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S. 2.

Disposition des minerais et des combustibles dans l'intérieur de la terre.

Couches. Filons. Veines.

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-

-Stockwerks. Amas. Nids et Rognons.—

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Failles. Renflemens. Rétrécisse-
Brouillages et autres accidens.

mens.

Les minerais et les combustibles se trouvent dans l'intérieur de la terre dans différentes dispositions, c'est-à-dire que ces substances. utiles forment des couches, des filons ou des amas, et ce sont ces différens gites, leurs modifications et les accidens qui les dérangent, que nous allons successivement examiner.

La plupart des montagnes sont composées de roches qui semblent avoir été déposées par assises plus ou moins épaisses, qui se distinguent à l'oeil, soit par la différence de leur couleur ou de leur contexture, soit par une légère solution de continuité, et ce sont ces différentes assises parallèles que l'on nomme

couches ou bancs.

Les couches sont superposées les unes aux autres; les plus anciennes sont par conséquent les plus basses et les plus profondes, car chacune d'elles est le résultat d'un dépôt; aussi leur nature est souvent très-différente, quoiqu'elles soient en contact immédiat. C'est ainsi que la houille, qui se trouve ordinairement en couches, repose sur du grès et est recou

verte par de l'argile; que le lignite, qui se trouve aussi en couches, est recouvert par de la pierre à chaux ou de l'argile, etc.

Un nombre infini d'observations faites sur tous les points du globe, ont prouvé d'une manière certaine que tel terrain ne se trouve jamais sous tel autre; d'où l'on en a tout naturellement conclu que celui qui se trouve constamment au-dessous, a été déposé avant celui qui est au-dessus, et qu'il est plus ancien. Or, ceci se rattache directement à l'art des mines, car il résulte de ces observations que ce serait une folie, par exemple, de chercher à traverser le granit, dans l'espérance de trouver du terrain houiller au-dessous, puisque jusqu'à présent le granit' proprement dit a toujours été trouvé recouvert par tous les autres terrains et n'en a jamais recouvert aucun c'est la roche primitive par excellence.

Ce serait encore une autre folie que de chercher de l'étain dans les montagnes qui renferment des coquilles fossiles; puisque l'on n'a jamais trouvé ce métal que dans les terrains anciens, qui ont été formés bien

1 Je ne puis que citer les roches et ne puis les décrire; car elles sont composées de minéraux qu'il faudrait faire connaître aussi, et cela nous jetterait dans la minéralogie proprement dite, dont je suppose que les directeurs de mine se sont occupés; dans le cas contraire je les renvoie à mes Élémens de minéralogie, parce que je crois que c'est jusqu'à présent l'ou vrage le plus facile à entendre.

avant ceux qui contiennent des débris de corps organisés, fossiles ou pétrifiés.

Nous ignorons absolument quel a été le laps de temps qui a pu s'écouler entre la formation de deux couches contiguës, et à plus forte raison entre la formation de deux terrains distincts; mais on est porté à croire que plus les couches ont d'analogie entre elles, et plus l'époque de leur formation a été rapprochée. Au reste, autant l'âge relatif est important à connaître dans l'art des mines, autant l'âge réel est indifférent. Il serait donc superflu de s'y arrêter davantage; qu'il nous suffise d'admettre en principe que les couches dont les montagnes sont composées, ne sont autre chose que le résultat distinct d'autant de périodes pendant lesquelles il s'est déposé tel ou tel minéral; que celles qui sont composées de substances que nous avons su approprier à nos besoins, sont soumises comme toutes les autres à tous les accidens et à toutes les modifications qui en dérangent ou en diminuent l'importance.

Nous nous désolons quand une couche de houille vient à manquer, quand un minerai s'appauvrit; nous avons peine à nous persuader que ce combustible, ce métal, qui sont tout pour l'exploitant, ne sont pas plus dans la nature, que le grès, le quarz ou la baryte qui ne nous intéressent pas, mais qui ont aussi leurs dérangemens et leurs vicissitudes. Enfin, comme les couches sont rarement parfaite

ment horizontales, qu'elles sont souvent inclinées, quelquefois arquées ou contournées, que l'on en cite même de verticales, on doit bien penser que les dépôts qui les ont formés ont souvent été troublés ou précipités; que le fond sur lequel ils se sont faits, a dû imprimer ses formes et ses propres accidens aux couches qui l'ont recouvert immédiatement, et comme il est démontré que la surface de la terre a été la proie d'une infinité de révolutions générales ou partielles, il n'est pas étonnant que les couches aient été dérangées par toutes ces catastrophes; ce qui explique les irrégularités que l'on remarque dans les couches qui sont composées de minéraux utiles, qui contrarient nos travaux, ou détruisent nos espérances.

La houille, le lignite, l'anthracite, les schistes bitumineux, tous les calcaires, les gypses, les argiles, les ardoises, forment des couches dans les terrains auxquels ils appartiennent; mais les métaux, si l'on en excepte le fer, se trouvent simplement disséminés dans ces mêmes couches, en grains, en filets ou en amas, plus ou moins importans; l'on ne peut pas dire qu'ils forment des couches à eux seuls, et quand même on pourrait citer un ou deux exemples contraires à cette règle générale, il serait encore convenable de l'admettre. La couche plombifère de Tarnowitz en Silésie, par exemple, dont on retrouve des lambeaux jusqu'à Olkutz, près Cracovie,

où elle est exploitée comme à Tarnowitz, est composée d'une marne ferrugineuse dans laquelle le minerai de plomb est disséminé en veines et en rognons. Celle du Bleiberg est composée d'un sable agglutiné qui contient des rognons de minerais de plomb nommés

knotes.

Quand les couches sont très-épaisses, elles prennent le nom de bancs, et quand elles sont très-minces, on les nomme lits ou feuillets. On cite des bancs de fer en Suède, en Norwége; un banc de plomb à Sala en Suède; un banc de mercure à Rosena en Hongrie, etc. Les couches de toute espèce sont sujettes à des étranglemens, à des renflemens, à des interruptions ou failles et à des brouillages, dont nous parlerons en détail à la fin de ce paragraphe. Mais avant d'aller plus loin, il est bon de dire ici ce que l'on entend par l'inclinaison et la direction d'une couche.

L'inclinaison d'une couche est le sens vers lequel elle s'incline ou s'enfonce le plus rapidement.

La direction est l'intersection d'un plan horizontal avec sa plus grande inclinaison. Or c'est ce que l'on fait toutes les fois que l'on enfonce une galerie horizontale sur une couche inclinée, car la galerie qui représente l'intersection du plan, cesse de marcher dans le même sens, dès que la couche change d'inclinaison, et s'il en était autrement, le mineur sortirait de la couche, soit en dessus, soit en dessous.

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