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ces pompes, que tous les mineurs tyroliens savent exécuter et mettre en place.

Les pompes ordinaires sont figurées et décrites dans tant d'ouvrages différens, que je ne m'étends pas davantage à leur sujet, et que je me dispense de les représenter de nouveau, renvoyant les ouvriers qui voudraient en prendre une idée plus juste et plus détaillée, aux ouvrages qui traitent ce sujet d'une manière spéciale, ou mieux encore au petit traité d'hydraulique qui fait partie de l'Encyclopédie populaire, dont chaque volume, orné de planches, ne coûte qu'un franc. 1

S. 15.

Du cuvelage, du picotage et des autres moyens préservatifs employés contre les inondations.

Nous avons dit qu'il existe dans l'intérieur de la terre de grands amas d'eau, qui donnent naissance à une infinité de filets et de petits courans, qui circulent dans tous les sens et que l'on rencontre presque toujours quand on exécute des travaux souterrains. Les pompes suffisent ordinairement pour enlever l'eau produite par ces petites sources; mais quand on est assez malheureux pour

1 Encyclopédie populaire, ou les sciences, les arts et les métiers mis à la portée de toutes les classes; prix un franc le volume. A Paris, chez Audot, libraire, rue des Maçons-Sorbonne, n.o 11.

déboucher l'une des principales issues de ces grands réservoirs, les moyens ordinaires deviennent insuffisans: l'on doit recourir aux moteurs les plus puissans et ne rien négliger pour parvenir à boucher la voie d'eau que l'on a ouverte; car, si l'on était obligé de continuer l'épuisement, la dépense serait si considérable, qu'on serait forcé d'abandonner les travaux et de renoncer à l'exploitation.

Ces grands réservoirs ne sont pas les seuls amas d'eau qui contrarient les mineurs et entravent leurs travaux. Certaines rivières qui coulent sur des lits perméables s'infiltrent à une grande distance de leurs bords, et forment des espèces de lacs souterrains, qui ne sont retenus que par la présence de quelques bancs d'argile, mais qui se précipiteraient dans l'intérieur de la terre, si l'on venait à les percer sans précaution. La Tyne en Angleterre et l'Escaut dans la Flandre sont dans ce cas, et comme les terrains qu'elles inondent ainsi recouvrent des amas immenses de houille, l'homme a surmonté tous les obstacles qu'un tel état de choses lui opposait, est parvenu, à force d'art et de persévérance, à traverser ces lacs souterrains, à les maintenir par des digues, à s'en rendre absolument maître, et est allé s'établir à quelques cents pieds plus bas, pour y exploiter ces couches de houille que la nature avait si bien défendues.

Comme c'est au moyen du picotage et du

cuvelage que l'on est parvenu à traverser les terrains inondés qui recouvrent les belles mines de houille d'Anzin, je ne puis mieux faire, pour donner une idée de cette opération, que de rapporter, pour exemple, la manière dont on l'exécute dans ce vaste établissement, et comme M. d'Aubuisson l'a suivie avec tout le soin dont il est capable, et qu'il l'a décrite avec la clarté que l'on remarque dans tous ses mémoires sur l'art des mines, je rapporterai textuellement la description qu'il nous en a donnée, car les mots techniques ont peu de synonymes, et lorsqu'un procédé est bien décrit une première fois, il est à peu près impossible de le décrire de nouveau sans copier le premier texte 1, et il est de toute justice d'en prévenir le lecteur.

Les mines d'Anzin sont aux portes de Valenciennes, elles occupent trois mille ouvriers, les puits, qui varient de 600 à 1500 pieds de profondeur, sont desservis par quarante-huit machines à vapeur, dont trentesept à moyenne pression de dix à seize chevaux, suivant le système de Chaillot, pour l'extraction de la houille, et onze à basse pression, de la force de quarante à cent-vingt chevaux, pour l'épuisement des eaux. Ces détails, que je dois à l'obligeance de M. Jennings, directeur général de ce bel établis

1 Journal des mines, tom. XVIII, n. 104 et 105.

sement, donnent une idée de son importance et sont faits pour justifier la préférence que je lui ai accordée en le choisissant pour exemple.

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Le terrain houiller d'Anzin, qui est composé, comme partout ailleurs, de couches alternatives de grès plus ou moins fin, d'argile plus ou moins schisteuse et de houille, dont l'épaisseur varie de 1 à 3 pieds (0,33 à 1") seulement, est recouvert d'un système de couches de pierre calcaire et de glaise ayant 180 à 240 pieds (60 à 80 mètres) d'épaisseur; les eaux de filtration ne sont arrêtées et retenues que par une grande couche d'argile glaise d'un gris un peu bleuâtre, mêlée à un peu de terre calcaire, formant une pâte très-ductile dans l'eau, et qui est connue et désignée dans le pays sous le nom de Dief. Ces eaux forment donc au-dessus de cette couche, qui a plus de 50 pieds d'épaisseur (18"), une espèce de lac ou de marais souterrain appelé niveau par les ouvriers.

Lorsque l'on veut atteindre les couches de houille par un puits, il faut passer à travers le niveau, et empêcher que les eaux ne se précipitent par le trou que le puits fait au milieu du Dief dans les excavations que l'on creuse au-dessous, et c'est là le but du picotage et du cuvelage, que l'on pratique avec succès dans les puits carrés d'Anzin, qui ont 7 à 9 pieds de côté.

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Lorsque l'emplacement d'un puits est dé

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terminé, dit M. d'Aubuisson, on commence à creuser dans le terrain d'alluvion et dans les premières couches du terrain crayeux; ce travail se fait sans difficulté et sans qu'on soit incommodé par les eaux tant qu'on est au-dessus de la vallée (de l'Escaut) : le niveau commence à cette profondeur; pour il faut, à mesure que l'on fonce, passer, épuiser toute l'eau que les sources et les infiltrations, provenant des terrains adjacens, versent dans le creux que l'on fait: il faut, à cet effet, que les machines soient toujours capables d'en élever une quantité au moins égale à celle qui peut arriver.

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Comme les eaux ne peuvent se rendre d'un endroit à l'autre qu'en traversant et en quelque sorte filtrant à travers la masse de pierre qui plonge dans le niveau, il s'ensuit qu'elles éprouvent d'autant plus d'obsstacles dans leur mouvement et qu'elles se rendent par conséquent plus lentement, << ou, ce qui revient au même, en plus petite quantité, dans le puits, que le terrain des environs est plus compacte et plus serré; ainsi plus un terrain est serré et plus on « passe le niveau avec facilité. "

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C'est ainsi qu'on a mis trois ans à passer le niveau dans le puits nommé Bleuse-Borne, quoique l'on employât à l'épuisement trois machines à vapeur, dont deux de 60 pouces et une de 40, qui travaillaient continuellement et à la fois, et qu'en 1805 on passa

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