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V. Une dernière statistique insérée, dans un mémoire lu à l'Académie des sciences par M. le docteur A. Blanchet, le 20 septembre 1856, porte à 6,000 le nombre des sourdsuuets français, de 5 à 12 ans, susceptibles de recevoir l'enseignement. Le tiers environ en obtiennent aujourd'hui le bienfait. On verra plus loin comment le même docteur Blanchet a entrepris, à partir de 1842 et surtout de 1849, de généraliser un bienfait jusqu'à présent si restreint.

Les trois quarts des institutions françaises sont dirigées par des ecclésiastiques ou des communautés religieuses. Les élèves admis dans les institutions des sourds-muets sont presque tous des boursiers à la charge de l'Etat, des départements et des communes.

Les budgets des deux institutions nationales de Paris et de Bordeaux s'élèvent ensemble à 255,503 francs. Les subventions annuelles, allouées sous diverses formes par l'Etat et les conseils généraux aux écoles spéciales, s'élèvent à la somme de 450,000 francs.

IV. Causes générales du surdo-mutisme. 1. La première question qui se prése te est celle de savoir quelles sont les causes de cette cruelle infirmité. Jusqu'ici la médecine a été impuissante à les déterminer. Les recherches multipliées faites en Europe sur la surdité n'ont pas encore conduit à des résultats bien positifs; si elle n'est pas héréditaire, on est forcément porté à croire que la constitution des parents n'y est pas étrangère, el que souvent les enfants puisent dans le sein de leur mère le germe vicieux qui détruit chez eux le sens de l'ouïe, et par Suite celui de la parole.

Sous ce rapport, la statistique a déjà jeté de vives lumières. En Belgique, les classes pauvres contiennent plus de sourds-muets que la classe aisée. En Angleterre, les comlés orientaux, couverts de marécages et hérissés de forêts, renferment beaucoup plus de sourds-muets que les contrées dont le sol est sec et élevé. Dans le Danemark, les provinces les plus salubres, comme l'ile Bornholm, présentent le rapport le plus dé

favorable on y compte un sourd-muet sur 1,100 habitants; et les provinces les plus insalubres, conime les iles Laaland et Falster, offrent le rapport le plus favorable on n'y rencontre qu'un sourd-muet sur 2,600 habitants. En Suisse, le canton de Berne, déchiré en tous sens par de profonds précipices et de hautes montagnes, est celui de tous les cantons qui renferme le plus de sourds-muets. Dans la Prusse, les provinces où l'instruction est le plus répandue, et qui jouissent à un plus haut degré des commodités de la vie, présentent un moindre nombre de sourds-muets que celles où la civilisation est moins avancée. En Amérique, les provinces du nord des Etats-Unis offrent plus de sourds-mucts noirs que de sourds-muets blancs; mais en revanche les provinces du Sud contiennent plus de sourdsmuets blancs que de sourds-muets noirs.

Il résulte donc d'une masse de documents assez considérables que la statistique supplée ici la médecine, et qu'il convient de ranger les propriétés du sol, la température des zones, les conditions d'hygiène, les influences physiques, les dispositions morales, et le degré de civilisation parmi les causes plus ou moins prochaines du surdomutisme. Cette opinion a rencontré, au surplus, de puissants contradicteurs. On a catalogué longtemps le surdo-mutisme parmi ces maladies éventuelles qui sont purement le résultat du hasard ou du tempérament et que rien ne peut prévenir. Il faut cependant tenir compte à la science des faits nouvellement acquis. Ils soulèvent un coin de voile qui nous dérobe depuis si longtemps les principes générateurs de cette lèpre sociale. Si telle province de France produit en moyenne 1 sourd-muet sur 700 habitants; si d'autres régions n'offrent qu'un seul de ces malheureux sur 2,000 habitants; si, entre ces deux extrêmes, on voit de nombreux départements produire 1 sourd-muet par 800, 900, 1.000, 1,100, 1,200, 1,300, 1,400, 1,500, 1,600, 1,700 et même 2,000 habitants, selon que ces départements sont au nord ou au midi, dans la plaine ou sur la montagne, salubres ou insalubres, manufacturiers ou agricoles, civilisés ou en retard, de mœurs plus austères ou de moeurs plus faciles, etc., il est de toute évidence que, dès lors, cette étude statistique révèle un secret, et qu'elle fournit à l'administration des lumières susceptibles de lui faire atténuer, sinon guérir cette plaie de l'humanité.

DICTIONNAIRE D'ECONOMIE CHARITABLE. IV.

Le département de l'Aisne renferme à lui seul 500 sourds-muets, c'est-à-dire, en moyenne, 1 sourd-muet sur 1,250 habitants. Les départements qui l'avoisinent à l'est et au midi en renferment beaucoup moins, et ceux qui l'entourent au nord et à l'ouest, beaucoup plus. Les environs de Versailles et tout le département de Seine-et-Oise, qui environne la capitale comme une ceinture, et où réside une population d'élite, renferment peu de sourds-muets; on n'en rencontre qu'un par 1,600 habitants. La Marne, pays vinicole, n'offre qu'un sourd-muet par

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1,560 habitants, et, chose remarquable, le canton d'Ay n'en compte qu'un seul sur 14,234 habitants; de sorte que l'on peut dire avec le poëte:

Le vin au plus muet fournissant des paroles, etc.

Au contraire, les sourds-mucts deviennent excessivement nombreux dans l'Oise et surtout dans la Somme, contrée industrielle et manufacturière, qui présente un sourdmuet par 970 habitants, soit, pour ce département, 570, chiffre porté au recensement ministériel de 1851. Est-ce purement le résultat du hasard ? Alors il n'y a pas de remède, et cette effrayante anomalie de la procréation qui revêt çà et là un caractère congénial et héréditaire, doit être laissée à elleinême; elle doit suivre son développement. S'il faut rejeter ce sentiment, alors cet écart de la nature sera le résultat de la tempéra ture du climat, de l'élévation, de la dépression on du relief du sol, des conditions hygiéniques de la vie, des positions de fortune, de la bonté des aliments, du travail industriel des populations, etc. Car les observations de l'expérience et l'état actuel de la science ne permettent pas de méconnaître la part active et fatale de toutes ces causes à la fois dans la production des sourds-muets chez tous les peuples. Il y a plus la condition sociale des peuples est encore une des causes agissantes L'Amérique nous offre à cet égard un contraste éloquent la population blanche offre un sourd

net sur 1,569 habitants, et la population de couleur (les esclaves nègres) offre le rapport effrayant d'un sourd-muet par 60 habitants, et même, dans l'un des Etats de Union, un par 47 habitants. (Ann. des S.-M., tom. III, p. 316.) Dans la Toscane, la surdité frappe la société dans l'ordre et le degré suivants Les indigents, 564; les capitalistes, 85; les manufacturiers, 33; les salariés, 11; les commerçants, 4; et, quant à l'âge, on a compté, de 10 à 20 ans, 203 sourds-muets; de 20 à 30 ans, 154 sourds-muets; de 30 à 40, 132; de 1 à 10 ans, 83. (Ann. des S.- M tom. III, p. 316.)

:

II. Comme études préliminaires, nous allons essayer, d'après les données récentes de la statistique, d'indiquer la marche systématique que paraît avoir adoptée chez nous ce fléau permanent.

Les plateaux accidentés qui bornent au nord, au sud et à l'est le territoire de l'empire tout autour des frontières, et les landes incultes qui s'étendent à l'ouest au bord de l'Océan, produisent le plus de sourds-muets; il y a là, en moyenne, un sourd-muet sur 800 habitants. Au contraire, la belle plaine qui occupe le centre de l'empire produit inoins de sourds-muets; on n'y compte, en moyenne, qu'un sourd-muet sur 1,600 habitants. Ainsi les hautes cimes des Alpes, la chaîne des Pyrénées, les précipices du Jura, le flanc des Cévennes, le sol volcanisé du Puy-de-Dôme, le rocher de la Corse, les régions heurtées de la Lozère et du Cantal, comprennent les provinces les plus affligées

du surdo mutisme: il y a là trente départements qui renferment un sour-muet par 600, par 700, par 800, par 900 habitants; tandis que dans ces florissantes campagnes de l'intérieur de la France, qui s'étendent par un plan incliné du versant occidental des Alpes, du Jura et des Vosges jusqu'à l'Atlantique, la population sourde-muette est beaucoup moindre plus de quarante départements ne contiennent-là qu'un sourd muet sur 1,300, sur 1,400, sur 1,500, sur 1.600 sur 1,700 et même sur 2,000 habitants.

Prenez la carte de France, suivez à l'est cette barrière continue qui s'allonge depuis les Ardennes et l'Argonne jusqu'aux Vosges, et qui descend des Vosges au Jura, du Jura aux Alpes, des Alpes aux Cévennes, des Cévennes aux Pyrénées, en côtoyant l'Etat de Bade, la Suisse, la Sardaigne, la Médi terranée et l'Espagne; là se trouvent dans la Lorraine, l'Alsace, la Franche-Comté, la Bresse, le Bugey, le Dauphiné, le Forez, la Limagne, le Velais, le Gévaudan, le Vivarais, le Rouergue, le Roussillon, le Bigorre, le Béarn, la Gascogne, des populations agrestes qui habitent depuis des siècles à Fombre de leurs forêts, sur les flancs escarpés de leurs montagnes, près de la lisière sauvage de leurs étangs marécageux. On conçoit que la surdité congéniale ou accidenielle, suivie du mutisme, se multiplie sur un tel sol dans une proportion bien plus forte que parmi ces populations heureuses, répandues dans les salubres et riches cam pagnes du Berri, de la Touraine et de l'Hede-France.

:

Lorsque vous étudiez dans toutes ses applications cette loi générale de l'hygiène topographique, vous êtes surpris de la voir se confirmer là où vous pensiez rencontrer une exception à la règle. Ainsi, par exemple, la Provence et le Languedoc, qui séparent les Alpes des Cévennes, sembleraient devoir naturellement produire autant de sourds. muets que le voisinage des montagnes; eh bien! non la Provence et le Languedoc sont des contrées à surface plane, d'une belle et riche culture; par conséquent elles de vent obéir à la foi générale et renfermer moins d'infortunés et, de fait, il en est ainsi. Il est tout à fait remarquable que e Var, l'Hérault, les Bouches-du-Rhône. l'Aube, la Charente-Inférieure et les depa tements arrosés par la Garonne ne renter ment qu'un seul sourd-muet par 1,500 b bitants. Et que l'on se garde bien de crore que cette observation ne puisse s'applique qu'aux plaines méridionales de la France: elle s'applique encore, comme nous l'av dit, au niveau central du pays, aux pies maritimes de la Bretagne, aux dépressions de la Normandie, aux plaines de craie de a Champague, aux collines de la Bourg et aux populations riveraines des g fleuves qui coulent à l'intérieur; pour le centre, l'Indre, le Cher, Lovred Cher, la Nièvre, Eure-et-Loir, la D gne, le Gers: pour les bords de la mer.

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la Charente-Inférieure, la Vendée, le Morbihan; en Normandie; la Manche, le Calvados; dans la Champagne; l'Aube et la Marne;-dans la Bourgogne; la Côte-d'Or;à l'intérieur; le climat salubre des bords du Rhône, de la Gironde, de la Saône, de la Charente, de la Seine et de la Loire, tous ces départements ne présentent en moyenne qu'un sourd-muet par 1,500 habi

tants.'

Nous avons dit qu'il n'en était pas de même des départements couverts d'épaisses et vieilles forêts, hérissés de montagnes, déchirés par les volcans, inondés par les eaux des étangs, empestés par les exhalaisons des marécages. En effet, quels sont en France les départements les plus frappés du surdomutisme? C'est, en première ligne, la Corse et le Haut-Rhin, qui présentent un sourdmuet par 600 habitants. On voit paraître ensuite trois départements situés sur les Alpes, les Vosges et les Pyrénées, qui renferinent chacun un sourd-muet par 700 habitants. En suivant la gradation, nous rencontrerons parmi les départements qui ont un sourd-niuet sur 800 habitants : l'Isère, resserré au pied du Jura, entre les Cévennes et les Alpes; puis la Lozère et le Puy-deDome, étendus sur la roupe des montagnes de l'Auvergne; enfin l'Ariége, qui n'est qu'un escarpement des Pyrénées centrales. Les départements qui viennent à la suite des précédents sont soumis aux mêmes conditions de climat, de température, d'hygiène et de topographie; c'est le Gard, situé au pied des Cévennes et produisant un sourd-Duet par 910 habitants; le Cantal, couvert de peuplades jetées sur le sol granitique de la Haute-Auvergne, et comptant un sourd-muet par 917 habitants; les Basses-Alpes, ombragées par le Mont-Viso et le col de l'Argentière, et éternellement exposées à l'insalubrité de vents froids et humides, produisant un sourd-muet par 927 habitants; les Pyré nées-Orientales, dominées par les hautes Cues du col de la Perche, du col d'Arrès et du col du Pertuis, offrant un sourd-muet par 928 habitants; ce sont enfin les Landes et le Jura, évidemment soumis par la nature du sol et le caractère topographique aux innes vicissitudes morbides, et donnant un Sourd-muet par 947 et 976 habitants. Nous ne formulons pas ici un système; nous plaçons en relief les données qui découlent de calculs exacts et à la portée de tous, et nous espérons que la cause du mal étant mieux connue, les remèdes seront plus efficaces. M. l'abbé DARRAS.)

§ V. Situation des écoles de sourds-muets t methodes d'enseignement. - 1. (1844.) En 1. (1844.) En 1844, une pétition collective est adressée aux deux chambres par l'élite des sourds-muets rançais, de toutes professions, anciens élères des diverses écoles du royaume et memres de la société centrale des sourds-muets le Paris. Elle tend à demander, d'une part, qu'une nouvelle disposition de la loi, faiant disparaître au plus tôt la honteuse ad

jonction des sourds-muels aux idiots et aux aliénés dans le budget de l'Etat, transfère leur enseignement au ministère de l'instruction publique; de l'autre, que le nombre des institutions qui leur sont consacrées s'accroisse en raison des besoins intellectuels des neuf dixièmes de cette classe exceptionnelle, si injustement exclue du bénéfice de la loi, laquelle veut que tout enfant parlant ou sourd-muet soit admis à recevoir l'éducation nationale. Les pétitionnaires fondent tout l'espoir de la prompte réalisation de leurs vœux sur la sollicitude du corps législatif, puissamment aidée par les sympathies du public et l'assistance loyale de la presse.

II. (1852.) Un ancien directeur des sourdsmuets de Bordeaux a examiné récemment les conditions d'existence des institutions dont l'abbé de l'Epée posa les premiers fondements. Il recherche les causes de la prospérité des unes, de la décadence des autres. Il étudie les vices de constitution qu'elles présentent, la nature et l'étendue de leurs ressources; il classe ces établissements par groupes et familles, suivant le caractère des méthodes qu'ils ont adoptées; fait connaître le degré d'importance qu'on y accorde à l'instruction professionnelle, les conséquences qui résultent de la liberté illimitée dont ils jouissent, et enfin jusqu'à quel point ils se rapprochent du but qui leur est prescrit.

Indépendamment des deux grands établissements subventionnés par l'Etat, à Paris existe actuellement en France 48 instituet à Bordeaux, et de 6 écoles privées, il tions, désignées sous le nom d'Institutions départementales, non que les départements les aient fondées et en règlent les budgets, mais parce qu'ils y entretiennent un certain nombre d'élèves. Quelques départements, bâtiments qu'elles occupent. Le Doubs et entre autres le Cantal, leur fournissent les 'Isère assurent à l'instituteur un modeste traitement. Le Nori, le Rhône, la HauteGaronne, la Meurthe, la Haute-Loire, ont établi près des écoles de Lille, Lyon, Tousurveillance, et cela à raison même de l'imlouse, Nancy, le Puy, des commissions de portance des sommes qu'ils affectent au service de ces établissements. Plusieurs villes défrayent de leur loyer les institutions qu'elles possèdent,

Laval, annexées à des hospices, ont une Les écoles de Caen, d'Alby, de Nantes, de existence mieux assurée; elles profitent des dons et legs faits aux établissements dont elles dépendent. La première, celle de Caen, est actuellement si bien dotée, que le Calvados n'a plus besoin de s'imposer de sacrifices pour les sourds-muets de sa circonscription. Aucun des établissements improprement désignés sous le nom d'Institutions départementales de sourds-muets n'a d'existence légale: néanmoins, quelques-uns possèdent indirectement des immeubles. L'école de Rodez n'ayant pu recevoir en don les bâtiments que son fondateur, M. i'abbé Périer, avait affectés à son service, ces bâtiments furent donnés au département, qui

SOU

DICTIONNAIRE les accepta et prit l'engagement de leur conserver la destination prescrite par le -testateur.

Le château de Lamballe, provenant de la - succession du duc de Penthièvre, fut donné par la famille d'Orléans à une congrégation religieuse, qui s'est engagée à y maintenir une école de sourds-muets.

L'institution de Saint-Médard-les-Soissons occupe des bâtiments acquis avec le produit des quêtes autorisées par l'évêque diocésain. L'asile des Saints-Anges, à Bordeaux, se trouve dans le même cas.

L'institution de Poitiers est riche des bienfaits de M. de Larnay, qui lui a donné la terre et le château de ce nom; enfin, celle qui vient tout récemment d'être établie à Montpellier est l'objet des largesses de Mme Chagny, sa fondatrice.

L'existence de presque toutes les institutions dites départementales est, comme on le voit, fort précaire, liée qu'elle est à l'existence de leurs directeurs, au maintien des bourses départementales et communales, ou à celle de congrégations religieuses qui, pour la plupart, ne sont pas légalement reconnues. Ces faits suffisent à démontrer combien il serait sage et avantageux de donner à ces institutions le caractère d'établissements d'utilité publique et de leur en conférer le titre. D'ailleurs, il est déplorable de voir s'établir entre elles une concurrence de bon marché qui les ruine, de voir disparaître chaque jour quelqu'une de celles qui semblaient justifier le mieux la confiance des familles, de voir enfin celles qui survivent contraintes parfois à tromper le public sur la portée réelle des résultats qu'elles obtiennent. Lorsque, cédant aux entraînements de la charité, et sans être pourvu de ressources suffisantes, on s'est chargé d'instruire un certain nombre d'enfants, on se laisse aller facilement à des haudes pienses pour obtenir du public un moyen de continuer ce que l'on croit une bonne œuvre.

Le nombre total des écoles de sourdsmuets, avons-nous dit, est de 48; 13 sont uniquement destinées aux jeunes filles, 7 aux jeunes garçons, 28 aux enfants des deux sexes. Dans 9 de celles-ci, l'enseignement est donné entièrement par des femmes, et dans 8 autres, entièrement par des hommes. Ce double fait intéresse les bonnes mœurs, El mérite, selon nous, d'attirer d'une manière toute particulière l'attention du gouvernement.

. Sur ce nombre: 39 forment des écoles Spéciales indépendantes; 9 sont annexées à l'autres établissements, tels que hospices, écoles de parlants, asiles d'aliénés; 17, dirigées et administrées par des laïques, renTerment 325 élèves; 31 ayant un caractère ¡lus ou moins clérical, en réunissent 875.

Le prix de la pension annuelle y varie entre les limites extrêmes de 1,000 fr. et de 95 ft. Le premier permet de pourvoir larment à tous les besoins; le second ne suffit pas à couvrir les frais de nourriture.

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Les institutions de Laval, de Nantes, ne sauraient faire subsister leurs élèves sans les secours que leur donnent les hospices auxquels elles sout annexées.

Ecoles

Réuniss.

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ensem.

par elève

19

378 élèves

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8

291

60-775

206

9

419

2

158

127.770
57,500

306

383

Les deux écoles du gouvernement, et ventionnée, renferment un total de 326 l'école de M. Dubois, momentanément subélèves, et reçoivent 270.350 fr., soit 829 fr. par individu.

L'école de Caen n'a été comprise dans aucune de ces catégories; elle ne reçoit que 3,250 fr. de subvention, et compte 120 élèves.

Les calculs dont nous venons d'exposer les résultats ne sont ni ne peuvent être l'expression rigoureuse de la vérité; la somme des recettes des institutions privées ne nous est pas suffisamment connue; nous nianquons de plusieurs autres données qui culs d'une manière parfaitement exacte; seraient indispensables pour établir ces cal sensibles les différences énormes qui exis toutefois les rapprochements opérés rendert des bourses à 500 fr. grèvent les établissetent dans la manière d'être de ces écoles; ments de l'Etat, tandis qu'elles porterazett l'aisance dans la plupart des autres institu tions.

La population des 48 écoles est de 1,700 ves, dont: 192 entretenus par l'Etat; 85 par les départements; 81, par les commate 115, sur le produit de donations et ressou ces propres aux ét blissen.ents; 433, aes familles, à titre d'externes ou de naires.

Le revenu annuel peut en être évalue a 738,290 francs; savoir: Allocations et secours de l'Etat, 199,200 fr.; allocabota tå secours des départements, 322,090 fr.: a v cations et secours des communes, $3,000Squit des trousseaux, 150,000 fr.; pead ressources propres des établissements, an naires des familles, 24,000 fr.

Les sacrifices que s'imposent les de tements et les communes s'accroissentusnée en année : en 1848, la somme pour 4 306,620 francs; aujourd'hui elde e quelle ils contribuaient n'était que £ 365,000 francs.

Hautes-Alpes, la Creuse, ne soul can
La Corse, Indre-et-Loire, ies Lanies,
pour rien dans cette dépense, tan is
assez grand nombre de communes cle
et même de communes rurales y [*
pent.

L'accroissement signalé dans les
tions eût été certainement plus cons
encore, si quelques départements, los
le Var, n'eussent ajourné toute
tion, dans l'attente d'une lois e
l'enseignement des sourds-muets;

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tres (Somme, Dordogne, Pyrénées-Orientales, Seine-et-Marne), mettait leur espérance dans la loi sur l'assistance publique, n'avaient cru devoir se borner à exprimer le veu que cette loi fit aux sourds de naissance une large part; si d'autres, enfin, tels que le Nord, n'avaient mis en quelque sorte leurs ressources à la disposition de l'Etat, en demandant que les frais d'instruction des sourds-muets soient acquittés comme il est prescrit pour l'entretien des aliénés dans les asiles, par la loi de 1838.

On trouve dans les rapports de MM. les préfets de curieuses révélations sur le noinire des enfants atteints de mutisme et de surdité; révélations qui expliquent le redoublement d'intérêt que nous venons de

constater.

L'Isère compte 436 sourds-muets de 10 à 20 ans, ce qui suppose au moins, dans ce département, l'existence de 1,350 sourdsmuets de tout âge, soit 1 sourd-muet sur 443 habitants; le Bas-Rhin, 1.100, soit 1 sur 553 habitants; les Basses-Pyrénées, 855, soit 1 sur 535.

Les causes qui dans certaines régions élèvent le cas de surdité à des proportions si effrayantes méritent de devenir l'objet d'une étude approfondie. On a vu que le nombre total des sourds-muets en France atteignait environ 30,000.

Sur 33 écoles qui reçoivent les jeunes garçons, 10 seulement possèdent des ateliers plus ou moins bien organisés, et 23 n'en ont d'aucune sorte.

Cet état de choses a motivé des plaintes au sein de plusieurs conseils généraux (Illeet-Vilaine, Aisne, Côtes-du-Nord). Icì, le directeur de l'établissement trouve qu'il serait dangereux de faire apprendre un métier aux sourds-muets pendant leur séjour à l'école, et se refuse à confier ses élèves à des ouvriers de la ville convenablement hoisis. Ailleurs, un autre directeur réclame 5,000 fr., non pour créer des ateliers dans son établissement, mais pour fonder une maison de travail destinée, dit-il, aux elevos qui en sont sortis; comme si les scards-muets devaient rester indéfiniment à la charge de la société. Ainsi, pour l'instruction professionnelle comme pour l'instruction proprement dite, les départements, abandonnés à eux-mêmes, flottent incertains sur la direction à imprimer à ces institutions, et sont arrêtés par les difficultés que le gouvernement pourrait facilement aplanir.

La Vienne réclame la création d'une commission de surveillance auprès de l'école de Loudun, située dans les Deux-Sèvres; Eureet-Loir, le Calvados, Ille-et-Vilaine, cherchent à utiliser, pour surveiller la marche ues études, le premier, l'inspecteur des écoles primaires, les deux autres, les inspecteurs des enfants trouvés, qui n'ont et ne peuvent avoir aucune des connaissances nécessaires pour le faire avec fruit.

De l'ensemble de ces faits et de ces aperçus, il ressort qu'à quelques exceptions près, ces établissements ne sont pas, ne

peuvent pas être à la hauteur de leur mission. Pour étendre et perfectionner les méthodes, les institutions de sourds-muets avaient besoin d'une certaine liberté : on leur a laissé une liberté sans limite. Aucune condition de capacité n'est imposée à ceux qui ouvrent des éc les nouvelles, et l'enseignement le plus difficile, celui dont les fainilles sont le moins en état d'apprécier la marche, échappe à toute direction centrale, à tout contrôle sérieux; car les commissions placées auprès de quelques institutions de ce genre ne peuvent guère en surveiller que le fonctionnement matériel. Un examen approfondi du bien et du mal qu'a produits cette liberté exagérée donne la mesure de ce qu'on devrait attendre de la liberté absolue en matière d'enseignement en général. La complète indépendance à laquelle sont abandonnées la plupart des écoles de sourdsmuets n'a produit que désordre, anarchie, confusion. Le but que la saine pédagogie doit poursuivre a été perdu de vue : culture de la pensée, souvent à l'exclusion du sentiment moral; pour la généralité des élèves, ignorance ou faux savoir; pour les instituteurs, ruine et déconsidération! La seule compensation à tant de maux consiste dans quelques progrès partiels dans l'art même de l'enseignement; encore ces progrès ́se trouvent-ils souvent paralysés par la pénurie des ressources matérielles, ou discrédités par les déclamations intéressées d'un charlatanisme envieux.

Disons la vérité tout entière: dans l'état actuel des choses, l'éducation des sourds-muets est généralement mal comprise, lo but peu déterminé, les moyens mal choisis, la portée singulièrement exagérée. Il faudrait former principalement l'homme religieux et moral, et dans la plupart des écoles l'on ne se préoccupe que de l'homme intellectuel; donner de la clarté et de la précision à leurs idées: on ne s'applique qu'à entasser dans leur tête des notions d'une utilité douteuse; les amener à faire usage de la langue de ceux au milieu desquels ils sont appelés à vivre: on ne les instruit que par les signes. Il faudrait, par l'apprentissage d'une profession manuelle convenablement choisie, les rattacher fortement à la famille, au village qui les a vus naître, et la plupart du temps la profession qu'on leur donne (quand on leur en donne) les éloigne de leurs foyers, les déclasse et les pousse au vagabondage.

Les tendances qu'après l'abbé de l'Epée, . un homme, justeinent célèbre, s'efforça de donner à l'enseignement des sourds-muets, égarent encore le plus grand nombre des instituteurs; le progrès n'a plus de foyer d'où il puisse rayonner et s'étendre. Co qui vient d'être dit de cette situation morale a trait aux écoles dirigées par des religieux comme à celles tenues par des laïques, mais ne saurait être appliqué à toutes avec une égale rigueur. Dans quelquesunes, nonobstant l'inanité des méthodes, la charité réchauffe les cœurs, fait germer les

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