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A chacun de ces petits planchers les échelles changent de main.

Comme les coups de mines briseraient les échelles et la cloison, si on les descendait jusqu'à la profondeur où l'on travaille, on est dans l'usage de laisser la cloison de deux cadres en arrière, et d'attacher, au moyen d'un crochet de fer plat fait en S, une échelle volante que les mineurs enlèvent en passant pour se mettre à l'abri de l'explosion.

En même temps que l'on pose la cloison, on cloue sur les cadres ces bois longs et étroits que l'on nomme coulans, qui empêchent que les tines, en balançant, ne puissent accrocher le boisage. On en met cinq sur chacun des deux grands côtés, et quatre sur le petit; car celui qui est garni de la cloison n'en reçoit point: total quatorze coulans pour deux cadres; car ils ont 10 pieds de long, 3 pouces de large et 18 lignes d'épaisseur.

Dans certains pays l'on est dans l'usage de diviser les puits en trois parties égales : une pour chaque tine et l'autre pour les échelles; mais cette dernière est beaucoup trop grande. Dans d'autres mines on les partage en deux parties seulement, pour le passage des tines, et les ouvriers montent et descendent par un puits séparé ou se servent des tines. Dans tous les cas ces espèces de cloisons ont l'avantage de soulager les grands côtés des cadres et de s'opposer puissamment à la poussée.

Le boisage octogone s'exécute rarement; il

est plus difficile que le boisage carré, mais dans tous les cas ce ne doit être que dans les puits ronds qu'on doit en faire usage; car dans un puits carré une partie du bois ne toucherait point à la roche, et il faudrait remplir les vides avec un grand nombre de picots, de branches et de coins. M. Castian, directeur des mines de Mons, l'a fait exécuter avec beaucoup de succès. Je l'ai vu employer dans des puits carrés, mais sur des mines où les ouvriers n'entendaient rien au boisage.

A la mine de houille d'Essen, en Westphalie, où l'on a été obligé de traverser 50 mètres de sable mouvant, l'on a fait usage d'un boisage carré fait au jour, parfaitement garni de picots et calfaté, que l'on descendait à mesure que l'on s'enfonçait, au moyen de quatre chaînes auxquelles il était suspendu. Pour passer cette terre absorbante et meuble, que l'on nomme kurzawska en Silésie, M. d'Aubuisson rapporte que l'on commence par bâtir à la surface du terrain un cylindre creux, que l'on contient à l'extérieur au moyen d'une espèce de cage de fer et que l'on descend dans le puits à mesure qu'il avance. Le cylindre s'enfonce, et on l'alonge à la partie supérieure par de nouvelles assises de maçonnerie. Cet expédient ingénieux, qui fut apporté en Silésie par un Français, rappelle la tour de M. Brunel. Ce moyen est excellent, mais on parvient au même but en enfonçant des picots serrés avant de creuser,

ainsi que nous l'avons déjà dit en parlant des galeries que l'on chasse à travers de vieux remblais, des terrains pourris, etc.

Quand le boisage d'un puits est pourri et qu'il faut le renouveler d'un bout à l'autre, on commence par enlever le premier cadre du haut et l'on change les deux tampages, ensuite le cadre; on passe au second et successivement à tous les autres, et l'on voit que les tampages sont d'un grand service en pareille circonstance, puisque chaque cadre est indépendant et se soutient de lui-même.

S. 7.

Du plionnage.

Le plionnage est une manière de soutenir les parois des puits ronds d'un petit diamètre, qui consiste à plier des branches vertes de chêne dans l'intérieur de ces petits puits, et à les disposer de manière à ce que le petit bout de l'une corresponde au gros bout de celle qui la suit: de cette manière toutes les branches, qui sont vertes, flexibles et que l'on plie de force, font ressort en tendant à se redresser, et cette disposition suffit pour arrêter la poussée des terres. Ce genre de boisage, qui n'est guère employé que dans les puits par lesquels l'on extrait les minerais de fer d'alluvion et dans quelques marnières de la Normandie, est parfaitement assorti à la courte durée de ces travaux et au peu de

vide qu'on leur donne. Le plionnage a été cependant exécuté à la mine de plomb de Vedrin, où l'on faisait anciennement usage de puits jumeaux de 30 pouces (0,82) de diamètre, que l'on poussait quelquefois jusqu'à 50 toises (100).

Voilà tout ce que l'on peut dire de général sur le boisage des galeries et des puits; mais il est une foule de petits accessoires qui dépendent des circonstancés locales et qu'il ne faut point décrire, parce que c'est le lieu, l'emplacement, la nature des matériaux et les usages du pays qui les prescrivent, et que tout homme intelligent est en état d'exécuter, Je renvoie tout ce qui a trait au picotage et au cuvelage des puits, au paragraphe que nous allons consacrer à la retenue, à l'écoulement et à l'évacuation des eaux.

§. 8.

Des kastes, stempel et des échafaudages.

que

Nous avons vu, en parlant de l'exploitation des filons par gradins descendans, que ce mode d'attaque exigeait que les déblais fussent accumulés en arrière des mineurs sur des planchers ou échafauds l'on nomme kastes. Les pièces de charpente qui doivent soutenir tous ces déblais, sont des espèces de tampages ou stempel qui se placent en travers du filon, et qui sont assujettis dans deux mortaises, dont l'une au toit et l'autre au mur, aù

moyen d'un serrage pareil à celui que nous avons décrit en parlant des pontals qui soutiennent les cadres des puits; mais on recommande de ne pas les placer tout-à-fait à angle droit avec le mur: cette différence doit être égale à l'épaisseur du bois. L'expérience a prouvé qu'un tampage placé de cette manière et garni de son serrage, offrait la plus grande résistance possible à la pression des déblais. Si l'on exploite un filon qui présente des rétrécissemens et des renflemens successifs, il est évident que l'on doit choisir la place d'un étranglement pour y établir la kaste, puisqu'une partie des déblais sera soutenue par la roche elle-même.

Plus un filon s'approche de la ligne verticale et plus les kastes doivent être fortes et multipliées; car on concevra facilement, en jetant un coup d'oeil sur la planche XXV; que le tampage de la figure 1 porte toute la charge, et que celui de la figure 2 n'en porte que la moitié. En effet, comme les corps pèsent toujours perpendiculairement à l'horizon, il n'y a réellement que le triangle A qui pose sur le tampage C, et le triangle B repose en entier sur le mur du filon, que je suppose incliné à 45 degrés. L'on voit, en effet, que des huit colonnes de déblai, celles 1, 2, 3, 4 pressent sur le tampage, et celles 5, 6, 7, 8 sur la roche. 5,6,7,

Pour donner une idée du poids que les kastes horizontales ont à supporter, nous sup

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