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même qu'il lui resterait la triste consolation de l'avoir renversé. La politique extérieure des Bourbons ne fut jamais sans dignité, même au milieu des misères de l'invasion; le drapeau blanc a abrité de son ombre l'indépendance de la Grèce, et au moment même où il tombait à Paris, il flottait victorieux sur les murs d'Alger humilié. A l'intérieur, l'administration était probe et zélée. Les chambres, dans les cas où la politique n'était pas trop engagée, se montrèrent en général ménagères des deniers publics. La liberté, toujours traitée en suspecte, ne fut pourtant jamais complétement étouffée, et si la Restauration avait été plus tyrannique, elle aurait été moins facile à renverser (1). Elle a aimé et encouragé les arts; elle leur a donné surtout le plus grand des stimulants, l'émulation née de l'indépendance. Aussi à cette époque l'esprit humain s'est-il honoré par de vrais chefs-d'œuvre dans les lettres et dans les arts. Enfin, par ses publicistes et ses orateurs ainsi que par le spectacle de son gouvernement, la Restauration nous a enseigné l'avantage de la publicité et du contrôle exercé par la nation, et a laissé dans tous les cœurs un amour impérissable pour les principes de la liberté. Ces principes, sans doute, peuvent, dans un moment de crise, être sacrifiés à la crainte d'une perturbation sociale, mais ils sont destinés à refleurir, parce qu'ils sont également nécessaires à la dignité des peuples et à celle des gouvernements qui les dirigent.

(1) Avec plus de mauvaise volonté que de vigueur, la Restauration, après 4816, fut peu oppressive en fait plutôt qu'en droit. Les lois étaient alors plus terribles que les mœurs. La liberté individuelle ne fut garantie qu'à partir de l'année 1818; la liberté de la presse fut moins heureuse. Si l'on a la patience d'additionner toutes les lois contre les livres et les journaux, on trouve qu'en 15 ans la liberté de la presse n'a légalement existé que 23 mois!

Malgré le souvenir de nos défaites, la Restauration fut généralement accueillie avec faveur parce qu'elle nous apportait la liberté. Louis XVIII comprit que toute sa force était dans la charte, il mourut sur le trône. Charles X l'oublia, il acheva sa vie dans l'exil. La faute de ce prince fut également funeste à sa dynastie, qu'elle perdit, et à la France qu'elle rejeta dans le hasard des révolutions Le plus grand malheur de notre pays est d'avoir pendant longtemps été condamné à n'arriver à la liberté que par la violence, presque toujours impuissante à rien fonder. Que ces brusques secousses, d'ailleurs sujettes à de terribles. retours, fassent place au développement régulier et pacifique d'institutions sagement progressives, le triomphe de la liberté et la grandeur de la France sont assurés à jamais.

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