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poserons que le filon ait 6 pieds (2TM), et que l'éloignement de l'un à l'autre soit également de 6 pieds. Nous supposerons que ce même échafaud ait 30 pieds (10) de long et qu'il soit soutenu par vingt tampages, on trouvera qu'en multipliant 6 X 6 X 30 = 1080 pieds cubes, soit 40 mètres cubes. Portant le poids du déblai à 100 livres ou 50 kil., à cause des vides, nous trouverons que le poids de ce tas de déblai de 6 pieds de haut, de 6 pieds de large et de 30 pieds de long, est égal à 108000 livres ou 54000 kilog., et que chacun des vingt tampages doit supporter 5400 livres ou 2700 kilogr. Or, M. Hassenfratz, dans ses tables de la résistance des bois de chêne, qui font partie de son excellent Traité de l'art du charpentier, porte celle d'une pièce de 2 mètres de long et de 0,18 carrés, à 14580 kil. Ainsi, d'après ce calcul, on voit que l'on pourrait diminuer le nombre des stempel ou ne pas leur donner un aussi grand diamètre, sans oublier toutefois que le bois diminue de force, en raison de l'altération qui commence à l'attaquer presque à l'instant même où l'on vient de le mettre en place.

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Comme les bois se détériorent insensiblement dans l'intérieur des mines, et que la pression est toujours à peu près la même malgré le tassage, on a toujours soin d'employer des bois plus forts qu'il ne le faut dans le moment

■ Hassenfratz, Traité de l'art du charpentier, I. partie.

où on les pose; et de plus, on les soutient encore par deux chevrons qui se buttent au milieu du tampage, comme on le voit figure 1, et qui permettent aux ouvriers de circuler, ainsi que nous l'avons dit en parlant de l'exploitation des mines en masses et du travail

en travers.

Le boisage est bien certainement le moyen le plus simple et le plus expéditif pour s'opposer à la poussée des terres; mais dans bien des cas ce n'est pas le plus économique. Aussi en Angleterre, où le bois est fort cher, ne boiset-on qu'à la dernière extrémité : le remblai, le muraillement en pierre ou en briques, sont les moyens ordinaires de soutènement. Cependant dans les mines de Dudley on remarque quelques cadres en bois de Norwége, dont les chapeaux ne sont pas entaillés, et qui reposent sur deux rondins qui font l'office de poites ou de poteaux. Ce boisage, exécuté en sapin écorcé non équarri, revient à 2f 50° le rondin de 7 pouces de diamètre et de 9 pieds de long, en sorte que le cadre non posé revient à 3 75°. Nous sommes mieux partagés que cela en France, même pour les bois durs; un cadre de chêne ne revient qu'à 3f 25 dans la Dordogne, à 4 50° en Bretagne, et en pin à 1f 25 dans le Var, où ces bois sont cependant très-recherchés pour la fabrication des planches à caisse, réclamées par le commerce du savon de Marseille.

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DU MURAILLEMENT.

Lorsque les bois durs sont chers, que les matériaux sont communs et qu'il s'agit de consolider un puits d'extraction ou une galerie d'écoulement qui doivent durer longtemps, il ne faut point balancer à employer le muraillement, qui coûte plus cher à établir, mais qui, devant durer éternellement, devient plus économique en définitive que tous les boisages que nous avons décrits cidessus.

Si la charpente des mines a ses principes particuliers, la maçonnerie souterraine a les siens aussi; car je ne parle point ici des piliers et des murs de soutènement que l'on est parfois forcé d'exécuter pour consolider les grandes excavations des carrières souterraines, et qui se bâtissent à peu près comme les murs de nos édifices.

S. 9.

Muraillement des galeries.

Le muraillement d'une galerie est partiel ou complet, suivant que la roche est ébouleuse au mur et au toit, ou que le toit seulement menace de s'écrouler; dans ce cas il ne faut qu'un simple arceau. La planche XXVI, fig. 1, représente une voûte dont l'une des retombées repose sur la roche, et la figure 2, au contraire, offre un muraillement

complet. On cite même des galeries en Hongrie dont l'entrée se compose d'un ovale muraillé tout autour, et dont l'extrémité inférieure du grand axe sert à contenir les eaux qui s'écoulent de l'intérieur des travaux. Le moellon simplement dégrossi suffit toujours au muraillement des mines; mais s'il doit supporter une poussée latérale, on devra donner quelques pouces de fruit ou de talus, depuis le pied jusqu'à la naissance de la voûte (fig. 2), qui doit toujours être à plein cintre, composée des pierres les plus longues que l'on pourra se procurer dans les déblais, et fermée par une clef légèrement piquée.

Cette clef, au lieu de s'enfoncer de haut en bas, ainsi que cela se pratique quand on ferme une voûte ordinaire, doit se pousser de devant à l'arrière, puisque l'on n'a pas assez d'espace entre la roche et l'extrados de la voûte.

Si le terrain est très-humide, que l'eau suinte entre les moellons, il faudra employer le mortier fait avec la chaux hydraulique qui durcit sous l'eau, ou plus simplement et surtout plus économiquement bâtir avec de la mousse, en mettre un petit matelas entre chaque pierre et ne point la ménager.

Je ferai remarquer que toutes les mousses ne sont pas bonnes, et que l'on doit choisir celles qui sont très-branchues et d'un vert jaunâtre, et rejeter au contraire les mousses vertes, courtes et qui ont la forme d'un petit

plumet1. Je parle ici par expérience et d'après le témoignage d'un bon mineur qui avait travaillé dans les mines du Nord.

Les pierres plates sont préférables à toutes les autres, parce qu'elles se posent mieux et plus vite; c'est ainsi que les mines d'Andreasberg, de Clausthal, etc., au Hartz, sont muraillées à pierre sèche, et que ce moyen économique est une des causes de leur prospérité.

Les schistes, les roches feuilletées sont bien plus propres à cet emploi que les grès, les granits, etc. Cependant à la mine de fer de Bendorff on exécute le muraillement des grandes cheminées par lesquelles on jette le minerai, avec des quarz irréguliers, et ces espèces de puits, qui ont 2m de diamètre à la base et un seulement à leur embouchure, s'élèvent quelquefois à 70 et 80 toises (140 à 160 mètres).

Lorsqu'on doit murailler toute une galerie, il faut monter les murs de soutènement jusqu'à la naissance de la voûte pendant une certaine longueur, et ne commencer à voûter que lorsque les ouvriers qui sont chargés de cette première partie du muraillement, ont pris quelques mètres d'avance. Sans cette précaution les ouvriers se gêneraient, les matériaux encombreraient la galerie, et l'ou

Les hypnum et les sphagnum ne pourrissent pas ; les bryum pourrissent.

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