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tion des survivantes quand arrivait un décès. Le fondateur était un sieur Léveillé. Une antre maison des Cinq-Plaies est créée, en 1684, par Jean Well, pour cinq pauvres filles. Elles ont chacune 100 livres de rente. Les biens sont administrés par les filles elles-mêmes, qui rendent leurs comptes au curé de la paroisse.

Un autre hospice des Cinq-Plaies est encore fondé par Isaac Legrand en 1669, pour quatre pauvres femmes. Cet hospice, dont le revenu n'excédait pas 63 fr. 55 c. de rente, a disparu. Que pouvaient, en effet, des fondations particulières si mal rentées ?

Entin une quatrième maison des CinqPlates est établie par la famille Dourlens (1670), qui, encore aujourd'hui, nomme aux places vacantes en dehors de l'administraLion des hospices.

L'hôpital des Jardinets (xvir siècle) consiste en deux corps de logis divisés en sept habitations distinctes qu'une dame de Douay, Louis-Lesergeant d'Arras, fit bâtir pour le logement de sept veuves ou filles âgées. La famille abandonna l'administration à la commission des hospices en 1810. Chaqué titulaire cultive un petit jardin placé sous sa feuêtre. Une surveillante ouvre et ferme la porte extérieure des Jardinets à des heures

marquées, et est chargée de la discipline interieure. C'est cet ordre de choses que Mgr Parisis trouve sans garantie.

L'hospice des Imbéciles remonte à une époque non indiquée. Le P. Ignace, cité par Tabbé Proyart, dit que le magistrat donna une ordonnance au sujet des vêtements des pauvres imbéciles ou innocents qui sont à la charge de la ville. Il est dit qu'ils seront envoyés aux généraux de la bourse commune. Dans une transaction passée entre la vule et la bourse commune le 27 juin 1731, l'article 9 porte que la nommée Thérèse Gui, folle, demeurera définitivement à la charge de ladite bourse, et que cependant les frais de geôlage et de garde demeureront à la charge de la ville, et qu'à l'avenir. les enfants des bourgeois qui, pendant qu'ils seront à la charge de la bourse, deviendront fous, imbéciles ou furieux, resteront à sa charge entière. Ceux qui, hors de ce cas, le deviendront seront à la charge de la ville. En 181, la maison des Imbéciles renfermait 100 aliénés des deux sexes. L'hospice fut supprimé depuis. Les hommes sont traités a Lommelet, orès Lille, et les femmes à Saint-Venant.

Nous sommes parvenu au XIX siècle. Nous ne ferons que nommer les établisseients qui datent de cette époque. Les uns rev.tent le caractère moderne et sortent par conséquent du cadre de cette notice; les sutres sont des imitations de l'ancien sysleme. L'hospice des Vieillards porte la date Je 1804. Vingt mille francs que l'empereur Napoléon attribua à la ville pour l'extinction te la mendicité contribuèrent à sa création. La Sourds - Muets prenuent naissance en 1817; le Refuge Marœil est fondé en 1820; population est de 22 femmes. La fonda

tion de Mille Hazard, en 1823, reçoit 6 pauvres femmes. On voit que les anciennes traditions se sont conservées. La Maternité a été établie en 1827. C'est à la fois une maison destinée aux femmes en couches et une maison d'enseignement pour l'instruction des sages-femmes.

La Maison de Refuge est une fondation tout à fait hors ligne; elle donne asile aux passants: c'est un moyen d'extinction de la mendicité. Nous la classerons ailleurs à son rang parmi les institutions modernes. La Maison de Saint-Charles reçut d'abord des jeunes filles de 16 ans, soit pour les préserver du désordre, soit pour les empêcher d'y tomber. Aujourd'hui les enfants doivent être âgés de 10 ans au moins et de 14 ans au plus, et appartenir à des parents pauvres. Elles doivent rester jusqu'à 18 ans, sinon payer 200 fr. à titre d'indemnité.

L'hospice des Incurables a été fondé en 1843. N'omettons pas la fondation dans laquelle M. l'abbé Alluin reeneille les enfants pauvres qu'il soustrait à tous les désordres et qu'il place en apprentissage dans la ville.

§ IV. IX siècle. I. Le concile d'Aix-la-Chapelle, sous le règne de Louis le Débonnaire (816), se plaint que l'hospitalité, dont la pratique est recommandée aux évêques par l'apôtre saint Paul, a été négligée dans plusieurs lieux. Cette négligence s'était introduite dans l'Eglise dans les vi et VIII siècles, pendant lesquels nous voyons les conciles disparaître. La discipline de l'Eglise en avait souffert, et le relâchement dans le service des pauvres en avait été la fâcheuse conséquence. « Nous voulons que désormais, » statue le concile. d'Aix-la-Chapelle, « dans toutes les villes et dans tous les monastères, on établisse des logements soumis à des règles fixes, pour recevoir le mieux que l'on pourra les voyageurs et les passants. »

Les hospices des villes sont contenus dans la prescription du coneile. Son décret prouve que l'hospitalité des monastères n'est pas seulement accidentelle, qu'elle est de règle. Ainsi s'explique l'immense lacune que laissa dans les secours charitables leur complète destruction. Aux 900 hôpitaux de l'ancien régime, il faut ajouter le toit hospitalier d'un nombre égal de couvents dont la charité moderne a l'obligation de remplacer le vide.

Le concile d'Aix-la-Chapelle confirme la coutume de construire les Hôtels-Dieu proche des cathédrales.

On lit dans les statuts des chanoines dressés par le concile, à la demande de Louis le Débonnaire, « que les évêques établiront un hôpital pour recevoir les pauvres, et qu'ils lui assureront un revenu suffisant aux dépens de l'Eglise. Les chanoines y donneront la dime de leur revenu, même des oblations; et un d'entre eux sera choisi pour gouverner l'hôpital, même au temporel. Les chanoines iront, au moins en Carême, laver les pieds de dix pauvres; c'est pourquoi l'hôpital sera situé le plus près possible des

DICTIONNAIRE

HOS
églises, afin qu'ils puissent y aller aisé-

ment. »

Les partisans de Lothaire, fils de Louis le Débonnaire, par haine pour Charles, son frère et son rival, détruisirent sept hospices fondés au Mans par l'évêque Aldric.

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800

à celle d'Arbois; c'est l'époque de la réunion des petits hospices ruraux qui ne peuvent vivre isolés, à ceux des grands centres, me1695 à 1705, s'étend à tout le royaume, sure générale qui, comme on le verta de II. Charles le Chauve recommande l'hosLa maladrerie d'Arbois porte alors le nom pitalité dans son capitulaire, daté d'Eper- à 1788, et elles reprennent leur cours du d'Hôtel-Dieu. Elle va grandissant jusquà nay au milieu du 1x siècle De hospita-prairial an XII jusqu'à nous. Le général nos jours. Les donations se succèdent de 1701 libus (BALUZE, L. II, p. 29. Voy., art. 40, Delort figure parmi les bienfaiteurs moDe hospitalibus Scottorum.) dernes. Voy. ADMINISTRATION, XIe siècle.

t. —

:

III. Hôtels-Dieu de Beauvais et de Dreux.

L'Hôtel-Dieu de Beauvais existait, suivant un ancien chroniqueur, dès 840, près de l'église Saint-Etienne. Il est ensuite transféré hors des murs, puis reporté dans l'intérieur de la ville au x siècle, sans doute à cause des guerres dont la France du nord fut si persévéramment le théâtre. Les hospices de Beauvais ont été dépouillés d'une partie de leurs biens en 1793. Une indemnité partielle leur fut accordée par une loi du 7 septembre 1807: elle consista en biens nationaux qu'ils possédèrent par indivis.

L'hôpital de Dreux remonte au moins au Ix siècle. Il possède dans ses archives une charte latine de Louis le Gros, datée de 1132, qui accorde à l'hospice le droit de mouturage gratuit dans un moulin royal.

§ V. Xe siècle. - Hôpital de Mantes. L'hôpital de Mantes, sous le nom d'HôtelDieu, date du x siècle. Un des titres de

propriété de l'établissement porte le seing de Philippe-Auguste, qui mourut à Mantes l'an 1223.

SVI. XI' siècle.-I. Ce fut surtout avant de s'embarquer pour les croisades que les grands vassaux fondèrent chez nous des hôpitaux ou accrurent ceux existant déjà. Hélas! dit Coste, plusieurs des croisés furent trop heureux d'y trouver des lits à leur retour. Nous voyons qu'au XI° siècle l'empereur Alexis 1onde, à Constantinople, un hôpital qui contenait à lui seul 10,000 pauvres. On ne retrouvera ces gigantesques proportions qu'à T'hôpital général de Paris sous le règne de Louis XIV.

11. Hôpital de Cherbourg. Fondé par Guillaume le Bâtard, l'hospice de Cherbourg fut brûlé en 1758, avec la ville entière, par les Anglais. Les noms de l'édifice survécu rent cependant à l'incendie. L'hospice de Valognes est un ancien couvent de Bénédictines, qui se reporte à l'année 1027, l'année même de la naissance de Guillaume le Conquérant.

III. Hôpital d'Arbois.-L'hôpital d'Arbois, issu de la muladrerie d'Arbois, se reporte à 1053. La charte constitutive de l'établissement porte qu'il est fondé, « par le consentement et la volonté des souverains seigneurs, le comte de Regnault de Bourgogne et sleurs de Vaudrey, par les prud'hommes de la prévoté, le prieur, le curé, les bourgeois et les élèves. » Voy. ADMINISTRATION.

En 1695, la maladrerie de Grosin est réunie

IV. Hôpitaux de Riom.-La ville de Riom
a possédé cinq établissements hospitaliers.
Le plus ancien était situé dans le faubourg
de Layat; la date de son origine est in-
pelé autrefois de Saint-Acassy, vient après.
connue. L'hôpital, dit de l'Hôtel-Dieu, ap-
Guy, comte d'Auvergne, en fit donation
en 1096 à l'abbé et aux religieux de Saint-
Amable Il est fondé pour donner des soins
aux malades, et a toujours en cette destina-
tion. L'hospice dit du Refuge était destiné à
recevoir et corriger les filles de mauvaise
vie. L'hôpital de Saint-Jean des Abandonnés.
appelé plus tard les Incurables, date de 1736;
contagieuses et communicables, telles que
il était destiné au traitement des maladies
lèpre, charbon, pourpre, dyssenterie, etc.
Chacun de ces établissements avait une ad-
ministration distincte et séparée; elle était
nommée par les maires et échevins de la
ville et renouvelée par moitié tous les ans.

fondé au XVII siècle (1658).
Nous raconterons, au mot MENDICITÉ. l'hi--
toire de la fondation de l'hôpital généal

Les habitants de la ville de Riom urent diants. Ils furent convoqués par leur mazesdes premiers à apprécier les heureux résultrat, et le 26 avril 1657, des commissaires tats que devait avoir l'arrestation des mennable, de recueillir des dons, de préparer les règlements et d'obtenir les autorisations ne furent chargés de chercher un local convecessaires. Plusieurs locaux furent visites. de la route de Clermont, au milieu duquel Celui qui parut le plus propre à la dest na— étaient des bâtiments; mais des obstacles tion projetée fut un encios existant à l'ouest s'opposaient à ce que l'on pût acquérir avec sûreté cet immeuble était en litige entre une communauté religieuse et des part catraiter les parties et à acquérir. Les lieux liers. Les commissaires parvinrent à faire furent appropriés à leur nouvelle dest.nation.

patentes portant autorisation d'établir en la En janvier 1658, il fut obtenu des lettres ville de Riom un hôpital général des paupeut remédier à la vie scandaleuse et du libervres. « Convaincu, y est-il dit, « que l'on tinage de la plupart des pauvres mendianis siveté et la fainéantise, et empêcher que de et les tirer des désordres que leur causent l'oz provinces et par les rues des villes, et re sormais ils ne courent vagabonds par les rendent plus d'im ortunité dans le églises ; en les enfermant en des lieux où ils soie non-seulement nourris et entretenus, mass

t

tes considérables. A cette époque les billets de la banque royale étaient sans valeur des débiteurs de rentes opérèrent, avec ces valeurs fictives, des remboursements qui s'élevèrent à plus de 36,000 francs; les revenus éprouvèrent ainsi une diminution sensible. C'est l'époque du système de Law.

En 1724 l'administration sentit la nécessité d'augmenter les revenus de cet établissement.

encore instruits dans les mystères de la religion, et y apprendre un métier pour gagner leur vie. Ces motifs, qu'on oublie trop, sont une des raisons d'être des hospices. Les secours à domicile n'ont pas cette portée. Les habitants de la ville de Riom, excités par un mouvement de pitié envers les pauvres qui sont en grand nombre, espèrent que par la charité et les bienfaits de ceux qui ont du zèle pour la gloire de Dieu, il y aura fonds suffisants pour l'établissement et subsistance d'un hôpital général, en y unissant et joignant l'aumône qui se fait ou doit être faite aux pauvres par l'abbaye de Mozat. Faisons défense à toutes personnes de quelles qualité et condition qu elles soient, valides ou invaJides, de mendier dans la ville et faubourg de Riom, et village de Mozat. Attribuons aux administrateurs tous les pouvoirs et autorité de direction, correction et châtiments sur lesdits pauvres enfermés, et à cet effet leur permettons d'avoir en ladite maison de l'hôpital, poteau, carcan et prison. Donnons audit hopital toutes les maisons, lieux, droits, fonds et revenus affectés aux pauvres pour le soulagement d'iceux; même l'aumône fondée en l'abbaye de Mozat. Il est permis aux administrateurs de mettre tronc, bassin et petite boîte, »> etc.

Deus granges existaient au milieu de l'immeuble qui avait été acquis; elles furent réparées et destinées l'une aux hommes, l'autre aux femmes; la chapelle fut placée dans un autre local. Les habitants virent avec bonheur arriver le moment de l'ouverture de cet utile établissement. Aussi, leur concours fut-il unanime. « La charité, » dit un des administrateurs, « a commencé à se déclarer, et beaucoup de bonnes âmes ont ouvert leur cœur et délié leur bourse pour aider aux fondements d'une œuvre qui va sanctifier l'état te plus parfait du christianisme et le plus conforme aux vérités évangéliques. Les commissaires ont reçu ces contributions avec joie; ils y ont reconnu le Decessaire de la veuve avec le superflu du riche; ils ont vu les mouvements différents de cette puissance qui opère sur nous avec tant de force et de douceur. Tout le monde a voulu y avoir part, les uns en argent, d'autres en blé, quelques-uns en meubles, d'autres en leur travail; enfin, il n'est personne qui ne se soit intéressé dans le succès de Inôpital général. »>

C'est le 9 mars que tut bénite la chapelle. Le lendemain, 10 mars, tous les pauvres firent reçus dans l'hôpital. « Ils s'y rendirent avec joie, et dès le jour suivant on ne vt plus de mendicité dans la ville, plus de murmure et d'irrévérence et d'importunité Gans les églises. Les pauvres furent renouvelés en leur vie et en leur contenance. »>

Le nombre de ceux qui furent admis s'éleva à 120. L'écrivain local qui a recueilli ces faits donne à l'hôpital général par erreur le nom de dépôt de mendicité, c'était en réae notre hospice moderne créé à l'instar de 15 ital général de Paris. (Voir plus loin.) De 1718 à 1720, l'hôpital éprouva des per

La prospérité de l'hôpital général ne reposait pas sur des ressources assurées et certaines; le concours de la charité publique lui était nécessaire. De 1735 à 1750 l'administration fut placée dans la triste nécessité, pour couvrir les déficits existants, de vendre des immeubles ou de contracter des emprunts pour une somme de plus de 35,000 francs. L'Hôtel-Dieu était dans une position identique. En 1752, le nombre des pauvres reçus était de 298. et celui des enfants trouvés de 135.

Les revenus en immeubles, rentes ou redevances s'élevaient à

Le produit de la manufacture à
Le secours accordé par l'Etat à

La dépense était de

6,312 fr

3,000

4,000

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Cette position semblait présager un anéantissement prochain, mais la main de Dieu protégeait l'hôpital. Ce n'était que des jours d'épreuve. Il fallait diminuer les dépenses; comment y arriver sans réduire les services? Là était la difficulté. Après bien des hésitations, il fut arrêté que l'on ne recevrait à l'avenir que les pauvres qui ne pourraient plus mendier.

A diverses époques, il fut versé entre les mains de l'administration des capitaux s'élevant à plus de 70,000 fr., sous la seule condition de payer aux donateurs, et pendant leur vie, un intérêt dont le taux variait de 5 à 10 p. 100. Ces capitaux furent bientôt absorbés. Les charges seules restèrent et aggravèrent la position. En 1787, la dépense des enfants trouvés s'éleva à plus de 12,000 fr. Le secours accordé par l'Etat n'était que de 4,000 fr.; restait 8,000 fr. à la charge de l'hôpital. Beaucoup d'enfants trouvés étaient gardés dans la maison: leur nombre fut réduit à 30; celui des infirmes le fut également.

En août 1791, il y avait à l'hôpital général 55 infirmes et 328 enfants trouvés ; et cependant les revenus n'étaient plus, par suite de la suppression des dimes, que de 8,127 fr. Les dépenses s'élevaient à 20,189 fr., y compris les rentes viagères qui étaient dues, et dont le chiffre dépassait 6,000 fr. Le 10 août 1793, tous les titres et papiers appartenant aux hospices et qui étaient entachés de féodalité furent brûlés. Plus terd, les 23 brumaire et 8 frimaire an II, par suite des ordres écrits de Couthon, tous les papiers, même les titres mixtes, ainsi que les images des saints,

devinrent in proie des flammes, au milieu de la cour de l'hôpital général.

Le 16 frimaire an V, l'administration municipale demanda la suppression du dépôt de mendicité comme contraire à la constitution et à la liberté individuelle des citoyens; mais cette demande fut rejetée. Le 13 thermidor suivant, il fut décidé que l'on y recevrait à l'avenir les vagabonds, les mendiants, les indigents aliénés et les filles de mauvaise vie. Quoique les sexes fussent séparés, il ne résulta pas moins de cette réunion des inconvénients assez grands. Le 9 germinal an HI, il fut décidé qu'il serait fait une quête générale pour subvenir aux besoins des hospices. Bientôt après parut la loi du 5 ventôse an VIII, dont l'article 1" porte qu'il sera établi des octrois munici paux et de bienfaisance sur les objets de consommation locale, dins les villes où les hospices civils n'ont pas de revenus suffi sants pour leurs besoins. Pour arriver à T'exécution de cette loi, l'administration invita la commission des hospices à faire connaître sa position vraie, à l'effet par elle de décider s'il y avait nécessité d'établir des droits d'octroi dans la ville de Riom.

Par une délibération du 16frimaire an IX, la commission démontra que la dépense s'élevait à 37,928 fr.; que les revenus n'étaient que de 12,500 fr., qu'il y avait par conséquent un déficit de 25,428 fr., et que les déCouverts antérieurs s'élevaient à 46,694 fr. Sur le vn de cette délibération, les droits d'octroi furent établis pour le produit être versé dans la caisse des hospices.

Les octrois avaient été établis dans l'intérêt exclusif des hospices, cependant leur produit ne fut pas versé en totalité dans leur caisse; de l'an XIV à 1815, le plus fort versement a été de 25,000 fr., et le plus faible de 2,400 fr.; terme moyen, il a été reçu chaque année 17,118 fr. De l'an XII à 1825, le terme moyen des enfants à la charge de l'hospice a été de 270. Les documents de l'époque nous apprennent que déduction faite des sommes accordées sur les fonds départementaux, l'hospice avait à supporter une dépense de plus de 13,000 fr. Ce service absorbait donc à lui seul plus de la moitié des revenus.

Le 25 septembre 1813, l'Etat transféra aux hospices la propriété de rentes dues par des particuliers à des communautés religieuses, et dont il était propriétaire en vertu des lois de la révolution. Ces rentes étaient d'un revenu annuel, déduction faite du cinquième, de 3,336 fr. 81 c. Cette ressource ne suffit pas à combler le déficit. Nous nous arrêtons ici, le surplus des détails ne s'appliquant qu'à des actes administratifs.

V. Hôpital d'Issoudun. On fait remonter l'origine de l'hôpital d'Issoudun à la fin du x siècle. Le seigneur Natalis-Léon Blanche-Rose, de retour de la Terre-Sainte, trouva, dit la chronique, sa famille accrue de deux enfants. Un moine était désigné par Topinion publique comme ayant souillé sou 1. L'époux, pour satisfaire sa vengeance,

élève un bûcher où sont immolés les dens enfants et le moine coupable. Rome l'excommunie. Blanche-Rose fait le voyage de la ville éternelle pour demander sa grâce au Souverain Pontife; il l'obtient, mais à condition de créer à Issoudun, à titre d'expiation, l'Hôtel-Dieu sur les fondements doquel l'hôpital actuel est bati. Celle chronique, qui a vécu dans les traditions de l'hospice, s'appuie sur un témoignage matériel, celui d'un curieux monument en pierres, parfaitement conservé, dans la chapelle de l'hôpital. Il forme un double groupe qui or cupe les deux angles extrêmes du lieu saint. Le seigneur Blanche-Rose est représenté, d'un côté, étendu sur la pierre dans son riche costume de croisé, et de l'autre, dans ses vêtements de châtelain. Le château de Cloix, dont il ne reste debout que les fossés, mais dont les dépendances sont encore la propriété de l'hospice, le moulin de Boissereau, ancienne dépendance du château de Cloix, qui subsiste en entier, un colombier dont on montre les ruines, et enfin l'écusson du seigneur Blanche-Rose, sont autant de témoignages vivants de la véracité de la tradition. Ce qui achève de l'expliquer, et de la confirmer, c'est le bûcher taillé dans la pierre du mausolée, sur lequel sont parfaitement visibles le moine d'abord, et auprès de lui les deux enfants auxquels le seigneur Blanche-Rose eut la cruauté de faire partager le supplice du coupable. Les deux grou pes sont surmontés de bas-reliefs, en pierre comme le mausolée, figurant des rameaux de chêne entrelacés, d'un très-beau trava), et s'élevant à demi-hauteur de la voûte de la chapelle. Une pierre de la voûte d'un aqueduc qui passe sous les salles de l'HôtelDieu, reproduit les armoiries du seigneur de Blanche-Rose, que l'on retrouve aussi sur l'antique vaisselle en étain en usage dans la maison. Un bref du Pape Mart n V, du 29 octobre 1423, daté de Sainte-Marie-Majeure, a confirmé la fondation de l'Hôtel-Dieu d'Issoudun.

L'hospice, dans ses commencements, fut desservi par des religieux et des frères, mais une mauvaise administration et, à ce qu'il paraîtrait, quelque chose de plus, contraignit l'autorité religieuse et civile de les révoquer. L'administration fut sécularisée et desservie par des femmes laïques, choisies par une supérieure ou directrice, I ïque comme elles. Cette antique coutume s'est conservée dans l'hospice actuel, si ce n'est que les dames hospitalières portent le costume religieux. L'hospice, bien que de création beaucoup moins ancienne que F'HôtelDieu n'est pas non plus un établissement moderne. La date de son origine est précise; elle se reporte à la seconde moitié du xvn' siècle (13 avril 1676). Il y a lieu de crone que les changements qui s'étaient opérés dans l'administration de l'Hôtel-Dieu, donnèrent naissance à l'acte auquel l'hospice dut sa création. Ses fondateurs s'appliquerent à lui attribuer le même caractère laïque qu'avait revêtu l'Hôtel-Dieu, bien qu'oa

ole figurer un ecclésiastique parmi eux. Voici l'origine de l'hospice: La ville d'Issoudun possédait plusieurs bâtiments construits autrefois à ses frais, dans un champ du nom de Saint-Roch, près de la ville. Elle en gratitia trois personnes, à savoir : Philippe Baraton, seigneur de Beugny; Catherine Millier, veuve Agobert, et Jacques Grozon, prêtre. Ce dernier et Philippe Baraton se chargèrent d'en former une maison d'incurables, sous le nom de maison de l'EnfantJésus, pour les pauvres qui justifieraient de plus de dix ans de domicile dans la commune. Les fondateurs se partageaient la direction de la maison. Philippe Baraton devait tenir registre des dons et des legs; c'était le receveur. Catherine Millier présidait au service intérieur. Elle était autorisée à choisir les femmes et les filles qui voudra.ent l'aider. Elle s'engageait à desservir Thospice temporellement et à l'habiter. Enfin, Jacques Grozon contractait l'obligation de secourir les pauvres spirituellement.

Philippe Baraton fait donation à l'hospice, par l'acte qui contient ces clauses, de la Somme de 200 livres, et de 4,000 livres à sa mort; la dame Catherine Millier donne 600 livres de son vivant, 4,000 livres à son décès.

L'acte prévoit le cas d'extinction de la maison. Ce cas échéant, elle doit être réunie à l'Hôtel-Dieu. Toutefois, les deux fondations doivent conserver en partie leur caractère distinct, car il est stipulé que si la réunion s'opère, les fonds de l'hospice serout administrés par un gérant spécial, dit de la chambre, comme on dirait aujourd'hui

du quartier des incurables.

L'organisation laïque de la maison de Entant-Jésus, correspondait ainsi à l'administration laïque de l'Hôtel-Dieu, et favorisait la réunion qui eut lieu un siècle plus tard. Des dames laiques se rencontraient souvent dans les hôpitaux à l'époque dont nous parlons. C'est le temps où saint Vincent de Paul institua les Filles de la charité, qui ont commencé, elles aussi, par être des damies Jaiques. C'est pour avoir reconnu la difficulté chez celles-ci de soigner les malades, de les assister le jour et la nuit, de leur consacrer tout leur temps, que saint Vincent de Paul a fondé les congrégations hospitalières. Mais aujourd'hui qu'il existe des congrégations religieuses en nombre suffisant pour desservir les hôpitaux, elles doivent y remplacer partout celles que nous qualifierons de religieuses bâtardes, c'est-à-dire qui ne rempassent pas les conditions fondamentales des congrégations religieuses, à plus forte rai-on celles qui sont désavouées par l'épiswjat.

L'auté d'origine des hospices d'Issoudun explique dans quelles circonstances favorables ils se sont trouvés pour accroître leurs ressources, depuis le seigneur de Blanche-Rose jusqu'en 1789. Issoudun a été jusqu'à notre première révolution, et est encore le plus considérable marché de l'an

cien Berri. Là était surtout la richesse territoriale de la province. C'est ainsi que s'étaient accumulées les 80 000 livres de rente, réduites à moins de 50,000 fr., que possédait J'administration en 1789.

VI. Hôtel-Dieu de Vire. - L'Hôtel-Dieu de Vire paraît remonter au XI° siècle. Une rente de 4 liv. 10 s. est constituée à cette époque à son profit, par Guillaume le Bâtard. Philippe-Auguste, au commencement du xin siècle, accorde au même Hôtel-Dieu le droit de foire le jour de Sainte-Catherine. On trouve au nombre des bienfaiteurs de l'HôtelDieu, Robert 1", roi d'Angleterre, au commencement du XIe siècle (1106). (VERDIER, (Histoire d'Angleterre, . I.) Il faut qu'il y ait erreur dans la date, car Heuri I, roi d'Angleterre, est mort en 1100. L'HôtelDieu, dans ces temps seuls, était à la fois hôpital et hospice; il était même plus hospice qu'hôpital (hospices de passants). On y reçoit les pèlerins qui vont visiter la TerreSainte et des voyageurs pauvres auxquels on donne quelquefois des vêtements, et aussi de l'argent pour continuer leur route.

L'Hôtel-Dieu de Vire possédait, à la fin du xvir siècle (1684), 3,000 liv. de revenu, et comptait de 12 à 22 lits. Jusqu'à cette époque, les enfants y avaient été reçus comme les malades, comme les passants. A partir de 1684, ils sont admis à l'hôpital général.

§ VII. XIIe siècle. — 1. Hôtel-Dieu de Caen. L'Hôtel-Dieu de Caen, fondé au plus tard dans les premières années du xi siècle. l'an 1104), est administré à cette époque par dix religieux de Saint-Augustin, y compris le prieur et un novice. Le prieuré de Clinchamps et d'autres biens lui sont aumônés en l'an 1227, par Hugues de Clinchamps, à condition que ce dernier sera reçu dans la maison certains jours, avec son train, et qu'il dînera à la table du prieur. L'an 1255, saint Louis donne au même Hôtel-Dieu deux moulins situés près de l'établissement. La ville contribue surtout à sa fondation.

Les chroniques locales font connaître qu'au milieu du xvr siècle (1540) il existe à l'Hôtel-Dieu une grande salle basse qu'on nomme la Courtine, servant aux couches des pauvres femmes enceintes, et une autre salle, ou quartier, destinée aux pestiférés.

Guillaume le Conquérant dote la ville (en même temps que celles de Rouen, Bayeux et Cherbourg) d'une fondation destinée aux pauvres aveugles, qu'on a prétendu être une dépendance des Quinze-Vingts de Paris. En 1640, est annexé à l'Hôtel-Dieu un hôpital dit des Pauvres enfermés, ayant pour objet l'éducation des enfants indigents, composé de deux maisons, une pour chaque sexe. Les enfants, aux termes de la fondation, doivent être élevés dans la piété, et on leur apprend à travailler en diverses manufactures, de manière à les mettre en état de gagner leur vie. L'enseignement professionnel des indigents avait commencé à Paris un siècle plus tôt. Les fondements de l'institution des pauvres en

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