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tyrans; ainsi qu'obéissait cette peuplade du Liban au Vieux de la Montagne, au prince des assassins; comme obéissaient les jésuites au successeur de Loyola. Le charme d'un seul mot introduit dans l'usage commun, plongera dans cette ignoble dépendance, les Français si mésestimés depuis quatre siècles, à cause de la mobile inconsidération de leurs sanglantes émeutes et de leurs promptes rechûtes dans l'asservissement, à cause de la légèreté de leurs oppositions politiques et de la sombre obstination de leur fanatisme religieux.

Robespierre, Danton, Marat, Collot-d'Herbois, Billaud dit de Varennes, Barrère, Couthon, Tallien, Carrier, Fouché dit de Nantes, Merlin dit de Douai, Thuriot, Carnot, Cambacérès, Mailhe, Vadier, Brissot, Vergniaud, Guadet, Gensonné, Péthion, etc., etc.; voilà les noms qui retentiront chaque jour, pendant trois années, des Alpes aux Pyrénées, du Rhin à l'Océan, et dont nos neveux conserveront le souvenir, comme les Péruviens gardent encore aujourd'hui le souvenir des farouches exterminateurs de leurs ancêtres.

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Près du lieu des séances de cette assemblée (dit Lacretelle jeune), <«< une autre convention existait dans l'ancien couvent des jacobins. << Elle s'assemblait le soir, et continuait fort avant dans la nuit ses « délibérations; quelques lampes éclairaient faiblement les voûtes « de cette enceinte monachale. On était presque contraint de s'y présenter avec de sordides vêtements. En y entrant, les hommes « les plus grossiers ajoutaient encore à la rudesse de leur ton; les plus féroces à leur air farouche. Cette société comptait dans Paris seul, près de quinze cents membres. Une multitude de complices « obscurs remplissait les tribunes. La séance s'ouvrait par des chants « révolutionnaires; les uns, lugubres, comme les avertissements de «< la mort; les autres, d'une gaieté encore plus barbare. On lisait un extrait de la correspondance des sociétés du même genre qui s'é<< taient établies dans toutes les villes, et bientôt dans presque tous « les villages de France. Elles félicitaient la société-mère ; elles exal<< taient son courage; quelquefois elles lui reprochaient sa faiblesse, « sa lenteur. Là, se trouvaient la liste et l'éloge des massacres com<«< mis sur tous les points de la république. Peu de ces adresses se « terminaient sans une dénonciation; des milliers de proscrits y << trouvaient l'arrêt de la mort ou l'avis de fuir........ Après cette « lecture, commençaient des débats, tout-à-la-fois, burlesques et « terribles. Les députés à la convention venaient la dénoncer, s'ils y

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avaient éprouvé quelques échecs; ils se consolaient de quelques jours où leur vengeance était suspendue, par la perspective de l'obtenir plus longue et plus complète. Il régnait une telle méfiance dans ces débats; on croyait y voir une telle démence, qu'on « s'attendait à les trouver sans résultats; et pourtant, jamais une « conception du crime n'y fut perdue; à peine était-elle proposée, « c'était à qui l'applaudirait, la développerait, l'exécuterait. La force « de cette faction consistait sur-tout, à savoir employer des hommes qui par leurs formes stupides et grossières, et par leur avilisse« ment, auraient été dédaignés de tout autre parti. Ils avaient réussi « à mettre à leur disposition, les vices de chaque individu en France. Il y avait parmi eux, des fanatiques, des hypocrites et des hommes << qui voulaient à tout prix, sauver l'indépendance de leur patrie. « Les uns, étaient plus avides de sang; les autres, plus avides d'or. 1 « Pour ceux-là, la cruauté était un besoin; pour ceux-ci, elle était e un calcul. On s'y faisait une loi d'insulter publiquement à la pitié « comme à la dernière bassesse du cœur. »

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Septembre 23. Occupation de Chambéry par le général Montesquiou.

28. Occupation de Nice par le général Anselme. Octobre 8. Fin du bombardement de Lille, commencé le 29 septembre. Duhoux, commandant supérieur; Ruaut, commandant d'armes; André, maire; Bryan, chef de la garde nationale; 8,000 hommes, dont 3,000 de troupes régulières, et 132 canonniers. Confédérés, 34,000 hommes; duc Albert de Saxe-Teschen, généralissime. Le siége est levé. 100,000 projectiles ont été lancés ; plus de 700 maisons sont détruites. La conservation de la place est due principalement au courage et au patriotisme des habitants.

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9. Loi révolutionnaire prononçant la peine de mort contre les émigrés pris les armes à la main. Garat ex-consti.uant, est nommé

ministre de la justice.

10. Décret. Les appellations de Monsieur, Madame, Mademoiselle, sont proscrites, et remplacées par celles de Citoyen, Citoyenne. 15. Décret qui supprime la croix de Saint-Louis.

21. Prise de Mayence par le général Custine.

22. Evacuation de Longwy par les Prussiens ( V. 23 août ). Verdun a été abandonné le 14 (V. 2 septembre). francais est entièrement évacué.

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Le territoire

23. Entrée des troupes françaises à Francfort, sur le Mein.
23. Loi révolutionnaire qui bannit à perpétuité les émigrés, et

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punit de mort ceux qui rentreraient en France, sans distinction d'âge ni de sexe. La proposition en a été faite par Garnier dit de Saintes.

Cette loi est à-la-fois une accusation, une procédure, un jugement. Émigrés, rassemblés, suspects, prévenus, convaincus, tous sont également frappés. Cette loi est, à elle seule, le systême de proscription le plus vaste dont l'Europe moderne ait donné l'exemple, après le renvoi des Maures d'Espagne, et la révocation de l'édit Van, de Nantes.

Jemmery

Novembre 6. Victoire de Jemmapes ( 1 1. O. de Mons), remportée sur les Autrichiens par Dumouriez. - Armée française, 88,000 hommes; Beurnonville, Valence, Harville, Labourdonnaye, le duc de Chartres-Orléans, généraux de division. Confédérés, 40,000 hommes retranchés; le duc de Saxe-Teschen, général en chef; Beaulieu, Latour, généraux autrichiens; tués, blessés ou prisonniers, 8,000 hommes. - Perte très-considérable des Français. En attaquant de front une armée bien retranchée, Dumouriez montre peu de capacité; en attaquant, avec des soldats braves, mais inexpérimentés, des troupes aguerries, il donne le premier exemple de cette insouciance pour la vie des hommes, à laquelle les généraux français devront souvent leurs avantages. La Belgique sera le prix de cette journée.

7. PROCÈS DE Louis XVI.-Sur le rapport de Mailhe (Haute-Garonne), la convention décrète que Louis XVI peut être jugé ; qu'il le sera par elle; que des commissaires feront un rapport énonciatif des délits dont Louis XVI sera prévenu; que cet acte sera imprimé, et que les originaux des pièces à sa charge lui seront communiqués; que la convention fixera le jour auquel Louis XVI comparaîtra devant elle; que Louis XVI présentera, par lui, ou par ses conseils, sa défense écrite ou verbale; enfin, que le jugement sera porté par appel nominal.

Le projet de ce décret a été fortement appuyé dans plusieurs séances, par les députés Billaud dit de Varennes ( Marne), LéonardBourdon (Loiret), Manuel (Paris), Robert (Paris), Grégoire, évêque constitutionnel (Loir et Cher), Serre (Hautes-Alpes), Barbaroux (Bouches-du-Rhône), Charlier ( Marne ), Péthion ( Paris ), Oudot ( Côte-d'Or), Lecarpentier ( Marne ), Jean-Bon-Saint-André (Loiret). Quatre députés seulement: Morisson (Vendée), Fauchet, évêque constitutionnel (Calvados), Gamon ( Ardèche ), Lefort (Oise), peuvent s'élever contre ce décret, et présenter quelques observations avec ménagement, et en professant des doctrines d'un

absolu républicanisme. Ils essaient infructueusement de faire prévaloir les principes d'une saine jurisprudence, et les formes admises par toutes les législations. Ils invoquent l'inviolabilité, dont la constitution entoure le monarque; inviolabilité d'après laquelle il ne saurait être passible que de la déchéance, pour les délits commis pendant la durée de cette constitution. Ils exposent en outre, mais toujours en vain, que ce jugement n'apporterait aucune garantie à la solidité du gouvernement républicain. Les conseils de la raison, de la justice, de la politique, de l'humanité, ne sauraient prévaloir dans une assemblée où la haine des partis, la soif de la vengeance, et la peur sur-tout, font les lois (V. 3 décembre).

Novembre 14. Occupation de Bruxelles par le général Dumouriez. 19. Décret par lequel la convention promet protection et secours à tous les peuples qui voudraient renverser leurs gouvernements. Les jacobins ayant une grande nation pour levier, et le crime pour point d'appui, entreprennent de soulever le monde. Il n'est rien qu'ils n'osent.

20. Le ministre Roland ( V. 11 août) annonce la découverte de l'armoire de fer. Cette armoire pratiquée dans un mur du château des Tuileries, renferme des papiers qui fourniront des sujets d'accusation contre Louis XVI. Ces papiers, cependant, ne révèlent que de petits détails sur les moyens que la cour crut devoir quelquefois employer pour détourner les attaques dont elle était l'objet, et rien n'est moins prouvé que l'existence de ce dépôt secret, et l'authenticité des pièces.

25. Stanislas Poniatowski est forcé, par la Russie, de renoncer à la couronne de Pologne. Les débris de ce royaume venant à être partagés entre les trois grandes puissances voisines, les Polonais se verront effacés de la liste des nations. Le même sort attend la France si elle se laisse vaincre ( V. 7 février ).

27. Décret.

Réunion de la Savoie à la France.

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30. Prise de la citadelle d'Anvers, par le général Labourdonnaye. Décembre 2. Prise du château de Namur, par le général Valence. 3, 4 PROCÈS DE LOUIS XVI ( V. 7 novembre ). Robespierre impatient des lenteurs d'une information judiciaire, enchérissant sur les propositions de Mailhe, demande, que Louis XVI soit déclaré, sans nul délai, traître à la patrie, et criminel envers l'humanité; qu'il soit condamné à mort, pour donner un grand exemple au monde, et dans ce lieu même où sont morts, le 10 août, les généraux martyrs de la liberté. Un autre jacobin, Ferry (Ardennes),

Dic

dit : «< Hercule ne s'amusait pas à faire un procès en forme aux brigands, il en purgeait la terre. » Cependant, d'après l'avis de Péthion, la convention se borne à confirmer le décret du 7 novembre, et décide qu'elle s'occupera du procès de Louis XVI, tous les jours, de midi à six heures. Il est aussi décrété, que tout congé sera refusé aux membres de la convention, jusqu'à la fin du jugement de

Louis XVI.

Décembre 4. Loi révolutionnaire.—Quiconque proposera ou tentera d'établir en France la royauté, ou tout autre pouvoir attentatoire à la souveraineté du peuple, sera puni de mort.

5. Loi révolutionnaire qui prononce la peine de mort contre les exportateurs de grains.

6. Sur la proposition de Quinette, Décret qui nomme une commission de 21 membres pour accélérer l'instruction du procès de Louis XVI (V. 7 novembre, 11 décembre).

6. On enlève aux prisonniers du Temple, et à ceux qui les servent, tous les instruments tranchants, tels que rasoirs, couteaux, canifs, ciseaux, les compas à rouler les cheveux, etc. On fait déguster tous les comestibles à leur usage; et l'on prend, à leur égard, toutes les précautions extrêmes, usitées envers les malfaiteurs intéressés, les plus vils relaps.

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11. PROCÈS DE LOUIS XVI (V. 7 novembre, 3, 6 décembre). Dès le point du jour, un bruit extraordinaire dans l'enceinte du Temple, effraierait les prisonniers, si Cléry, valet de chambre de Louis XVI, enfermé près de lui, n'avait reçu quelques avis des projets agités dans la convention. Louis XVI qui n'en a pas eu d'autre information, est brusquement transporté à la convention, à travers une escorte formidable, pourvue d'artillerie.

Il paraît à la barre, Santerre l'accompagne. — Barrère, président, dit : « Louis, la nation vous accuse; l'assemblée nationale a décreté que vous seriez jugé par elle et traduit à la barre. On va vous lire l'acte « énonciatif des délits qui vous sont imputés. Vous pouvez vous as<«< seoir. » Lecture faite par Mailhe de cet acte, Barrère procède à l'interrogatoire « Louis, le peuple vous accuse d'avoir commis une << multitude de crimes pour établir votre tyrannie, en détruisant sa « liberté; » et, déduisant chaque article d'accusation, il interpelle Louis XVI de répondre. L'énumération des charges remonte jusqu'au 20 juin 1789, jour où la salle des états-générau.r fut fermée, et où les députés du tiers se réunirent dans un jeu de paume. L'interrogatoire rappelle tous les événements publics qui mirent l'autorité royale aux

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