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à traiter sur les bases suivantes : la Russie continuerait à exclure les Anglais de ses ports, mais elle y admettrait les neutres; des licences seraient accordées aux bâtiments nationaux comme en France; un nouveau tarif des douanes favoriserait le commerce français, et l'on réglerait de gré à gré les indemnités dues au duc d'Oldenbourg, en échange de ses États envahis (Histoire de la campagne de Russie, par M. Mortonval). Cette réponse annonçait clairement que le cabinet de Saint-Pétersbourg agissait désormais sous l'influence de l'Angleterre. Il était aisé de voir que, de part et d'autre, on jugeait la guerre inévitable; cependant Lauriston, ambassadeur de France, était toujours à Pétersbourg; et Kourakin, qui présenta, le 30 avril, son ultimatum, ne quitta Paris que le 20 septembre. On cherchait à gagner du temps pour achever l'organisation de ces armées dont la lutte allait décider du sort de l'Europe.

Le 9 mai, Napoléon partit de SaintCloud et arriva à Dresde le 16 du même mois. Ce fut là qu'au milieu des fêtes et des réjouissances, il reçut des souverains alliés les témoignages du dévouement le plus absolu. Tous ces hommages adressés à la puissance n'étaient que l'expression de la crainte; quand l'hiver eut frappé cette armée naguère si brillante, les haines se manifestèrent avec d'autant plus d'énergie qu'elles avaient été comprimées plus longtemps.

Déjà la grande armée déployait ses masses imposantes depuis Dantzick jusqu'à Lublin, tandis que les Autrichiens, formant l'extrême droite de cette ligne d'opération, occupaient Lemberg.

Alexandre, sorti de sa capitale le 22 avril, s'était rendu à Wilna. C'est là qu'il reçut le comte de Narbonne, dont la mission échoua devant l'inébranlable volonté du monarque russe, qui refusait toute espèce d'accommodement avant que l'armée française eût rétrogradé jusqu'au Rhin.

Napoléon jugea nécessaire de donner quelques espérances aux Polonais; il s'agissait d'imprimer une direction

énergique à l'esprit national; M. de Pradt, archevêque de Malines, fut chargé de cette délicate mission; le patriotisme était loin d'être éteint dans ce pays de liberté; mais comme les promesses de Napoléon étaient subordonnées aux événements, la Pologne ne put y ajouter une confiance entière; en un mot, si l'empereur des Français croyait qu'il lui suffirait d'une campagne pour imposer la paix à son rival, il en fit trop; si, au contraire, c'était l'abaissement de la puissance russe qu'il méditait, il eut tort de s'arrêter à des demi-mesures.

Napoléon venait de quitter Dresde lorsqu'il reçut un message de Bernadotte. Le prince royal, comme pour prouver aux Suédois qu'il traiterait dé sormais avec l'empereur de puissance à puissance, exigeait, pour prix de sa coopération active, la Norwége et plusieurs millions. Le soldat - empereur rejeta avec hauteur les offres du soldatroi; et, presque en même temps, le 28 mai, la paix de Boukharest fut signée. Ainsi les deux appuis qui, dans les prévisions ordinaires, devaient fixer aux deux extrémités de l'Europe sa ligne d'opérations, manquaient à la fois à Napoléon.

et

« Au moment où Alexandre quitta sa capitale, les forces russes, rassem blées sur la frontière occidentale de l'empire, étaient divisées en deux armées: l'une, dite première de l'Ouest, sous les ordres de Barclay de Tolly, forte de cent cinquante mille hommes, avait son quartier général à Wilna; l'autre, nommée la seconde de l'Ouest, ne comptait que soixante et dix mille combattants; le prince Bagration la commandait; elle occupait Jitomir. Le rassemblement des Autrichiens en Gallicie détermina bientôt ce général à se rapprocher de la ligne du Bug; il reçut l'ordre de porter son quartier général à Lutzk.

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Les six corps de la première armée de l'Ouest s'étendaient derrière le Niémen, et défendaient cette ligne depuis les environs de Tilsitt jusqu'à Grodno. Ceux de la seconde, opposés aux frontières d'Autriche et à la partie

méridionale du duché de Varsovie, observaient le cours du Bug. Entre ces deux armées, Platof, avec huit mille Cosaques réguliers, avait pris position à Bialystok; en arrière, à plus de quatre-vingts lieues, une armée de réserve se formait sur le Prypet.

A l'extrême droite des Russes, aux bords de la Baltique, la garnison de Riga, chargée de couvrir une des routes de Pétersbourg, s'élevait à trente-cing mille hommes. Un camp, fortement retranché, défendait de ce côté le cours de la Dvina à Drissa, et offrait un point de retraite à l'armée de Barclay de Tolly. On construisit aussi une tête de pont très-forte à Borissof, sur la Bérézina, afin de garder le principal passage de cette riviere, sur la route de Moscou, par Minsk et Smolensk. Pendant que ces travaux s'achevaient, l'empereur Alexandre faisait établir d'immenses magasins et de nombreux parcs d'artillerie derrière sa première ligne de défense; on y forma, en outre, de nouvelles divisions, ainsi que des dépôts d'infanterie et de cavalerie qui devaient alimenter les corps en activité (M. Mortonval). »

Napoléon partagea ses forces en trois corps d'armée. La première de ces divisions, composée d'environ cent soixante mille hommes, devait surveiller la première armée de l'Ouest, et la couper au milieu.de sa ligne; tandis que Napoléon faisait face à Barclay de Tolly, le second corps allié, sous les ordres de Jérôme, devait s'avancer contre Bagration, c'est-à-dire sur la gauche des Russes et à la droite de l'empereur.

Le troisième corps, sous les ordres du prince Eugène, avait mission de pénétrer entre les deux armées russes, pour les empêcher d'opérer leur jonction. Schwartzemberg, avec ses Autrichiens, devait appuyer les mouvements du roi de Westphalie à l'extrême droite; et Macdonald, qui commandait trente mille hommes de troupes prussiennes et françaises, devait se porter sur Riga, menaçant la Courlande et la Livonie dans la direction de Pétersbourg.

Bagration reçut l'ordre de quitter sa position et de se rapprocher de la première armée, pour couvrir le pays entre Proujani et Wilkowisk, c'est-àdire l'espace que laissent à découvert le Bug et le Niémen. L'armée de réserve, commandée par Tormassof, remplaça celle de Bagration. On a reproché aux Russes de ne pas avoir concentré leurs forces pour lutter avec moins de désavantage contre la masse de troupes que Napoléon portait vers le bas Niémen; c'eût été faire dépendre d'une seule bataille le succès de la campagne et les destinées de l'empire.

Napoléon passa quelque temps à Koenigsberg; de là il se porta en avant, et passa la revue des corps qui composaient la grande division centrale. A Gumbinem, il lui parvint une dépêche de Lauriston, dans laquelle cet ambassadeur l'informait qu'Alexandre avait refusé de le recevoir à Wilna. La rupture était désormais consommée; Napoléon, à deux marches du Niémen, proclama le manifeste qui déclarait la guerre à la Russie.

Les Russes avaient-ils conçu d'avance le projet d'attirer l'ennemi dans le cœur de l'empire, pour le harceler jusqu'à l'hiver, et le mettre aux prises avec la faim et les rigueurs de la saison et du climat? Rien n'est moins probable; leurs premiers mouvements, les magasins qu'ils établirent à grands frais sur la frontière, la crainte qu'ils devaient avoir que Napoléon ne rétablît sérieusement la Pologne, tout semble indiquer l'intention de défendre la ligne du Niémen, et même de faire irruption dans la Gallicie et le grandduché de Varsovie; on assure même que Tchitchagof avait proposé de faire une diversion en Italie, où il aurait pénétré par l'Illyrie, après avoir traversé la Servie et suivi la vallée du Danube. Il est bien plus rationnel d'admettre que les Russes, inférieurs en nombre et en organisation militaire, réglaient leurs opérations sur les chances qui se présentaient: ce qu'on peut regarder comme certain, c'est qu'ils s'attendaient à voir les deux capitales

envahies, puisque les richesses du palais de l'Ermitage allaient être transportées à Arkhangel.

Le 25 juin, Kowno était occupé, et le passage du Niémen effectué; le 27, Napoléon se porta sur Wilna, espérant que Barclay de Tolly lui livrerait bataille; mais ce général incendia ses magasins, rompit le pont jeté sur la Wilia, et se replia à marches forcées vers le Nord, dans la direction du camp retranché de Drissa. Le 28, l'empereur entra à Wilna; deux ponts furent construits immédiatement, et Murat, à la tête de la cavalerie, se mit à la poursuite de Barclay de Tolly.

Le prince Eugène ne passa le Niémen que le 29; dans les premiers jours de juillet, il vint prendre position à quelques lieues au sud de Wilna, pour empêcher la seconde armée de se réunir à la première.

Cependant Bagration, pressé par le roi de Westphalie, se retira sur Novogrodek. Il se porta ensuite à Nikolaef, dans le but de gagner le camp de Drissa, en passant devant le front de l'armée française. « Les Cosaques de Platof lui donnèrent avis qu'ils venaient de se heurter contre la cava

lerie de Grouchy et contre les avantpostes de Davoust... Alors Bagration opéra sa retraite vers l'est, en marchant à Bobrysk sur la Bérézina.

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tonval). Oudinot, après quelques avantages remportés sur Wittgenstein, s'empara de Wilkomir, dont les Russes n'eurent pas le temps de détruire les magasins; Ney, détaché sur le flanc de Barclay de Tolly, que menaçait le roi de Naples, paralysait ainsi les mouvements de la première armée de l'Ouest.

Les généraux de l'empire qui ont écrit l'histoire de cette mémorable campagne ont presque tous regardé ces premières opérations comme savamment conçues et habilement exécutées; habitués à des guerres faites dans des pays de ressources, et qui se terminaient par une grande bataille ou par la prise d'une capitale, ils ont jugé que Napoléon avait fait tout ce qu'on pouvait attendre d'un grand tacticien, en isolant les corps ennemis qui, en se retirant dans des directions divergentes, se trouvaient de plus en plus dans l'impossibilité de s'entr'aider. Mais on peut leur objecter que, sur un échiquier aussi vaste, les chances de la guerre étaient en faveur de l'armée qui se retirait en détruisant derrière elle les subsistances, et en attirant l'ennemi dans des routes à peine tracées, que les pluies devaient rendre impraticables. Ce système, que les Russes n'avaient pas adopté d'abord, s'est présenté tout naturellement, précisément parce que les combinaisons stratégiques de Napoléon ne leur permettaient pas d'engager le combat avec toutes leurs forces. Leur cavalerie infatigable se prêtait d'ailleurs merveilleusement à une retraite défensive; et, de plus, en dévastant quelques provinces, ils inspiraient au peuple, que son ignorance disposait au fanatisme, une haine profonde qui s'est manifestée constamment, non-seulement lors de l'invasion, mais encore à l'époque la plus désastreuse de la retraite. Au reste, on ne peut affirmer que la retraite, tout prix et à tout événement, ait été adoptée par les Russes comme leur à seul espoir de salut; leurs mouvements étaient une suite de tâtonnements, et leurs efforts se bornaient presque toujours à paralyser les mou

« Tout avait donc réussi à la droite de Napoléon, pendant que la seconde armée russe fuyait, laissant le corps de Dokhtourof derrière elle, cerné et compromis; les Autrichiens, commandés par Schwartzemberg, ayant traversé le Bug à Droghiczin, s'étaient avancés jusqu'à Proujani; ils coupaient ainsi, des deux autres armées ennemies, celle de la réserve sous les ordres de Tormassof.

« A la gauche des Français, le succès n'était pas moins complet; le jour même où l'empereur passait le Niémen à Kowno, Macdonald le traversait à Tilsitt; et, se portant Rossiéna sur la route de Riga, par Mittau, il déborda en quelques marches l'extrême droite des Russes (M. Mor

à

vements de l'ennemi. Le génie militaire de Napoléon explique cette circonspection; et, en effet, c'était beaucoup gagner que de neutraliser les conceptions d'un capitaine qui avait tant de fois vaincu l'Europe. L'empereur se trouvait à Wilna, et déjà les troupes manquaient du nécessaire, les convois n'ayant pu suivre la marche rapide de l'armée: les soldats erraient dans les villages pour s'y procurer des vivres; sur la fin de juin, la température, de brûlante qu'elle était, devint froide; et, pendant trois jours, une pluie abondante et glaciale rompit les chemins et rendit les communications presque impraticables. Les maladies se déclarèrent; les chevaux, nourris de seigles encore verts, mouraient par milliers. Il fallut abandonner cent pièces de canon et cinq cents caissons. Près de trente mille trainards erraient sur la route qu'avait suivie l'armée de Kowno à Wilna. Les approvisionnements, venus par le Niémen et la Wilia, ramenèrent bientôt l'abondance; des services de toute espèce furent organisés. La ville, transformée en un vaste entrepôt, fut mise à l'abri d'un coup de main; et l'empereur chargea un gouvernement provisoire de l'administration générale de la Lithuanie. La population polonaise, appelée aux armes, fournit six régiments d'infanterie et cinq de cavalerie; l'élite de la noblesse s'offrit à servir auprès de Napoléon comme garde d'honneur. Alexandre, dans l'intention de sonder les projets de Napoléon, dépêcha vers luí le général Balachef; le motif ostensible de sa mission était d'offrir une suspension d'hostilités, sous la condition que l'armée française rétrograderait jusqu'au Niémen.

Si, comme on l'a dit, l'empereur de Russie avait voulu seulement gagner du temps, afin de dégager les Cosaques de Platof et le corps de Bagration, ses propositions eussent été plus modérées, et il n'eût pas fait choix de Balachef, connu par son dévouement aux intérêts de l'Angleterre. Napoléon ne pouvait accepter ce que lui imposait un ennemi en pleine retraite, et la dé

marche du parlementaire russe n'eut d'autre résultat que celui de prouver que le sort des armes déciderait seul de cette grande querelle.

Cependant le hasard, ou plutôt la vigilance des généraux russes, trompa les prévisions de Napoléon. Doktourof passa devant le front de l'armée française, et, grâce à cette manoeuvre audacieuse, au succès de laquelle il dut sacrifier ses équipages et une partie de son arrière-garde, il rejoignit Barclay de Tolly aux environs de Swentziani. Bagration, non moins heureux, et poursuivi mollement par Jérôme, gagna de vitesse les colonnes de Davoust, et s'ouvrit le chemin de Smolensk. Cette marche habile décida du sort de la campagne.

Les dix-huit jours que l'empereur passa à Wilna, pour rétablir l'organisation des corps et mettre de l'ordre dans toutes les parties du service matériel, laissèrent à l'ennemi le temps de se rallier et de se reconnaître. Des juges sévères ont considéré ce retard comme une grande faute; d'autres, tout en lui attribuant une influence que des événements imprévus rendirent décisive, l'ont regardé comme nécessité par les circonstances.

Quoi qu'on en ait dit, la situation de l'empereur à Wilna, après la jonction des corps ennemis, était déjà trèscritique. Les fatigues et les privations avaient décimé son armée à peine entrée sur le territoire russe : la saison lui avait opposé des obstacles sur lesquels il n'avait pas compté, et qui pouvaient se reproduire avec plus de danger lorsqu'il aurait laissé ses troupes dans un pays dévasté. S'il essuyait un revers, l'Autriche et la Prusse, qu'il laissait derrière lui, pouvaient tout à coup rompre une alliance onéreuse, et leurs troupes, jusqu'alors contenues, devenues ennemies d'auxiliaires qu'elles étaient, détruisaient toute l'économie des combinaisons stratégiques. Le rétablissement intégral de la Pologne se présentait comme un puissant appui; mais était-ce à l'instant où ses alliés combattaient sous les drapeaux de l'empereur, qu'il était

prudent de morceler leur territoire? Une faute qui a été remarquée par ceux qui ont étudié l'état de la Pologne, et qui échappa au génie de Napoléon, c'est de n'avoir pas tiré parti des juifs, qui auraient pu rendre aux Français de si grands services pour tout ce qui regardait le transport du matériel.

Reportons maintenant nos regards sur ce qui se passait au camp des Russes, et empruntons le récit de M. Mortonval, qui résume avec lucidité les meilleures relations de cette mémorable époque.

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Barclay, déjà rejoint par le corps de Dokhtourof, était resté jusqu'au 3 juillet à Swentziani; il se retira sur la Dwina, dans la même direction qu'avait suivie Wittgenstein. Le roi de Naples, soutenu à droite par le maréchal Ney, et à gauche par Oudinot, suivait pas à pas les Russes avec deux corps de cavalerie de réserve et trois divisions du corps de Davoust; il eut d'abord avec l'arrière-garde ennemie quelques engagements de peu d'importance. Le 5, à Widzy, une action plus longue et plus disputée, dans laquelle la supériorité de notre artillerie lui donna l'avantage, décida les Russes à précipiter leur mouvement vers Drouina, où ils passèrent le fleuve; et le 10, arrivée devant le camp retranché de Drissa, l'armée de Barclay s'y enferma tout entière, à l'exception du corps de Wittgenstein, destiné à renforcer la garnison de Dunabourg, où il entra le 13 juillet.

« Le roi de Naples s'arrêta aussitôt à Opsa, et rappela près de lui Oudinot, qui avait suivi les mouvements de Wittgenstein; il réunit également autour de son quartier général le corps de Ney, et la cavalerie des généraux Montbrun et Nansouty; observant l'ennemi dans cette position, il y attendit les ordres de l'empereur.

«Alors seulement Napoléon put connaître l'effet de ses premières manœuvres, et former un nouveau plan d'opérations d'après leur résultat général à sa droite, Davoust se portait sur Mohilef, où il devait précéder Bagration; quant à Jérôme, en rece

vant la décision de son frère qui le plaçait sous les ordres du maréchal, il ne prit conseil que de son orgueil blessé, et quitta sur-le-champ l'armée..... L'empereur détacha les Saxons sous les ordres de Reynier, et les fit rétrograder pour renforcer, à Slonim, le corps de

Schwartzemberg opposé à l'armée de Tormassof. Junot remplaça le roi de Westphalie dans le reste de son commandement; mais il se trouvait alors trop isolé de Davoust pour le seconder efficacement.

<«< Rien ne retenait plus désormais Napoléon à Wilna, qui avait cessé d'être le centre des manoeuvres de son armée. Le but de Barclay, en occupant le camp retranché de Drissa, semblait être de couvrir Pétersbourg; mais sa manœuvre laissait libres toutes les routes de Moscou, et rendait impossible sa jonction avec la deuxième armée. L'empereur résolut de porter à Polotsk, sur le chemin de Vitepsk, une grande masse de forces qui pouvait de là

prendre à revers le camp retranché, tandis que Murat, Ney et Oudinot, l'attaquant de front et sur les flancs, contraindraient Barclay à sortir de cette position: alors il eût été facile de rejeter les Russes dans la Courlande, où se trouvait Macdonald, et de les forcer de livrer bataille adossés à la mer, avec un nouvel ennemi sur les bras.

« Ce plan adopté, le vice-roi d'Italie, qui avait déjà pris le chemin d'Osmiana, fut dirigé sur Gloubokoié; la garde impériale s'y rendit par Swentziani. Les Bavarois, sous les ordres de Gouvion Saint-Cyr, avaient franchi les derniers le Niémen; à peine arrivés à Wilna, l'empereur les passa en revue, et les fit partir immédiatement pour aller prendre position aux environs de la même ville de Gloubokoié, rendezvous général du corps à la tête duquel il allait agir du côté de Polotsk. »

C'est vers cette époque que Napoléon reçut à Wilna la députation de la diète du grand-duché de Varsovie. Le sénateur Wibeski, s'adressant à l'empereur au nom de la diète confédérée qui avait déclaré, le 28 juin, le rétablissement de la Pologne, prononça

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