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Preuve con

nous laisser une idée vive du feu qui les animoit; foit qu'il ait mis à la main des uns une épée plus longue que celle des foldats à pied (1), ou un cimeterre semblable à nos fabres (2), foit qu'il ait armé les autres d'une forte de faux ( 3 ), d'un maillet (4), ou d'une hache (5), telle qu'on la voit dans la main de Jupiter Labradenfis, fur les medailles des Rois de Carie (6).

Mais la plus grande partie y paroît avec une ef pece de lance ou de pique dont la longueur (à en juger par l'étenduë qu'elle y occupe fur le flanc du cheval,) étoit d'environ fix pieds (7). Les fers de ces piques font figurez feuls fur quelques-unes de ces pieces (8), ou pour designer le service qu'en tiroit le Heros qui y eft reprefenté, ou pour marquer la bonté de leur fabrique par laquelle certai nes villes de ce pays là s'étoient rendues celebres (9).

La meilleure preuve que je puiffe apporter que vainquante que ce ne font point ici de ces conjectures dont les anfont d'Espagne tiquaires se servent assez souvent pour embellir des tirée des trophées explications, qui fans ce fecours, paroîtroient feches de Carifius,

ces monnoyes

& ingrates, eft que de toutes ces armes differentes vûës en détail fur ces monnoyes fuppofées inconnuës, il n'y en a pas une qui ne se diftingue parfaitement dans l'affemblage qu'on en a

(1) Planche 2. mon. 3.
(2) Planche 5. mon. II.
Planche 3. mon. 6.
(3) Planche 5. mon. 12.
(4) Planche 5. mon. 13.

(5) Planche 3. mon. 5.
(6) C'est-à-dire guerrier, Span-
hem de praft. & ufu numifmat, tom.

fait

pour

1. pag. 519. 3. edit.
(7) Planche 2. monn. 2. & 5,
(8) Planche 5. mon. 14.
Laftanofa pag. 22. mon. 6.
(9) Martial l. 1. epig. 50.
Videbis altam Liciniane Bilbilim
equis, & armis nobilem.

former les trophées reprefentez fur quelques medailles affez communes de la famille Carifia (1), precifément frappées à l'occafion des victoires remportées par Augufte fur les peuples d'Epagne qui refufoient encore de fe foumettre aux Romains.

En un mot, c'est à cette adreffe dans le métier de la guerre, & à fe fervir de ces armes qu'Hannibal, dont l'armée étoit plus Gauloife & Espagnole que Carthaginoife, dût les avantages qu'il remporta fur les Romains, d'où ceux-cy prirent l'exemple de donner dans leur milice le premier rang après les Citoyens à ces troupes (2), & de les choifir pour les expeditions où il falloit le plus d'intrepidité.

S'il paroît par ce que je viens d'exposer, que des figures puiffent donner quelques lumieres à l'histoire du Manége & de l'art militaire des Anciens ; à combien plus forte raison seront-elles neceffaires pour la connoiffance de leur navigation? Strabon, dans Neceffité des la defcription des Côtes maritimes, & du cours de figures pour l'intelligence de quelques rivieres d'Espagne, a beau s'étendre fur l'histoire de la les differences des bâtimens qui y étoient en usa- navigation des ge, il auroit avec quelques deffeins rendu fon détail plus fenfible qu'avec plufieurs pages de difcours ; & c'est à ce deffaut que fuppléent les monnoyes de cette Province, fur lefquelles on voit diverfes reprefentations de vaiffeaux.

Comme ce n'étoit pas pour aller faire des conquêtes chez des Nations étrangeres que les Espagnols en conftruifoient, & qu'ils étoient affez occupez chez eux à fe deffendre des invasions des (2) Cafar de bello civili. l. 3.

(1) Planche 3. medd. 4. 5. 6.

anciens.

Vaisseaux des Afriquains & des Romains, pour n'avoir besoin Espagnols plus que de troupes de terre, leurs forces maritimes se pour le commerce réduifoient à des vaiffeaux marchands, à des bâtique pour la guermens de charge plus ou moins gros (1), à des galeres (2), & à des barques pour leur pêche que (3) les villes voifines de la mer, ou leurs plus riches habitans équipoient à leurs frais.

re.

tion des vaif

On n'en voit pas une plus grande diversité de ce genre, ni fur les bas reliefs antiques, ni fur les médailles des autres pays; celles dont les légendes MUN. IBERA JULIA d'un côté, & ILERGAVONIA de l'autre, nous font connoître qu'elles font du canton des Ilergaoniens (4), qui avoient pour capitale la Tortofe d'aujourd'huy, la même que cette Ibera Julia fituée à l'embouchure de l'Ebre, nous prefentent un de ces gros navires, de deux ponts Particularitez, & demi, à grand mat foutenu par fes cordages, fur la conftruc- & équippé de ses échelles & de ses voiles, fur la feaux des Efpa- proue duquel eft une guérite, qui dans nos bâtimens feroit fur la poupe. Dans celui du revers plus petit que ce premier, qui ne paroît être que d'un pont & demi, & qui a du raport à nos tartannes, on diftingue parfaitement un pavillon arboré audeffus de fon mat, & une branche qui semble être d'olivier, dépeinte au milieu de ce pavillon; fymbole que cette Ville s'étoit apparemment attribué, & qui fe trouve repeté au-deffus d'un autre bâtiment plus petit, gravé fur une autre monnoye de la même Ville rapportée par Antoine Auguftin (5). Le (3) Anton. Auguft. Tab. 70. mon.

gnols.

(1) Planche 8. mon. 3.
Planche 10. monn, 1. 2,
Planche 9. mon. 15.
(2) Planche 10. mon. 2.

16.

(4) Planche 8. mon. 3.
(5) Dialog.8.Tabul. 70. mon. 16.

revers

revers d'une autre publiée par le même Auteur (1), donne une idée de la manoeuvre d'une de leurs petites galeres à un feul rang de cinq rames de chaque côté, au mat de laquelle eft attachée une voile quarrée; car l'ufage de la longue qu'on appelle voile latine, eft moderne.

La forme des bâtimens de mer de la ville de Valence étoit differente, une tour à plusieurs étages fur la pouppe d'un de fes vaiffeaux, & une pyramide fur la pouppe d'une de fes galeres, figurées fur les revers de deux de fes monnoyes, font des ornemens qui meritent quelque attention dans l'Hiftoire de l'Architecture navale des anciens (2).

Enfin la tête de Mercure au revers de laquelle on voit de ces differens bâtimens accompagnée du caducée sur les monnoyes de Sagunte (3), acheve de nous convaincre que ce n'étoit que pour commercer que ces Villes entretenoient des vaisseaux, puifqu'elles prenoient pour patron le Dieu des Marchands, & que fon caducée étoit le symbole de la prudence, & de l'adresse qui font réüffir les negotiations, & rendent les retours de voyages heu

reux.

merce avec les

Par les

Les Pheniciens ont été les premiers, & pendant Origine du comlong-tems les feuls qui ont tiré tout l'avantage pof- Espagnols, comfible du commerce avec l'Espagne ; adroits à pro- mencé fiter du peu d'attention qu'avoit alors cette nation Pheniciens. à faire valoir les trefors dont la nature l'avoit partagée, ils venoient dans les Provinces qui font vers

(1) Anton. Augustin. dialog. 3. tab. 70.

(2) Planche 10. monn. 1. & 2.

(3) Voyez les 119. & 120. monnoyes de la 41. planche de Laftanofa.

E

Carthaginois depoffedent les Pheniciens de

le détroit de Gilbratar, & à l'embouchure du Bætis celebrées par les Auteurs facrez, (comme le croyent beaucoup de fçavans), fous le nom de Tharfis (I), changer des marchandises de vil prix, pour les metaux les plus precieux de ce pays là, & leurs vaiffeaux en étoient quelquefois fi chargez, que pour n'en rien laiffer ils forgeoient en argent les éperons, les ancres, & toutes les autres uftancilles de Marine qui font ordinairement de fer ( 2 ).

Cet or & cet argent fe transformoient enfuite chez eux en ces ouvrages d'orfevrerie & en ces vafes plus chers par leur travail que par leur matiere, qui decoroient les temples, & qui faifoient l'ornement des cabinets, des tables & des buffets de tous les Princes de l'Afrique & de l'Asie ; c'étoient les laines des Espagnols qui teintes en pourpre, & en violet chez les Tyriens, & changées en tapifferies, & en étoffes relevées par la broderie d'or, revêtoient les Palais, & les perfonnes des Rois des Etats les plus éloignez d'eux (3); en forte que par la façon qu'ils donnoient aux marchandises qu'ils avoient tirées brutes, ils faifoient avec toutes les autres nations chez lesquelles ils les debitoient un gain immense.

Les Carthaginois leur deroberent dans la fuite l'induftrie de ce trafic; ils s'en rendirent infenfiblel'ufage du com- ment les maîtres par la force de leurs armes, & la puiffance de leurs flottes, & la jaloufie des autres nations qui vouloient

merce d'Efpa

gne.

(1) Exechiel 27. V. 12.
Lubin Tabb. geograph.

y avoir

part, fit comprendre

(2) Ariftot. de mirabil. Aufculta

tione.

(3) Ezechiel. cap. 27. tout entier.

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