Solger, Quatre dialogues sur le Beau et sur l'Art; Berlin, 1813, in-8°. Krug, Calliope et ses sœurs, ou nouvelles leçons sur le beau dans la nature et dans l'art; Leipzig, 1805, in-8°. Voy., en outre, les articles ARTS (Beaux-) et ESTHÉTIQUE. X. BEAUCAIRE. (Histoire et Géographie.) Bellum Quadrum, Ugemum Castrum. Ville de France, dans le département du Gard (Lan. guedoc). Population 9,800 habitants. Lors de la division du royaume d'Arles en grands fiefs, Beaucaire échut aux comtes de Provence. Il fut cédé, en 1125, aux comtes de Toulouse. Raymond V y tint (1172) une cour plénière, devenue célèbre par les prodiga. lités extravagantes dont elle fut l'occasion. La ville fut plusieurs fois prise et saccagée pendant les guerres des Albigeois. Elle n'eut pas moins à souffrir pendant les guerres religieuses du seizième siècle. Enfin Louis XIII en fit démanteler le château en 1622. La ville de Beaucaire est dans une charmante situation, entre le Rhône, le bassin du canal d'Aigues-Mortes et une chaîne de rochers que couronnent les ruines pittoresques d'un ancien château fort. Elle est assez bien bâtie; mais les rues sont étroites et mal percées. On n'y trouve aucun établissement public. On y remarque seulement les ruines de l'ancien château, vulgairement appelé Bellicadro; les restes d'une voie romaine, l'hôtel de ville, l'église paroissiale, la maison dite de Montmorency, la porte du Rhône, l'esplanade qui borde le fleuve, et une tour d'une admirable structure, vulgairement appelée la Tour-Carrée. Beaucaire communique avec Tarascon, situé sur l'autre rive, par un magnifique pont suspendu, long de 438 m. 53 c., livré à la circulation en 1829, et gravement endommagé par un ouragan en mars 1844. Un chemin de fer, inauguré en 1839, mène en une heure de Beaucaire à Nîmes. Enfin Beaucaire a donné son nom à un canal commencé en 1773, et navigable seulement depuis quelques années. La prise d'eau de ce canal est dans le Rhône, près de la ville; elle s'opère par une écluse, regardée comme un des plus beaux ouvrages qui existent en ce genre. Outre qu'il sert au desséchement de plus de quarante mille arpents de marais et offre un débouché facile aux tanneries des environs, la navigation en est extrêmement importante, et fait partie de la grande ligne qui unit le Rhône à la Garonne. La ville de Beaucaire est peu industrieuse et peu commerçante par elle-même. A peine y trouve-t-on quelques fabriques de bonneterie, de poterie et d'huile d'olive. Mais, grâce à sa position, elle a été choisie pour être l'entrepôt général du commerce de la France avec l'Espagne, l'Afrique, l'Italie et le Levant. Tous les ans, s'y tient une célèbre foire, qui dure du 1er au 28 juillet. Il se fait là un immense commerce. Du 1er au 20 juillet les bateaux arri. vent, les marchandises sont débarquées et trans. portées soit dans l'intérieur de la ville, soit sous des tentes placées dans une vaste prairie qui borde le Rhône. Les arrivages augmentent de jour en jour, et enfin les acheteurs et les vendeurs se trouvent en présence. Pendant les dix derniers jours, deux ou trois cent mille négociants fourmillent dans cette ville où, le reste de l'année, 10,000 habitants sont à l'étroit: toutes les nations ont là leurs représentants; tous les genres d'industrie, leurs échantillons. Le 28 à minuit, tout est fini, et la ville, tout à l'heure si pleine de vie et de mouvement, rentre dans le calme silencieux qui la tient pendant onze mois de l'année. Cette foire, une des plus importantes du monde, a ses conditions et ses priviléges, ses droits et ses lois. Un tribunal de conservation, composé de douze membres, juge tous les différends qui s'élèvent pendant sa durée. P. J. des Porcelets, marquis de Maillane, Recherches historiques et chronologiques sur la ville de Beaucaire, etc., in-8°, 1718. Blaud, Antiquités de la ville de Beaucaire, in4°, pl., 1819. Nouvelles recherches pour servir à l'histoire de la ville de Beaucaire, in-8°, 1836. Traité historique de la foirc de Beaucaire, où l'on voit son origine, ses priviléges et exemptions, in-4°, 1734. G. BEAUCE. (Géographie.) Belsia. Ancienne dénomination d'une contrée de France, qui faisait partie de l'Orléanais, et comprenait le pays Chartrain, le Dunois, le Vendômois et le Mantois; Chartres en était la capitale. Le territoire de la Beauce, généralement uni et découvert, présente des plaines immenses, qui pro. duisent une grande quantité de froment de la meilleure qualité, et nourrissent de nombreux troupeaux de moutons et de bêtes à cornes, qui forment, avec les grains, la base d'un commerce considérable. La Beauce n'a jamais été une province particulière. Elle forme aujourd'hui la majeure partie des départements d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher. G. BEAUNE. (Géographie et Histoire.) Belna, Belnum, Belno castrum. Ville de France, chef-lieu de sous-préfecture, dans le département de la Côte-d'Or (Bourgogne). Elle possède un tribunal de première instance, un collége communal, une société d'agriculture; sa po. pulation est de 11,000 habitants. L'origine de Baune est fort ancienne; elle fut d'abord un camp romain, ensuite un château fort, et enfin, au septième siècle, une place assez considérable. On croit que son nom primitif fut Minervia. Quant à son nom actuel, il vient, selon les uns, de Belenus, l'A pollon Gaulois, qu'on y adorait; selon les autres, de la Bellone qui figurait dans les anciennes armes de la ville. Grâce à sa position avantageuse, Beaune fut le chef-lieu du canton qui portait son nom, Belnensis pagus. En 1203, le duc de Bourgogne, Eudes III, lui octroya une charte de commune. En 1220, il s'y tint un concile. En 1401, elle fut aux trois quarts dévorée par un incendie. Après la mort de Charles le Téméraire, elle prit parti pour Marie de Bourgogne sa fille, contre le roi Louis XI, fut assiégée et forcée de se rendre, en 1478. En 1502, Louis XII y fit élever un château fort, que Henri IV fit démolir en 1602, après les guerres de la ligue, dont Beaune avait eu beaucoup à souffrir. L'édit de Nantes fit beaucoup pour la prospérité de cette ville, habitée par 200 familles calvinistes, dont l'industrie faisait vivre 2,000 ouvriers. A la révocation de cet édit, les protestants partirent, et avec eux s'en alla l'industrie manufacturière. Beaune fut la résidence de plusieurs ducs de Bourgogne, et le premier siége du parlement de Bourgogne, sous le nom de Jours Généraux. Cette ville, jolie, bien bâtie, et entourée de remparts plantés d'arbres, qui offrent des promenades charmantes, est située dans un pays agréable, au pied d'un coteau fertile en excel. lents vins, sur la petite rivière de Bourzeoise. On y remarque, en fait de monuments, l'église Notre-Dame, achevée à la fin du onzième siècle; l'église Saint-Pierre, qui date de la même époque et qui fut construite avec des matériaux venant du vieux château et du tem- ple de Belenus; l'hôpital, fondé en 1443 la bibliothèque, la salle de spectacle, les bains publics, la fontaine de l'Aigue, où aboutit une jolie promenade. On trouve à Beaune des fabriques de draps, serges, droguets, vinaigre, tonneaux ; des raffineries de sucre de betterave, des teintureries, des brasseries, des tanneries; de belles pépinières d'arbres à fruits. Il s'y fait un commerce considérable de vins de Bourgogne de première qualité trente à quarante mille pièces en sont exportées par an. Parmi les vins que produit la côte Beaunoise, on compte ceux de Volney, Pommard, Beaune, Corton, Mont-Rachet, Maursault, Auxey, etc. En outre, c'est là que se tient le principal marché de grains des plaines de l'Auxois. Ajoutons à ces branches de commerce la vente des bestiaux et l'exportation des produits manufacturés dans la ville. Beaune est la patrie de Monge. Bonchin, Antiquités de Beaune (dans le 4 vol. de ses plaidoiries), in-8°, 1620. Gandelot (l'abbé), Histoire de la ville de Beaune et de ses antiquités, in-4°, 1772. Joigneaux, Fragments historiques sur la ville de Beaune et ses environs, in-8°, 1839. BEAUPRÉ. (Marine.) L'un des quatre mâts majeurs ou bas mâts d'un vaisseau, mais différent des trois autres par sa position inclinée. L'angle que le beaupré fait avec l'horizon, dans les vaisseaux, frégates et autres grands bâtiments, varie de 30 à 40 degrés; dans les bâtiments plus petits, tels que brigan. tins et goëlettes, cet angle n'est que de 20 à 24 degrés. Dans les cutters et lougres, le beau. pré est presque horizontal, pour pouvoir étre rentré en partie dans le bâtiment, lorsque la mer est grosse. Le beaupré est en quelque sorte la clef de la mâture, dans les vaisseaux, frégates, corvettes, bricks et autres bâtiments gréés de la même manière, parce que c'est sur lui que s'appuient les étais du grand mât et du mât de misaine. Aussi, lorsqu'un vaisseau est démâté de son beaupré, il court risque de démåter de ses autres mâts. Cette considération a engagé à assujettir très-solidement la beaupré, et à lui donner de fortes dimensions. Il est ordinairement d'une grosseur au moins égale à celle du mât de misaine, quoique plus court. Dans les vaisseaux de premier rang, le beaupré a plus de trois pieds de diamètre. J. T. PARISOT. BEAUVAIS. ( Géographie et Histoire. ) Cæsaromagus, Bellovaci, Bellovacum. Ville de France, chef-lieu du département de l'Oise (Picardie); siége d'un évêché, d'un tribunal de première instance et de commerce; il y a en outre une chambre consultative des arts et manufactures, une société d'agriculture, un grand séminaire, un collége communal; la population est de 13,355 habitants. Beauvais est une très-ancienne ville. Futelle Bratuspantium avant d'être Cæsaromagus? c'est sur quoi les géographes ne sont pas d'accord. En tout cas, elle a porté, comme on voit, le nom de César; elle le quitta au temps de Constantin, pour prendre celui des Bellovaci, dont elle était la capitale, et qui étaient eux-mêmes un des peuples les plus considé rables de la Belgique. Le séjour des Romains dans l'antique cité est attesté par de nombreuses ruines, par des médailles de Postumius, par l'église de la Basse-Œuvre, qui a été un temple païen. Depuis l'établissement des Francs dans les Gaules, Beauvais a joué dans l'histoire un rôle important. Chilpéric y entra en vainqueur vers 471. Elle fut plusieurs fois saccagée par les Normands, prise par Louis le Gros en 1109, brûlée en 850, 886, 1018, 1180. En 1232, les bourgeois de Beauvais se constituèrent spontanément en commune, malgré l'opposition de l'évêque, et furent dès lors gouvernés par un maire et douze pairs, qui baye. Les principaux monuments de la ville sont la cathédrale, bâtie au dixième siècle, près de l'église de la Basse-Euvre; elle fut brûlée plusieurs fois, et sa dernière reconstruction date du quatorzième siècle. C'est un admirable édifice, délicatement taillé dans une montagne de pierres, aux proportions majestueuses, aux fines sculptures, aux riches vitraux; l'église Saint-Étienne, bâtie à diverses époques, et ornée aussi de verrières curieusement travaillées; l'hôtel de ville, de construction moderne; le palais épiscopal; le collége; la manufacture royale de tapisserie, rivale de celle des Gobelins; la bibliothèque; les hôpitaux; la salle de spectacle. étaient renouvelés tous les ans. En 1305, l'é-, qui renferme les ruines d'une magnifique abvêque mécontenta la commune, qui se révolta contre lui et le chassa de la ville. Il revint avec une armée de gentilshommes; et il fallut, pour terminer cette querelle, la sévère intervention de Philippe V. En 1357, les troubles de la Jacquerie prirent naissance à Beauvais, et beaucoup de pauvres paysans furent massacrés dans les environs. En 1417, Beauvais prit parti pour les Bourguignons; elle passa ensuite au pouvoir des Anglais, puis revint à Charles VII, avec le reste du royaume. En 1472, Charles le Téméraire assiégea Beauvais, dont les bourgeois se défendirent avec courage; les femmes surtout se distinguèrent, et le nom de Jeanne Laîné, dite Jeanne Hachette, est sorti glorieux de ce combat. Des secours arrivèrent, et le siége fut levé. Aujourd'hui encore, la procession de sainte Angadresme, où les femmes ont le pas sur les hommes, perpétue ce souve nir. Beauvais resta à peu près neutre dans les guerres de la ligue; elle se rendit à Henri IV en 1594. Là finit son rôle historique. Depuis cette époque, elle a été ravagée par la peste, de 1623 à 1637; par des inondations, en 1658 et 1692; par la famine, en 1693. L'évêché de Beauvais date du troisième siècle; l'évêque était riche et puissant, et possédait, entre autres prérogatives, le droit de battre monnaie ayant cours forcé dans tout son diocèse. Il s'est tenu dans cette ville plusieurs conciles, les plus importants en 845, 1114, 1120, 1124, 1161. La ville de Beauvais est située dans un riche vallon, entouré de collines boisées, au confluent de l'Avelon et du Thérain. Elle est généralement mal bâtie, au point de vue du cordeau et de la pierre blanche et lisse; mais toutes les maisons aux façades de bois y sont curieusement ouvrées, sculptées et menuisées. Une petite portion de la ville, nommée la Cité, est d'une construction très-ancienne et entourée de murailles qui paraissent être du troisième ou du quatrième siècle. La ville elle-même est entourée de remparts construits au treizième siècle, et convertis maintenant en jolies promenades. Le Thil, ou Saint-Lucien, est une espèce de faubourg, On fabrique à Beauvais des draps, des molletons, des flanelles, des toiles, des dentelles, des châles, de la bonneterie, de la faïence, des produits chimiques. On y voit des blanchisseries de toiles, des filatures de laine et de coton, des teintureries, des tanneries. On exporte les produits de cette industrie variée; on fait, en outre, un commerce considérable de céréales. Beauvais a fourni cinq grands maîtres à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Elle a donné le jour à Philippe de Crèvecœur, maréchal de France, mort en 1494; à Jean Loisel, médecin de Louis XII et de François Ier; aux antiquaires J. Foy Vaillant et Seroux d'Agin. court; à Vincent de Beauvais, savant dominicain; aux littérateurs J. B. Dubos et Lenglet-Dufresnoy; au grammairien P. Restaut. Louvet, Histoire de la ville et cité de Beauvais et antiquités du pays de Beauvoisis, in-8°, 1609, 1631; 2e partie, 1636. Hermant (Godefroy), Histoire civile et ecclésiastique de la ville et diocèse de Beauvais, 2 vol. in-fo. Tremblay (D. J), Notice sur la ville et les cantons de Beauvais, in-8°, 1815. Priviléges de la ville de Beauvais, in-4°. Lafontaine (Ed. de); Histoires politique, morale et religieuse de Beauvais, 1840. Doyen, Histoire de la ville de Beauvais, depuis le quatorzième siècle (pour faire suite au précédent). 2 vol. in-8°, 1840-43. Aug. Thierry, Lettres sur l'histoire de France, |