévenu l'exécution de plusieurs cruautés révolutionnaires. L'exemple de la Vendée accusera toujours les nobles qui s'éloignèrent.

Septembre 9. 57 prisonniers destinés d'abord à être jugés par la haute-cour, séante à Orléans, et amenés à Paris, sous le prétexte d'accélérer leur jugement, sont massacrés à Versailles avec 21 personnes détenues dans les prisons de cette dernière ville.

16. Vol des bijoux et pierres précieuses du Garde-Meuble de la couronne. Ce vol est exécuté par d'obscurs brigands, émissaires de la commune de Paris.

19. Décret qui supprime l'ordre de Malte.

20. Combat de Valmy (21. O. de Ste-Menehould, Marne) et ses suites. -Dumouriez, général en chef; Valence, Beurnonville, généraux de division; d'Aboville, général d'artillerie.

--

Armée de Dumouriez,

[ocr errors]
[ocr errors]

1

35,000 hommes; armée du Rhin aux ordres de Kellerman, 25,000
hommes; tués ou blessés, de à 8,000 hommes.
7
Armée confé-
dérée, le roi de Prusse, le duc de Brunswick, généralissime; Clair-
fayt, le prince de Hohenlohe - Kirchberg, généraux autrichiens;
80,000 combattants; tués ou blessés, environ 6,000.- Le succès des
Français est dû à quelques coups de canon tirés à propos; et aussi
à de légères circonstances, dont le général Kellerman profite avec
audace.

Les jours suivants, l'armée prussienne commence à se retirer. Le plan de ses généraux est si défectueux, leur confiance est si présomptueuse, que tout se trouve renversé par une seule canonnade, à la première rencontre des troupes françaises. Cette armée manque de vivres, et est en proie aux maladies. Les chefs, enivrés de la rapidité de leurs progrès, se sont affranchis des règles ordinaires. Laissant sur leurs derrières toutes les places fortes, dont ils ne sont pas les maîtres; ils marchent sur une ligne très étroite et sur une profondeur de plus de 40 lieues; ils s'avancent témérairement en Champagne sans magasins, et sans prévoir le défaut de subsistances; sans que l'immobilité de la population les éclaire sur ses dispositions. Frédéric - Guillaume voyant ses forces compromises dans une entreprise dont l'issue devient de plus en plus incertaine, et dont le succès ne peut lui être personnellement avantageux, se retire en se plaignant amèrement des émigrés qui lui ont si faussement annoncé la jonction des soldats français et des habitants. - Tels sont les principaux motifs de cette retraite si diversement expliquée d'abord, parce que, étant inattendue, elle paraissait incompréhensible à beaucoup de monde. Frédéric-Guillaume était accouru plein de l'idée qu'il immortaliserait son nom par le rétablissement de l'ancienne monarchie française. L'illusion était brillante, mais aux premiers pas elle s'évanouit, et il a voulu conserver ses troupes que ravage une maladie contagieuse jointe à la famine. Repoussés de la France, ses généraux ne tarderont pas à l'être, moins honorablement encore, de la Pologne. Kosciusko leur fera lever précipitamment le siége de Warsovie, après un bombardement inutile de plus de deux mois; et l'armée prussienne ne devra son salut qu'au secours des Russes et à l'inhumanité de leur chef (V. 4 novembre 1794).

Septembre 21. Clôture de la seconde assemblée nationale, surnommée législative. François dit de Neufchâteau, remettant les pouvoirs de cette assemblée aux membres réunis de la convention nationale, leur parle ainsi : « Le but de vos efforts sera de donner

⚫ aux Français la liberté, les lois, et la paix : la liberté, sans laquelle « les Français ne peuvent plus vivre; les lois, le plus ferme fonde«ment de la liberté; la paix, seul et unique but de la guerre. « La liberté, les lois, la paix: ces trois mots furent imprimés par « les Grecs sur la porte du temple de Delphes; vous les imprimerez « sur le sol entier de la France. » Cette harangue de rhéteur est bafouée de ceux même à qui elle s'adresse.

L'assemblée constituante avait été perfide, mais courageuse; du moins à son début. Celle qui l'a remplacée a, du premier au dernier jour, réuni la lâcheté à la perfidie. Arrivée avec la fièvre révolutionnaire, elle s'est acharnée à renverser ce qui restait encore de l'ancien état monarchique. Elle plonge la France dans l'abyme et fuit avec précipitation. Mais ses chefs se sont réservé de reparaître avec des attributions plus malfaisantes; on va les retrouver à la convention, où soutenus des auxiliaires infernaux qu'ils auront évoqués, ils combleront la mesure du crime. L'assemblée constituante avait proclamé avec ostentation, des formules de liberté, d'indépendance; à d'éternelles vérités, elle avait mêlé de spécieuses doctrines; elle avait faussement appliqué de bons principes de droit public ou politique; la majorité avait été abusée ou entraînée par les méchants, tandis que l'assemblé législative a émis une foule de lois qu'on ne pourra jamais mieux caractériser, qu'en leur conservant le nom de lois révolutionnaires. Ses actes ont porté la confusion dans les relations sociales, dénaturé l'instinct du bon sens, dépravé les notions de morale, éteint toutes les affections honnêtes.

Les démagogues les plus ardents de cette assemblée, furent Bazire, Brissot, Cambon, Carnot, Chabot, Condorcet, Couthon, Gensonné, Guadet, Isnard, Lacroix, Lamarque, Lasource, Lecointre, Mailhe, Quinette, Thuriot, Vergniaud, tous élus à la convention. Que pouvaient contre cette horde de révolutionnaires forcenés, les efforts de quelques défenseurs de la justice, de l'humanité, Becquey, Beugnot, Mathieu Dumas, Stanislas Girardin, Hua, Jaucourt, Lemontey, Ramond? Cette faible minorité n'avait à son usage, que le langage de la raison; lorsque ses adversaires déchaînaient les passions, s'annonçaient comme des patriotes inébranlables et flattaient le peuple, trop disposé à voir le zèle dans le fanatisme, comme la perfidie dans la modération. Cette minorité flottait elle-même, sans boussole et sans gouvernail. En butte aux dédains des conseillers secrets du roi, elle se méfiait avec raison, de leurs arrière-pensées et pressentait trop bien l'instabilité du conseil

ostensible. La cour toujours plus mal habile, parce qu'à ses vieilles erreurs qu'elle conservait avec une imprudence extrême, elle joignait un profond ressentiment des outrages dont on l'avait abreuvée, ainsi qu'une indiscrète impatience de ressaisir sa domination; la cour isolée par la fuite ou la retraite de ceux qui rattachaient leur sort au sien, la cour s'égarant de plus en plus, se précipitait vers l'inévitable abyme où devait disparaître la monarchie.

En résumant les travaux de cette assemblée dont la durée n'a été que d'une année, et qui pourtant a rendu 1200 lois, on voit qu'elle laisse à la France:

La guerre avec deux grandes puissances du nord.

[blocks in formation]

Les colonies dévastées par les principes et les attentats du jaco

binisme.

Les finances dans l'anéantissement, après qu'il a été émis 2 milliards 200 millions d'assignats.

L'institution des visites domiciliaires.

Les développements de l'anarchie, par les clubs et les comités révolutionnaires.

L'habitude des massacres sanctionnés par les autorités.

Cette assemblée a protégé les assassins et les brigands d'Avignon ; elle a refusé d'informer contre les égorgeurs de Paris; elle a consacré le systême absurde autant qu'atroce des condamnations en masse, des proscriptions de classes.

Enfin, on ne saurait citer un seul bienfait, un seul service rendu à la patrie, par cette assemblée, dite législative.

1792.

DEUXIÈME PÉRIODE. Gouvernement révolutionnaire.

Exterminez, grands Dieux, de la terre où nous sommes
Quiconque avec plaisir répand le sang des hommes !
(VOLTAIRE.)

SEPTEMBRE 21. Ouverture de la troisième assemblée, appelée con

VENTION NATIONALE.

Le comédien Collot-d'Herbois propose en débutant l'abolition de la royauté. A ces mots la salle retentit d'applaudissements. Cependant, quelques députés demandant une délibération calme; «Eh! qu'estil besoin de discuter? (s'écrie l'évêque constitutionnel Grégoire) « les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans « l'ordre physique. Les cours sont l'attelier des crimes et la tanière « des tyrans. L'histoire des rois est le martyrologe des nations. >> -La république est proclamée. On désigne une ère républicaine qui datera de ce jour.

a

Ainsi, à la voix d'un histrion ambulant et d'un curé de village La France est constituée république. Étrange destinée du plus ancien état de la chrétienté! Aussitôt tous les Français se transforment en républicains, comme par un coup de la baguette de Circé; et pendant vingt-cinq ans, ils ne cesseront pas de se transformer comme le prescrira toute assemblée, tout dominateur, qui ayant envahi la souveraineté, auront donné à leurs actes les noms de décrets, d'arrétés, de sénatus-consultes, de LOIS enfin.

Dans l'idiôme de quelques publicistes modernes qui s'autorisent des deux seuls exemples donnés par les Anglais et les AméricainsUnis, une convention est une assemblée à laquelle la nation est censée avoir remis tout pouvoir, non-seulement sur les individus mais aussi sur les institutions, à laquelle cette nation confie sans réserve, le droit de vie et de mort sur tout ce qui dépend de l'état social, sur tout ce qui tient à l'état naturel. La France adoptant, pendant trois années, le sens absolu de cette dénomination, obéira pendant trois années, et dans une entière abnégation, à de vils

« PreviousContinue »