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mal élevé sa nièce. Quelquefois les châtiments qu'il faisait infliger étaient tels qu'on ne savait s'il fallait les attribuer à un accès de folie ou à un mépris pour l'humanité, dédaigneux de toute précaution. Il fit fustiger en présence du peuple un cheval qui avait bronché sous lui, et personne ne se méprit sur le sens de cette correction. L'omission des moindres formalités choquait son orgueil ; il faillit rompre avec le roi de Suède, parce que, dans un message de ce prince, on n'avait pas observé la formule officielle de ses titres. Voilà, s'écria-t-il en ouvrant cette lettre, un roi qui ne sait pas écrire; et, sur-le-champ, il rédigea un oukase qui réglait minutieusement cette puérile matière. Le baise-main, haute faveur impériale, avait ses dangers: il fallait y apporter une attention respectueuse, comme s'il se fût agi d'un acte religieux. C'est surtout dans le militaire que l'empereur se complaisait à étaler tout le luxe de ses connaissances de détails. L'uniforme qu'avait introduit Potemkin se trouvait répondre tout à la fois aux exigences du service et à celles du climat. Paul y substitua l'ancien uniforme al lemand. Force fut donc aux soldats de prendre, en même temps que l'habit prussien, le chapeau à cornes; et, comme ils portaient les cheveux courts, de s'adapter une queue postiche. Souvorof, qui avait tant de fois vaincu avec l'uniforme de Potemkin, se permit sur les queues et la poudre des plaisanteries qui coururent l'armée. Les soldats n'obéirent qu'avec répugnance; quant aux officiers, tandis que les uns aimaient mieux quitter le service que d'endosser le nouvel habit, les autres trouvèrent dans leur soumission empressée un mode facile d'a

vancement.

Les manœuvres étaient la grande affaire de Paul; tous les matins, il passait quatre heures à faire exercer, ou plutôt à tourmenter sa garde, bravant, sans pelisse et sans qu'il parût en souffrir, des froids de quinze à vingt degrés. C'était sur la place du palais, et entouré de troupes, qu'il

donnait ses audiences; les soldats, qui s'amusaient à voir les seigneurs exposés à toutes les intempéries d'un hiver rigoureux, appelaient ces audiences en plein air la parade des courtisans.

Nous ne nous étendrons pas sur la proscription burlesque des chapeaux ronds, ni sur l'oukase impérial qui prescrivait d'atteler les chevaux à l'allemande; mais nous ferons remarquer le fil caché qui faisait jouer tous ces ressorts. Les favoris de Paul, craignant à toute heure d'être eux-mêmes les victimes de ses emportements, l'entretenaient dans une irritation continuelle pour achever de le rendre odieux et ridicule. Tantôt c'étaient le peuple et l'armée qui lui reprochaient son origine étrangère ; tantôt les bourgeois étaient convenus de ne pas le saluer en public; enfin, on l'effrayait sans cesse d'une conspiration permanente, dont le but était de le détrôner, pour mettre à sa place Alexandre, sous la tutelle de l'impératrice. De là tant de rigueurs sans motifs, tant de mesures empreintes d'une sombre méfiance et d'un arbitraire grotesque, qui devaient finir par changer en dangers réels les fantômes d'une imagination effrayée.

Cette rébellion qu'on lui montrait partout, il l'attribuait à la contagion des idées françaises. L'introduction de tout journal et de tout écrit politique français fut sévèrement interdite; ceux qui en recevaient par quelque voie extraordinaire étaient tenus de les porter sur-le-champ, et sans en avoir pris lecture, à un comité institué à cet effet; comme la haine des choses n'était que celle des personnes, les Français venant de l'étranger furent repoussés des frontières bientôt le cercle de ces précautions s'étendit aux étrangers des autres nations; les universités d'Allemagne encoururent la suspicion de Paul, qui défendit aux Russes, et spécialement aux Courlandais et aux Livoniens, sous peine de voir leurs biens confisqués, d'envoyer désormais leurs enfants dans écoles corruptrices. Les établissements

ces

d'instruction publique, fondés par Catherine, furent modifiés dans ce sens, et le despotisme russe recula d'un pas dans la barbarie. Une triple censure administrative, ecclésiastique et littéraire fut établie à Pétersbourg, à Moscou, à Riga, à Odessa, et au bureau central de la douane.

Comme pour protester hautement contre le nivellement des conditions, suite logique de l'égalité des droits civils proclamée par la république française, il prit à tâche de réorganiser le privilége; il créa une noblesse héraldique comme en Allemagne, et échelonna sa noblesse. Pour maintenir à une plus grande hauteur la noblesse d'extraction, il réduisit l'anoblissement par les charges, pour élever une barrière de préjugés entre le mérite et le privilége.

Il suffisait d'être signalé à l'empereur comme entaché de libéralisme, ou même d'avoir improuvé quelquesuns de ses actes, pour encourir les peines les plus sévères. Les deux frères Masson, attachés au service russe depuis douze années, furent déportés; et l'un d'eux, auteur des Mémoires secrets, s'est vengé de ce châtiment arbitraire par des révélations passionnées. S'il avait lu quelques-unes de ses pages devant des auditeurs russes, on conviendra que la rigueur de Paul ne fut pas excessive; si les Mémoires secrets ont été rédigés ab irato, on a le droit de les soupçonner d'exagération.

Les agents étrangers n'étaient pas plus que les particuliers à l'abri de l'humeur fantasque du monarque. Il fit mettre à la frontière un agent du roi de Sardaigne, et le ministre de l'électeur de Bavière, Maximilien de Deux-Ponts; le premier, parce qu'il conseillait à son maître de rester en paix avec la France; l'autre, parce que sa cour n'avait pas encore reconnu à Paul le titre de grand maître de Malte. Maximilien dut se prêter à cette fantaisie; il rétablit dans ses États les commanderies de la langue anglo-bavaroise; et, en retour de cette courtoisie, Paul accorda au fils aîné

de ce prince la main d'une grandeduchesse. Paul étendit le niveau de ses puériles réformes jusque sur le langage. Defense fut faite aux marchands d'écrire le mot magasin sur leurs boutiques, attendu que ce terme, affecté aux approvisionnements de la couronne, ne devait pas être prostitué à des établissements mercantiles. A la formule avec liberté impériale, les censeurs substituèrent celle-ci : avec permission impériale: le mot liberté ne put trouver grâce, malgré le qualificatif. L'Avis au peuple du médecin Tissot fut défendu sur le motif que le peuple n'avait pas besoin d'avis.

La coupe des vêtements ne fut pas à l'abri de ces prohibitions ombrageuses; on proscrivit la veste, le pantalon, le gilet croisé, les bottines, etc., comme des signes de jacobinisme; les aubergistes durent, sous peine d'amende, dénoncer les contre venants. Un tapissier français, occupé à disposer des tentures de deuil dans l'église catholique, où l'on allait célébrer le service funèbre de l'ex-roi de Pologne, fut fouetté au milieu même du temple, parce que son costume s'écartait des ordonnances.

Les émigrés, qui poussaient l'empereur à faire la guerre aux Français, attribuaient le progrès des idées révolutionnaires au relâchement des croyances religieuses: Paul prit en main les intérêts du ciel, et prétendit moraliser les étrangers qui se trouvaient dans son empire par des oukases réglementaires. Il imposa aux catholiques l'obligation de faire leurs pâques, et aux prêtres celle de n'accorder l'absolution qu'aux pénitents en état de grâce. Pendant quelque temps, la messe fut de rigueur; et comme, en général, les émigrés eux-mêmes ne prêchaient pas d'exemple, Paul exigea qu'ils allassent à l'église, deux à deux, entre une double haie de soldats.

A l'instant même où il allait contracter une alliance avec les Turcs, il ressuscitait l'ordre de Malte, et nommait grand'-croix Anna Lapoukhin, la comtesse Litta, et son valet de chambre Koutaïtzof, Turc de naissance, et

parvenu par son adresse aux premières dignités de l'empire.

A travers tant de ridicules et d'originalité, on retrouvait souvent des saillies de grandeur et de générosité: les princes de la maison de Bourbon, auxquels il donnait un asile à Mittau, recevaient de lui une pension de deux cent mille roubles (environ six cent mille francs); et un grand nombre d'émigrés obtinrent de sa munificence des emplois, des terres, des paysans et des secours en argent: mais, si son premier mouvement était d'un souverain magnanime, rarement daignait-il accompagner le bienfait de ces formes qui en doublent le prix.

Paul avait rompù le traité de subsides contracté entre Catherine et l'Angleterre, non parce qu'il était plus favorablement disposé que sa mère à l'égard de la France, mais uniquement pour ne point paraître continuer le règne précédent. L'année suivante (1798), sa politique prit un caractère plus tranché.

Pour se rendre compte de la conduite de l'empereur dans ses rapports avec les autres puissances, il est indispensable de ne pas perdre de vue que ce prince resta constamment sous l'influence de deux idées la première, que trente-cinq ans de persécutions fui avaient inspirée, c'était de developper les forces de la Russie par l'organisation militaire, sans s'inquiéter de ces principes civilisateurs dont le jacobinisme lui paraissait le dernier terme; et l'on conçoit ce mépris des moyens mis en œuvre à l'époque où il avait tant souffert, qui se confondait avec le ressentiment qu'il conservait contre ses oppresseurs; la seconde, c'était une résolution fixe de rendre un nouvel éclat aux choses que la révolution française s'était empressée d'effacer ou d'avilir. Malgré les sujets de plainte que lui donnèrent plus tard ses alliés, jamais il ne se fût rapproché de l'homme qui s'était emparé des destinées de la France, s'il n'eût pas pressenti en lui le restaurateur futur des priviléges monarchiques. Le mauvais état des finances était un obstacle à ses plans;

d'un côté, sa noblesse ruinée par le luxe; de l'autre, les dépenses qu'exigeait l'expédition qu'il méditaít, lui. firent prêter l'oreille aux offres de l'Angleterre; avec l'or de la GrandeBretagne, il pouvait fonder une banque pour venir au secours des seigneurs, et donner à l'armée expéditionnaire une importance qu'il jugeait décisive. Il entra donc dans la seconde coalition; et l'on vit, par le jeu bizarre des intérêts les moins compatibles, la Russie, la Porte, l'Autriche, la Saxe, enfin presque toute l'Europe, moins la Prusse, se jeter, à l'instigation de l'Angleterre, dans une lutte où l'énergie devait triompher du nombre.

L'ambassadeur Repnin, après avoir échoué à Berlin, avait réussi à Vienne et en Saxe; le plan d'invasion était tracé. Sur le point d'être attaquée, la France prit l'offensive; les légions républicaines envahirent l'Helvétie, dont la partie méridionale, qui ferme le Tyrol, leur permettait de porter du secours, selon que l'exigeraient les circonstances, à l'armée du Danube ou à celle d'Italie. Quelques revers réduisirent les Français à la défensive, devenue plus difficile par l'étendue de la ligne d'opérations.

L'armée qui avait été rassemblée en Gallicie, par ordre de Catherine, entra en Allemagne sous les ordres du général Rosemberg; l'orgueil germanique répugnait à passer sous le commandement d'un chef obscur; Paul dut se rendre aux réclamations de ses alliés, et au vœu général des Russes, qui désignait Souvorof. Ce vieux capitaine sortit de sa retraite pour aller se mettre à la tête des forces russes et autrichiennes. Nous avons déjà parlé du caractère de Souvorof, et du rôle bizarre qu'il s'était imposé pour s'emparer de la confiance du soldat russe. Certes, si ces bizarreries n'eussent point été accompagnées d'un mérite supérieur, elles ne lui eussent valu qu'une déplorable célébrité; mais dans un homme de ce génie, il faut les étudier, sinon en elles-mêmes, du moins dans la part d'influence qu'elles ont eue sur des faits dignes de toute no

tre attention. Pour appuyer l'opinion que nous avons émise au sujet de la prétendue originalité de ce grand homme de guerre, nous pourrions, entre autres témoignages, citer celui d'un vieil officier qui fut longtemps son chef d'état-major, et qui est rapporté dans le voyage du duc de Raguse. En effet, ses actes les plus bizarres sont empreints du même caractère, et tous paraissent tendre à inspirer à ses troupes un dévouement fanatique, en même temps qu'ils leur donnaient l'exemple des plus dures privations. « Il outrait la sévérité de la vie militaire, déjà si dure chez les Russes. Même au fort de l'hiver il se faisait arroser d'eau froide. Souvent on le voyait monter à poil, en chemise, un cheval de Cosaque. Quelquefois il sortait nu de sa tente en contrefaisant le chant du coq; c'était, pour l'armée, le signal du réveil, de la marche ou du combat. Dans ses visites aux hôpitaux, il faisait donner de la rhubarbe et du sel aux soldats qu'il jugeait atteints d'un mal réel, et la bastonnade à tous les autres, ou bien il mettait tout le monde à la porte, disant qu'il n'était pas permis aux soldats de Souvorof d'être malades. On se rappel!e que le maréchal Munich avait employé avec succès un remède bien plus rigoureux. Personne n'osait se plaindre, car le général était aussi dur pour lui-même que pour les autres. Sa table était si frugale que les officiers les plus sobres s'en étonnaient. Il se faisait donner à lui-même, au nom du maréchal Souvorof, l'ordre d'interrompre ses repas ou son sommeil; il faut qu'on lui obéisse, disait-il; disciplinant jusqu'à la nature physique pour la soumettre à une inflexible volonté; aussi jamais armée n'obéit plus aveuglément, comme jamais confiance ne fut mieux méritée. Souvorof dédaignait le luxe; en campagne, sa kibitkă (1) lui tenait lieu d'habitation; quand il s'arrangeait d'un autre logement, ses officiers avaient soin d'en faire disparaître les glaces. Souvent même il ne voulait

.* Espèce de chariot.

souffrir ni portes ni fenêtres, attendu qu'il n'avait ni peur ni froid. Cependant il montrait avec complaisance les bijoux et les diamants qu'il avait reçus de Catherine; pourquoi notre mère me les a-t-elle donnés, demandait-il à ses officiers, et il fallait répondre sans hésiter. Il comprit que, pour supporter avec constance les fatigues et les privations de la guerre, le soldat a besoin d'un stimulant moral ou religieux; la gloire, ce puissant mobile des hommes libres, est une idée que ne peut comprendre la servitude, et qui, une fois comprise, la détruirait à l'instant même; c'était donc au sentiment religieux que Souvorof devait s'adresser; il s'agenouillait devant les prêtres, et leur demandait la bénédiction; c'était pour donner à sa mission un caractère de sainteté, qu'il ne parlait des Français que comme d'un peuple d'impies que Dieu avait résolu d'exterminer; mais quand il ne s'adressait plus au fanatisme de ses troupes, il parlait des qualités militaires de ses ennemis en homme digne de les apprécier.

Les Français, qui s'attendaient à trouver dans les Russes une race gigantesque, furent surpris de n'avoir à combattre que des hommes ordinaires; de leur côté les Russes apprirent à respecter l'humanité de ceux qu'on leur avait dépeints comme des brigands; les pouvoirs politiques, pour pousser les hommes à s'entr'égorger, sont obligés de recourir à la déception et au mensonge, tant ils reconnaissent eux-mêmes la faiblesse des motifs qui les déterminent.

Souvorof s'était réuni, près de Vérone, à l'armée autrichienne, qui venait de battre Schérer. L'armée austrorusse composait un effectif de quatrevingt mille hommes. Les débris de l'armée française, dont le Directoire avait confié le commandement à Moreau ne purent tenir contre des forces si imposantes. La défaite de Cassano, malgré toute l'habileté du général républicain, fut une conséquence nécessaire du désastre de Magnan. La belle résistance des Français à Bassa

gnano prouva aux Russes à quelles conditions numériques ils pouvaient espérer la victoire.

Après cet avantage, Souvorof se porta rapidement sur Turin, tandis que Moreau, réduit à quelques milliers d'hommes, essayait d'inquiéter sa marche, sans s'écarter des positions avantageuses qu'il occupait.

Macdonald venait d'entrer en Lombardie, à la tête de trente-cinq mille hommes; les succès qu'il avait obtenus lui inspirèrent une confiance téméraire; il crut pouvoir vaincre avant d'avoir opéré sa jonction avec Moreau. A la nouvelle de cette marche victorieuse, Souvorof rassemble ses troupes avec une rapidité étonnante; il eut bientôt rejoint le général autrichien Mélas, sur les rives de la Trebbia. Nous n'entrerons pas dans les détails de cette journée mémorable; nous nous contenterons de dire qu'on se battit, de part et d'autre, avec une bravoure égale; l'armée austro-russe perdit plus de monde que celle de Macdonald; mais l'élan des troupes républicaines ne put vaincre l'immuable tenacité des ennemis. Durant toute une journée, le combat dura avec le même acharnement; les Russes montrerent cette opiniâtreté invincible, cette discipline et ce mépris de la mort qui les avaient déjà rendus si redoutables; serrant leurs rangs à mesure que le feu les éclaircissait, ils repousserent deux fois, au delà du fleuve, les Français qui le repasserent deux fois. Le lendemain la bataille recommença, et si la retraite de Macdonald n'eût appris à Souvorof qu'il était vainqueur, les succès furent tellement balancés jusqu'au dernier moment, que le nombre seul pouvait faire augurer de l'issue définitive de cette lutte. C'est là que fut presque entièrement détruite la légion polonaise, commandée par le brave Dombrovski. La retraite des républicains fut plus désastreuse que ne l'avait été le combat. Souvorof répandit des proclamations pour soulever, contre les Français, les Toscans et les Liguriens. Ce champion d'une religion schisma

tique armait les populations au nom de la foi orthodoxe, et tandis que Moreau se retirait, et que Macdonald était repoussé, la Lombardie, la Toscane et le Piémont, harcelaient sur tous les points nos corps désorganisés. Au lieu de poursuivre ses avantages Souvorof perdit un temps précieux à investir quelques places fortes dans le Piémont. Les Français firent un dernier effort pour conserver celles qui résistaient encore, et c'est alors que Joubert s'avança au delà de Novi avec un corps de trente mille hommes. L'armée austro-russe était déjà rassemblée et prête à le recevoir. « Ce ne fut pas, comme on l'a imprimé cent fois, en chargeant à la tête des grenadiers que fut tué Joubert; ce fut en allant reconnaître l'ennemi, et avant même que la bataille fût engagée. Il périt par la balle d'un tirailleur... (*). Moreau, rappelé par le Directoire à la tête de l'armée du Rhin, prit le commandement, et perdit cette sanglante bataille où les vainqueurs souffrirent plus que les vaincus. Avant l'action, Souvorof avait dit, en parlant de Joubert: C'est un jouvenceau, allons lui donner une leçon. La fortune lui vendit chèrement l'accomplissement de cette prophétie.

Paul, à la nouvelle de tant de succès; décerna à Souvorof le surnom d'Italique; il ordonna que désormais on rendrait au général victorieux les mêmes honneurs qu'à lui-même; et, rabaissant l'éloge par la bizarrerie de la forme, il prescrivit par un oukase, qu'on eût à regarder Souvorof comme le plus grand capitaine de tous les temps et de tous les pays du monde.

Il résolut de consommer l'anéantissement de la république: Nous avons résolu, dit-il dans son manifeste, nous et nos alliés, de détruire le gouvernement impie qui domine en France.

Les préparatifs répondaient à la difficulté de l'entreprise; les escadres russes et turques, dirigées par les Anglais qui avaient vaincu à Aboukir, s'emparaient des îles Ioniennes, et

(*) Esneaux et Chennechot.

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