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consiste en ceci, que la sortie n'a lieu qu'au tant que le pécule mis en réserve aura alteint un certain chiffre, ce qui est à la fois une garantie contre la misère pour le mendiant et une contre le désordre au point de vue social Il n'y a d'exception à cette règle qu'autant que le mendiant justifie de moyens d'existence à sa sortie, ou que la commune à laquelle il appartient garantit qu'il ne se livrera plus à la mendicité. Le sentiment de la liberté n'a pas d'empire sur les reclus. Une grande partie est composée d'invalides, de demi-valides et d'enfants; les autres habitués à la mendicité se font arrêter dès qu'ils ont dépensé leur épargne. Ils appellent la colonie leur maison de campagne; elle est à moitié peuplée de récidivistes; quelques-uns sont revenus jusqu'à neuf fois. Ces résultats portent à croire que la transportation dans un pays non peuplé, où la matière manque à la mendicité est une nécessité à l'égard du mendiant valide en seconde ou troisième récidive.

Une autre preuve du peu d'entraînement des colons vers la liberté, c'est le nombre très-restreint des déserteurs; il n'a été que de 2 pour 100 la première année, et moindre encore l'année d'après. Le bien-être dans Foisiveté est considéré par les auteurs des études sur les colonies agricoles comme étant la cause prédominante du penchant des colons pour le séjour de la colonie. Pour les deux tiers, disent-ils, ce n'est guère qu'un hospice d'incurables avec peu on point de travail. Pour les invalides, c'est une maison de refuge aussi oisive que possible. Voy. pour les autres Etats de l'Europe, CHARITÉ A L'ÉTRANGER, et CLASSES SOUFFRANTES.

IV. Italie. Les mesures prises pour l'extinction de la mendicité ne sont pas chose nouvelle en Italie.

Etats-Sardes.-Le 2 avril de l'année 1628, dit un écrivain piémontais, une foule de pauvres, d'estropiés, de vieillards, de femmes, se dirigeaient tous vers la place du Dome de Turin, et tous comme forcés par la nécessité; quelques-uns s'en montraient satisfaits, d'autres témoignaient, par leurs gestes et leur silence, la douleur qu'ils ressentaient. Une ordonnance du duc en était la cause: on les conduisait dans un asile, et l'on proclamait qu'il ne devait plus y avoir de mendicité dans Turin. La confrérie de Saint-Paul, après avoir pourvu aux besoins des malades, des jeunes filles et des Ouvriers, tend la main à ces gens qui vont mendiant dans le pays, et remplissent les villes de lamentations. Quelques-uns des frères ayant visité Milan, et vu que le grand hopital contenait des établissements pour les pauvres, songèrent à faire la même chose à Turin; mais ils voulurent les enlever à l'oisiveté en les rameuant au travail. Donato Fontanella fit le premier un don; le duc Charles-Emmanuel encouragea cette proposition, et le P. Luigi-Albéricci excita les habitants de Turin à accroître les fonds par des offrandes. L'hospice de la Charité fut

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élevé, le due ordonna qu on y plaçât tous les pauvres; mais les guerres, la peste et les plus grandes misères étant survenues, l'hospice lomba et ne fut retabli qu'en 1650. Au commencement du xv siècle, la mendicité était encore générale à Turin. En 1716, Victor-Amédée la prohiba de nouveau. On força encore les pauvres à se rendre à la maison d'asile. Une fête d'un nouveau genre inaugura cette détermination solennelle. Tous les pauvres, des deux sexes, désignés pour l'hospice, vêtus d'habits neufs, se rendirent, le 7 avril 1717, à la cathédrale où la confrérie les attendait avec beaucoup d'enfants, habillés en anges, qui tendaient aux pauvres des couronnes de fleurs. De là la confrérie et les pauvres sortirent accompagnés ainsi et parcoururent la ville; arrivés au palais qui devait être leur demeure, un prêtre les accueillit en disant: Voilà la porte de Dieu et la porte du ciel! Alors cessa pour un temps la mendicité à Turin. Les étrangers partirent; les véritables indigents demandèrent eux-mêmes asile dans l'établissement. Les vieillards, les malades obtinrent des soins, des lits, des remèdes; les jeunes furent enlevés à l'oisiveté et aux vices, les enfants eurent une protection, les femmes des secours, et tous reçurent les consolations de la religion et de la vertu. Les habitants de Turin, fiers de leur ouvrage, firent de magnifiques offrandes afin de le continuer. Lorsque Gueverra publia sou livre sur la mendicité, 3,520 pauvres jouissaient des bienfaits de l'établissement. 1,640, dans l'hôpital même, au nombre desquels 500 invalides des deux sexes; 1,880 enfants, la plus grande partie enfants trouvés sont envoyés à l'hospice de la Maternité; ils sont mis en nourrice, en pension ou en service à la campagne, et, lorsqu'ils ont atteint 12 ans, ils rentrent à l'hôpital. Tous les sujets admis sont vêtus, ont le pain, la soupe et la pitance. Pour les pauvres capables de travailler, on a élevé diverses manufactures qui sont au compte de la maison; les marchandises fabriquées sont vendues par l'administration, qui donne une légère rétribution aux travailleurs afin de les encourager davantage. Parmi les pauvres il s'est formé une école de musique. Ils s'enseignaient les uns les autres, et il en est sorti d'excellents musiciens. Le roi voulut que ces récréations fussent converties en une institution, et il pourvut aux dépenses des études musicales.

Il y a encore à Turin des mendiants en grand nombre. M. Cerfbeerr, qui nous fournit ces détails (Rapport imprimé en 1841), ne doute pas que l'on ne parvienne bientôt à abolir la mendicité dans cette ville comme on y est parvenu, ajoute-t-il, dans quelques provinces du royaume. Voy. ci-après la Maison de travail de Génes.

-

Milan. Milan qui, comparée à Londres, dit un écrivain du pays, représente moins du dixième de la population de cette grande cité, a le grand avantage sur elle de renfermer une population suffisamment aisée.

Nous ne connaissons point chez nous ce qui fait la désolation de l'Angleterre ; nous n'avons pas des milliers de personnes qui, le matin, se lèvent sans savoir si, dans le cours de la journée, elles trouveront du pain pour se nourrir, et si un gite s'ouvrira pour elles durant la nuit; nous n'avous pas, continue-t-il, un bourdonnement de populace qui souffre, se lamente, marche à moitié nue, et qu'il faut rassasier ou emprisonner; nous n'avons pas une gueuserie livide qui hurle tout le jour, demandant aide et secours. La population pauvre de notre cité pourrait se présenter sans rougir aux splendides promenades des boulevards. de Paris ou du parc royal de Londres. Indépendamment des nombreuses institutions de bienfaisance que renferme la ville de Milan, la police y use de moyens forts expéditifs et très-propres à réprimer la mendicité. Lors du sacre de S. M. l'empereur Ferdinand, dit M. Cerfbeerr, on avait eu soin de ramasser tous les pauvres et de les renfermer provisoirement dans les maisons de travail; quant à ceux qui, par leurs antécédents et leur moralité équivoque, pouvaient être classés parmi les suspects, on les avait jetés dans les prisons, où, d'ailleurs, ils étaient traités avec humanité. Toutefois les mendiants s'étaient réfugiés sur les routes, el aux portes des cimetières; ils occupaient les abords de la cité. La mendicité n'étail que refoulée; elle n'était ni éteinte ni diminuée, mais ce n'était pas faute de bonne volonté de la part de l'Etat. Il existe à Milan une institution privée où l'on garde les vagabonds recueillis sur la voie publique, et que l'on essaye de ramener au travail; ils sont, en 1841, au nombre d'environ 54. Cette maison a été fondée par un prêtre, mort depuis peu. Le clergé et la charité privée sont donc enrôlés à Milan sous la bannière de l'extinction de la mendicité.

Venise. L'autorité locale n'use pas des mêmes précautions qu'à Milan. Le nombre des mendiants y est considérable. Là je me suis convaincu, dit M. Cerfbeerr, qu'en Italie la mendicité est encore plus une habitude qu'un besoin. J'ai vu des ouvriers, des domestiques, des bateliers, des hommes vigoureux et gagnant beaucoup par suite de l'affluence des étrangers, demander l'aumône, poursuivre de leurs gémissements et de leurs importunités tous ceux qu'ils rencontraient dans les rues.

Ce n'est donc pas seulement la misère qui produit la mendicité, continue l'auteur, mais une sorte d'avidité et des habitudes basses, une éducation défectueuse, et souvent la paresse, qui portent les gens du peuple à tendre la main. J'ai fait la même remarque à Rome. Dans cette sainte capitale du monde chrétien, j'ai eu le soin de questionner un grand nombre de pauvres qui courent par troupes après les passants pour en arracher quelques menues pièces. Ils viennent de la province et même du royaume de Naples. Ils sont attirés à Rome par la multitude des voyageurs qui se rendent dans la

ville pontificale, et la mendicité, seule occupation de ces fainéants, est devenue chez eux un art perfectionné. Les plaies simulées, les haillons, l'air souffrant et patelin, sont les moyens usuels pratiqués dans tous les pays; mais ceux-ci tirent un merveil leux avantage d'une hypocrite piété. Ils savent à merveille que la religion commande l'aumône; et c'est toujours au nom du Sauveur, de la Vierge Marie ou d'un saint qu'ils l'implorent. Or, les habitants sont enclins à distribuer les petites pièces dont les bourses sont pleines pour cet usage. Parmi les étrangers, les uns cèdent à l'importunité, d'autres, au sentiment de compassion, surexcité par la ville sainte. A Florence, les mendiants ont une tactique toute particulière. C'est chose curieuse que ces individus occupant les avenues des églises à vingt-cinq pas les uns des autres, et dans un ordre presque militaire. Plus que partout ailleurs, la mendicité y est une spéculation.

Il s'en faut que les avantages de la mendicité pour le Chrétien, pauvre ou riche, soient érigés en principe en Italie; car, depuis plusieurs siècles, on a fait de nombreuses tentatives pour extirper le mal dans la plupart des Etats de la Péninsule; là comme ailleurs les mesures prises ont manqué d'es prit de suite et d'ensemble.

M. Cerfbeerr recueillait de la bouche d'un savant et pieux prélat, que les asiles des pauvres, à son avis, n'étaient pas de nature, eu égard aux défauts qui leur sont inhé rents, à éteindre la mendicité; que le seul moyen efficace d'y arriver serait de donner une autre éducation au peuple, et de faire connaître aux gens riches les meilleurs moyens de pratiquer l'aumône. Au reste, on fait partout de louables efforts pour denner une meilleure direction à la charité st féconde des classes aisées de l'Italie. Les gouvernements rivalisent de zèle avec les citoyens. Le roi Charles-Albert, le grand-duc de Toscane, encouragent d'une protection particulière, en 1841, les tentatives qui sont faites dans cette voie nouvelle; et Rome ne reste pas en arrière du mouvement. Les idées sont fixées sur ce point; le champ est ensemencé qui pourrait douter qu'un soi si riche, si fertile, ne porte pas des frais, sous la double influence de la religion et de la science, conclut M. Cerfbeerr.

Venise. La plus remarquable mais des pauvres de l'Italie est celle de Venise. Les produits sortis de cette maison soud d'une grande magnificence. Elle contera, en 1841, environ 400 individus des de. sexes; mais ce nombre est essentiellemend variable. Beaucoup de pauvres y reçoivent, comme à Milan, un secours fixe par jourute de présence. On donne à d'autres le prix leur travail, proportionné à la tâche qu'ils ont faite; et il en est d'autres encore aut quels on se borne à procurer leur pour ture, ou même le logement pendant la nuit La nourriture consiste en un potage el une ration de pain; quelques-uns obtienneal deux rations de potage. Le potage est ega

ment distribué à tous les admis; mais ceux qui reçoivent un salaire le payent au prix du tarif. Les ouvriers gagnent un prix de journée qui peut varier de 30 c. à 1 livre 51 c. d'Autriche. Ceux qui gagnent plus de 50 c. perdent leur droit au coucher; et on pense qu'avec cette petite somme, il leur est facile de se procurer un gîte. Le travail est considérable. On occupe les pauvres à la confection des objets suivants : les nattes de genêt, les toiles ordinaires, les tapis et le blanchissage du linge. La maison s'est aussi chargée de l'éclairage de la ville, et fabrique du pain qui se vend dans tous les quartiers de la cité, à un prix fort modéré, de sorte que les boulangers se trouvent obligés d'abaisser le prix de leur pain au niveau du prix de la maison de travail : cet aliment est maintenu à un taux raisonnable. L'établissement se charge encore de dillérents travaux, tels que couture, filage et tricolage. Cette variété d'occupation utilise tous les bras, et porte les produits de la main-d'œuvre à une somme très-importante. Aussi l'établissement ne coûte-t-il pas plus de 30,000 livres autrichiennes à la ville de Venise; et le directeur prétend que, si on calcule l'économie réalisée sur l'entreprise de l'éclairage, et les avantages que procure aux habitants la fabrication du pain, l'établissement est plutôt fructueux que coûteux à la commune. Il s'est encore chargé du nettoyage des rues, et cela pour un prix mo dique, dans le seul but de ne pas laisser satis occupation des individus qu'on ne peut employer à autre chose qu'à des travaux familes. La maison de Venise est donc rearquable, entre autres choses, par la variété des industries qu'on y sait faire prosérer. Les maisons de travail ne peuvent produire d'heureux résultats qu'à cette conition; car elles sont moins appelées à faire Les ouvriers, c'est-à-dire à élever l'intelline des pauvres à l'industrie, qu'à faire escendre l'industrie aux ouvriers. Dans les fabriques, l'homme se façonne aux nécessités de l'art; mais ici l'art se proportionne aux facultés bornées du pauvre.

Le produit le plus brillant et le plus condérable est celui des nattes de genêt (gesta hispanica), dont l'invention appartient acet établissement, qui jouit même d'une ⚫rte de privilége ou brevet d'invention. Les rites, destinées à couvrir les riches par

ets des palais sont fort en usage dans cerLes portions de l'Italie : c'est, à ce qu'il aralt, de la maison de Venise qu'elles sortent pour la plupart. Les marais voisins de

Le cité maritime produisent en abondance ¿⚫ matière première, et dans la maison des avres on la tresse, on la colore, on en fait tapis, admirables tant pour le fini du al que pour la richesse, la variété des ins et des couleurs. La maison ne ferme pas uniquement des pauvres, elle pe aussi des ouvriers émérites: la pluart des travaux que nécessitent ces nattes andant des connaissances et une longue ade. Cependant il paraît que, parmi les

mendiants recueillis dans la maison, il se forme des ouvriers habiles qu'on retient par l'appât d'un fort salaire. M. Čerfbeerr a vu, a la tête d'un des ateliers, un ancien mendiant vagabond devenu un ouvrier laborieux. On débite, dans la maison, environ 30,000 pieds autrichiens de nattes qui y ont été ouvrées. On pense qu'elle en fournirait davantage si les pauvres étaient contraints à y rester. Ils peuvent quitter l'établissement et y revenir à leur gré. Indépendamment de la maison de travail destinée aux mendiants valides, il y a une maison de ricovero pour les invąlides. On y comptait 700 personnes des deux sexes en 1841. La dépense avait été de 235,741 livres autrichiennes en 1835, c'est-àdire de 19,000 livres au delà des revenus. En Italie on espère dans la charité; elle n'a pas manqué à l'ctablissement qui venait de recevoir un legs évalué 500,000 livres d'Autriche.

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Florence. Ce sont les mêmes principes à Florence, qu'à Milan, à Venise, et les mêmes bases, avec cette différence que les maisons de la Lombardie sont mieux dirigées et produisent aussi de plus heureux résultats. Le décret impérial de 1808 sert de point de départ et de règle à toutes les maisons de travail situées dans les pays alors soumis à la domination française. Ce décret, s'il avait été exécuté avec persévérance chez nous, aurait créé, dit M. Cerfbeerr, une ère nouvelle; car, en renfermant dans les dépôts de mendicité tous les gens sans aveu et les mendiants vagabonds, en les obligeant au travail, en réprimant la mendicité avec toute la sévérité de notre Code pénal, certes on aurait déjà donné, depuis tant d'années écoulées, d'autres habitudes aux classes souffrantes. Nous ferons observer à M. Cerfbeerr que si tous les dépôts se fussent élevés, en 1808, à la parole de l'empereur, les secours qui doivent les précéder, eussent fait défaut. Les dix-huit années antérieures avaient été loin de leur étre favorables. Depuis 1808 ils ont fait du chemin. Le temps des dépôts, aujourd'hui, est

venu.

Je pense, dit M. Cerfbeerr, qu'on doit attribuer la célébrité dont jouit la maison de travail de Florence à son étendue, bien plus qu'à sa bonne administration. Je ne veux pas dire que cette administration soit mauvaise: elle compte à sa tête des hommes de mérite, et le grand-duc l'honore d'une bienveillance toute particulière; mais les défauts qu'on peut lui reprocher proviennent surtout de la concentration, dans un même local, de deux établissements bien distincts par leur nature et par leurs effels, ce qui a l'incouvénient très-grave de jeter dans un même espace une multitude trop considérable, et par conséquent d'apporter de la confusion dans toutes les parties du service.

Cette maison renferme les invalides, c'està-dire les vieillards des deux sexes, lesquels sout au nombre d'environ 170, et un grand nombre d'enfants qui reçoivent une instruc tion insuffisante. La population était de 1,400

MEN

DICTIONNAIRE
en 1841. Les dortoirs règnent le long de la
cour, au premier étage; les ateliers sont
au rez-de-chaussée. Le bâtiment princi-
pal est un immense parallelogramme. Le
régime, c'est-à-dire l'entretien des admis, y
est convenable; les dortoirs sont commodes,
le couchage est bon, les infirmeries sont
bien pourvues de tout ce qui est nécessaire
au traitement des malades, la pharmacie est
très-belle, les bains sont remarquables, un
médecin et un chirurgien sont attachés à
l'établissement.

La maison se divise en deux grandes sec-
tions, la section des hommes et celle des
femmes. La section des hommes comprend
diverses industries que voici: cordonnerie,
fabrique de rubans, tailleurs, forgerons et
menuiserie. Les cordonniers sont employés
à la confection des chaussures consommées
dans la maison et par la troupe; les tailleurs
ne sont occupés que pour la maison; la me-
nuiserie ne fournit que les ouvrages gros-
siers. Ces différentes industries, et quelques
autres moins importantes, sont réparties
dans de petits ateliers. Les enfants du sexe
masculin sont également employés à de
menus travaux on leur fait la classe trois
fois par semaine, et pendant une heure.
M. Cerfbeerr les a trouvés malpropres, et n'a
pas puisé, dans sa visite, la conviction qu'ils
apprissent suffisamment un art utile. Il y a
une cantine où l'administration vend du vin
et des comestibles.

La cuisine est commune aux hommes et aux femmes un tour est pratiqué dans la partie de la cuisine située du côté des femmes; ce tour s'ouvre dans le réfectoire, où viennent se déposer les aliments, de sorte qu'il n'existe aucune communication entre les deux sexes. On occupe les femmes au blanchissage et au filage, ainsi qu'au tissage des toiles, mais il n'en sort que des étoffes grossières. Il y a aussi des ateliers de couture, occupés à la confection des objets d'équipement pour la troupe et des vêtements de la maison; les femmes âgées filent le chanvre. L'école des pétites filles est trèsmal tenue; on ne leur enseigne ni à lire ni à écrire. Il ne règne pas dans cette partie de Ja maison une très-grande propreté : la section des hommes est moins sale. Du reste, le service se fait avec assez d'ordre. Il n'y a pas de religieuses, sans cela la propreté et la tenue seraient beaucoup plus satisfaisantes. Tous les admis, des deux sexes, sont vêtus aux frais de la maison. On donne à ceux qui s'en vont une veste, un pantalon, une chemise et des souliers; les femmes reçoivent une robe, une chemise, un mouchoir de cou et une paire de souliers.

Genes. Il existe une célèbre maison de travail à Gênes; des détails sur cet établissement n'ajouteraient rien à ceux déjà donnés sur l'administration et l'organisation des ateliers de l'Italie. Il se fait surtout remarquer par sa magnificence. Les arts y ont prodigué leurs chefs-d'œuvre, et l'un de nos plus fameux sculpteurs, Pierre Puget, a associé son nom à la création de cet hospice

MEN

des pauvres. Après le palais ducal, dit. Ja est beaucoup plus riche même que le palais nin, il faut visiter l'hospice des pauvres, qui dueal. Trois grands architectes ont élevé cette maison, d'un luxe incroyable. Là repose entre les bras de la sainte Vierge un beau Le maître autel est tout entier de la façon Christ de Michel-Ange, marbre admirable! de Pierre Puget, notre Michel-Ange; la sainte Vierge, qui tout à l'heure soutenait le Christ, est maintenant soutenue à son tour par des anges qui l'emportent au ciel.

Cette maison a pour but de détruire la s'est assise à son seuil. Elle encombre les mendicité, dit M. Cerfberr, et la mendicité avenues et les marbres qui y conduisent.

duché de Parme: il contient 400 individus, Il y a aussi un dépôt de mendicité dans le dont 300 hommes et 100 femmes; mais cet établissement ne renferme guère que ceur qui demandent à y être admis. Il est aussi destiné aux mendiants et aux vagabonds, mais la plupart de ces individus sont invad'ailleurs située dans un pays sans ressour lides et travaillent fort peu, la maison é'ant ces. On évalue le nombre des malades au quart de la population totale. Des sociétés imprimer aux établissements de bienfa particulières se forment de toutes parts pour sance une direction plus éclairée, et associer à leurs ressources les trésors de la cha rité individuelle plus abondante en te qu'en aucune terre chrétienne.

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Etats-Romains. de la mendicité à Rome. Il existe dans la On a parlé ci-dessus ville papale deux établissements affectés aux mendiants.

Conservatoire des mendiantes. - Ine pieuse dame, en l'an 1650, avec la protection vres filles abandonnées dans la ville, et les de la duchesse de Latra, recueillit les pausoutint avec les aumônes qui, pendant le que dans tout autre temps. L'année sainte Jubilé, sont encore plus abondantes à Rome étant finie et les subsides ayant diminut. l'œuvre aurait peut-être manqué si le P. putation, ne fût venu à leur secours et n'eft Piétro Garavita, Jésuite de beaucoup de r ensuite porté jusqu'à cent le nombre de admises. Dans l'origine les habitants conservatoire allaient en chantant par s ville des cantiques et en recueillant des mônes. Mgr Ascagno Rivaldi leur la en 1660, 50,000 écus. Pour 20,000 écus 1. Pio, près du Colisée, où est à présente acheta le palais et les jardins du cardit divers travaux de soie, de franges, de conservatoire. Le père Paul y introduSA dons, de bas, de gants et de linge. La devint célèbre aussi pour le tissage e de 90 individus. La fabrique est un as teinture des laines. La famille se co beau palais et certainement un des vastes conservatoires de la ville. Les *** nus montent à 5,300 écus, dont 4,512> fournis par le trésor public.

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Hospice de Sainte-Marie-des-Anges. -!· Romé, réunirent les mendiants dans le Français, dans le temps qu'ils occup

lais de Latran et dans le couvent de SainteCroix-en-Jérusalem. Pie VII, ayant été rendu à ses sujets, jugea le lieu peu convenable, et les transfera aux Thermes, dans les anciens greniers à blé. Jusqu'en 1824 l'établissement n'éprouva aucun changement notable; mais Léon XII pensa à en faire une maison d'industrie, et à donner du travail aux pauvres qui en avaient besoin, afin de les arracher à l'oisiveté. I forma un lieu de refuge pour les deux sexes, qui, de l'église la plus voisine, prit le nom de Sainte-Marie-des-Anges. La maison est assez vaste et solidement construite; mais, destinée à serrer le grain, elle n'était point propre à son nouvel usage: depuis, on a corrigé les bâtiments. L'hospice est sous la commission des subsides, et se trouve gouverné par le cardinal-préfet. Le quartier des femmes a un supérieur ecclésiastique pour les choses spirituelles, et, pour les choses temporelles, un député délégué par la commission des subsides, sous le nom de président délégué. Celui des hommes est tout entre les mains des frères de la Doctrine chrétienne. Ils sont seize, et se répartissent les offices comme il suit : directeur, pourvoyeur, assistant au réfectoire, cuisinier, portier, quatre préfets, quatre sous-préfets et trois infirmiers. Les homes montent à 350 individus, partagés en cinq centuries, dont quatre composées des bien portants et une des malades. Les chambres des frères sont placées de manière à ce qu'ils puissent observer le dortoir par un guichet. Les vivres se composent de vingt puces de pain pour les grands, seize pour les petits; trois onces de viande, autant de Soupe et une demi-feuillette ou quart de litre de vin. Les vêtements consistent en un certain nombre de chemises, dont on change tous les jours; de bas, d'une veste de bure et d'un béret de drap de couleur mixte. La centurie des chroniques est une grande charge pour l'hospice; elle monte à cinquante. Les enfants qui, à cause de leur Se, n'ont pas encore été mis en apprentisSoge, ont une école pour apprendre à lire, à écrire et le catéchisme. Il y a dans l'hosJace des ateliers de tailleurs, de lithographes, de teinturiers, de chapeliers et d'ébémistes. Une grande partie travaille pour les fournitures militaires. On fait trois parts du gain des élèves: un tiers à la maison, un ters au travailleur, et un tiers que l'on met en commun et qui se partage ensuite. Le qurtier des femmes, qui compte 550 indiVins, se divise aussi en cinq centuries, Compris celle des chroniques au nombre de Oxante. Leur règle est à peu près la même

e celle des hommes. Chaque sujet coûte 12 baroques par jour, tout compris. Le trésor secourt Thospice dans les dépenses de grandes réparations, et ne l'abandonnera certainement pas jusqu'à ce que l'œuvre soit accomplie. Le système économique de la maison est fort simple: l'administration traite à forfait avec les frères de la doctrine chréenne, qui, pour le prix d'environ 60 cen

times, se chargent de toutes les dépenses d'entretien.

DEUXIÈME PARTIE. MENDICITÉ EN FRANCE.

(Epoque actuelle.)

§ I. Raison de l'interdiction de la mendicité. - I. L'histoire de la mendicité nous dispenserait à la rigueur d'examiner théoriquement les principes de la légitimité de la répression de la mendicité. Le droit de la société résulterait de l'assentiment universel quand il ne s'appuirait pas sur la loi canonique en même temps que sur la législation civile.

Un esprit distingué, M. le baron de Montreuil, définissait un jour le paupérisme l'indigence croissante; le paupérisme est la source d'où coule la mendicité. En mettant une digue à l'indigence par le secours, on a le droit de dire au paupérisme, tu n'iras pas plus loin. Bossuet l'a dit en style du XVII siècle: Pour ôter la mendicité, il faut trouver des remèdes contre l'indigence. (Politique.) C'était reconnaître à la société le droit de la réprimer.

D'où vient l'indigence? La classe laborieuse n'a trouvé dans un travail ingrat que ce qu'il lui fallait pour vivre, au jour le jour; quand ses bras refusent de la servir, elle n'a plus de quoi se nourrir; le serviteur qui à travaillé toute sa vie sous le toit du maître, celui qui n'a jamais eu d'asile à lui, manque d'asile. De là surgit la nécessité de donner asile à certains vieillards. Des infirmités inattendues frappent le travailleur qui n'avait que ses bras pour vivre; de là surgit la nécessité d'ouvrir un refuge à l'infirme.

Des indigents mettent au monde des enfants indigents comme eux; ils abandounent ceux qu'ils ne peuvent nourrir, où ils les exposent à leur naissance sur la voie publique, ou ils les délaissent, jeunes encore, sans moyen de gagner leur vie, ou ils les laissent se corrompre, ou même ils les corrompent, autant de charges imposées à la charité publique.

Partout, dans toute nation, dans toute aggrégation d'hommes, les mêmes causes produiront les mêmes besoins. Dans toute nation les pauvres sont secourus, et ceux qui ne sont pas secourus mendient. Dans toute nation l'assistance a été une partie de l'administration publique. Les pauvres ont constitué une classe dans la masse sociale. Les fonds destinés à la secourir peuvent provenir de deux sources, de l'impôt forcé ou de la bienfaisance. Chez un peuple barbare ou corrompu, le secours aux indigents peut être obligatoire, chez une nation éclairée et généreuse il est un devoir de la conscience, un élan du cœur, une vertu, la charité, la première des vertus.

La mendicité n'est pas seulement la forme de la misère la plus ostensible, elle en est en même temps la plus menaçante pour l'ordre public, pour la fortune, pour la vie même des citoyens. Il s'ensuit qu'aux rai

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