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après avoir tâté leur consistance par des travaux légèrement boisés, que l'on peut se hasarder à les supprimer entièrement, et encore ne doit-on pas négliger de réserver des piliers de soutènement de place en place. Certains calcaires, quelques gypses, et la houille ellemême, sont parfois assez solides pour pouvoir être exploités par chambrées.

S. 2.

Des différens boisages adoptés dans les galeries horizontales.

Quand la roche ne peut se soutenir d'ellemême, quelle que soit la forme que l'on donne aux galeries et aux puits, on est obligé d'établir des boisages plus ou moins compliqués pour en arrêter la poussée; mais comme la valeur des bois et des planches devient un des principaux articles de dépense d'une exploitation, on vise aux moyens d'en diminuer la quantité autant que possible, sans nuire à la solidité des travaux; en sorte que l'on varie la forme et le nombre des pièces de bois en raison de la nature des roches l'on doit soutenir; ainsi, par exemple,

que

Si l'on exploite un filon peu épais ou une couche très inclinée qui soit ébouleuse et dont le toit et le mur soient solides, il suffira de chasser des picots ou palplanches sur un simple chapeau contenu dans deux mortaises ou entailles, et de faire serrer avec les coins

(pl. VI, fig. 2). On aura soin, et je le dis ici une fois pour toutes, que s'il reste un vide entre les picots du plafond et la roche ébouleuse, de remplir ce vide avec des fascines, afin d'éviter le choc et de rompre le coup des fragmens ou des blocs de roche qui pourraient se détacher par la suite et qui, sans cette précaution, briseraient infailliblement les picots et dérangeraient les cadres. Les mineurs ont assez l'habitude de combler ces vides avec des pièces de boisage pourries, qui sont légères et qui remplissent le même but que les fascines; mais je désapprouve ce moyen, parce qu'il hâte l'altération des bois neufs avec lesquels ces pièces pourries se trouvent en contact, et que les bois en décomposition contribuent à vicier l'air des travaux souterrains: on doit donc les sortir et ne point les employer de nouveau.

Si la couche ou le filon que l'on exploite est plus large que le plafond de la galerie, ou que le toit seulement soit ébouleux, on se contentera du demi-boisage de la figure 3, qui est composé d'un seul pied droit et d'un chapeau qui d'un côté s'appuie sur la roche entaillée, et de l'autre sur la poite ou pied droit.

Si le toit d'une couche est plus ébouleux que son mur, et que ce dernier ait cependant besoin d'être soutenu de loin en loin, on place des cadres complets (fig. 4); mais on ne met des picots que d'un seul côté.

Si la galerie est comprise en entier dans une roche ébouleuse, il faut nécessairement adopter le boisage complet, qui est représenté pl. XIX, fig. 1, et qui se compose d'un chapeau de deux poites et d'une semelle, le tout garni de picots serrés par des coins au plafond, au toit et au mur.

Si la galerie doit servir tout à la fois de galerie d'extraction et de galerie d'écoulement, ce qui arrive souvent et ce que l'on doit faire toutes les fois que la chose est possible, il faut etablir le boisage de la figure 2, qui ne diffère de la précédente qu'en ce que les poites sont plus longues, que la galerie a plus de hauteur, et que l'on établit le plancher de roulage au-dessus du canal qui sert à l'écoulement des eaux.

Lorsque le terrain pousse, en terme de mineur, on s'en apercoit à la manière dont le chapeau est serré sur la poite, si la pression a lieu par le haut, et à la manière dont les picots se courbent en dehors et font le ventre, si la pression a lieu par les côtés. Dans le premier cas il arrive presque toujours que le chapeau se brise à l'un de ses bouts (fig. 3), et dans le second c'est l'un des pieds droits qui se casse vers le milieu (fig. 4). Quand on a employé de bon bois, qu'il n'est point encore pourri et qu'il se brise par suite de la poussée du terrain, il faut ou boiser plus serré, ou augmenter l'équarrissage des bois. Dans un terrain qui ne pousse pas, mais qui cependant

ne peut se soutenir de lui-même, on place les cadres à 4 pieds 6 pouces (1,50), l'un de l'autre. Dans un terrain qui pousse légèrement, on place un cadre à chaque extrémité d'une toise et un dans le milieu, ce qui fait qu'y compris l'épaisseur des bois, il reste environ 2 pieds (0,66) de libre; mais dans un terrain ébouleux et qui pousse fortement, il faut quatre cadres par toise, un à chaque extrémité et deux dans la longueur, en sorte qu'en déduisant l'épaisseur des bois, que je suppose de 7 pouces, il ne reste pas un il ne reste pas un pied de vide, et malgré cette grande quantité de bois, il arrive encore qu'elle ne peut suffire; qu'il faut intercaler des cadres entre les premiers, et qu'ils finissent par se toucher comme dans certaines parties de la mine de Chessy, département du Rhône.

S. 3.

Du choix et de la préparation des bois

de mine.

Les bois durs, et particulièrement les différentes espèces de chêne, sont ceux qui résistent le mieux à la pression, à l'action destructive de l'humidité et à celle du mauvais air. On peut donc les employer d'un plus faible échantillon que les bois résineux; aussi arrive-t-il qu'au lieu de les débiter en pièces carrées, on se contente de poites mi-plates de quatre pouces sur cinq, par exemple: néan

moins, comme la plupart des mines métalliques se trouvent dans les pays de montagne où cette essence de bois est rare et chère, on doit se contenter des bois résineux, qui durent beaucoup moins, mais qui présentent cependant quelques avantages qui ne sont point à dédaigner. Tous les bois se décomposent beaucoup plus vite quand ils sont exposés à l'action d'un air humide et chaud, que lorsqu'ils sont entièrement submergés; on remarque même que le bois de verne ou d'aune, qui du reste est un assez mauvais bois de mine, est préférable à tout autre pour les travaux qui sont destinés à rester constamment sous l'eau, comme les puisards, le pied des pompes, les chenaux, etc.; et il en est de même du bois de mélèze, dont la fibre n'est pas beaucoup plus solide que celle du pin et du sapin, et qui est excellent à employer sous l'eau; d'où il resulte qu'il est quelquefois plus avantageux de faire gonfler l'eau pour submerger des travaux que l'on doit suspendre pendant quelques mois, que de les laisser en proie au mauvais air, aux champignons et aux byssus qui végètent sur les bois, et qui contribuent beaucoup à leur destruction. Le hêtre dure long-temps sous l'eau, mais au sec il devient cassant.

Quand on se sert de bois dur, il est rare que l'on puisse boiser en rondins, parce que les propriétaires qui exploitent leurs forêts en bons pères de famille, ne coupent jamais

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