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réchal Augereau, partie de celui du maréchal Davoust, et la cavalerie du maréchal Murat, s'engagent avec le général russe Buxhowden. Le combat est livré et rendu avec une égale ténacité. Les Français, quoique très - maltraités, mettent l'ennemi en retraite. Le général Rapp est grièvement blessé. — Après les deux combats de ce jour, l'empereur Napoléon termine la campagne active; il met l'armée en cantonnement, et va s'établir à Warsovie.

1807.

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Janvier 1 Situation militaire. La rigueur de la saison a déterminé les armées belligérantes sur la Vistule, à prendre quelque repos, sans qu'aucune convention patente ou tacite existe entre elles. Les forces de Napoléon se composent de, 1o La grande armée qui a reçu les contingents des confédérés du Rhin et les troupes hollandaises. 2° L'armée d'Italie réunie dans le Frioul et aux camps de Brescia, de Vérone, d'Alexandrie. 30 L'armée de Naples. 4° L'armée de Dalmatie. 5o Les corps formant les camps de Boulogne. En outre, trois camps s'établissent à Saint-Lô ( Manche) et dans la Vendée. - L'armée russe en Pologne est évaluée à 160,000 combattants.

5. Prise de Breslau capitale de la Silésie, après 25 jours de siége, par les généraux Vandamme et Hédouville, du neuvième corps. d'armée.

11. Prise de Brieg, place forte de la Silésie, sur l'Oder.

27. République d'Haïty.-Après avoir mis à mort le nègre Dessalines (V. 16 octobre 1806 ), les mulâtres ont voulu changer la nature du gouvernement de Saint-Domingue et constituer un régime républicain avec un président électif. Le nègre Christophe est élu, on fixe sa résidence au Port-au-Prince. Mais, en méfiance des mulâtres, Christophe a marché contre eux. Repoussé, il s'est retiré au Cap où il a établi un gouvernement particulier. Les mulâtres dirigés par Pétion un des leurs, forment le sénat de la république d'Haïty, mettent Christophe hors de la loi, et décrètent une constitution. - Le président élu pour quatre ans, est toujours rééligible. Le sénat se compose de vingt-quatre membres conservant leurs fonctions pendant neuf années et sortant par tiers. Aucun blanc ne peut mettre le pied sur le territoire de la république, à titre de maître ou de propriétaire; sont exceptés les blancs actuellement en fonctions. Le territoire est divisé en départements.

Février 5. Ordre du conseil britannique autorisant tout bâtiment anglais à toucher dans les ports de l'île de Saint-Domingue où l'au

torité de la France et de l'Espagne n'est pas reconnue, et à y suivre des opérations commerciales, comme dans un pays neutre.

Février 7. Prise de Schweidnitz, en Silésie. Cette place très-forte, rendue par capitulation, livre des approvisionnements très-considérables.

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8. Combat d'Eylau (Preussisch-Eylau, 12 l. S. de Koenigsberg). Les Russes attaquent les Français dans leurs postes. Des divisions appartenant aux corps des maréchaux Davoust, Soult, Ney, le corps entier du maréchal Augereau, soutiennent les efforts, aussi impétueux qu'innattendus, de l'ennemi, dont la force est évaluée à plus de 70,000 hommes. Les abords et l'intérieur du village d'Eylau, présentent une effroyable scène de carnage. De part et d'autre, la perte est immense. Plusieurs de nos généraux sont tués ou blessés. Le 24 régiment de ligne qui comptait plus de 3,600 hommes, est anéanti. Les Russes reculent à la fin du jour, et se retirent derrière la Prégel. Leurs relations établissent leur perte à 12,000 blessés et 7,900 tués. L'empereur Napoléon n'avouera que 1,900 hommes morts sur le champ de bataille, et 5,700 blessés. Il présentera ce massacre comme une victoire, et une victoire due au maréchal Murat, dont la cavalerie cependant n'a paru que vers la fin de cet engagement qui a duré près de douze heures. Le mécontentement des maréchaux Augereau et Lannes, à cet égard, occasionnera leur disgrace. Ces deux braves, dont la franchise ne peut pas plus s'altérer que l'intrépidité, vont être éloignés de la scène des combats, parce qu'ils refusent l'honneur de la journée à Murat, au beau-frère, au favori de celui qui, à peine assis sur le trône, s'exerce à traiter la vérité avec autant de mépris qu'il traita l'espèce humaine, dès le début de sa sanglante carrière, et qui prétend dicter ses ordres souverains à la renommée. Napoléon ose aussi faire entendre qu'il est satisfait d'avoir marché sur un champ de bataille, les pieds dans le sang. Mais son obstination même à représenter cette affaire d'Eylau, comme une grande bataille gagnée et suivie d'un immense résultat; son desir, si souvent proclamé, d'en conserver le souvenir par les chefs-d'œuvre des arts, prouvent trop bien à la France l'inanité du triomphe, et déguisent trop mal l'immensité de la perte. S'il n'éprouva pas l'humiliation de la défaite, il le dut au sacrifice d'au moins 15,000 Français expirés sur la neige, parmi les décombres fumants, ou relevés mutilés et sanglants de ce champ d'horreur.

En dernier résultat, le chef de l'armée française s'est flatté de devenir maître de Koenisgberg; il est arrêté dans cette tentative. Le gé

néral russe a voulu rejeter les Français au-delà de la Vistule, dégager Colberg, Graudenz et Dantzick, et il n'a pu forcer leurs positions ni décider leur retraite. Les deux partis s'attribueront la victoire; mais quelque grandes que soient les pertes de l'un et de l'autre, l'avantage réel doit être attribué à celui qui, gagnant le champ de bataille, conservera l'offensive. C'est l'avantage qu'obtiennent les Français.

Février 16. Combat d'Ostrolenka (sur la Narew, 25 lieu N.-E. de Warsovie) livré par les généraux Suchet et Oudinot, au général russe Essen. Le succès de cette journée, l'une des plus meurtrières de la campagne, est le résultat de leurs habiles dispositions comme de leur éclatante valeur.

17. Ile Saint-Domingue.-La partie française entièrement au pouvoir des indigènes (V. 30 novembre 1803), a été divisée, après la mort de Dessalines (V. 16 octobre 1806), entre deux concurrents. Le mulâtre Pétion est président au Port-au-Prince (V. 27 janvier ). Le nègre Christophe assure son autorité au Cap, par une constitution qui lui confère à vie le titre de président et généralissime des forces de terre et de mer de l'état d'Haïly.

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26. Combat de Braunsberg (Sur la Passarge, près de son embouchure dans le Frisch-Haff, et à 6 1. N.-E. d'Elbing). — L'ennemi est culbuté par le maréchal Bernadotte, qui assure ainsi les positions de l'armée française à l'extrémité gauche de ses opérations. Mars. 9. Le grand sanhedrin réuni à Paris, le 9 février ( V. septembre 1805) termine ses séances; il en publie le résultat. Après un intervalle de quinze siècles, 71 docteurs de la loi et « notables d'Israël s'étant constitués en grand sanhédrin, afin de trou« ver en eux le moyen et la force des ordonnances religieuses, et « conformes aux principes de leurs lois, et qui servent d'exemple à « tous les Israélites, ils déclarent, que leur loi contient des disposi«<tions religieuses et des dispositions politiques; que les premières << sont absolues, mais que les dernières destinées à régir le peuple « d'Israël dans la Palestine, ne sauraient être applicables depuis qu'il ne se forme plus en corps de nation. La polygamie per« mise par la loi de Moïse, n'étant qu'une simple faculté et hors d'u<< sage en occident, est interdite. L'acte civil du mariage doit pré« céder l'acte religieux.― Nulle répudiation ou divorce ne peut avoir « lieu que suivant les formes voulues par les lois civiles. — Les mariages entre Israélites et chrétiens sont valables. La loi de Moïse oblige de regarder comme frères, les individus des nations qui re

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« connaissent un Dieu créateur. - Tous les israélites doivent exercer, << comme devoir essentiellement religieux et inhérent à leur croyance, << la pratique habituelle et constante envers tous les hommes reconnaissant un Dieu créateur, des actes de justice et de charité pres« crits par les livres saints. - Tout Israélite traité par les lois comme citoyen, doit obéir aux lois de la patrie, et se conformer, dans << toutes les transactions, aux dispositions du code civil qui y est en « usage. Appelé au service militaire, il est dispensé, pendant la du« rée de ce service, de toutes les observances religieuses qui ne peu« vent se concilier avec lui.. Les Israélites doivent, de préférence, exercer les professions mécaniques et libérales, et acquérir des propriétés foncières, comme autant de moyens de s'attacher à leur patrie, et d'y retrouver la considération générale.-La loi de Moïse << n'autorisant pas l'usure et n'admettant que l'intérêt légitime dans « le prêt entre Israélites et non Israélites; quiconque transgresse cette «<loi, viole un devoir religieux, et pèche notoirement contre la vo«<lonté divine. »

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Mars 12. Traité de cession de Cassel et de Kostheim, sur la rive droite du Rhin, vis-à-vis Mayence, faite à la France par les princes de Nassau.

Avril 7. Sénatus-consulte qui accorde la levée de 80,000 conscrits de la conscription de 1808, c'est-à-dire nés du premier janvier au 31 décembre 1788. Soixante mille seront mis aussitôt en service actif.

Mai 24. Prise de Dantzick. Le général prussien Kalkreuth capitule après plus de deux mois de fortes attaques et 51 jours de tranchée ouverte. La conduite du siége fait le plus grand honneur au maréchal Lefebvre. L'occupation de cette place amène de très-grands avantages. L'ennemi en est mis hors d'état de troubler les Français sur leur flanc gauche, ou sur leurs derrières; puisqu'il ne lui reste plus dans la Baltique prussienne que le port de Pillau. L'investissement de Colberg l'empêche d'y préparer des armements.

28. Napoléon confère le titre héréditaire de duc de Dantzick au maréchal Lefebvre. Dans le message au sénat à cet égard, après avoir très-dignement apprécié les talents et le courage déployés par le maréchal, pendant le siége si mémorable de Dantzick, l'empereur ajoute : « Qu'aucun de ses descendants ne termine sa carrière sans avoir versé son sang pour la gloire et l'honneur de notre belle France. » Ainsi l'art de détruire ses semblables pour la gloire et l'honneur, serait au-dessus de toutes les vertus du citoyen; et le descendant d'un il

lustre guerrier dégénère, s'il sert sa patrie autrement que de son épée.

Mai 29. Révolution à Constantinople. — Selim III, sultan régnant depuis 1790, est déposé par les janissaires, et relégué dans l'intérieur du serrail. Mustapha IV, fils de son frère, est élevé au trône ottoman (V. 28 juillet 1808).

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Juin 1 6. Vingt-cinq mille soldats espagnols que le faible, l'imprévoyant Charles IV a fait partir de son royaume, ainsi que de la Toscane, arrivent en Allemagne, joignent l'armée française et vont être répandus dans le Hanovre et le Mecklembourg.

5. Combat de Spandaw. (3 1. N. - E. de Guttstadt, sur la Passarge). - Des négociations entamées par les puissances belligérantes et qui ont ralenti les opérations générales, viennent de se rompre. Deux colonnes russes entreprennent de forcer le passage de la rivière; elles sont repoussées après un combat des plus opiniâtres, dans lequel le maréchal Bernadotte est assez grièvement blessé.

6. Combat de Deppen ( 2 1. S. de Guttstadt, sur la Passarge). Le maréchal Ney repousse l'attaque d'un corps russe.

9. Combat de Guttstadt ( sur l'Alle ). L'empereur avec les corps des maréchaux Ney, Davoust et Lannes, la garde et la cavalerie de réserve, se porte sur cette ville où une partie de l'arrière-garde de l'ennemi a pris position. Il s'en empare après une vive résistance.

10. Combat de Heilsberg. ( sur l'Alle, 3 1. N. de Guttstadt, 18 l. S.-E. d'Elbing, 20 1. S. de Koenigsberg). Il a lieu entre l'armée russe presque entière et les corps des maréchaux Soult, Lannes, appuyés par la cavalerie du maréchal Murat. L'ennemi défend le terrain pied à pied, son artillerie foudroie les rangs français qui ont plusieurs généraux tués ou blessés. Les Russes se maintiennent en colonnes serrées dans leurs retranchements, que cependant ils évacueront le surlendemain.

14. Victoire de FRIEDLAND (Quinze 1. S.-E. de Koenigsberg, 81. E. de Preussisch-Eylau, sur la rive gauche de l'Alle qui se jette à Wehlau, 61. au N., dans la Prégel ).

L'armée russe dont Beningsen est général en chef, a quitté l'avantveille ses retranchements d'Heilsberg, y abandonnant de riches magasins. Elle est atteinte au point du jour. L'action se passe longtemps en manœuvres, en escarmouches, en combats partiels. Vers les cinq heures du soir, elle s'étend et devient des plus terribles. Là sont les maréchaux Berthier, Lannes et Mortier, le général Victor, commandant le premier corps en l'absence du maréchal Bernadotte,

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