Page images
PDF
EPUB

Depuis quelque temps, on aperçoit dans Paris des symptômes 'volutiond'une crise révolutionnaire. Les hommes hideux du 10 août, du 2 naire septembre, reparaissent. On propose dans les clubs de se défaire d'une partie des députés, tels que Lanjuinais, Boissy-d'Anglas, Porcher (pairs de 1814); on y insiste sur la nécessité d'un grand mouvement. Le duc d'Orléans qui s'est ignominieusement masqué sous le nom d'Égalité, tient avec ses affidés les Genlis, les Laclos, des conférences nocturnes; ou plutôt il préside à des orgies révolutionnaires. Le 10, les galeries étant pleines de sans-culottes armés, un orateur qui leur est bien assorti par son air ignoble, Cambacérés, monte à la tribune et s'écrie: « Il s'agit de sauver la chose publique ; il faut des moyens actifs et généraux.... Tous les poua voirs vous ont été confiés, vous devez les exercer Tous; il ne doit "y avoir aucune séparation entre le corps qui délibère et celui qui fait exécuter; il ne faut pas suivre les principes ordinaires. Je de« mande que, SÉANCE TENANTE, on forme un tribunal révolutionnaire, « et un nouveau ministère...... Oui, ajoute Danton, il faut « tout décréter sans désemparer; et que demain, nos commissaires a partent de tous côtés; que la France entière se lève, coure aux armes, marche à l'ennemi; que la Hollande soit envahie; que la Belgique soit libre; que le commerce de l'Angleterre soit ruiné; « que nos armes par-tout victorieuses, apportent aux peuples la dé<< livrance et le bonheur, et que le monde soit vengé.

R

[ocr errors]

*

)) - ((

-

Les

Conformément aux propositions de Cambacérés et de Danton', le décret suivant est rendu dans une séance de nuit. IL SERA ÉTABLI A PARIS, UN TRIBUNAL CRIMINEL-EXTRAORDINAIRE-RÉVOLUTIONNAIRE, pour juger les conspirateurs et les contre-révolutionnaires. membres du jury sont choisis par la convention. Les juges, l'accusateur public et ses deux substituts, sont aussi nommés par elle, à la pluralité relative des suffrages.-Une commission de six membres de Ja convention est chargée de l'examen préparatoire des pièces et de la haute surveillance sur les procédures. - Le tribunal prononcera sur la validité de la récusation des jurés qui pourrait être faite par les accusés. La déclaration des jurés sera rendue à la pluralité absolue des suffrages.-Les juges ne peuvent rendre de jugement, s'ils ne sont au nombre de trois. Les jugements seront exécutés, sans recours au tribunal de cassation. Les biens des condamnés seront

[ocr errors]
[ocr errors]

acquis au profit de la république.

Mars 12. Etablissement de comités de surveillance dans les sections

de Paris.

[ocr errors][ocr errors]
[merged small][ocr errors][ocr errors]

Mars 14. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Fouché dit dé Nantes, qui prescrit des mesures contre ceux qui aideraient à soustraire les biens des émigrés.

[ocr errors]

18. Bataille de Nerwinde (près de Tirlemont). Dumouriez est défait par le prince de Cobourg. -Généraux français, le duc de Chartres ( Orléans), Valence, Miranda. Genéraux autrichiens, l'archiduc Charles, Clairfayt. 4,000 Français tués ou blessés; 3,000 pris avec le matériel; déroute complète. Dumouriez rejette les causes de ce désastre sur l'insubordination de Miranda, et sur les cabales des jacobins. Miranda accuse le général en chef d'avoir trahi la république. Il paraît que le défaut de discipline chez les Français, et la tactique supérieure de leurs ennemis, sont les grandes causes de ce résultat.

18. Loi révolutionnaire rendue sur la proposition de Charlier, qui ordonne l'exécution, dans les 24 heures, de tout individu convaincu d'être émigré ou prêtre déporté.

19. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Cambacérés. Sa principale disposition consiste à mettre hors de la loi tous les émigrés ci-devant nobles, avec leurs agents et domestiques, tous les prêtres et ci-devant fonctionnaires qui auraient pris part aux insurrections contre-révolutionnaires, et de les faire punir de mort dans les 24 heures, sans procédure. Le fait demeure constant par un procès-verbal, ou sur la déposition de deux témoins. célération des plus atroces mesures révolutionnaires, est sans cesse excitée par le conventionnel Cambacérès (V. 20 janvier, 10 mars).

-

L'ac

23. Contre-déclaration de guerre de l'Espagne à la république française V. 7 mars).

23. Réunion à la France de l'évéché de Bále, autrement du pays de Porentrui.

25. Loi révolutionnaire portant établissement d'un comité de défense ou de sûreté générale. Il est de 25 membres; Robespierre, Danton, Péthion, Cambacérès, Barrère, Sièyes, Quinette, GuytonMorveau, Condorcet, Garnier, dit de Saintes, Sillery-Genlis, BoyerFonfrède, etc., etc.

26. Loi révolutionnaire prescrivant le désarmement des nobles et des prêtres, sur tous les points de la France.

27. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Treilhard, qui met hors de la loi les aristocrates.et les ennemis de la révolution; qui ordonne que les citoyens seront armés au moins de piques; et que

le tribunal extraordinaire (V. 11 mars) sera mis, dans le jour, en pleine activité.

Mars 27. Dumouriez annonce à son armée qu'il va marcher sur , pour renverser la convention, et rétablir la royauté constitutionnelle.

Paris,

28. Loi révolutionnaire enjoignant l'accélération de la vente des biens appartenant aux émigrés.

29. Loi révolutionnaire qui ordonne, dans les villes au-dessus de 3,000 ames, d'afficher à l'extérieur des maisons, les noms, professions, etc. de tous les individus qui y demeurent.

31. Dumouriez négocie en secret avec les Autrichiens. Il leur livre Bréda et Gertruydemberg, comme des gages de la sincérité de son projet d'attaquer la convention et le gouvernement républicain.

[ocr errors]

Avril 1er. Les conventionnels Camus, Quinette, Lamarque, Bancal, vil

et le ministre de la guerre Beurnonville, envoyés pour arrêter le général Dumouriez, sont eux-mêmes arrêtés et livrés aux Autrichiens.

4. Le général Dumouriez, ayant trop présumé de ses moyens et de son influence, ne pouvant engager les soldats qu'il commande à seconder ses projets pour délivrer la France de la tyrannie de la convention et rétablir la constitution de 1791, s'échappe de son quartier-général, établi aux Bains-Saint-Amand (Nord), et se refugie aux avant-postes autrichiens, accompagné du duc de ChartresOrléans et de Valence, généraux de division. Là, se termine la carrière politique d'un homme beaucoup trop cité, qui prit l'intrigue pour la gloire, le bruit pour la célébrité, l'apparence pour la réalité ; qui désavouait les principes et changeait de conduite suivant les circonstances, et qui ne fit qu'entreprendre sans obtenir de résultat.

6. Loi révolutionnaire portant établissement au sein de la convention d'un comité de salut public, composé de neuf membres. Il est chargé de surveiller et de diriger l'action du pouvoir exécutif; ses délibérations seront secrètes. Les patriotes jugés dignes d'y être recus, à sa formation, sont, Jean-de-Bry, Danton, Guyton-Morveau, Treilhard, Barras, Delmas, Bréard, Cambon, Lacroix.

Avril 6. La convention décrète que tous les individus de la famille de Bourbon, hors ceux détenus au Temple, seront détenus à Marseille. (V. 16 décembre 1792, 2o art.)

9. Loi révolutionnaire établissant près de chaque armée, des représentants du peuple, pris dans la convention et investis de pouvoirs illimités. Les généraux et tous les fonctionnaires civils sont tenus d'obéir à leurs ordres. La convention met sur pied, dix

[ocr errors][merged small]

armées du Nord et des Ardennes, Custine; de la Moselle, Houchard; du Rhin, Alexandre Beauharnais; des Alpes, Kellerman; d'Italie, Brunet; des Pyrénées-Orientales, Deflers; des PyrénéesOccidentales, Dubousquet; des Côtes de la Rochelle, Canclaux ; des Côtes de la Manche, Félix Wimpfen; de l'Ouest, Westerman. Avril 9. Décret de la convention autorisant d'arrêter et d'amener dans les ports de la république, les navires neutres chargés de marchandises quelconques, même de vivres, et destinés pour des ports ennemis. (V. 8 juin.)

11. Loi révolutionnaire qui défend la vente du numéraire, sous peine de 6 années de fers.

14. Le parti dit de la gironde (V. 29 mai 1792, 2o article), aujourd'hui séparé des jacobins, fait décréter d'accusation le féroce Marat conventionnel et journaliste. - Le 24, les jacobins parviendront à le faire absoudre.

15. Les Anglais prennent l'île française de Tabago.
17. Les Espagnols envahissent le Roussillon.

Mai 3. Loi révolutionnaire enjoignant aux autorités municipales de fixer un maximum du prix des grains et farines. (V. 29 septembre.)

10. La convention abandonnant la salle du manège, tient sa première séance au château des Tuileries.

11. Création de 1200 millions d'assignats. — Il est avoué la que circulation existante à ce jour, est de 3 milliards 100 millions.

18. Les girondins obtiennent l'établissement d'une commission extraordinaire, à l'effet de contenir les terroristes. Cette mesure amène une scission complète des deux partis.

20. Loi révolutionnaire. Emprunt forcé d'un milliard imposable seulement sur les riches.

21. Incendie du cap (Saint-Domingue) et massacre général des blancs. Plus de la moitié de la ville devient la proie des flammes. Le soulèvement des nègres est dû à la brusque introduction dans la colonie, des principes de l'égalité et de la liberté politiques, principes dont les amis des noirs ont amené l'exercice immédiat, divisions des autorités, à la jalousie des riches colons envers la métropole. (V. 22 août 1791.)

aux

Mai 26. Les Corses, à la persuasion de Pascal Paoli, prennent le parti de se soustraire à la domination de la France. Il se forme une consulte, c'est-à-dire, une assemblée extraordinaire des députés de toutes les communes. Paoli sera nommé généralissime ou chef

suprême de l'île. — Le clergé sera réintégré, les émigrés seront rappelés et les émissaires de la république française proscrits. (V. 22 mai, 19 juin 1794.)

Mai 29. Insurrection générale à Lyon, contre les jacobins. (V. 4 février.)

[ocr errors]

Au son

30, 31. Juin 1, 2. Révolution, dite du 31 mai. du tocsin qui retentit dans Paris, les sections s'assemblent, leurs délégués se constituent : Puissance révolutionnaire centrale ; ils renvoient du conseil général de la commune, tous les amis de l'ordre ; ils provoquent la proscription de Lanjuinais, de Henri Larivière, membres de la convention, défenseurs intrépides de la justice; ainsi que la proscription de plusieurs de leurs collègues désignés sous les noms de girondins, brissotins, fédéralistes (V. 29 mai 1792 2° art.) -Des brigands armés se portent à la convention, remplissent les tribunes, interceptent les passages, campent la nuit au jardin des Tuileries et ne se retirent dans la soirée du 2 juin, qu'après avoir obtenu la proscription de 32 membres de la convention et des ministres Clavières, Lebrun; tous prévenus d'avoir conspiré contre la liberté.

Les proscrits, qui ont sur leurs adversaires l'avantage des talents oratoires, ont manqué de résolution. Ils se sont retirés de l'assemblée au moment décisif. L'inébranlable Lanjuinais que les proscripteurs ont confondu avec les girondins, résiste seul; et défiant tous les assassins levés sur lui, fait entendre les derniers accents de la liberté. Barrère organe du comité de salut public, Barrère qui dans toutes les crises eut trois discours différents, pour, contre et sur l'insurrection, et qui souvent les prononça tous les trois, à deux heures d'intervalle, incertain sur la lutte actuelle, a proposé, non pas l'accusation ou l'arrestation des girondins, mais leur suspension volontaire. Lanjuinais ose s'y refuser, quoique toujours sous les poignards. « N'attendez de moi, ni démission ni suspension. Sachez qu'une victime n'est point insultée, alors qu'on va l'immoler. Les e sacrifices doivent êtrees; et nous ne le sommes pas dans cette « enceinte. Je vous décfare donc que je ne puis émettre une opi«nion en ce moment; et je me tais. » - Garat, aujourd'hui ministre de l'intérieur, ce même Garat qui, ministre de la justice, annonça à Louis XVI sa condamnation (V. 20 janvier), excite les brigands sans-culottes et contribue puissamment à leur succès. Les membres de la commune jouent le principal rôle dans ces troubles et rappellent la faction du prévôt Étienne Marcel en 1358, ou celle des Seize

[ocr errors]
« PreviousContinue »