Page images
PDF
EPUB

s'associa généreusement à sa fortune. Cette conspiration, dans laquelle trempèrent tant de jeunes militaires de la plus belle espérance, échoua par plusieurs motifs, d'abord parce qu'ils manquaient d'un chef, ensuite, comme nous l'avons dit, parce qu'ils avaient mal jugé de l'esprit des masses, trop façonnées à l'obéissance passive pour comprendre et soutenir une révolution de principes; enfin parce qu'ils rencontrèrent dans le prince qu'ils voulaient détrôner un homme complet pour le despotisme. Patient, éclairé, inflexible, calculant froidement la portée des faveurs et des supplices, Nicolas est pour la classe immense de ses sujets qui ne sait que prier, obéir et mourir, le vrai type de l'autocrate.

Cette conspiration explique mieux que ne pourraient le faire des volumes de remarques et d'observations, l'état moral de l'empire russe, les dangers et les ressources du pouvoir, la ligne profonde qui sépare les classes inférieures de la noblesse; nous avons suivi et souvent reproduit textuellement le rapport de la commission d'enquête instituée par le gouvernement lui-même; mais l'appréciation des faits appartient à qui les expose, et nous dirons, sans nous laisser dominer par ce sentiment qui s'attache au malheur dans la lutte inégale entre le puissant et le faible, que si le chef de l'État avait le droit de sévir, bien des circonstances auraient légitimé sa clémence. Nous ne parlons pas des soldats ni de ceux qui croyaient être fidèles à Constantin, ceux-là méritaient non-seulement une amnistie entière, mais une récompense; nous ne défendrons pas l'ambition de quelques conjurés dont le bien public n'était que le prétexte, mais nous pensons que le plus grand tort de ceux qui désiraient une réforme fut de la croire possible. L'éducation des jeunes nobles confiée à des étrangers, la direction ordinaire de leurs études, tout semblait les porter à établir dans les institutions une émancipation qui se trouvait dans leur intelligence. Après avoir brisé la résistance, le pouvoir reconnut

lui-même cette vérité, en s'efforçant de modifier le systeme de l'instruction tant publique que particulière, de telle sorte que ce système se trouvât plus en harmonie avec les conditions gouvernementales de l'empire. Parmi les réformes administratives essayées par l'empereur actuel, quelques-unes paraîtraient empruntées au code russe (Rouskaïa-pravda) de Pestel.

On se rappelle que les Turcs, profitant de la longanimité d'Alexandre, et encouragés par les suggestions de l'Autriche, s'étaient refusés aux arrangements que le cabinet de Pétersbourg avait jugés convenables pour amener la pacification de la Grèce sans troubler la paix générale. A la mort d'Alexandre, les circonstances entre la Russie et la Porte ottomane étaient donc telles, que la guerre pouvait éclater au premier moment, et avec une grande apparence de justice. Le nouveau tsar était appelé, non moins par la force des choses que par son caractère, à adopter une politique plus franche et moins pacifique que celle de son frère. Il s'agissait pour lui de satisfaire aux exigences nationales, et surtout de retremper par une guerre l'esprit de l'armée, où la révolte de Saint-Pétersbourg avait laissé de nombreux germes de méfiance et de mécontentement. De puissants motifs portaient en outre la Russie à ouvrir la lutte contre l'Orient, avant que la réforme militaire qui s'introduisait simultanément dans la Turquie et dans la Perse eût porté tous ses fruits, et opposé une barrière insurmontable aux empiétements de l'empire vers l'est et le sud. Toute l'attention de l'Europe, excitée par la longue lutte que soutenait la Grèce contre ses oppresseurs, embrassait en même temps, avec un soin curieux, les rapports de la Porte avec la Russie. Il était important pour le cabinet de Pétersbourg d'amener la France et l'Angleterre à faire cause commune avec lui, et à sacrifier les intérêts les plus vitaux de l'Europe à une combinaison qui devait réduire la puissance de la Turquie dans l'Archipel. anéantir ses flottes, et préparer ainsi

RUSSIE.

les voies à l'ambition moscovite. On
sait avec quelle adresse les agents
diplomatiques de l'empire amenèrent
ce dénoûment. Le temps d'agir contre
la Turquie n'était donc point encore
venu, mais rien n'empêchait d'en finir
d'abord avec la Perse, qui plus tard
pouvait opérer une diversion fâcheuse.
Les Persans allèrent eux-mêmes au-
devant d'une rupture. Le prince Abbas-
Mirza, impatient de voir ses troupes
nouvellement organisées se mesurer
contre les Russes, entra subitement en
Géorgie. D'un autre côté, Schah-Ali-
Mirza, autre fils du roi, résolut de
faire une incursion le long des rivages
de la Caspienne, à la tête d'environ
douze mille hommes. Ce dernier en-
vahit les provinces de Karabah, de
Chirvan et Chekinsk, avant que les
Russes aient eu le temps de prendre
des mesures pour repousser ses atta-
ques. Les Persans prirent Leukiran,
Šalian et bloquèrent Bakou. Ils allaient
assiéger Kouban, après avoir complé
tement tourné toute la chaîne du Cau-
case. Le général Jermolof comman-
dait le corps d'armée du Caucase. Ses
troupes, disséminées sur un vaste es-
pace, ne pouvaient faire face à la fois
sur tous les points menacés. Le gé-
néral Paskevitch vint à son aide; il
partit de Tiflis à la tête de cinq ou six
mille hommes, rencontra Abbas-Mirza
à deux lieues de Élisavetpol, et le défit
complétement. La nouvelle de cette
victoire découragea Ali-Mirza, qui
abandonna subitement son armée. La
fuite de ce chef eut pour résultat la
dissolution immédiate du corps qu'il
commandait. On assure (Journal ma-
nuscrit de M. Burgen) que déjà les ha-
bitants d'Astrakhan se préparaient au
départ, et que les tribus belliqueuses
du Caucase se mettaient en mouvement
pour se réunir à l'armée persane.
Paskevitch passa l'Araxe, et chassa l'en-
nemi du territoire russe. L'hiver sus-
pendit les hostilités. L'année suivante,
Paskevitch, investi du commandement
en chef, poussa la guerre avec vigueur;
après avoir emporté le monastère
Etchmiadzine, il vint mettre le siége
devant la forteresse Abbas-Abud. Là

Abbas-Mirza vint l'attaquer. Paskevitch
n'abandonna le siége que pour aller
battre le prince persan, qui se défendit
avec un grand courage, et qui faillit
tomber au pouvoir des vainqueurs.
A la suite de cette affaire, la place
capitula, et bientôt la prise de Sardar-
Abbad ouvrit au général les abords
d'Erivan. Le siége de cette ville ne
dura que six jours; elle se rendit aux
Russes au commencement d'octobre.
Tavris, ancienne capitale de la Perse,
les forteresses de Khoi et Alandja
(J. Tolstoy), réputées jusqu'alors in-
accessibles, furent successivement en-
levées, et facilitèrent la conquête de
tout l'Aderbidjan. Abbas-Mirza, sans
se laisser décourager par ces revers,
essaya de gagner du temps, dans l'es-
poir que la guerre éclaterait bientôt
contre la Turquie, et forcerait les
Russes à se porter sur les points me-
nacés; il ouvrit donc des conféren-
ces, qui se prolongèrent jusqu'au com-
mencement de l'année 1828. La nou-
velle de la bataille de Navarin vint le
confirmer dans ces dispositions. Pas-
kevitch sentait la nécessité d'en finir
promptement avec la Perse; malgré
l'hiver, il rouvrit la campagne, fran-
chit les monts Kouflankou, et de
nouveaux avantages signalèrent sa mar-
che précipitée. Il était à Tourkmant-
chai, sur le chemin de Téhéran, ré-
sidence du schah, lorsque le vice-roi,
effrayé de son approche, envoya des
plénipotentiaires pour traiter de la
paix. Suivant la coutume des Orien-
taux, ils apportaient avec eux de riches
présents, parmi lesquels se trouvait
le diamant qui passe pour le plus beau
et le plus précieux qui soit au monde.
Cette campagne mit en évidence les
qualités brillantes de Paskevitch; rapi-
dité dans les mouvements, impétuosité
dans l'attaque, coup d'oeil sûr, tels sont
les traits distinctifs de son génie, que
l'on a quelquefois comparé à celui de
Souvorof.

La paix signée à Tourkmantchaï, en février 1828, assura aux Russes los provinces d'Erivan et de Nakhitchévan; en leur permettant de prendre à revers toute la ligne du Caucase, elle les

[graphic]
[blocks in formation]

Pour prouver que la Russie tend à un agrandissement systématique vers l'Orient, nous citerons quelques-uns

des articles du traité de Tourkmantchaï.

Art. 2. Considérant que les hostilités survenues entre les hautes parties contractantes, et heureusement terminées aujourd'hui, ont fait cesser les obligations que leur imposait le traité de Gulistan, Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies et Sa Majesté le schah de Perse ont jugé convenable de remplacer ledit traité de Gulistan par les présentes clauses et stipulations, lesquelles sont destinées à régler et à consolider de plus en plus les relations futures de paix et d'amitié entre la Russie et la Perse.

Art. 3. Sa Majesté le schah de Perse, tant en son nom qu'en celui de ses hé ritiers et successeurs, cède en toute propriété, à l'empire de Russie, le khanat d'Erivan et le khanat de Nakhitchévan. En conséquence de cette cession, Sa Majesté le schah s'engage à faire remettre aux autorités russes, dans l'espace de six mois au plus, à partir de la signature du présent traité, toutes les archives et tous les documents publics concernant l'administration des deux khanats ci-dessus mentionnés.

Art. 4. Les deux hautes parties contractantes conviennent d'établir pour frontières entre les deux États la ligne de démarcation suivante, en, partant du point de la frontière des États ottomans le plus rapproché en ligne droite de la sommité du petit Ararat; cette ligne se dirigera jusqu'à la sommité de cette montagne, d'où elle descendra jusqu'à la source de la Karassou, qui découle du versant méridional

du petit Ararat, et elle suivra son cours jusqu'à son embouchure dans l'Araxe, vis-à-vis de Chérour; parvenue à ce point, cette ligne suivra le lit de l'Araxe jusqu'à la forteresse d'AbbasAbbad; autour des ouvrages extérieurs de cette place, qui sont situés sur la rive droite du fleuve, il sera tracé un rayon de trois verstes et demie (une lieue de France), lequel s'étendra dans toutes les directions; tout le terrain qui sera renfermé dans la circonférence de ce rayon appartiendra exclusivement à la Russie, et sera marqué avec la plus grande exactitude dans l'espace de deux mois, à dater de ce jour. Depuis l'endroit où l'extrémité orientale de ce rayon aura rejoint l'Araxe, la ligne frontière continuera à suivre le lit de ce fleuve, de telle sorte que les eaux qui coulent vers la Caspienne appartiendront à la Russie, tandis que celles dont le versant regarde la Perse resteront à ce royaume. De la crête des hauteurs de Djékoïr, la frontière suivra, jusqu'à la sommité de Karmarkouïa et au delà, les crêtes des montagnes, toujours en observant le principe-du versant des eaux. Le district de Zouvante, à l'exception de la partie située du côté opposé de la cime des montagnes, tombera de la sorte en partage à la Russie. A partir de la limite du district de Velkidji, la ligne frontière entre les deux Etats suivra la chaîne principale des montagnes, qu'il traverse jusqu'à la source septentrionale de l'Astara. De là, la frontière suivra le lit de ce fleuve jusqu'à son embouchure dans la mer Caspienne, et complétera la ligne de démarcation qui séparera désormais les possessions respectives de la Russie et de la Perse.

Le 5 article stipule la cession à la Russie de tous les pays et de toutes les îles, de même que des populations nomades et autres comprises dans les limites indiquées. Le 6 fixe le montant de la contribution pécuniaire dont nous avons parlé plus haut. Le 7o est remarquable, en ce qu'il révèle les prétentions de la Russie à s'immiscer dans les affaires intérieures de la Perse; il est ainsi conçu : Sa Majesté le schah

de Perse ayant jugé à propos de désigner pour son successeur et héritier présomptif son auguste fils le prince Abbas-Mirza, Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies s'engage à reconnaitre dès aujourd'hui, dans la personne de ce prince, le successeur et héritier présomptif de la couronne de Perse, et à le considérer comme légitime souverain de ce royaume dès son avénement au trône.

Cette clause était d'autant plus importante pour la Russie, qu'elle plaçait sous sa protection immédiate AbbasMirza, contre lequel d'autres fils du schah nourrissaient une jalousie qui, à la mort du roi, aurait pu se traduire en révolte. Par cette mesure, le gouvernement russe s'attachait le seul prince que son courage et ses efforts pour une prompte réforme pouvaient rendre un jour dangereux.

Art. 8. Les bâtiments marchands de la Russie jouiront, comme par le passé, du droit de naviguer librement sur la mer Caspienne, et d'aborder sur ses côtes. Le même droit est accordé aux bâtiments marchands de la Perse. Quant aux bâtiments de guerre, ceux qui portent le pavillon russe conserveront le privilége exclusif de naviguer sur cette mer.

L'art. 9 est relatif aux agents et ambassadeurs que les deux parties contractantes jugeraient à propos de s'en

voyer.

Cette stipulation permettait à la Russie de surveiller les démarches de la Perse, et la mettait à l'abri de toute attaque imprévue.

Le 10 article traite des priviléges et des devoirs des agents commerciaux.

Le 11 est relatif aux affaires et aux réclamations particulières amenées par rextension des frontières russes. Le 12 fixe un terme de trois années pour laisser aux Persans le temps de rendre ou d'échanger leurs propriétés. Le 13° stipule l'échange des prisonniers.

Art. 14. Les hautes parties contractantes n'exigeront pas l'extradition des transfuges ou déserteurs qui auraient passé sous leur domination respective

avant ou pendant la guerre; toutefois, pour prévenir les conséquences mutuellement préjudiciables pouvant résulter des intelligences que quelquesuns de ces transfuges chercheraient à entretenir avec leurs anciens compatriotes ou vassaux, le gouvernement persan s'engage à ne pas tolérer dans ses possessions voisines de la Caspienne la présence des individus qui lui seront nominalement désignés maintenant, ou qui lui seraient signalés à l'avenir. Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies promet également, de son côté, de ne pas permettre que les transfuges persans s'établissent ou restent à demeure dans les khanats de Nakhitchévan, ainsi que dans la partie du khanat d'Erivan située sur la rive droite de l'Araxe. Il est entendu toutefois que cette clause n'est et ne sera obligatoire qu'à l'égard d'individus revêtus d'un caractère public ou de certaines dignités, tels que les khans, les beys, et les chefs spirituels ou mollabs, dont l'exemple personnel, les instigations et les menées clandestines pourraient exercer une influence pernicieuse sur leurs anciens compatriotes, administrés ou vassaux. Pour ce qui concerne la masse de la population dans les deux pays, il est convenu entre les deux parties contractantes que les sujets respectifs qui auraient passé ou qui passeraient à l'avenir d'un État dans l'autre seront libres de s'établir, ou de séjourner partout où le trouvera bon le gouvernement sous la domination duquel ils seront placés.

Par l'article 15, le schah accorde une amnistie pleine et entière à tous les habitants et fonctionnaires de la province d'Aderbidjan. Aucun d'eux, sans exception de catégorie, ne pourra être poursuivi pour ses opinions, pour ses actes, ou pour la conduite qu'il aurait tenue, soit pendant la guerre, soit pendant l'occupation temporaire de ladite province par les troupes russes. Il leur sera accordé en outre le terme d'un an, à dater de ce jour, pour se transporter librement, avec leurs familles, dans les Etats russes, pour exporter ou pour vendre leurs biens

meubles, sans que les gouvernements ou les autorités locales puissent y mettre le moindre obstacle, ni prélever aucun droit ou rétribution sur les biens ou sur les objets vendus par eux; quant à leurs biens immeubles, il leur sera accordé un terme de cinq ans pour les vendre ou pour en disposer à leur gré.

Art. 16. Aussitôt après la signature du présent traité de paix, les plénipotentiaires respectifs s'empresseront d'envoyer en tous lieux les avis et injonctions nécessaires pour la cessation immédiate des hostilités.

Fait au village de Tourkmantchaï, le 22 février 1828, et le 5 de schébone de l'an 1243 de l'hégire.

Presque toutes les stipulations de ce traité annoncent l'intention de désorganiser les provinces limitrophes de la Perse, par les mêmes moyens déjà employés avec tant de succès contre la Pologne et la Turquie contrôle des actes du gouvernement persan; protection accordée aux habitants pour les exciter à abjurer leur nationalité, et à venir former un noyau de population dans les provinces récemment incorporées à l'empire; étude systématique des voies commerciales les plus avantageuses; rien n'est oublié, tout se combine pour faciliter des envahissements ultérieurs.

Tandis que la Russie reculait ses frontières du côté de l'Orient, ses agents diplomatiques suivaient avec sollicitude tous les événements qui s'accomplissaient en Europe; les affaires de la Péninsule, l'occupation de l'Espagne par les troupes françaises, la résolution énergique de Canning pour soustraire le Portugal à l'influence du parti anticonstitutionnel de l'Espagne, mais surtout l'état de la Grèce, que la bataille de Navarin venait de soustraire au joug des Turcs, toutes ces circonstances, disons-nous, établissaient, soit par des luttes, par des triomphes diplomatiques, l'influence pleine d'exigences du cabinet de Pétersbourg. L'orateur anglais qui a qualifié de néfaste la victoire de Navarin, avait bien mesuré toute la portée

soit

de cet événement. L'Autriche, qui était restée froide au milieu de l'enthousiasme général qu'excitait en Europe la cause des Grecs, avait aussi prévu, avec sa sagacité ordinaire, que la défaite des Turcs ne serait profitable qu'à la Russie; non-seulement cette dernière puissance anéantissait d'un seul coup la marine des Ottomans, mais en agissant de concert avec l'Angleterre et la France, elle persuadait au divan que tout appui étranger lui manquerait dès qu'il résisterait aux exigences moscovites. Quoi qu'il en soit, le pavillon russe se montra avec honneur dans ces mêmes parages témoins, sous le règne de Catherine, des succès d'Orlof. Aujourd'hui que la Grèce jouit d'une apparence de liberté sous un gouvernement constitutionnel, ce petit royaume, déchiré par les factions, endetté au delà de ses ressources, use dans des luttes mesquines ce que ses combats pour l'indépendance lui ont laissé d'énergie et l'influence russe pèse encore sur ses destinées!

La Turquie allait avoir son tour. Dans cette guerre, il faut reconnaître que le droit était entièrement du côté de la Russie; la longanimité d'Alexandre servit singulièrement les intérêts de l'empire; à l'ouverture du règne de son successeur, l'Europe était encore sous le prestige de la modération du tsar défunt, et l'on aimait à confondre avec la pensée du cabinet de Pétersbourg ce qui n'était qu'un accident, que l'effet anormal de circonstances particulières. La guerre fut donc déclarée. Nicolas fit paraître, en avril 1828, un manifeste qui annonçait à ses sujets que l'heure d'une sanglante réparation avait sonné. Nous croyons devoir extraire de la déclaration de guerre que la Russie adressa à la Porte les passages suivants :

<< Seize années se sont écoulées depuis la paix de Boukharest, et seize années ont vu la Porte enfreindre les stipulations qu'elle venait de conclure, éluder ses promesses, ou en subordonner l'accomplissement à d'interninables délais. Trop de preuves, que le

« PreviousContinue »