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en sorte qu'il n'y a que le hasard qui puisse les faire découvrir; et il en est de même lorsqu'on a épuisé l'un de ces amas souterrains et que l'on cherche à en joindre un autre ; on n'a aucun guide, aucune donnée; on pousse des galeries à travers les couches, on fonce des puits de place en place, et l'on est exposé à passer en deçà ou au-delà de ce que l'on cherche.

Les amas ne présentent ni toit, ni mur, ni toutes ces parties accessoires qui caractérisent les filons. Cependant il n'est pas toujours aisé de déterminer, ainsi que je l'ai déjà dit, si tel gite est un amas, une couche ou un filon puissant; les avis sont encore partagés au sujet de la mine de cuivre de Chessy.

On voit que je ne confonds pas les amas avec les stockwerks; mais quant aux nids et aux rognons, ils ne sont réellement que des diminutifs d'amas ils sont à ces grandes masses isolées ce que les veinules et les lits sont aux filons et aux couches. Je dois cependant ajouter que dans bien des circonstances les rognons paraissent être contemporains des roches qui les contiennent; ce qui est beaucoup moins probable pour les amas d'une certaine étendue.

Des failles, barres, rétrécissemens, renflemens et brouillages.

Parmi les nombreux accidens qui dérangent si souvent les couches et les filons, dont

nous extrayons journellement les substances les plus utiles à nos besoins et à notre industrie, les failles ou barres sont ceux dont il est le plus important de connaître l'allure et l'étendue. Nous dirons donc, mais d'une manière générale, que toute faille ou barre peut être considérée comme n'étant autre chose qu'une fente qui se sera remplie d'une substance de non-valeur, qui interrompt et dérange la couche ou le filon que l'on exploite; que la rencontre des failles est d'autant plus malheureuse, que non-seulement on est obligé de traverser une masse pierreuse stérile et souvent fort dure, mais qu'il arrive presque toujours que la couche que l'on poursuit ne se retrouve pas immédiatement après avoir traversé la faille, et qu'il faut tantôt la chercher au-dessus de la tête, et tantôt sous les pieds. Nous avons dit, en parlant des filons, qu'ils étaient quelquefois coupés par d'autres filons d'une formation postérieure à la leur, qui les dérangent, les appauvrissent et jettent au moins un désordre momentané dans les travaux; mais les failles et les autres accidens qui sont si communs dans les couches de houille ayant une tout autre importance que ceux des filons, nous croyons qu'il est convenable et même essentiel que nous nous en occupions d'une manière spéciale: cependant je m'empresse d'avertir que la base de cet important paragra phe appartient en entier à M. Duhamel, con

seiller des mines; que son beau travail sur les houillères en général m'a laissé fort peu de choses nouvelles à y ajouter, et que j'ai respecté jusqu'à ses propres expressions; car elles sont presque toujours le cachet d'un savant praticien1. Je dirai donc avec lui que les accidens que peuvent éprouver les veines de houille sont de plusieurs espèces :

1.° Elles peuvent faire un angle dans leur pente, soit en s'enfonçant en terre, soit en se relevant au jour, ou former, en se courbant, une jatte, une selle, un bateau, un cul de chaudron, un V ou un chevron, etc. (Pl. I.)

2.o La houille peut être interrompue sans que la couche qui la renferme ait changé de pente ni de direction. (Pl. III, n.o 1.)

3.o Les veines de houille peuvent être coupées par un rocher, sans changer de pente ni de direction (Pl. II, n.° 7), mais elles peuvent être chacune dans un plan différent.

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4. Elles peuvent changer de direction ou garder la leur, et être rejetées sur le côté par un obstacle étranger aux dépôts secondaires par une montagne primitive, formant une espèce de cap dans la vallée (Pl. III, n.o 4) considérée en plan.

5. Elles peuvent être interrompues par l'inclinaison du toit sur le mur, ou par le relèvement du mur vers le toit. (Pl. III, n.o 2.)

1 Mémoire sur la houille, couronné par l'Académie des sciences en 1793, imprimé par extrait dans le tome II du Journal des mines, n.o 7.

6. Elles peuvent être interrompues dans leur direction et sur toute leur hauteur par une ligne oblique à l'horizon.

7. Elles peuvent être divisées dans leur épaisseur pendant quelques toises par une roche intermédiaire. (Pl. II, n.o 1.)

Lorsqu'une couche de houille fait un ressaut ou éprouve une ou plusieurs inflexions, on remarque que son toit, son mur et toutes les couches de la montagne qui en sont voisines, éprouvent les mêmes accidens. (Pl. I, II, III.).

que,

L'inflexion peut être plus ou moins brusles angles plus ou moins aigus; mais ils ne peuvent cependant avoir que deux situations, soit de tourner l'angle vers le jour, soit de le tourner vers la terre. (Pl. I.")

Dans l'un et l'autre cas, la couche semble brisée; mais dans le premier, les branches ou les côtés de l'angle se dirigent en bas (n.o 1) comme un chevron, et dans l'autre ils se dirigent en haut (n.o 2), de sorte que, si l'on exploite la couche dont l'angle est tourné en bas, on commencera par le suivre en descendant, et arrivé à l'angle, on se courbera pour se relever vers le jour et former la seconde branche, de manière que, si l'on a dépassé le coude, on perdra la couche en croyant qu'elle n'existe plus. Si, au contraire, on a observé attentivement ce qui s'est passé un peu avant la disparition de la couche, on aura vu que les feuillets de la houille se sont

courbés, ce qui indique un changement de direction, et pour éviter ce point de brouillage, il conviendra de se reporter en arrière et de chasser une galerie perpendiculairement au toit, afin de rentrer dans la couche le plus promptement possible. L'inspection de la figure dit assez qu'il faudra faire le même travail en sens inverse pour retrouver la couche, dans le cas où le coude serait tourné vers le jour.

Si une couche est interrompue sans que son toit et son mur aient changé de direction ni d'inclinaison, ce n'est qu'une solution de continuité, une interruption de la houille (Pl. III, n.o 1) remplacée par de l'argile, du schiste ou du grès, et il ne faut point s'en effrayer, mais suivre avec soin le mur qui doit servir de guide et reconduire à la couche que l'on ne peut tarder à retrouver; c'est ce que Berthout appelait une fausse faille.

Si une couche est coupée par un rocher de nature quelconque, l'on cherchera à connaître sa position le mieux qu'il sera possible; il se présentera sous l'aspect d'un mur droit ou incliné, par rapport à la direction de la couche. (Pl. II, n.° 7.) Dans tous les cas il faudra le traverser par le plus court chemin; mais, arrivé de l'autre côté, on ne trouvera pas toujours la couche à la même hauteur où on l'a perdue; cela arrive quelquefois cependant, mais ordinairement il faut la chercher au-dessus ou au-dessous, et c'est

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