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pot données par la chambre du commerce, les residus de marchandises qui s'y trouvent; enfin, les plus infirmes convertissent en étoupe le vieux cordage. L'obligation du travail est imposée à quiconque est capable d'un labeur petit ou grand. Le rapporteur demande qu'une chapelle soit créée; il croit qu'elle aura d'autant plus de puissance sur les esprits de ceux auxquels elle sera destinée, qu'elle sera plus imposante.

Les recettes ordinaires se sont élevées en 1852, à 52,345 fr. 89 c.; la dépense n'a pas dépassé 46,978 fr. 99 c. Le prix de journée a été de 52 c. 96 millièmes, y compris quelques dépenses extraordinaires. Le chiffre des souscriptions ne dépasse pas 26,973 fr. 35 c. L'allocation du conseil municipal est de 12,000 fr. Le produit du travail figure en recette pour 3,182 fr. 69 c.

Les frais d'administration entrent dans la dépense, pour 7,297 fr. 61 c. Le directeur est payé 2,400 fr.; l'aumônier 600 (on a vu que son traitement est porté aujourd'hui à 1,200); chirurgien, 400 fr.; 1" commis, 1,200 fr.; 2, 800 fr. 17 employés sur 19 sont des pauvres du dépôt. La répression de la mendicité proprement dite coûte un inspecteur à 1,000 fr., et pour l'arrestation des mendiants, 395 fr. 06 c.; en tout, 1,393 fr. 66 c. Les frais pour recueillir les souscripLions et opérer les recouvrements, consistent dans la rétribution de 2 collecteurs à 900 fr. chacun, et d'un employé adjoint qui reçoit 70 fr. Le régime alimentaire revient à 19,701 fr. 23 c. Les vêtements sont portés à 4,234 fr.; le blanchissage, à 2,364 fr.; le chauffage et l'éclairage, 1,442 fr. 62 c.; la literie, à 2,999 fr. 65 c.; la pharmacie, à 141 fr. 30 c.; la dépense d'entretien des bâtiments, à 2,996 fr. 70 c. Les lits disposés tête à tête se composent de traverses en planches, d'une forte paillasse, d'un mince matelas en laine et de deux petits draps. Le prix de la couchette est de 22 fr.; celui de la paillasse de 12; du matelas, de 22 fr.; du traversin, de 16 fr.; de la couverture qui est très-belle, de 22 fr. Total, 94 fr.

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Frais d'administration, f. 8 c. 227 - Répression de la men

dicité

- Frais pour rechercher

les souscriptions et opérer les recouvre

ments, Subsistances,

-Vêtements,

- Blanchissage, Chauffage et éclairage, - Literie,

Pharmacie,

Entret. des bâtiments, - Dépenses diverses, Dépenses extraordinaires ou imprévues, 15. -Chapelle, secours religieux,

Total du prix de la journée,

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1

573

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224217

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52

108 210

774 665

L'ordonnateur de 1855 nous a donné un prix de journée de 65 c. Nous avons dit que le nombre des mendiants du dépôt ne dépassait pas au mois de juin 1855, 250 individus, chiffre correspondant à une popula tion de 120,000 âmes. Dans le nombre de 250, il entre 1/4 de condamnés. Les valides des deux sexes sont en nombre égal, mais dans la population totale, les femmes l'emportent: hommes 98, femmes 116. Nous ne devons pas omettre de dire qu'on ne reçoit pas d'enfants. Ils sont envoyés dans les pénitenciers ou aux écoles de mousses. Übe quinzaine d'individus restent au dépôt en permanence. Leur place serait à l'hospice. On y entre 1 par suite de condannation; 2° par mesure de simple police; 3° sur sa deinande; 4 sur la sollicitation d'un tiers. Les étrangers n'y sont point admis. Le tribunal attribue à l'établissement le caractère d'un dépôt. Le mendiant qui est renvoyé après l'expiration de sa peine, y demeure jusqu'à ce qu'il ait justifié de moyens d'ex s tence à sa sortie, ou de travaux à l'aide des quels il pourra subsister. Quelquefois, l'indigent après avoir essayé de suffire à ses besoins par le travail, reconnait son impuissance et revient au dépôt. Il y rentre aussi un assez grand nombre de récidivistes.

Nous sommes entré dans beaucoup de détails, parce qu'une étude faite dans une ville comme Bordeaux, est plus instructive qu'une autre, mais n'oublions pas qu'un dépôt de mendicité, dans l'esprit de la loi, est une institution départementale, et non pas simplement communale. L'extinction de la mendicité, restreinte à une ville, n'est qu'une entreprise incomplète. Elle doit re sulter d'une mesure d'ensemble, mise en vi gueur dans un département tout entier. At point de vue économique, nous considérons le dépôt de mendicité de Bordeaux comme un établissement de luxe, eu égard à sa destination. C'est une maison de charité, et non un dépôt où le caractère d'intimidation doit dominer. La ville est entrée dans une vole où l'on aurait tort de la suivre, bien qu'il y ait beaucoup à prendre dans sa fonda

tion.

Lot-et-Garonne. Le préfet de Lot-etGaronne entreprend, en 1819, de réprimer la mendicité. Nous analysous son arrêté du 8 juin). La mendicité est interdite. Il est établi un dépôt dans l'hospice d'Agen. La commission de l'hospice consent, woven nant un prix de journée, à prendre à sa charge les mendiants et les vagabonds drie nus administrativement. Toute personne qui 626 sera trouvée mendiant dans les rues, surla 382 voie publique, et à la porte des maisons, 159 sera arrêtée par la gendarmerie et condul devant le maire de la commune. Ce magis trat décidera, s'il y a lieu de renvoyer le mendiant devant le procureur imperial. Tout mendiant qui ne justitie pas de 6 mod de résidence dans le département, est leðu d'en sortir; quinzaine après I ordre qui lui été donné, il est conduit par la gendarmer

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475

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260

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devant le préfet du département où il est né on de celui où il avait son dernier domicile. S'il est étranger à la France, il sera conduit jusqu'à la frontière, ou renvoyé avec un passe-port et secours de route. Les agents de la force publique dresseront procès-verbal des motifs qui auront provoqué l'arrestation. Les mendiants condamnés resteront dans le dépôt, à l'expiration de leur peine, le temps prescrit par le tribunal. Tout mendiant ou vagabond interné dans le dépôt est assujetti au travail et soumis aux règles de la maison. Il y a un quartier distinct pour chaque sexe. Les enfants sont placés dans un local spécial el appliqués à des travaux proportionnés à leur âge et à leurs forces. Il sera tenu un registre d'entrée et de sortie des mendiants. Ji mentionnera les condamnations qu'ils auraient pu encourir. Le prix de journée est fixé à 50 c.

Nous lisons dans une circulaire du préfet de Lot-et-Garonne, du 12 février 1851':

Les essais tentés dans les quatre chefslieux d'arrondissement et surtout dans la commune d'Agen, pour l'extinction de la mendicité, ont donné des résultats trop avantageux pour que l'administration départementale ne soit pas encouragée à poursuivre l'organisation complète d'une œuvre si utile, si propre à porter un peu de bienêtre aux classes indigentes. »

Le préfet propose de porter au budget départemental un crédit de 5,000 fr. destiles à être distribués, en subvention, aux bureaux de bienfaisance des communes qui auront réuni, par des dons volontaires, des ressources suffisantes pour entretenir leurs puvres. Le préfet est convaincu qu'on excle les communes par l'appât des subvenLons, et il compare la modicité du vote déartemental à l'importance du résultat obte

Le rapporteur du conseil général, qui conclut à l'allocation, fait remarquer, que pour parvenir à l'extinction de la mendicité

faut que chaque commune nourrisse ses Janvres au moins en grande partie. Le rapForteur entend que la commune y arrivera jar le concours de la charité publique, privee et religieuse. Par charité publique, elle.ême, il faut entendre un ensemble de fores dans lesquelles entrent le présent et le passé, la subvention de la commune et les ibéralités des riches, car la recette des bu-aux de bienfaisance comme celle des hosces, qu'on appelle la charité publique, se 1rme de tous ces éléments.

Le préfet demande aux maires de lui faire. parvenir une liste de 7 personnes, en la tête de laquelle sera placée le curé ou le minisBre protestant. Ces sept personnes se formerat en comité pour l'extinction de la men

até, œuvre, dit le préfet, qui a non-seuemment pour but de réprimer la mendicité sagabonde, mais encore de distribuer à tous es vrais pauvres des secours proportionnés leurs besoins. On comprend déjà l'esprit de

mesure. Au curé s'adjoindront deux bres du conseil municipal. Dans le ee comité seront compris deux memDICTIONN. D'ECONOVIE CHARITABLE. IV.

bres du bureau de bienfaisance; là où il n'y aura pas de bureau, le maire choisira quatre personnes de la commune, dont il enverra les noms au préfet. Les comités dresseront la liste des pauvres. Ils verront et entendront ceux-ci à domicile, afin de constater leur situation. Cela fait, les membres du comité provoqueront les souscriptions des habitants. Si de la comparaison des besoins et des ressources, il résulte que certaines communes n'ont pas de quoi assister leurs pauvres, l'allocation départementale y suppléera. Il s'agit, dit le préfet en concluant, de porter des consolations à l'infortune, et d'arrêter les progrès d'un mal que la société déplore, mais qui ne saurait disparaître que sous les efforts communs de tous les bons citoyens. On voit dans quel esprit la répression de la mendicité est poursuivie de nos jours. C'est au profit du pauvre, c'est au nom de la charité, et non de la force qu'elle a lieu.

Par une circulaire du 14 juillet, le préfet constate que la presque totalité des communes, toutes celles du moins qui ont des pauvres à secourir, possèdent des comités. Cette phrase doit fixer l'attention. Il y a des communes rurales où les fermiers riches font leur affaire du soulagement des quelques pauvres du pays, tantôt en leur donnant du travail, tantôt en leur donnant du pain et un gîte; là il n'y a besoin de rien. fonder. Le préfet, dans sa nouvelle circulaire, déclaré que les efforts de la commune sont la condition de la subvention départementale. Il insiste sur l'importance qu'il y a à n'accorder jamais de secours au vagabond hors de la commune. L'accroissement des brigades de gendarmerie sera, dit le préfet, un moyen de ne laisser échapper aucun mendiant. Un arrêté joint à la circulaire, explique que la liste des pauvres contiendra: 1 les infirmes; 2° les vieillards et les enfants incapables de travail; 3° les familles ou individus ayant accidentellement besoin de secours pour cause de maladie ou chômage de travail; 4° les familles ou les individus qui ont quelques ressources, mais insuffisantes, et qui n'ont besoin que d'étre aidés. Les comités signaleront les pauvres à qui il est dû une pension alimentaire par leurs familles.

Le nouveau préfet marche dans la voie de son prédécesseur. On voit par sa circulaire du 12 décembre 1852, qu'il n'a été engagé de sérieux combats contre la misère que dans 30 communes, mais on est porté à croire d'après le langage de la circulaire, qu'il y a peu à faire dans le département, en dehors de ces 30 communes. Cela donne la mesure de ce que nécessite la répression de la mendicité, réduite à ses véritables termes et dans son sens vrai. L'allocation départementale devait se partager entre ces 30 communes. Le nouveau préfet formule en ces mots son opinion sur l'extinction de la mendicité : moraliser par le travail et améliorer la posi tion des classes indigentes. On voit que c'est toujours au nom de la charité que parle l'ad

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DITIONNAIRE
ministration, et que la répression a lieu au
profit des mendiants.

Nous voyons en dernier lieu, par une cir-
culaire du 27 septembre 1853, que les me-
sures pour l'extinction de la mendicité,
couronnées du succès dans les chefs-lieux
d'arrondissements, ont réussi également
dans les chefs-lieux de cantons, et que
beaucoup de municipalités rurales ont pu,
sans de grands efforts, réaliser ce qui leur
avait d'abord paru impraticable. Ce succès,
dit le préfet, ne permet plus de douter de la
possibilité d'atteindre le but partout où l'on
voudra sérieusement lutter contre des diffi-
cultés qui, je ne crains pas de le dire, parce
que l'expérience m'y autorise, affirme le
magistrat, sont plus apparentes que réelles.
Ce que vous entrevoyez dans le lointain,
ajoute le préfet, comme devant stériliser vo-
tre zèle, n'est qu'un fantôme que vous ver-
rez s'amoindrir et disparaître à mesure que
vous avancerez. Il est impossible de parler
avec plus de conviction, et cette conviction
a chez le fonctionnaire l'expérience des
hommes et des choses pour base.

Nous nous sommes mis en rapport avec lui, nous lui avons objecté que le traité passé avec la commission administrative de l'hospice d'Agen, pour l'admission des mendiants dans un quartier de cet hospice, les aurait dispensés de la création d'un dépôt de mendicité. Le préfet en est tombé d'accord. II comprend l'interdiction de la mendicité comme nous. Il faut créer pour le mendiant qui manque d'état, ou d'habitude du travail, un atelier industriel ou agricole ; or un hospice ne saurait être cet atelier. A l'égard du mendiant à qui on donné l'instrument du travail, et qui n'en veut pas faire usage, il n'y a plus qu'un remède à employer, celui de la transportation.

Le quartier du dépôt qu'on a créé à l'hospice d'Agen, ne saurait être le lieu de renfermement dans lequel il faut séquestrer les mendiants; ceux qu'on y introduit n'y veulent pas demeurer. Le mendiant conduit dans un dépôt, n'est pas maître d'en sortir comme d'un hospice. Il faut qu'il y reste jusqu'à ce que l'on juge à propos de lui en ouvrir les portes. Les mendiants qu'on rencontre aujourd'hui dans le département de Lot-et-Garonne, sont des maraudeurs qui vont errant de bourg en bourg; presque tous, ils sont étrangers soit à la France, soit au département. On trouve parmi eux surtout des Espagnols. Ils s'en faut qu'ils soient dignes de quelque intérêt; ils volent les fruits dans les champs, les raisins, par exemple, et les pommes de terre. De pareils individus doivent être arrêtés sans pitié. Le préfet ne porte pas le nombre des mendiants actuels à plus d'un par commune, mais les calculs de l'inspecteur départemental sont beaucoup moins satisfaisants.

Agen compte 800 familles pauvres, donnant 2,000 individus. Il manque d'union entre la charité publique et la charité privée, et même entre le comité d'extinction de la mendicité, dont il a été parlé, et le bureau

MEN

1518 de bienfaisance ou miséricorde. La conft. rence de Saint-Vincent de Paul a été empf1855, par l'opposition qu'y a apportée le cochée de créer une loterie, dans le cours de mité.

teurs et même parmi les membres de la Nous voyons figurer parmi les souscripdicité, l'évêque d'Agen, à côté du premier commission consultative du comité de inenprésident de la cour d'appel, un vicaire général, un chanoine de la cathédrale, et trois curés de la ville, au milieu d'habitants de toutes les professions, ce qui prouve que la mesure de l'extinction de la mendicité est clergé. loin d'être désavouée en principe par le

partement provient surtout de l'oisiveté, les Tarn-et-Garonne. L'indigence dans ce déiravaux de la campagne pouvant suffire à gendre de la mendicité même, comme la tèoccuper tous les bras. La mendicité s'y enl'on considère la diversité et l'abondance des pre se nourrit de sa propre corruption. S sources charitables au chef-lieu, comparées aux misères, on demeure convaincu que la ple qu'il donnerait profiterait bien vite à mendicité pourrait y être éteinte; or l'exem tout le département.

il n'y a qu'à le vouloir, et tout le monde le Pour éteindre la mendicité à Montauban, veut; adiuinistration, catholiques et protes tants. Ces derniers forment du 5 au 6' de la population totale. L'évêque, le clergé, les associations religieuses, la charité privée sur la nécessité et la possibilité de son excomme la charité publique, sont d'accord tinction; tout le monde est prêt à y concosrir. Un premier projet a été conçu en 1852 il a été renouvelé en 1854, aux deux é ques il a avorté, quand tout était prépare pour son exécution; cherchons à en dénèt

causes.

Le paupérisme et la mendicité sont à Montauban une plaie aussi large que hideuse. Le préfet à qui nous nous somines adresse d'abord, évalue le nombre des indigents à 4.500, sur une population de 23 à 24,000 habitants. La statistique que nous a donnée la mairie, des pauvres secourus temporaire 3,028 individus. Celui des mendiants e ment ou toute l'année, donne le chiffre de vagabonds qui assiégent les portes ou se ré pandent dans la ville, s'élève à 508, savoir: 247 hommes, 161 femmes, et 100 enfarts. d'adultes valides. On a laissé la mende Dans cette catégorie figure un grand non s'infiltrer dans les mœurs, à ce point, qu'are jeune fille de douze ans, bien coillee, be chaussée, vêtue comme peut-être l'enfans d'un marchand aisé, est venue nous decat der l'aumône, à la porte même de la prés qui nous témoignions notre surprise. Did ture. Le chef de division de l'assistance à raconta qu'il avait entendu un jeune diant demander à un manœuvre de son la montant péniblement du mortier sur sa ¿ au faite d'une maison en construction, a bien lui rapportait son métier par jour sous, répond le manoeuvre. - Tu es bita

dit le mendiant, de te donner tant de mal Four si peu. Moi, je n'ai qu'un tour à faire dans la ville pour ramasser 15 sous; quand j'ai faim, je trouve partout un morceau de pain, et quand j'ai soif, il y a toujours un Cabaretier pour me donner un verre de viu.

Ainsi s'établit et se propage la mendicité. Elle naît du penchant à la fainéantise et au vagabondage, et s'alimente de la disposition de certaines familles à l'entretenir. Ces famuilles sont à Montauban, tout compte fait, au nombre de 14. Elles font leurs distributions à jour fixe, ordinairement deux fois la semaine. La troupe mendiante s'aligne ou s'accroupit à l'ombre, aux deux côtés de la rue, en attendant la libéralité du maître de la maison, qui tarde longtemps à paraftre, comme les ciients attendaient à Rome le lever de leur patron. Certains distributeurs poussent l'ostentation, jusqu'à faire ranger les bandes mendiantes sur les places, où clies entravent la circulation, afin que les passants ne puissent ignorer qu'ils sont dans le voisinage d'une âme compâtissante. Ces riches mal inspirés sont évidemment les propagateurs et les complices de la mendicité dans la ville.

Les sommes qui se distribuent en aumônes aux portes ne s'élèvent pas à moins de 7,250 fr., non compris de 15 à 1,600 fr., que les 100 enfants reçoivent çà et là. Il n'en faudrait pas tant pour rendre l'extinction de la mendicité complète.

Les œuvres de la charité privée sont plus étendues qu'en aucune ville de France. Nous citerons, outre le bureau de bienfaisance, dont la recette est de plus de 10,000 fr., les œuvres des dames Blanches et des Sœurs de Nevers, la société de Saint-Vincent de Paul cont la recette égale 7,000 fr., 2 crèches, 4 orphelinats, 1 ouvroir et 1 refuge. pour le refuge, SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES, et parmi les œuvres protestantes, la société Presbytérale de bienfaisance, la société des Anis des pauvres. Voy. HOSPITALITÉ.

Voy.

Nous dirons ici, par exception, un mot des deux crèches.

Les pères des enfants placés à la crèche sont des ouvriers gagnant de 1 fr. à 1 fr. 25 jar jour. Dans ces conditions, on comprend qu'ils ne puissent élever que très-difficilement leurs familles. Il est donc bon que la mere travaille, c'est pour cela que la crèche est faite. Mais ce n'est pas pour exercer une industrie quelconque, que la mère vient déposer son enfant aux creches de Montauban, c'est pour ramasser du bois, et sous ce prétexte elle mendie. Ainsi loin de contribuer a éteindre la mendicité, les deux crèches s'en rendront complices, tant qu'on n'aura pas pris pour l'interdiction de la mendicité de décisives mesures.

Nous avons un mot à ajouter, au même point de vue de la mendicité, à propos de l'ouvroir; ici, paralysant les œuvres, là, les Stérilisant tout à fait.

Les jeunes filles quittent l'ouvroir et l'é. Cole en été, sous prétexte de glanage. Les

sœurs le déplorent. Les parents des enfants. sont les premiers à les enlever à l'ouvroic ainsi qu'à l'école, pour les envoyer nonseulement glaner, mais mendier. Il suffit de quelques semaines d'absence pour oublier une partie de ce que l'ouvroir a enseigné, et de plus, pour perdre les habitudes de la discipline et du travail de l'établissement. L'action dissolvante de la famille est telle, que la supérieure est obligée de payer une indemnité aux mères, pour en obtenir le droit de faire faire la première communion à leurs enfants.

Les protestants ont leurs pauvres et leurs œuvres à part. Leurs indigents sont à peu près tous secourus; on ne compte pas dans leurs communions au delà de 5 ou 6 mendiants. Ils n'entendent pas se soustraire à l'obligation de coopérer à l'assistance des pauvres catholiques, et il ne serait pas juste au surplus, qu'ils le voulussent, car ils réunissent les plus grosses fortunes. Nous allons dire quelles sont les difficultés que présente l'extinction de la mendicité à Montauban.

Les protestants aspirant à une grande influence locale, s'en croyant une extérieure, prétendent au premier rôle partout, et veulent le prendre dans l'extinction de la mendicité comme ailleurs. On ne peut s'expliquer autrement l'insuccès des deux tentatives de 1852 et de 1854. Le dernier projet était complétement en voie de réalisation au mois de février 1855.

Ce projet imprimé est revêtu de l'approbation du précédent préfet, M. Levasseur, et ne laisse rien à désirer. Une association s'était formée sous les auspices de ce fonctionnaire. Lui- toême en avait choisi les membres. Elle était composée de 32 associés chargés de recueillir les souscriptions. Aux termes de l'article 6 des statuts, Tassociation était administrée par un conseil de 7 membres, élus tous les ans en assemblée générale des souscripteurs. Le préfet et le maire de Montauban étaient membres de droit et présidents d'honneur.

On se met en quête de souscripteurs, la liste se couvre de signatures, et on arrive au chiffre de 26,000 fr., somme deux fois suffisante pour que le but soit atteint. Catholiques et protestants avaient souscrit, Mgr l'évêque et son clergé figuraient sur la liste. Une seule chose manquait, un lieu de refuge pour les mendiants, afin qu'il fût permis d'arrêter les infracteurs, aux termes de l'article 274 du code pénal. Un traité fut passé avec la commission administrative de l'hospice. Elle s'engageait à recevoir les mendiants sans ressources, et les mendiants condamnés, après l'expiration de leur peine. L'hospice le pouvait avec ses bâtiments, et en cas qu'ils ne suffissent pas, il le pouvait en livrant à l'association un terrain libre, où l'on installera un dépôt de mendicité quand on le voudra. Il serait très-facile en louant des terres dans le voisinage de l'hospice qui touche à la campagne. d'y faire travailler les mendiants à la terre. Les aliénés de l'asilo

MEN
DICTIONNAIRE
fourniraient de leur côté une escouade de
travailleurs, et l'on surveillerait les uns et
les autres en même temps.

Des influences protestantes arrêtèrent la
main de l'ancien préfet, lorsqu'on sollicita
de lui une dernière approbation. D'où ve
nait l'action occulte des protestants? De ce
que c'était un catholique, un magistrat élu
malgré eux, membre du conseil général, qui
avait été la cheville ouvrière du projet. Le
préfet actuel fut placé, sur ces entrefaites, à
la tête du département. I crut devoir pro-
céder à l'extinction de la mendicité dans le
département, par mesure administrative.
Une circulaire fut adressée à cet effet à tous
les maires. Le préfet provoque la création
d'un comité dans toutes les communes. Il
appelle dans ce comité les curés et les pas-
teurs, etc.

Là se rencontra un écueil qui apporta à l'extinction de la mendicité de nouvelles entraves.

L'évêque de Montauban, mécontent d'une part, de l'influence attribuée à la minorité protestante, et blessé de l'autre, de ce que le préfet avait pour ainsi dire enrôlé les curés de son diocèse dans les comités sans son assentiment, manda aux curés de ne participer comme membres actifs aux comités locaux qu'après avoir obtenu sa permission. Il n'y a pas à supposer que l'évêque agit ainsi par opposition systématique à la mesure de l'extinction de la mendicité, car dans sa circulaire, « il déclare approuver l'extinction de la mendicité en principe, engage les curés à adopter ce principe comme lui, et à concourir de leur bourse à la mesure. » Le préfet s'émut de la lettre de l'évêque de Montauban. Il supposa que le prélat portait obstacle à l'assistance publique, pour favoriser des œuvres privées dans lesquelles il lui suppose une action autre que la véritable. Ces œuvres se meuvent chacune dans leur sphère, tout en se concertant dans l'intérêt des classes souffrantes. Ce serait à tort que le préfet prétendrait donner pour base à l'extinction de la mendicité, l'annihilation des œuvres existantes. Avec ces œuvres, avec celles du catholicisme d'une part, du protestantisme de l'autre, avec les éléments matériels et les hommes de bonne volonté et d'intelligence, qui étaient venus se grouper dans la première association, tout est possible, tout est facile, et au contraire, nous regardons comme impossible l'édification des secours sur table rase. L'administration centrale témoigne chaque jour le prix qu'elle attache à la charité privée; elle n'a jamais cessé d'encourager ses œuvres par des subventions.

Castel-Sarrasin. Cette ville nous a fourni un exemple de ce que sont les mendiants dans beaucoup de cas, quand on arrive à décomposer les pauvres de cette catégorie. La classe indigente dénombre 120 familles, soit 300 personnes; ces 300 personnes mendient presque toutes. La preuve que c'est un abus énorme, que parmi les mendiants il y a des valides qui pourraient, en travaillant

1552

MEN toute l'année, suffire à leurs besoins, c'est que dans ce moment (1856), sur les mendian's de profession, moitié, 150 à peu près, attirés par les gros salaires des travaux du chemin de fer, ont renoncé temporairement à leurs habitudes d'oisiveté. La compagnie pave 3 fr. aux hommes et 1 fr. 25 c. à 1 fr. 50 c. tinction de la mendicité, les choses reptenaux femmes. Si rien n'est essayé pour l'exdront leur cours aussitôt que cesseront les travaux actuels. Une des sœurs chargées des secours à domicile nous disait que la mendicité était une voie de perdition. notaminent pour les jeunes filles. Au point de vue des enfants, quel que soit leur sexe, la mendicité n'est pas seulement un malheur, c'est coopérer à son extinction totale, qu'il a fait un désordre. Le maire est si bien disposé à T'offre au préfet d'établir un dépôi qui servirait pour tout le département. Le bureau de bienfaisance et une société de 6,500 fr. Le sous-préfet seconde cette derSaint-Vincent de Pau! réunissent ensemble de l'hospice chargées des distributions du nière société tant qu'il peut. Deur sœurs bureau ajoutent à cette ressource de 3 à 600 fr., au moyen de dons versés dans leurs d'asile sont nourris par elles aux frais de la mains. Les plus pauvres enfants de la salle ville. Elles tiennent registre des mélicaments que la pharmacie de l'hospice fournit aux pauvres et le prix en est remboursé par le bureau de bienfaisance. Cette alliance des fondations est un moyen d'économie notable.

Les mêmes sœurs ont fondé un ouvroir. dans les écoles le désespoir des sœurs. C'est Le glanage est dans les ouvroirs comme la mendicité. On nous assure qu'il n'y a pas une source d'indiscipline et une pente very à Castel-Sarrasin moins de 100 personas qui donnent aux portes, et que les secours serait donc bien facile de trouver dans une en aumônes représentent de 5 à 6,000 fr. Il souscription la somme nécessaire pour subvenir à tous les besoins.

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Nous avons visité dans la ville un batiment vide, abandonné par l'hospice, que l'on pourrait approprier à très-peu de fras pour le département entier. Répétons que à l'établissement d'un dépôt de mendicité nous préférons le dépôt rural.

Moissac. Sur 49 communes dont fatd'assister leurs pauvres; on espère avour rondissement se compose, 20 sont en mesure les autres. L'une d'elles, propose de teret avant la fin de l'année l'adhésion de toutes un impôt proportionnel sur les contribut bles payant plus de 10 fr. de contribution Le sous-préfet hésite à donner un avis i vorable à la proposition de la commune. Ji n'y a pas à hésiter, l'impôt est repousse par la législation; le préfet ne peut Tautorise l'obtiendra pas par décret. pour des dépenses facultatives, et un te

On compte à Moissac 428 familles secos rues, environ 1.000 indigents, sur une po pulation de 10,600 habitants. Le nombre mendiants est de 120. Le bureau de biedr

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