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De la fornication des deux. Quel est l'esprit du premier? L'orgueil et le despotisme. Du second? La rapine et la cruauté. — Du troisième? La cupidité, la trahison et l'ignorance. Que sont « les Français? D'anciens chrétiens devenus hérétiques. Quel sup

«

plice mérite l'Espagnol qui manque à ses devoirs? La mort et l'in<< famie des traîtres.-Comment les Espagnols doivent-ils se conduire?

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D'après les maximes de N.-S.-J.-C. — Qui nous délivrera de nos « ennemis? La confiance entre nous autres et les armes.Est-ce un

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péché de mettre un Français à mort? Non, mon père, on gagne le « ciel en tuant un de ces chiens d'hérétiques.

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Juin 1er. Situation de l'armée française en Espagne. - Le maréchal Murat, général en chef.

Corps de la Gironde ( général Dupont)........

do des côtes de l'Océan ( maréchal Moncey)....... do des Pyrénées orientales ( général Duhesme)..... d° formé de troupes de différentes armes ( maréchal Bessières)..

23,000 h. 26,000 15,000

20,000

$4,000

Ces troupes occupent ou parcourent la Biscaye, la Navarre, le Léon, l'Aragon, la Catalogne, les deux Castilles. Elles se composent, en grande partie, de conscrits nouvellement appelés. A la vue de ces soldats encore adolescents, les Espagnols redoublent de haine contre l'oppresseur qui semble dédaigner la résistance d'une nation fière de ses anciens titres de gloire; ils s'animent d'une nouvelle ardeur, parce que le succès leur paraît plus facile. - Napoléon est entraîné, par sa fureur envahissante, dans la plus injuste, la plus impolitique et la plus désastreuse des guerres qu'un monarque am, bitieux, dépravé ou insensé, ait pu jamais entreprendre,

6. Décret impérial de Bayonne. Recevant le vœu de la junte d'état, du conseil de Castille, de la sainte inquisition, de la ville de Madrid, etc. (V. 13 mai, 2o art. ), Napoléon proclame roi des Espagnes et des Indes, Joseph Napoléon, exerçant actuellement à Naples les fonctions de souverain, en lui garantissant l'intégrité de ses états d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. — Aussitôt affluent les adresses des différentes corporations du royaume qui se prosternent devant le nouveau roi avec les apparences de la plus profonde soumission. Bien trompeuses apparences!

9. L'empereur d'Autriche, François Ier, ordonne la levée d'une milice extraordinaire dans tous ses états.

Juin 14. Les insurgés espagnols se rendent maîtres de la flotte française retirée à Cadix, depuis la défaite de Trafalgar (21 octobre 1805). Cinq vaisseaux, une frégate, 4,000 marins.

15. Ouverture de la grande junte d'état réunie à Bayonne. — Cent cinquante personnes du clergé, de la noblesse et de la bourgeoisie, choisies et envoyées par Murat, sont supposées constituer la représentation des diverses provinces d'Espagne. L'objet de leur convocation est l'établissement d'une constitution libre. L'espoir de servir la patrie, en se ménageant les occasions de trahir la cause de ses oppresseurs, décide le grand nombre des membres de la junte à jurer fidélité au roi et à l'acte constitutionnel qu'on leur impose. Les plus distingués acceptent, dans ce dessein, les premiers emplois à la cour de Joseph Bonaparte.

16. Première insurrection des Portugais, à Oporto. — Elle s'étend si rapidement dans les provinces du nord, que ces provinces seront immédiatement évacuées par les troupes françaises.

Juillet 4. Déclaration du gouvernement anglais, enjoignant de cesser les hostilités contre les Espagnols qui reconnaissent Ferdinand VII.

14. Bataille de Médina del Rio-Seco (Léon ). Le maréchal Bessières défait un corps d'Espagnols. L'action est très-sanglante. Plus de 8,000 des leurs restent sur la place.

15. L'empereur Napoléon déclare roi de Naples, sous le nom de Joachim-Napoléon, le maréchal Murat, son beau-frère, actuellement duc de Berg.

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19. 22 Combat et capitulation de Baylen (village à 4 1. E. d'Audujar, royaume de Cordoue). Dupont, conduisant un corps d'armée, s'est, conformément aux dispositions du maréchal Murat, porté dans les premiers jours de juin en Andalousie, afin d'y comprimer les soulèvements. Murat, aussi brave soldat que peu capable de commander en chef, en annonçant à Dupont des renforts qu'il n'envoie pas, l'engage de plus en plus dans ces pays où la population, levée en masse, commet d'atroces représailles. Tout ce corps est le 15 juillet, sur les bords et à la droite du Guadalquivir. del (Italien de naissance ), commandant une division de 8,000 hommes, reçoit ce même jour, l'ordre d'évacuer Baylen, de couvrir le passage du fleuve en face de Mengibar et de détacher deux bataillons sur Andujar, occupé par Dupont. Mais, suivant mal cet ordre, Védel y arrive avec sa division entière, le 16, à 11 heures du matin; laissant de la sorte à un corps espagnol toute facilité de

prendre position sur la même rive, la rive droite. Védel, renvoyé à la recherche de l'ennemi, aux environs de Baylen, avec injonction de le combattre, pousse au-delà de la Caroline, et jusqu'à SainteHélène (71. N. de Baylen ). Dupont, au lieu d'attaquer le corps ennemi posté à la gauche du fleuve, vis-à-vis ses positions d'Andujar, ou de se replier sur la route de Cordoue, route encore libre, hésite et reste deux jours immobile. Il ne décampe d'Andujar que le 18 au soir, pour donner la main à Védel. Sa marche de retraite s'opère en mauvais ordre. Le lendemain, il se trouve en présence de 45,000 Espagnols postés à Baylen même, dont plus de moitié se compose de troupes de ligne pourvues d'une artillerie considérable. Dupont amène 7,000 soldats, mais tous ne sont pas destinés à combattre. Il attaque dans la matinée, et avec l'espoir que Védel, qui doit se tenir à proximité, accourt à son secours. Védel s'est effectivement rapproché; mais, quoique entendant le canon, il avance lentement et fait des haltes. Dupont, après plusieurs charges infructueuses, perdant l'espoir d'un secours, propose un arrangement. Alors, et dans la soirée seulement, Védel arrive près de Baylen sur les avantpostes qui lui font face, mettant les Espagnols entre deux feux. Mais apprenant d'eux-mêmes que le général en chef parlemente, il se résigne à ne pas combattre et s'éloigne, malgré les instances et l'indignation de ses officiers, malgré l'ardeur de tous ses soldats, déterminés à se frayer un passage jusqu'au général Dupont, qu'ils jugent n'avoir pu transiger pour des troupes étrangères à son combat.

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La capitulation signée définitivement le 22, porte : « Les troupes « sous les ordres de Dupont sont prisonnières de guerre, la division « Védel exceptée.... Elles seront toutes embarquées à San-Lucar et « à Rota, sur des vaisseaux espagnols, et transportées à Rochefort... « l'armée espagnole assure leur traversée contre toute expédition ⚫ hostile. .. Les généraux conserveront chacun une voiture « et un fourgon, sans être soumis à aucun examen ». La junte refusera d'approuver la capitulation. Les Espagnols regardent comme juste et légitime de violer une convention faite avec les troupes d'un envahisseur, violateur effréné des droits les plus sacrés des peuples et des souverains; venant, sous le prétexte d'une alliance intime, porter le ravage dans un pays qui, depuis douze années, supportait, sans murmures, tous les maux d'une guerre maritime, pour les seuls intérêts de la France. Et de valeureux Français seront victimes de la perfidie de leur maître que repousse la perfidie des Espagnols.

Treize mille soldats et officiers envoyés à Cadix, seront entassés dans des pontons, dans ces cachots flottants, d'invention anglaise; et ce qui doit paraître étrange, les généraux gardant leur liberté, rentrent dans leur patrie.

Le désastre de Baylen est le seul revers qui flétrisse les armes françaises dans cette longue suite de campagnes, de la fin de 1792 à la fin de 1812. Des batailles auront été perdues, des places enlevées ou remises, des régiments pris, mais toujours sans déshonneur. Jamais, même après 1812, un corps nombreux n'aura capitulé en rase campagne. A Baylen, des deux guerriers capitulés, l'un a tenu son épée dans le fourreau, l'autre l'y remet; indubitablement parce qu'il appréhenderait les chances d'un second combat devenu beaucoup trop inégal, et qu'il desirerait sauver la vie de ces jeunes braves qu'il commande et dont il verrait les forces presque épuisées. Car on ne saurait supposer qu'un général véritablement français se rende, pour conserver des fourgons contenant de riches dépouilles; quelque répandue que soit une telle allégation en Espagne, en Angleterre, et même en France. On sait à quel point la renommée peut être fautive dans l'interprétation des faits; et sans doute cette relatión, si outrageante à l'honneur d'un militaire recommandable, est une imposture inventée par une basse jalousie ou par le desir de rendre les Français odieux. On ne saurait dire non plus qu'un général autorisé par les usages de la conquête à frapper de fortes contributions, se réduise à commettre des actes de rapines. Mais ceci paraît avéré : 1° Dupont pouvait et devait livrer bataille le 16. 2o Il devait, en se décidant à la retraite, l'effectuer immédiatement sur la route libre de Cordoue. 3° Sa marche sur Baylen devint très-pénible par l'embarras de ses fourgons beaucoup trop nombreux. 4o Dans la nécessité de se battre contre un ennemi bien plus fort, il devait brûler ses fourgons, au lieu de laisser à leur garde des troupes d'élite, dont une partie des marins de la garde, reconnus braves parmi les braves. 5° Il se hâte de faire des propositions à un ennemi dont il devait connaître l'irritation et l'esprit de vengeance. Effectivement, si Dupont avait fait une dernière charge désespérée, ou s'il s'était tenu sur la défensive, il se voyait, au déclin du jour, délivré par Védel, qui survenait enfin.

La capitulation de Baylen porte la plus grave atteinte à la cause de Napoléon. Jusqu'à ce jour, un assez grand nombre d'Espagnols éclairés, envisageant d'un ceil craintif les chances d'une opposition à la France, auront manifesté leur adhésion au gouvernement de

Joseph. Mais actuellement l'enthousiasme de tous s'enflamme d'une ardeur inextinguible. Les premiers, ils auront humilié les vainqueurs de l'Europe! Ce triomphe inespéré jaillit comme un éclair de lumière aux yeux de tous les peuples gémissant sous l'oppression de l'em-pereur. Le nom de Baylen retentit dans la profondeur des cabinets; et, déterminés enfin par l'exemple de cette énergique et brûlante nation, les vieux gouvernements épieront l'occasion de ressaisir des armes vengeresses, les nouveaux gouvernements concevront l'espoir de s'affranchir du joug qu'appesantit chaque jour celui-là même qui leur donna l'existence. Déja des murmures confus bruissent sourdement dans les états subalternes de l'Allemagne. Certes le général Dupont a tout le droit, comme toutes les prétentions ( s'il veut ), de se considérer comme l'une des causes efficientes des grands bouleversements qui s'effectueront en 1813 et 1814.

Juillet 20. Joseph Bonaparte, roi usurpateur d'Espagne, fait son entrée à Madrid. Les habitants immobiles gardent un morne silence. Il s'en fera bientôt mépriser par ses vices bourgeois, sa mollesse, son incapacité administrative et militaire. Au reste, pendant les cinq années de son séjour en Espagne, les murs de Madrid qu'il appelle sa capitale, formeront souvent les frontières de son royaume.

28. Seconde révolution à Constantinople (. 29 mai 1807). Les conjurés redemandent le sultan Selim, on leur rend son cadavre. Le sultan Mustapha est néanmoins déposé; son frère puîné Mahmoud, cousin de Sélim est proclamé (V. 14 novembre).

29. Joseph Bonaparte, effrayé des progrès de l'insurrection, abandonne Madrid, après une résidence de huit jours. Il se retire à Vittoria.

30. Déclaration officielle de la France contre les armements extraordinaires de l'Autriche (V. 9. Juin ).

31. Debarquement en Portugal, d'une armée anglaise. Elle va s'établir à Leiria ( 30 1. N. de Lisbonne ).

Août 17. Expédition de la Romana. - Napoléon préparant, de loin, le trait qui devait abattre le roi d'Espagne, avait obtenu de lui, ou plutôt de son indigne autant qu'inepte favori, la disposition de 25,000 hommes (V. 1er juin 1807). Dirigées sur l'Allemagne, et poussées insensiblement vers la Baltique, ces troupes ont marché en Danemarck, contre les Anglais (V. 7 septembre 1807, 2o art.). Une division très-considérable a ses quartiers dans les îles de Fionie ou de Funen et de Langeland, à huit cents lieues des Pyrénées. Leur commandant la Romana est subordonné au maréchal Bernadotte,

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