Page images
PDF
EPUB

tements, constate 3,572,329 votes affirmatifs, et 2,569 négatifs. ·
L'ex-républicain François dit de Neufchateau, le même qui avait
dit (V. Monit., no 225, an XII) : « La constitution est placée sur l'autel
« du dieu Terme. » Aujourd'hui l'organe du sénat débite un discours
aussi longuement amplifié que fastueusement servile, dans lequel il
préconise le bonheur réservé à la France. « Oui, le vaste miroir du passé
« est la leçon de l'avenir.» Napoléon, majestueusement affectueux, ré-
pond: « Je monte au trône où m'ont appelé les vœux unanimes du sénat,
a du peuple et de l'armée, le cœur plein du sentiment des grandes
« destinées de ce peuple que, du milieu des camps, j'ai, le premier,
<< salué du nom de grand. Depuis mon adolescence, mes pensées tout
« entières lui sont dévolues; et je dois le dire ici : mes plaisirs et
« mes peines ne se composent plus aujourd'hui que du bonheur ou
« du malheur de mon peuple. Mes descendants conserveront long-
« temps ce trốne...............
Ils ne perdront jamais de vue que le

«

.....

mépris des lois et l'ébranlement de l'ordre social ne sont que les résultats de la faiblesse et de l'incertitude des princes.

[ocr errors]

C. Décembre 2. Couronnement et sacre, à Notre-Dame de Paris, de l'empereur Napoléon et de sa femme, Joséphine Tascher de la Pagerie, veuve d'Alex. Beauharnais, constituant, mère du prince Eugène.

Le splendide appareil déployé dans ce jour solennel, la pompe des cérémonies aux jours suivants, signalent le goût dépravé et l'ineffable orgueil du soldat heureux qui se fait le dieu de ces fêtes. Il s'enivre à longs traits d'un encens nouveau. On dirait qu'il vient assister à son apothéose. A peine sur ce trône, où l'asseoit l'inexplica ble destin, il se plonge dans le fracas et l'ostentation du pouvoir suprême. La brillante inanité de ces spectacles ravit son ame. Ma cour, se dit-il, éclipse déja la cour si célèbre de Louis XIV. La magnificence d'Alexandre, fils de Jupiter, triomphant dans Persepolis, est obscurcie par l'éclat qui m'environne; et enfin, le vicaire de Dieu sur la terre obéit à ma voix.

Oui, Pie VII est accouru pour signaler aux nations, et sanctifier l'élu du ciel si pieusement proclamé par le clergé gallican (V. 27 mai). Que les temps sont changés! Le souverain pontife est ce pasteur d'Imola qui, jadis ( V. 25 décembre 1797), exhortait ses ouailles à suivre les traces de la révolution démocratique des Français. Mais, si le cœur de l'homme est dans la main du Très-Haut, l'infaillibilité est un attribut de la tiare. On ne saurait s'étonner de l'obséquiosité du saint-père, en se rappelant que le huitième siècle vit un de ses prédécesseurs visiter la France, pour y cultiver la vigne du Seigneur.

Etienne III passa les monts en 754, pour resacrer Pepin-le-Bref, qui s' n'avait d'abord été sacré que par un simple légat ( Boniface, archevêque de Mayence ). Etienne, afin de donner une plus grande efficacité à cette sainte cérémonie, sacra la reine et les deux enfants, Charles ou Charlemagne et Carloman. Le pape Zacharie, prédécesseur d'Etienne, avait aussi approuvé les vues de Pepin, lorsqu'en étant consulté, il répondit que: CELUI-LA EST ROI, QUI EN A LA PUISSANCE; et qu'il était licite à Pepin de détrôner, raser, clore dans un monastère, le roi Childéric III avec son fils Thierri, et de régner en leur place.

Semblable à Pepin établissant la seconde dynastie, Napoléon établit la quatrième. Qu'a donc d'étonnant ia condescendance de Pie VII, en 1804? Il serait fort peu convenable de tirer quelque induction de ce qu'aucun autre pape n'est venu sacrer un roi très-chrétien. Pourquoi, par exemple, supposer que Clément XIV, ou Pie VI, se seraient refusés à verser l'huile de la sainte ampoule sur la tête de Louis XVI? La conformité de conduite entre Pie VII, en 1804, et Etienne III, en 754, prouve invinciblement que les traditions dont l'esprit est manifestement utile, se conservent sans altération, à travers les siècles, dans les conseils des successeurs du prince des apôtres. Si des historiens ont reproché à Etienne d'avoir reçu la souveraineté de la campagne de Rome, comme le salaire de son voyage; nous ne pouvons, nous , qu'admirer le noble désintéressement du pape Pie VII, aujourd'hui (1819) glorieusement régnant, qui n'a recueilli de sa vertueuse condescendance et de ses pacifiques intentions, que des fruits remplis d'amertume, des outrages, une longue captivité (V. 2 février, 27 mars, 3 avril 1808; 17 mai, 11 juin, 5 juillet 1809; 19 juin 1812; 25 janvier 1813).

Voici l'oraison récitée par le saint-père, en faisant une triple onction à l'empereur, sur la tête et sur les deux mains: « Dieu Tout<< Puissant et éternel, qui avez établi Hazaël pour gouverner la Syrie, « et Jéhu, roi d'Israël, en leur manifestant vos volontés par l'organe «< du prophète Elie; qui avez également répandu l'onction sainte des rois, sur la tête de Saül et de David, par le ministère du prophète « Samuel, répandez, par mes mains, les trésors de vos graces et de « vos bénédictions sur votre serviteur Napoléon, que, malgré notre indignité personnelle, NOUS CONSacrons, aujourd'hui, empereur,

«

[ocr errors]

* EN VOTRE NOM. »

Décembre 3. Convention signée à Stockholm, par laquelle l'Angle

terre s'engage à payer un subside à la Suède, afin qu'elle agisse hostilement envers la France (V. 3 octobre 1805).

Décembre 12. L'Espagne déclare la guerre à l'Angleterre.

27. Ouverture du corps législatif. - L'empereur Napoléon dit : « Si la mort ne me surprend pas au milieu de mes travaux, j'espère « laisser à la postérité un souvenir qui serve à jamais d'exemple ou « de reproche à mes successeurs...... Je ne veux pas accroître le « territoire de l'empire, mais en maintenir l'intégrité. Je n'ai point «< l'ambition d'exercer en Europe une plus grande influence; mais je «< ne veux point déchoir de celle que j'ai acquise. Aucun état ne sera incorporé dans l'empire. »

[ocr errors]

«

31. Le ministre de l'intérieur, présentant au corps législatif l'exposé de la situation de l'empire, assure que « quels que soient les << mouvements de l'Angleterre, les destins de la France sont fixés..... Lorsque l'Angleterre sera convaincue de l'impuissance de ses ef« forts pour agiter le continent; lorsqu'elle saura qu'elle n'a qu'à perdre dans une guerre sans but comme sans motif; lorsqu'elle <«< sera convaincue que jamais la France n'acceptera d'autres condi« tions que celles d'Amiens (V. 25 mars 1802), et ne consentira ja« mais à lui laisser le droit de rompre les traités, en s'appropriant << Malte; l'Angleterre alors arrivera à des sentiments pacifiques. »

«

1805.

Janvier 11. Une escadre d'expédition, se dérobant à la surveillance de la croisière anglaise, met à la voile du mouillage de l'île d'Aix, Elle est sous les ordres du vice-amiral Missiessi; elle consiste en un vaisseau à trois ponts, quatre vaisseaux de ligne, trois frégates, etc. (V. 28 février).

14. Napoléon a écrit directement au roi d'Angleterre. Abuser les Français sur ses intentions; engager de plus en plus leur assentiment aux projets ambitieux qu'il a formés; faire parade de son rang en traitant d'égal à égal; voilà les motifs de sa démarche.—« . ..... Je n'attache pas de déshonneur à faire le premier pas. J'ai «< assez, je pense, prouvé au monde que je ne redoute aucune des « chances de la guerre. La paix est le vœu de mon cœur.....

« .....

.....

« Je conjure V. M. de ne pas se refuser au bonheur de donner elle« même la paix au monde. Qu'elle ne laisse pas cette douce satis<< faction à ses enfants.... Une coalition ne fera jamais

« qu'accroître la prépondérance et la grandeur continentale de la a France... Le ministre anglais répond à M. Talleyrand,

ministre de l'empereur: « .....

........... S. M. est persuadée que Jun.

.....

a le but de la paix ne peut être atteint que par des engagements qui « puissent en même temps pourvoir à la sûreté et à Ja tranquillité à « venir de l'Europe, et prévenir le renouvellement des dangers et « des malheurs dans lesquels elle s'est trouvée enveloppée. S. M. sent qu'il lui est impossible de répondre plus particulièrement à l'ou« verture qui lui a été faite, jusqu'à ce qu'elle ait eu le temps de << communiquer avec les puissances du continent.....

«

[ocr errors]

Janvier 17. Loi ordonnant la lévee de 60,000 conscrits de l'année. 29. Le gouvernement adopte le projet de construction d'une ville dans le département de la Vendée. Elle s'y élevera, les années suivantes, sur les ruines de la Roche-sur-Yon, et en deviendra le chef-lieu. Son nom primitif de Napoléon, sera changé, à l'arrivée de Louis XVIII (1814), en celui de Bourbon-Vendée.

Février 28. L'escadre sortie de Rochefort (V. 11 janvier) ayant débarqué des armes et des munitions à la Martinique, aborde, le 23, aux Roseaux, chef-lieu de l'île anglaise de la Dominique. Les troupes commandées par le général Joseph Lagrange opèrent une descente, et prennent la plus grande partie de la garnison et de l'artillerie. Tous les magasins, tous les bâtiments mouillés dans le port étant aussi détruits ou enlevés, l'escadre appareille.

[ocr errors]

Mars 8. L'escadre partie de Rochefort (V. 11 janvier, 28 février) Mas?

ravitaille la Guadeloupe.

18. L'empereur Napoléon se rend au sénat, et fait connaître qu'il accepte la couronne royale d'Italie, d'après le vœu manifesté par la république italienne : « De tant de provinces con

[ocr errors]

quises, nous n'avons gardé que ce qui était nécessaire pour nous << maintenir au même point de considération et de puissance où a << toujours été la France..... Le génie du mal cherchera en vain « des prétextes pour mettre le continent en guerre. Ce qui a été « réuni à notre empire, par les lois constitutionnelles de l'état, y « restera réuni. Aucune nouvelle puissance n'y sera incorporée. Mais « les lois de la république batave, l'acte de médiation des dix-neuf << cantons suisses, et ce premier statut du royaume d'Italie, seront << constamment sous la protection de notre couronne; et nous ne souffrirons jamais qu'il y soit porté atteinte. DANS TOUTES LES

[ocr errors]
[ocr errors]

« CIRCONSTANCES ET DANS TOUTES LES OCCASIONS, NOUS MONTRERONS

« LA MÊME MODÉRATION; et nous espérons que notre peuple n'aura « plus besoin de déployer ce courage et cette énergie qu'il a toujours montrés pour défendre ses légitimes droits. »

Avril 5. Le pape Pie VII quitte la capitale de l'empire français pour retourner dans ses états (V. 2 décembre 1804 ).

La cour ecclésiastique repasse les monts avec la douleur, si poignante pour des ames italiennes, d'avoir éte vaincue dans l'art de la dissimulation. Elle avait compté sur le rétablissement de ses anciens domaines, des trois légations cédées à Tolentino (V. 19 février 1797). Elle avait épuisé tous les trésors apostoliques, dans l'espoir de celte remise. Le voyage n'avait été déterminé que dans ce but politique. Le séjour à Paris a été prolongé quatre mois entiers. Ce but manqué, il ne reste, aux yeux de l'Europe, que la démarche elle-même.

11. Traité de Pétersbourg, entre la Grande-Bretagne et la Russie. L'empereur Alexandre s'engage à mettre sur pied une armée de 180,000 hommes, et à former une coalition dans le but de reprendre le Hanovre, de soustraire à l'influence de Napoléon la Hollande et la Suisse, d'obtenir pour l'Autriche une frontière qui la protège; de faire évacuer le royaume de Naples par les troupes françaises, et de rétablir le roi de Sardaigne en Italie (V. 9 août).

Mai 8. Dessalines, chef des noirs de Saint-Domingue ( V. 8 octobre 1804), fait promulgner la constitution impériale d'Haïty.

20. L'escadre de Rochefort (V. 11 janvier, 28 février, 8 mars) rentre dans la Charente, sans avoir été rencontrée par l'ennemi. Elle a porté le ravage dans les îles anglaises de Montserrat, de Saint-Christophe; fait de nombreuses et riches prises, et débloqué la place de Santo-Domingo, investie par les noirs de la partie française. Cette expédition est citée comme la seule qui ait complètement reussi pendant les 20 années des deux guerres maritimes, avant la conclusion et après la rupture du traité d'Amiens.

26. Couronnement à Milan, de l'empereur Napoléon, comme roi d'Italie (V. 18 mars ).

Juin 8. Le prince Eugène Beauharnais, est nommé vice-roi d'Italie. 9. Réunion de l'état de Génes à l'empire français.

23. La république de Lucques est transformée en principauté, et donnée à une sœur de Napoléon.

Juillet 21. Décret impérial qui organise l'administration des états de Parme, comme étant une dépendance de la France.

22. Combat naval à la hauteur du cap Finistère (Espagne), entre une flotte combinée de 14 vaisseaux français et de 6 vaisseaux espagnols, aux ordres de l'amiral Villeneuve, et une flotte anglaise de 15 vaisseaux, commandée par Robert Calder. - Deux vaisseaux

« PreviousContinue »