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Dans les terrains très-ébouleux il faut quelquefois doubler le boisage, et alors la dépense d'un mètre courant s'élève nécessairement au double. En supposant, dit M. Guillemin, ainsi que cela a lieu à Fins, que le muraillement soit moitié en tendre et moitié en dur, et que le boisage soit doublé sur un cinquième de la hauteur,

La dépense du boisage est de . . . .
Celle du muraillement, de.

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65f 80c 42 75

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23f 05c

A ce premier avantage il faut ajouter celui de la durée, qui serait infinie si l'on supprimait le bois et qu'on le remplaçât par le fer ou la fonte, ainsi qu'on le pratique en Angle

terre.

Trebra prétend qu'en neuf années il a été muraillé dans les environs de Marienberg, tant en puits qu'en galerie, 252 toises courantes pour 10,760, ce qui n'en fait monter le prix qu'à 42 80°, soit 21f 40° le mètre courant. Depuis cette époque la main-d'œuvre a pu augmenter, mais nous ne sommes pas encore près, en France, d'approcher d'un prix de muraillement aussi modique.

Nous terminerons ce que nous avons à dire sur le muraillement des puits, en recommandant aux directeurs de surveiller les maçons qui exécutent cet ouvrage soit à pierre sêche, soit à chaux et à sable, dans la crainte qu'ils

ne remplissent les trous ou les entre-deux des moellons avec de petites pierres, qui finissent par se détacher, et qui ne contribuent nullement à la solidité de l'ouvrage : il vaut beaucoup mieux que le parement soit moins bien uni, qu'il présente quelques trous, que de renfermer une infinité de petites cales, que l'eau ou les détonations de la poudre ne cessent d'ébranler, et qui finissent par tomber.

L'eau, en coulant sur les parois d'un muraillement exécuté en brique, serait une cause de détérioration qu'il faut écarter soigneusement. Trebra conseille, quand les eaux sont fortes, de faire une rigole dans le rocher, et d'y adapter un canal en bois qu'on engage dans le mur et par lequel les eaux se dégorgent sans l'endommager. Cette précaution est trèsbonne, dit Duhamel, quand l'eau ne sort que par un seul endroit; mais lorsqu'elle suinte entre tous les bancs de roche, depuis l'orifice d'un puits jusqu'au fond, comme cela arrive le plus ordinairement, il n'est plus possible d'en faire usage.

On s'est servi à Fins, pour rassembler l'eau qui filtrait entre les différentes roches, d'un moyen analogue à celui que l'on emploie en Hongrie et dont parle Trebra; mais ensuite on les a conduites jusqu'au fond du puits à l'aide de cordes détorses, ce qui empêche qu'elles ne se réduisent en pluie, et qu'elles n'incommodent les ouvriers; et ce moyen bien

simple est susceptible d'une infinité d'applications dans la pratique.

Je n'ai point dit que l'on pouvait remplacer les kastes et les stempels par des arceaux en maçonnerie, parce que cet emploi du muraillement, qui exigerait de fortes armatures et qui demanderait de très-grandes précautions pour être exécuté en pierre sèche, ne me paraît pas susceptible d'être employé souvent dans les mines; mais toutes les fois que les espaces à soutenir ne seront pas trop larges, et que les matériaux ou la consistance de la roche le permettront, je ne vois que des avantages à l'exécuter, surtout quand on devra réserver un passage fréquenté au-dessous de ces amas de déblais.

S. 11.

Du remblai.

Le remblai est un des meilleurs moyens de soutènement: il s'exécute dans les travaux où l'on ne doit jamais rentrer, et comme le dérangement de la roche cause un foisonnement très-considérable, il importe de mettre le plus grand soin à l'arrangement des déblais, si l'on est intéressé à en loger la plus grande quantité possible, ce qui arrive dans les mines où l'on exploite des couches minces. Si le remblai doit conserver des passages pour la circulation des ouvriers, les paremens qui bordent ces galeries doivent être exécutés avec

soin et composés des plus gros fragmens de roche, réservant le menu déblai pour être jeté en arrière et tout simplement à la pelle. C'est donc une sorte de muraillement que l'on destine à soutenir le fardeau du toit et la poussée du fin déblai, ainsi que je l'ai déjà dit en parlant de l'exploitation des petites couches.

S. 12.

Des armatures en fonte ou tubage.

Comme les bois de mine dont on se sert en Angleterre viennent presque tous de la Norwége et qu'ils sont d'un prix fort élevé, on ne boise qu'à la dernière extrémité, ainsi que nous l'avons déjà dit; mais en revanche le fer, et la fonte surtout, que l'on substitue au bois dans presque toutes les charpentes, a pénétré jusque dans les mines anglaises; car il en est où l'on voit des poites et des chapeaux en fonte.

D'après des renseignemens donnés à Newcastle, et que je dois à l'obligeance de M. Dufrenoy, il paraît que, lorsqu'on traverse une couche de sable dans le percement d'un puits, on emploie des cercles de fonte, au lieu de palplanches ou picots. Ces espèces de manchons sont d'une seule pièce quand le puits n'a que 6 pieds de diamètre; ils sont composés de quatre, quand ils en ont 20. Ces segmens s'assemblent au moyen d'oreilles saillantes qui se boulonnent avec des écrous,

et l'on place ainsi plusieurs de ces manchons les uns sur les autres, jusqu'à ce que la couche de sable soit passée.

Aux mines de Perey-Maine, dirigées par M. Buddle, l'un des ingénieurs les plus renommés de toute l'Angleterre, on voit un puits garni intérieurement d'un tubage en fonte de fer de 40 pieds de haut et de 13 de large, qui tient lieu d'un cuvelage en bois et qui contient une couche de sable imprégnée des eaux de la Tyne, qui coule près de ces mines.

Quand nous serons parvenus en France à produire le fer et la fonte à aussi bas prix et avec une profusion semblable à celle avec laquelle on les fabrique aujourd'hui en Angleterre et en Écosse, nous en viendrons peut-être à substituer ces grands cercles de fer dans le cuvelage à cette quantité prodigieuse de bois de choix que nous y employons journellement, et il ne sera pas sans intérêt pour ceux qui aiment l'industrie, et qui savent en apprécier tous les bienfaits, de voir ce même fer, qui peut être sorti de cette même mine sous la forme d'un minerai terne et pierreux, y rentrer sous la figure de pièces moulées avec art, pour y jouer un tout autre rôle que celui qu'il y remplissait avant d'avoir été extrait, fondu et moulé dans ces grands ateliers qui sont le rendezvous général de tous les arts mécaniques et le siége de toutes nos industries.

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