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étables seront souvent nettoyées, les fumiers enlevés. Les latrines ne devront jamais être dans la maison. En recouvrant souvent les matières fécales de poussière absorbante qu'on peut facilement se procurer, on s'oppose aux émanations putrides et on produira en même temps des engrais très-actifs et puissants. 10. On fera autour des habitations des plantations d'arbres qui, en donnant par la suite de l'ombre et de la fraîcheur aux colons, ont encore l'avantage de décomposer les miasmes et de s'opposer à l'action des vents, lorsqu'ils sont disposés en rideaux; les arbres verts conviennent beaucoup dans ce cas.

Des vêtements.

1. Le colon portera un gilet de flanelle sur la peau, ou au moins à l'exemple de l'armée, une ceinture de même étoffe, de manière à garantir le bas-ventre de l'impression du froid sur les organes gastriques. 2. Il devra également porter des chemises de coton et non de toile, ce dernier tissu étant trop facilement conducteur du calorique, ce qui condense trop rapidement la sueur. 3. Les fantalons à larges plis seront en laine pour T'hiver et en étoffe de coton l'été. Ce vêtement doit être large et ne comprimant pas le bas-ventre. 4. Une veste en drap dans la saison des pluies, une courte blouse en Coton le reste de l'année. Tous ces vêtements de couleur claire, autant que possible, les teintes foncées absorbant le calorique et la lumière. Eviter les bretelles et les souspeds. 5. Un chapeau de paille à larges bords et à forme élevée, ou en feutre gris, avec une coiffe légère, et coulisse en dedans, de manière à ce que la forme ne porte pas sur la tête qui serait trop échauffée par son contact immédiat. 6. Le soir, et surtout la nuit, il serait très-utile que l'ouvrier ait un morceau d'étoffe, à l'exemple des Espagnols et des Maltais, pour s'envelopper, eu revenant de ses travaux, de manière à se garantir le corps et les cuisses de l'humidité et du froid, si défavorable dans notre climat, forsqu'on est en transpiration. 7. On ne doit jamais se comprimer le cou avec une cravate; le colon fera bien d'y renoncer ou de n'en porter que de très-flexibles et attachées en sautoir. 8. En général, les coJons feront bien de ne quitter les vêtements de laine que le moins possible; dans le cas où la peau serait trop irritable ou qu'elle fût le siége de la gale bédouine, on pourrait substituer le tricot de coton à la flanelle; les gilets ou les ceintures devront être souvent et soigneusement nettoyés.

De l'alimentation.

1. Les colons, en arrivant en Algérie, ont généralement un surcroît d'appétit, il est Lon de ne pas satisfaire, outre mesure, à cette disposition de l'estomac; ils doivent rendre plutôt à diminuer l'alimentation qu'à J'augmenter; autrement, des diarrhées et des coliques plus ou moins douloureuses peuvent se développer; dans ce cas, les coFons devront de suite diminuer l'alimenta

DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE. IV,

tion et recourir, sans perdre de temps, aux conseils du médecin. 2. La nourriture doit se composer de pain bien cuit et de bonne qualité, de viande associée aux légumes, de poisson, le tout préparé avec soin, mais peu épicé, dans les premiers temps surtout. 3. Les fruits du pays sont salutaires et rafraîchissants, mais il faut qu'ils soient bien mûrs et pris avec modération. → 4. Les figues de Barbarie, prises en petite quantité, ne sont pas nuisibles; mais dans le cas contraire elles constipent et peuvent déterminer des accidents fâcheux. 5. Les personnes dont l'estomac ne fonctionne pas bien, doivent s'abstenir de viande de porc et de lard. 6. L'eau et le vin doivent être la boisson ordinaire des colons. L'eau avec vie par litre, constitue aussi une bonne boisaddition de cinq à six centilitres d'eau-deabuser des limonades, surtout dans la seson et étanche bien la soif. Il ne faut pas conde période d'acclimatation. 7. En gétrop froides, surtout lorsqu'on est en sueur; néral, on ne doit pas prendre de boissons dans cet état, et à plus forte raison lorsqu'elles sont glacées, elles sont susceptibles de donner des coliques et la diarrhée. → 8. Une légère infusion de café noir, tiède, est très-favorable, ainsi que le café maure; ces préparations diminuent les sueurs et relèvent les forces de l'esprit et du corps. → environnent Alger sont pures et à une bon9. Les eaux circulant dans les canaux qui ne température pour l'usage, elles savonlement; en général, il convient de passer les nent assez bien et cuisent les légumes faciles employer comme boisson, pour en enleeaux douteuses à travers un linge avant de ver les sangsues filoformes qu'on y trouve assez souvent. 10. Les colons doivent n'en faire usage que très-modérément. Pens'abstenir de liqueurs fortes, ou du moins dant l'hiver, lorsqu'il fait froid et humide, comme par un temps de brouillard, un petit mais jamais plus; nous le répétons, l'usage verre d'eau-de-vie peut convenir le matin, immodéré de ces boissons peut déterminer des accidents funestes. 11. On doit ici résister à la soif le plus possible; en buvant beaucoup, on transpire d'autant plus, et les forces s'affaiblissent en raison des quantités de boissons ingérées.

Des soins à donner au corps.

1. Les colons doivent entretenir la peau, la figure, les pieds et les mains dans un grand état de propreté, à l'aide de bains presque froids, d'ablutions et de légères frictions, en été, avec un linge mouillé, surtout le matin; dans tous les cas, ils devront attendre que le corps ne soit plus mouillé par la sueur. - 2. Les bains maures peuvent être favorables ainsi que le massage, mais seulement pour les personnes qui no sont pas disposées aux congestions du cerveau. 3. Les colons calmeront les picotements qui se font sentir par les fortes chaleurs, particulièrement la nuit, en passant la peau, mais toujours avec la condition de un linge mouillé sur les parties irritées de

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DICTIONNAIRE

n'être pas en sueur. 4. On calme égale ment les démangeaisons de la gale bédouine par les mêmes moyens et par des bains tiedes, dans lesquels on ajoute du son; mais on ne doit jamais chercher à faire disparaître, par des moyens médicaux, ce genre d'éruption qui, répercuté, pourrait produire des accidents fâcheux, particulièrement sur le tube digestif; on calme rapidement les démangeaisons déterminées par les piqûres des moustiques, en frictionnant la partie avec une goutte ou deux d'ammoniac (alcali volatil). 5. Les bains de mer sont rarement favorables aux nouveaux colons, ils irritent la peau, qui y est déjà très-disposée; après un certain temps d'acclimatation ils peuvent devenir utiles; des bains de ce genre, pris pendant dix à quinze minutes, suffisent; en général, les bains simples ou de mer ne doivent s'administrer que trois ou quatre heures après le repas. En se baignant à la mer, sans précautions, on contracte facilement des coups de soleil qui sont souvent très-dangereux; il faut entrer dans l'eau franchement, en rester couvert, garantir la tête de l'action solaire, et ne pas rester mouillé, ni se rouler sur le sable pour se sécher. Les heures les plus favorables pour les bains de mer sont, le matin, après de lever du soleil et après la disparition du brouillard, et le soir après le coucher de cet astre. - 6. On rencontre assez souvent en se baignant dans la Méditerranée, particulièrement près des rochers, un genre de polype, vulgairement nommé poulpe. Cet aninal, quelquefois assez grand, est muni d'un bon nombre de suçoirs, avec lesquels il s'attache au baigneur, soit aux bras, soit aux membres inférieurs, de manière à gêner assez les mouvements pour produire des accidents. L'apparition du requin n'est pas rare non plus; il convient donc d'user de quelques précautions pour prendre les bains de mer, et de ne pas trop s'éloigner de la côte, surtout lorsqu'on est entièrement isolé.

Du mouvement musculaire et des fonctions intellectuelles.

1. Dans les fortes chaleurs de l'été, qui commencent généralement en mai, et se prolongent jusqu'à la fin de septembre, les colons devront quitter le travail dans la journée, et prendre une heure ou deux de repos. 2. Ils doivent s'abstenir de dormir aux champs, et de se coucher sur la terre humide, particulièrement sur les parties nouvellement défrichées. 3. Les travaux de défrichement ne doivent jamais se faire dans l'été, sous peine de maladies graves et souvent funestes. 4. Dans les chaleurs, il faut éviter de travailler et de voyager la nuit, particulièrement dans les plaines humides où les miasmes se développent dans cette saison de l'année. 5. Pour favoriser autant que possible le sommeil de la nuit, le lit ne doit se composer que d'une paillasse et d'un matelas en crin, si cela est possible. Les couchers trop mous développent trop

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de chaleur et, par suite, une température trop énervante. Les draps de toile sont préférables aux draps de coton. Entourer le lit, 6. Tenir les fenêtres fermées la nuit dans si cela est possible, d'un moustiquaire. jour par toutes les ouvertures exposées au toutes les saisons, aérer beaucoup dans le Nord.-7. Le colon doit se lever avec le jour, prendre un léger repas avant de se mettre à l'ouvrage; un peu de café noir convient mieux que l'eau-de-vie le ruatin; faire un second repas substantiel à 11 heures ou midi, reposer jusqu'à 2 heures, reprendre le travail pour le quitter un peu avant la nuit, souper et se coucher peu de temps après. Les travaux de l'esprit pas plus que les traAfrique, surtout dans les premiers temps vaux physiques ne doivent être exagérés en excitée, soit par l'excès du travail, soit par d'acclimatement; car l'innovation est par trop l'insolation, soit par l'action du vent du désert; il peut en résulter des névralgies, des maux de tête violents, le délire, la manie et influences, on voit aussi le caractère éprou des dispositions au suicide. Par ces diverses ver des changements notables; l'homme lère, acariâtre, intolérant; l'irascible tombe doux et ordinairement paisible devient codans la tristesse, l'abattement et la nostalgie; sant modificateur des systèmes nerveux, et, en un mot, le climat d'Afrique est un puisnière énergique ces divers symptômes, et du moment où l'on voit surgir d'une ma que les moyens médicaux et moraux ont échoué, le retour dans la patrie peut seul, comme dans beaucoup de maladies contrac tées dans le pays, ramener l'individu à son lon, venant du nord de l'Europe surtout, et état primitif et normal. En général, un codestiné à l'agriculture, ne peut travailler jour sans compromettre sa santé, et pour activement plus de huit à neuf heures par qu'on peut exiger de lui. Rien n'énerve, ez l'homme de cabinet, huit heures est tout ce Afrique, comme l'application incessante de la pensée jointe à l'exercice physique. Lar rey, Antonini et Gasté, perdus pour la scien ce et l'humanité, en sont des exemples à jî, de cabinet à 6 heures du matin et le cesserà 10 mais déplorables. En été, commencer le travil jusqu'à 6 heures; profiter de ces quatre hpour le reprendre à 2 heures de l'après-12deux de sommeil et un peu d'exercice; res de loisir pour prendre une heure e coucher après la promenade. L'hiver, nisation étant à cette époque de l'ar travail du cabinet est moins nuisible, Ferabeaucoup moins excitable; s'observer m pendant les jours de siroco qui ne son!;

rares dans cette saison.

Les femmes n'étant pas, comme les emes, occupées généralement aux ruies tra vaux de l'agriculture, sont moins ex que les premiers à contracter des ma a gements de température, des influences 17 par suite de l'insolation, des brusques. lubres et des fatigues physiques. Rete.-" d'ailleurs, dans leur ménage par les sit donner à la famille, rarement lar

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1678 et d'une robe en été, le plus tôt possible; pour l'hiver, une ceinture de flanelle, bas et brassière, un bonnet en tout temps pendant le premier âge, car les maux d'yeux auxquels ils sont sujets, sont dus, le plus souvent, à ce que les enfants ont été exposés, ayant la tête en sueur, à un courant d'air froid. 8. Les bains tièdes conviennent particulièrement aux enfants. Un par semaine en hiver, et un tous les deux jours en été, l'eau tiède au soleil suffit dans cette saison. Il faut avoir soin de laver plusieurs fois par jour, chez les enfants, les parties qui se trouvent en contact avec les urines et les matières fécales, pour éviter l'irritation de la peau et les plis formés par la graisse; l'emploi des poudres sèches (licopodium) est très- utile ici pour s'opposer aux excoriations et aux gerçures du tissu cutané.

l'intempérance, d'un tempérament mixte et sujettes à des évacuations sanguines périodiques, cela explique l'immunité dont elles jouissent en Afrique, ainsi que leur acclimatement plus facile, et la rareté, chez elles, des affections des organes du bas-ventre. Les femmes, tout en observant les règles générales de l'hygiène, ont besoin de moins de précautions que les hommes travailleurs, chez lesquels elles sont d'une absolue nécessité. Chez les enfants en bas âge, et particulièrement chez ceux qui sont encore à la mamelle, on remarque une disposition toute particulière aux maladies du pays, lesquelles revêtent presque toujours le caractère pernicieux, surtout à l'époque de la dentition. Ce fait, qui s'explique, d'une part, par le grand développement de la faculté d'absorption dans l'enfance, laquelle préside à la nutrition, d'un autre côté, par le peu de résistance physiologique qu'oppose à l'intoxication, l'extrême faiblesse des organes des sujets, doit éclairer pour tracer les règles hygiéniques à suivre, afin de garantir, autant qu'il est possible, des êtres qu'enveloppent, pour ainsi dire, de toutes parts, des causes morbides, toujours actives et agissantes, et qui trouvent à exercer leurs funestes influences, avec d'autant plus d'énergie « que, tout acte organique concourant à l'entretien de l'individu, chez les jeunes sujets, c'est l'absorption, et en même temps une porte ouverte aux causes de distraction de l'organisme. » (SEMANAS.)

Précautions relatives aux enfants.

1. Les jeunes enfants nés ou émigrés en Afrique doivent être allaités jusqu'au 18 ou 20 mois, ainsi que cela se pratique en Espagne.-2. Le sevrage n'aura jamais lieu pendant les chaleurs et particulièrement à l'époque de la dentition; car c'est pendant l'été que les enfants deviennent malades, et où ils contractent facilement des fièvres pernicieuses, des convulsions, la diarrhée et la dyssenterie, maladies qui en enlèvent un très-grand nombre en Afrique, souvent par défaut de soins hygiéniques.-3. La diarrhée de la dentition, lorsqu'elle est légère, doit, en général, être respectée; on ne tentera de la faire disparaître que lorsqu'elle produira l'amaigrissement.4. L'éruption des dents, pendant l'été, réclame, de la part de la mère, un redoublement de surveillance. 5. En Afrique, il est presque impossible d'élever les enfants au biberon, d'où il suit que si la mère devient malade et ne peut plus nourrir, il convient de faire allaiter l'enfant par une chèvre, ou mieux encore par une bonne nourrice espagnole u mahonnaise, qu'on devra faire examiner, au préalable, par un médecin ou une sagefemme. — 6. Il faut le moins possible doner à l'enfant d'aliments autres que le lait Je sa mère ou de sa nourrice. - 7. L'usage

maillot sera proscrit en Afrique, il affaifat les enfants par d'abondantes transpiraOn; on les vêtira d'une chemise de coton

XI. L'exploitation des carrières et des mines est un travail auquel pourraient être employés les mendiants. Des dépôts de mendicité pourraient donc être établis avec succès dans leur voisinage. Le travail du marbre, de l'albâtre, du granit, du porphyre et des métaux, offrirait des professions profitables aux indigents industrieux. Les plus rudes travaux seraient attribués à titre de peine aux moins disciplinés. Le nivellement des terrains pour amener le libre écoulement des eaux et l'assainissement de ces terrains est encore un travail à donner aux mendiants. Voy. ATELIERS DE CHARITÉ.

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XII. Nous avons voulu expérimenter par nous-mêmes les difficultés de l'extinction de la mendicité. Notre champ d'expérimentation était circonscrit sur un bien petit théâtre, car il se bornait à une commune rurale de 700 habitants. Mais l'esprit y était mauvais, et on peut dire que les vices y dressaient leurs mille têtes. L'irréligion, le concubinage, la malpropreté y faisaient cause commune avec la misère contre nos efforts. Pour débarrasser la voie publique des enfants en bas âge, qui devenaient plus tard des mendiants, et qui, en attendant, par leur fourmillement y donnaient une sorte de vertige aux hommes de bonne volonté, et faisaient nier la possibilité d'une guérison, nous eûmes à créer une salle d'asile. Un loyer de 120 fr. et une directrice à 15 fr. par mois, suffirent pour poser cette première pierre. Les recettes d'une quête annuelle ne dépassaient pas 500 fr. Sur cette somme, il faudrait prélever 200 fr. pour le traitement de la directrice de la salle d'asile. Un riche habitant se chargeait du loyer. Nous eûmes l'idée de créer un fourneau dans une pièce inutile de la salle d'asile. De nombreuses. protestations s'élevèrent contre ce nouveau dessein. Les fourneaux sont bons, disait-on, dans une grande ville, mais appliqués à une commune qui ne compte pas au delà de 40 familles pauvres, les frais généraux rendront impossible le bon marché. Nous poursuivimes notre dessein. Le fourneau fut créé; et qu'arriva-t-il, que l'on put donner aux fa

milles avec 250 fr. la même assistance qui en avait coûté jusque-là 500 fr. Plusieurs habitants qui refusaient leur argent à la caisse annuelle, apportaient au fourneau des haricots et des pommes de terre. La charité locale fournit gratuitement des bras pour éplucher les légumes, soigner les deux marmites et en faire la distribution. Des familles parisiennes qui viennent passer l'été à la campagne, voyant étalée sous leurs yeux la pénurie des enfants, dans la salle d'asile, éprouvèrent une émotion qui ne serait pas venue les trouver sans cette fondation. On ne peut compatir à des maux qu'on ignore. Les enfants furent habillés et chaussés. Les idées de propreté passèrent de ceux-ci à leurs mères, les idées de religion passèrent par eux aussi à leurs pères. Avec la misère s'en alla la malpropreté, l'irréligion et l'immoralité. Quelques conseils et un peu d'argent mirent fin au concubinage. La mendicité avait perdu sa raison d'être. Nous n'avions plus en face de nous que trois ou quatre enfants mendiants de 6 à 10 ans. Quels étaient ces enfants? Ils appartenaient aux familles les plus secourues, et par cela même qu'ils étaient très-bien accueillis par la charité, ils ne pouvaient se décider à n'y plus recourir par la voie commode et matériellement profitable de la mendicité. Ils continuaient, en un mot, d'exploiter la bienfaisance. Les besoins dont ils se prévalaient étaient des fantômes qui s'évanouissaient devant le moindre examen. Tous disaient qu'ils ne demandaient pas mieux que de cesser de mendier. La mendicité est tellement un vice que personne n'ose s'en avouer coupable. On disait à l'un d'aller à l'école, il objectait qu'il allait travailler à la fabrique. Absent de la fabrique, il prétextait de la nécessité où il était de suivre l'école. Les autres se montraient nus pour avoir des vêtements, et c'était, disaient-ils, faute de vêtements qu'ils ne pouvaient fréquenter l'école. Les vêtements reçus, ils allaient à l'école un jour et cessaient d'y paraître le jour d'après. Le bienfaiteur les retrouvait mendiant, ils objectaient alors qu'ils étaient si ignorants, que le maître d'école ne les voulait pas recevoir. Le bienfaiteur allait interroger le maître d'école, qui repoussait l'accusation portée contre lui. L'enfant allait une semaine à l'école, et était des semaines, puis des mois sans y retourner; mêmes efforts des bienfaiteurs, même résistance du mendiant, qu'il faut lier comme le Protée de Virgile, par les mains de la justice, si l'on ne peut y parvenir par le bienfait. Nous chargeâines le maréchal des logis de Chantilly, de prévenir les parents des enfants qu'on les arrêterait s'ils continuaient de mendier. Cette démarche fut renouvelée jusqu'à trois fois. Elle produisit ses fruits; la mendicité cessa tout à fait. Nouseûmes la conviction personnelle, qu'elle ne résistait pas à la persévérance des moyens employés pour la combattre.

XIII. Dans les localités où la répression. absolue de la mendicité paraît encore impossible, on peut, on doit, en attendant,

régulariser au moins la faculté de mendier, et la restreindre à la commune; mais en tout cas, ne laisser aucun pauvre mendier hors du canton où il a son domicile, où il est bien connu, où il peut être surveillé.

XIV. La mendicité est une issue ouverte à la fainéantise; cette issue il faut la fermer, c'est pour l'ivrognerie et l'inconduite, une ressource qu'il faut leur arracher violemment. On doit la prévenir par l'éducation et l'enseignement professionnel et la réprimer, si ces deux moyens n'y suffisent pas. Parviendra-t-on à la faire disparaître absolument? - Non. Les secours les mieux entendus ne peuvent faire que jamais aucun malheureux ne se trouve réduit à la néces sité de demander accidentellement l'aumône à un voisin, et même à un passant. La prévoyance humaine a des limites infranchissables; mais la répression fera, du moins, qu'aucun individu ne puisse impunément exercer le métier de vagabond ou de mendiant, et c'est là son but réel. Les établis sements destinés à la répression de la mendicité supposent eux-mêmes qu'il y aura toujours des mendiants à y enfermer. La loi demande plus, afin d'obtenir moins: elie avise à l'extinction de la mendicité, pour obtenir la répression des abus auxquels la mendicité sert de manteau, et surtout pour obtenir que tous les pauvres soient assistés le mieux possible; elle vise à l'extirpation de ce fléau, comme la morale vise à l'extir pation du vice; comme la médecine vise à l'extirpation des malades, comme la diplo matie vise à la paix: Amare liceat, optare liceat, sed potiri non licet. (M. MARREAU.)

Voy. ci-dessus § 5, Lot; - ADMINISTRATION, Dijon; - Ateliers de charité, Historiques, années 1545, 1700, 1709 et 1777; BUREAU DE BIENFAISANCE, 1520, Lille et Aube;

CAPITAL ET REVENU DE LA CHARITÉ, t. II, col. 493, 516, 583; — Ibid, n° 49, anders années 1733 et 1750;- CHARITÉ A L'ETRANGER, H pitaux en Belgique, Hollande: — CHARITÉ (Esprit de la), t. 11, col. 1304, 1408, 1388,146, 1447, 1480; CHARITÉ PRIVÉE, Versailles Maison de refuge; Aube, t. 111, col. 150, 151 el suivantes; Seine-et-Oise, col. 145 et 146; Bus Rhinet Côte-d'Or,col.254,263;-CLASSES SOLT FRANTES, chap. 3; Causes de la misère, S laires; Hospitalité, hôpitaux et hospices, XI siècle, Hospices de Riom:Ibid., Hipp taux généraux: Hôpital général de Par passim; Hôpital général de Lille;-CosSEGATIONS, tom. III, col. 1803.

MONTS-DE-PIÉTÉ.

PREMIÈRE PARTIE. -— § 1a. Origine des max”de-piété. L'usure fut la raison d'être des uns de piété. Naissance des monts-de-piété. M de-piété d'Arras au xvi et au vir ges Mont-de-piété gratuit de Montpellier en Fondation. Mont-de-piété de Paris en !777,!” 1779, 1781, 1782, 1790. Epoque républica st § II. Monts-de-piété à l'étranger. Illite. Elats mains. Rome. Florence. Naples. Milan. Pa Piémont. Ile de Sardaigne. Espagne. Par

Angleterre. Belgique. Hollande. Bavière. Francfort. Autriche. Vienne. Prusse. Russie. Chine. DEUXIÈME PARTIE.-MONTS-DE-PIÉTÉ FRANÇAIS, EPOQUE ACTUELLE. - § 1er. Rétablissement de monts-de-piété. Législation. Code pénal. Code civil. Décret de 1852. Organisation administrative. Refonte de la législation des niontsde-piété. Texte de la loi actuelle.-§ II. Nomenclature des monts-de-piété par ordre de date de leur fondation. Situation financière des monts-depiété en 1851. § III. Monographie des montsde-piété. France du centre: Mont-de-piété de Paris. Fonds de roulement. Caisse d'escompte. Engagements par commissionnaires. Renouvellement. Service des magasins. Ventes. Boni. Comptabilité. Succursale. Bureaux auxiliaires. Commissionnaires. Bénéfices et bonis acquis à l'établissement. Chiffre des prêts. Physiologie du mont-de-piété de Paris. Versailles (1850). SaintGermain. France du Nord: Lille. Cambrai. Metz. Arras. Bapaume. Saint-Omer. Calais. Boulogne. France du Sud: Montpellier. Toulouse. Marseille. Aix. Arles. Toulon. Brignolles. France de l'Est: Strasbourg. Dijon. Besançon, Grenoble. § IV. Questions diverses. Question des monts-de-piété gratuits. Question des commissionnaires. Capitalisation. Des excédants de recette. Vente des reconnaissances. Conclusion. PREMIÈRE PARTIE.

§1". Origine des monts-de-piété. — I. Les onts-de-piété viennent d'Italie. Comme le remier hôpital apparut sur les bords du Fibre, le premier mont-de-piété s'éleva par inspiration des âmes pieuses aux classes ouffrantes, non loin de ce mont sacré où se elirait le peuple de Rome antique, obéré e dettes et surexcité par les tribuns. Ce ol de mont-de-piété qu'on dirait ne rien gnifier, met en regard pour en signaler dillérence profonde, deux civilisations, plutôt les deux grandes phases de l'huanité, Rome païenne et Rome chrétienne; peuples païens, n'ayant de ressource ur apaiser leur faim que dans la révolte, et les peuples chrétiens n'ayant besoin pour atteririr les entrailles de leurs frères, ou pour se consoler de leur dureté, qu'à ouvrir l'Evangile. Quand les peuples chrétiens ne soulagent pas leurs frères, ou quand ils recourent à la révolte, ils ne sont chrétiens qoe de nom, ils sont païens.

On n'est pas d'accord sur l'origine du not. En français monter ou faire monte sirait prélever un intérêt. Faire monte de Avonte, c'était prélever l'intérêt de l'intérêt. #emot vient de là selon les uns; selon "autres, de ce que les prêteurs avaient des os d'argent où puisaient les emprunteurs; mot de pietà ou piété explique l'intention. II. L'usure, raison des monts-de-piété. 4. Blaize, ancien directeur des monts

té de Paris, vient de publier, en 1856, and ouvrage sur les monts-de-piété, nous avons beaucoup puisé. (2 volumes - chez Pagnerre.) Il est regrettable e l'auteur, en établissant, comme il le t, que les monts-de-piété sont une émation du christianisme, et que c'est au Pré spécialement que les monts-de-piété rent naissance, ne laisse passer aucune Lasion d'abaisser ce même christianisme

et le clergé en particulier. M. Blaize démontre avec une érudition un peu excessive, que le mal de l'usure a engendré le remède du mont-de-piété. Les Juifs exercent l'usure en Angleterre avec le plus honteux scandale. Ils sont bannis en 1272. Des Italiens de Lombardie et les Caorcins ou Caursins (Caorcini) les remplacent. Qu'estce que les Caorcins? Les uns font dériver leur nom des Corsini, riches marchands de Florence; d'autres de Cadurcum, Cahors. M. Blaize renvoie l'étymologie à Cavour, ville située à trois lieues de Pignerol, qui, avec Asti, Chieri et d'autres villes, se signale par le grand nombre de banquiers qu'elle envoya dans diverses contrées de l'Europe. Des ordonnances de nos rois rangent les Caorcins parmi les usuriers étrangers (entre autres une ordonnance de 1268 et une autre de 1274). Quant aux Lombards, M. Blaize en fait les courtiers des Papes et leurs agents secrets. Les Papes les protégent, d'où la conséquence pour l'auteur qu'ils sont les complices et presque les instigateurs de l'usure.

Les Juifs, chassés de France en 1181, avaient racheté leur retour en 1198. Une or

donnance de Philippe-Auguste, de 1218, leur défend de prendre en gage les ornements de l'église, les fers de charrue, etc. L'intérêt légal est fixé à 46 p. 100. Un arrêt de Rouen, en 1231, et une ordonnance de 1260, prouvent que l'usure continuait ses ravages et rompait toutes les digues. Louis IX fait arrêter tous les Juifs en 1268, mais le besoin qu'on avait d'eux les fit rendre à la liberté. A côté des insinuations contre la cour de Rome, marchent les faits patents de la protection de l'Eglise envers les pauvres emprunteurs. Le concile d'Albi, en 1256, défend aux tribunaux de juger les procès relatifs aux créances des Juifs. Le concile de Béziers, en 1271, prohibe, sous peine d'excommunication, toute relation pécuniaire avec les Israélites. Pour ne pas faire trop belle ici la part du catholicisme, M. Blaize appelle Rome le Paradis des Juifs. Si Rome les avait persécutés, les adversaires de la papauté l'auraient taxée d'intolérance.

En 1272, on trouve les Lombards à Guingamp, Quimper, Quimperlé et Nantes, en 1273, à Dinan. Cette même année il est fait mention des Caorcins de Rennes. En 1278. on les attire à Montpellier. En 1290, Paris est ému par le récit d'un sacrilége dont la tradition se conserve longtemps dans le peuple. Une femme avait mis son vêtement en gage pour 30 sous chez un Juif nommé Jonathas. Elle les lui demande pour le jour de Pâques. Le Juif lui répond que si elle consent à lui apporter le pain de l'Eucharistie, il lui rendra son gage sans argent. La femme y consent; elle porte l'hostie au Juif qui la perce à coups de canif; le sang en coule en abondance. Le Juif prend un clou et l'enfonce avec un marteau dans le pain sacré qu'il jette ensuite au feu. L'hos tie voltige au dessus des flammes. I la plonge dans une chaudière bouillante

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