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Juillet 6. Entrée à Paris des troupes étrangères confédérées, en conformité de la transaction du 3.

7. La commission du gouvernement provisoire cesse ses fonctions {V. 22, 23 juin). -- Son président Fouché dit de Nantes, le fourbe des fourbes, le fourbe de tous les temps, n'a cessé de l'être dans ces quinze jours. Il a continué les viles intrigues diplomatiques qu'il a mises en jeu, pendant les trois mois précédents, et que favorisaient ses attributions de ministre de la police pour Bonaparte. Il a conduit des correspondances avec le cabinet de Vienne, en faveur du fils de cet ex-empereur et de Marie-Louise; il a communiqué avec la cour de Louis XVIII; soutenu les mesures des chambres législatives, tendant à rendre la nation arbitre dans sa cause; il entretient des intelligences avec les généraux étrangers qui ont combattu à Waterloo. Qui nombrera ses fourberies? Il n'a été ni cruel, ni spoliateur, cette fois; parce que, cette fois, il n'a pas eu besoin de verser du sang ou de dépouiller la veuve et l'orphelin, pour se distinguer dans un parti, ou pour amasser des trésors (V. 12 octobre, 1er novembre 1793). Mais, cette fois encore, on verra triompher son iniquité; la Providence le permet pour l'instruction des peuples et des rois.

7, 8. Fermeture des salles d'assemblée des chambres législatives. - Elle a lieu pendant la nuit, en l'absence de leurs membres et par des gens armés. Cette mesure est-elle l'effet des ordres directs du roi, d'influences privées, ou le coup-de-main de quelques royalistes enthousiastes? Le public n'est pas à même d'en juger.

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La chambre des représentants, en qui résidait la force d'un parti franchement constitutionnel et animé d'un véritable sentiment de conservation et de nationalité, est un phénomène qui révèle les ressources de la France en esprits d'une trempe et d'une instruction supérieures. Malgré l'incomplet des colléges électoraux, l'irrégularité des élections (V. 7 juin ), on s'étonne du résultat. Sans doute cette chambre reçut d'infâmes jacobins; mais les tigres se virent aussitôt muselés. Un nommé Léguevel, envoyé par le Morbihan, osant, au premier jour, proposer de mettre hors de la loi les ascendants et descendants des révoltés royaux, et de séquestrer leurs biens, la chambre est saisie d'indignation; l'abominable Barrère lui-même n'entreprend pas la justification de ces mesures que, pendant dir-sept mois, il ordonna et fit exécuter avec une barbarie inouie (V. 24 août 1794 ). Cette chambre recelait aussi des esprits boursoufflés de métaphysique, tels que ce Garat, qui vient reproduire les droits de l'homme, et qui semble

ne pas se rappeler qu'il a, ministre de la justice sous le plus inique des gouvernements, signifié à Louis XVI, sa sentence de mort ( V. 20 janvier 1793), et qu'il s'est abstenu de poursuivre les auteurs des massacres de septembre 1792, ce qui lui valut le nom de Garat-septembre. Mais le temps des vaines théories passe aussi, et rien ne l'annonce mieux que la déclaration de cette chambre dans la séance du 5, où elle proclame comme inadmissible, tout gouvernement qui l ne reposerait point sur la liberté publique, l'égalité politique des Français, et l'inviolabilité des propriétés.

Sans doute cette assemblée formée d'éléments si divers, placée dans des conjonctures uniques, ayant à ménager un certain nombre de bonapartistes incorrigibles, à contenir l'irritation, l'impatience de la nation désabusée qui repousse également la dynastie napoléonienne et redoute le retour d'une turbulente et pernicieuse aristocratie; cette assemblée devant en cet instant conjurer la vengeance et l'orgueil des militaires étrangers, la politique des cabinets, la perfidie de Fouché qui, peut-être, n'est pas le seul perfide; sans doute cette assemblée commit, commet encore des erreurs. Elle se laissa trop aller à l'impulsion de quelques orateurs. Cependant on peut croire qu'une relation approfondie des circonstances, des motifs, des obstacles qui conduisirent ou détournèrent cette assemblée dont la durée n'a été que de trente jours : une relation impartiale faite par un écrivain qui déciderait entre elle et ses accusateurs, comme décideraient des jurés appelés à prononcer dans une cause où il ne serait question que de délits obscurs; qu'une telle relation laisserait à la France une impression de reconnaissance pour l'ensemble des travaux de cette chambre, et renouvellerait l'hommage d'une estime profonde à son président, l'incorruptible, l'indéfectible, l'inébranlable Lanjuinais. — Quelqu'un se rappelant la vertueuse obstination de Lanjuinais à la convention, dans les plus effrayantes circonstances, l'appelait le Masséna de la tribune. Son opposition dans les séances relatives aux évènements du 31 mai 1793 (V. p. 167 ) doit effectivement se faire admirer comme on admire l'héroïque détermination du vainqueur de Zurich (V. 25 septembre 1799), du défenseur de Gênes (V. 5 juin 1800).

Juillet 8. ENTRÉE DE LOUIS XVIII A PARIS. A la faveur de ce second avènement, la France évitera, pour la seconde fois, sa dissolution.

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9. Promotion de ministres. Le prince de Talleyrand, président du conseil avec le département des affaires étrangères; le duc

vacant.

d'Otrante, Fouché dit de Nantes, à la police; le baron Pasquier, garde-des-sceaux; le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, à la guerre; le comte de Jaucourt, à la marine; le duc de Richelieu, à la maison du roi; le baron Louis, aux finances. Le ministère de l'intérieur reste La plus étrange disparate de ce ministère, comme l'une des plus bizarres singularités de notre révolution, si féconde en résultats inattendus, est la réunion dans le conseil de la monarchie royale, de deux personnages mis déja trois fois en regard, en qualité de ministres; sous le gouvernement du directoire, sous la république consulaire, sous le régime impérial (V. 10 décembre 1797; 18 juin, 22 novembre 1799 et passim). Ainsi de légères balises se soulèvent au-dessus des écueils; ainsi des tiges flexibles, en se courbant sans cesse, défient les plus violents orages. Quatre fois honneur, à cette exquise dextérité d'un ex-évêque, d'un ex-oratorien, du prince laïque de Bénévent, transformé en prince, duc de Talleyrand, et du duc d'Otrante !!!!

Juillet 11. Proclamation du maréchal Davoust, commandant en chef les troupes françaises au-delà de la Loire (V. le 3).—« Les

« sentiments de l'armée sont bien connus. Elle a combattu 25 ans, toujours pour la France, souvent pour des opinions contestées... « L'intérêt national doit réunir franchement l'armée au roi. Cet « intérêt exige des sacrifices; ils doivent être faits de bonne grace, <«< avec une énergie modeste. L'armée subsistante, l'armée unie, de« viendra, si nos malheurs s'aggravent, le centre et le point de « ralliement de tous les Français, et des royalistes même les plus « exagérés. Tous ne tarderont pas à sentir que l'union et l'oubli <«< de tous les dissentiments, pourront seuls opérer le salut de la « France..... .... Unissons-nous donc, serrons-nous, ne nous séparons jamais. Les Vendéens nous donnent un touchant exemple; «< ils nous ont écrit, pour nous offrir de déposer tous nos ressenti«ments et de s'unir à nous, dans la vue patriotique de prévenir tous déchirements, tous démembrements de la patrie. Soyons Français!... . (V. le 17).

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«

15. DERNIÈRE FUITE ET CAPTIVITÉ DE NAPOLEON BONAPARTE. Depuis quelques jours il est au mouillage de l'île d'Aix, à bord d'une fregate prête d'appareiller pour les États-Unis d'Amérique. Incapable de se persuader qu'il ne règne plus, se confiant toujours à l'espoir qu'il sera reconduit aux Tuileries, il se refuse à quitter les côtes de France. Des vaisseaux anglais croisent cependant à sa vue. Il voudrait alors descendre à terre, on l'y observe aussi. Il

courrait des chances extrêmes sur l'océan couvert de voiles ennemies, s'il se dérobait à bord d'un léger esquif, pour joindre un navire neutre en haute mer. N'ayant point le courage de la générosité, il ne s'exposa jamais que par calcul; et, lorsque sa sûreté ou son ambition ont demandé qu'il fuie, il a fui ( V. 5 décembre 1812; 2 novembre 1813; 18, 29 juin 1815). Mais, ici, sa sûreté ne lui demande pas la fuite, cette dernière ressource d'un général vaincu, d'un souverain détrôné. Redoutant bien plus de tomber aux mains du pouvoir royal, et n'ayant que le choix de ceux dont il se constituera le prisonnier, il se fait transporter à bord du Bellerophon, après y avoir fait annoncer qu'il s'en remet eNTIÈREMENT A La géNEROSITÉ du prince régent d'Angleterre. - Chose inexplicable! Bonaparte ne redouta jamais les dangers de la guerre, et hors de la scène des combats, il craint tout danger. La soif du pouvoir opérant sur ses facultés l'effet du somnambulisme, l'entraîne dans les hasards extrêmes; mais, s'il n'est plus sur le champ d'extermination, dans un cercle de baïonnettes sanglantes, s'il n'entend plus les détonations de cent bouches à feu, on le croirait éveillé, tant il devient timide, en pensant qu'il pourrait cesser de vivre. L'idée positive de la mort lui est insupportable; il faut qu'il voie la mort dans un nuage de gloire, à travers la fumée du canon.

Afin d'éviter les mal-entendus, l'anglais Maitland, capitaine du Bellerophon a, la veille même, déclaré catégoriquement aux parlementaires de Bonaparte, qu'il est sans pouvoir pour stipuler des conditions quelconques; et que tout ce qu'il lui est permis de faire, se réduit à transporter en Angleterre Bonaparte et sa suite, pour y être reçu de la manière que le prince régent le jugera convenable. C'est donc en espérant la vie sauve, que Napoléon se décide à se rendre, bercé néanmoins de l'idée que sa renommée s'interposera efficacement pour le garantir des rigueurs de la captivité, et que sa présence en imposera dans un pays où les hommes aiment le merveilleux, l'extraordinaire. Il réclamera le droit des gens, hors duquel le place irrécusablement la violation du traité du 11 avril 1814. Il aimera à se persuader qu'on ne donnera point d'effet aux assurances pourtant si positives de la délibération du 13 mars. Il invoquera la sainteté des asyles sur cette terre où sa détermination ne l'a pas conduit, alors que sa détermination pouvait sembler libre et volontaire. Ce destructeur de vingt républiques en Italie, en Allemagne, ce destructeur de toute liberté autour de lui, se met à côté d'un héroïque défenseur de la liberté des Grecs; il s'écrie avec

emphase « Je viens, comme Thémistocle, m'asseoir sur les foyers « de mes ennemis. » Quelle similitude peut donc s'établir entre le généreux Athénien qui repoussa les satrapes d'un despote d'Asie, et l'impitoyable oppresseur des paisibles citoyens de la Hollande (V. 2 août, 2o art.)?

Juillet 16. Ordonnance du roi, relative à la formation d'une nouvelle armée. La force militaire active consistera en 86 légions d'infanterie, chaque légion de 3 bataillons; 8 régiments d'artillerie à pied; 4 do d'artillerie à cheval; 47 do de cavalerie, etc.

17. Proclamation du maréchal Davoust, commandant en chef les armées au-delà de la Loire (V. le 11 ). — « .

... C'est

« à vous, soldats, à compléter cette soumission par votre obéissance; arborez la cocarde et le drapeau blancs. Je vous demande, je le sais, un grand sacrifice; l'intérêt de notre patrie le commande. Un

α

«

« soldat sert toujours son pays, quel que soit le gouvernement qu'on « ait. L'armée ne peut être délibérante..... .-L'ordre du chef s'exécutera sans troubles; l'armée se résignera toujours (F. 1ar août).

20. Ordonnance du roi. Les bataillons des gardes nationales d'élite, levés depuis le 20 mars, seront licenciés sur-le-champ. — Les conscrits de 1815, qui ont fait partie des bataillons d'élite, rentreront également dans leurs foyers.

20. Ordonnance du roi concernant l'exécution de la loi sur la du 21 octobre 1814.

presse,

21. Cessation d'hostilités sur les côtes de France. — L'ordre en est donné par le gouvernement anglais, d'après l'information que Napoléon Bonaparte s'est rendu à ses forces navales (V. le 15).

24. Ordonnance du roi. — 1o Dix-neuf généraux ou officiers (désignés nominativement) qui ont abandonné le roi, avant le 23 mars, ou qui ont attaqué le gouvernement et la France, à main armée; ou qui, par violence, se sont emparés du pouvoir, seront arrêtés et traduits devant des conseils de guerre. 2o Trente-huit personnes (désignées nominativement) seront éloignées de leurs domiciles, et mises en surveillance dans des résidences fixées par la police, en attendant que les chambres statuent sur celles qui devront sortir du royaume, ou être livrées à la poursuite des tribunaux. - Les individus qui seront condamnés à sortir du royaume auront la faculté de vendre leurs biens et d'en disposer. Toute autre liste est et demeure close, en conséquence des désignations ci-dessus (V. 12 janvier 1816).

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