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ANNÉES.

la gravité de ses symptômes. On arriverait à des résultats bien plus avantageux pour l'humanité si les faubourgs n'étaient devenus, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, le refuge des filles insoumises, des filles malades, et partant un foyer incessant d'infection et de propagation de la maladie vénérienne. C'est là que les hommes vont puiser le mal, qu'ils propagent à leur tour dans des relations subséquentes qu'ils ont avec les prostituées de la ville.

Nombre des filles publiques envoyées du dispensaire à l'hôpital SaintPierre, pour maladies vénériennes et contagieuses, de 1846 à 1856.

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Janvier.

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Nombre de filles libres (non inscrites) atteintes du mal vénérien, traitées à l'hôpital Saint-Pierre, de 1846 à 1856.

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6

1

6

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10 8 14 17 15 17 21

7

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10 7 3

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14 18 13

484762

13

33433—46

134

Novembre.

Décembre.

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Nombre de vénériens traités à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles,

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La prostitution clandestine, à Bruxelles comme dans toutes les grandes villes, échappe à toute numération. Elle se recrute prin cipalement parmi ces jeunes filles que la paresse, la misère ou le désir de briller engagent à se livrer à un commerce honteux qui dégrade la femme. Depuis la courtisane jusqu'à la grisette et la fille en sabots, toutes payent leur tribut au vice et à la débauche. Malgré l'œil vigilant de la police, elles parviennent à éluder les règlements et à exercer impunément leur triste métier en recevant chez elles des hommes qu'elles parviennent à attirer soit dans des lieux écartés, soit dans les établissements publics, comme les spectacles, les casinos, etc., où elles s'introduisent sous un faux air de vertu. C'est pour remédier à ce scandaleux abus que le Conseil communal a arrêté la nouvelle mesure du 22 décembre 1855, qui défend aux filles, prostituées de se promener sur la voie publique après le coucher du soleil, et aux tenantsmaison de passe de loger chez eux de ces filles. Cette mesure s'est exécutée promptement et avec rigueur. Il en est résulté que la moitié à peu près des maisons de rendez-vous se sont converties en maisons de tolérance avec filles à demeure. On a voulu ainsi empêcher les filles publiques de recevoir des hommes chez elles et les forcer de ne pratiquer leur commerce honteux que dans des maisons où la police exerce son contrôle. C'était aussi le moyen d'atteindre celles non inscrites, ou du moins de les empêcher de se produire dans les rues où souvent elles passaient inaperçues parmi les prostituées officiellement reconnues.

Parmi les filles éparses, s'il s'en trouve qui n'ont pas leur domicile régulier à Bruxelles, et dont l'état sanitaire est signalé comme douteux par les médecins du dispensaire, elles ont à choisir entre leur retour dans leur commune, ou le dépôt de mendicité. Elles deviennent vagabondes si elles ne rentrent pas chez elles ou ne travaillent pas. « Nous sommes parvenus, m'écrit M. le Bourgmestre, à retenir un assez grand nombre de filles qui travaillaient le jour et se prostituaient le soir. Elles ont compris que les amendes et les frais de justice emportaient au delà des bénéfices de la nuit. »

Il existe également des maisons clandestines où la prostitution s'exerce dans l'ombre. Lorsque ces faits parviennent à la connaissance de la police, celle-ci sévit contre elles avec tous les moyens dont elle dispose. Malheureusement la loi ne l'arme pas suffisamment pour réprimer de tels abus la pénalité est si minime qu'on ne craint pas de l'affronter.

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Néanmoins, les mesures de police, toujours exécutées rigoureusement, ont diminué considérablement la prostitution clandestine dans l'intérieur de la capitale. Mais, il faut le dire, les efforts de nos magistrats pour purger cette lèpre dégoûtante, sont paralysés par l'incurie ou l'insouciance des administrations des communes limitrophes, qui constituent les faubourgs. L'action de la police ne s'étendant pas au delà des murs qui limitent l'enceinte de la ville, et les faubourgs, à l'exception d'un seul, tolérant la prostitution avec une nonchalance coupable, les femmes qui se livrent à la prostitution clandestine, les vagabondes, toutes celles, en un mot, qui ont intérêt à se soustraire aux visites sanitaires et à la surveillance de l'autorité, se sont réfugiées dans ces quartiers, et particulièrement dans le faubourg de Cologne, voisin de la gare du chemin de fer du Nord, qui en regorge. Là, la prostitution s'exerce impunément, les promenades du soir dans les rues, les provocations à la débauche se font avec un cynisme révoltant, et ces femmes, auxquelles le vice a ôté toute pudeur, reçoivent librement des hommes chez elles. C'est là l'asile du vice, de la débauche et de la syphilis qui s'y développe et grandit en toute liberté.

Les communes qui avoisinent la capitale, où se commet ce dangereux abus, ont arrêté des règlements sur la prostitution, calqués sur ceux en vigueur à Bruxelles; mais ils n'ont jamais été exécutés, à l'exception cependant de la commune de Molen

beek-Saint-Jean, forte de 18,121 âmes, où l'on comptait au 1er janvier 1857, une maison de débauche, trois maisons de passe et neuf prostituées inscrites, dont cinq en maisons et quatre éparses, qui subissent la visite sanitaire deux fois par semaine!.....

Mais que peut faire la police de ce faubourg, surtout lorsque la prostitution descend dans la rue et alors que les prostituées, qui, elles aussi, ont l'oeil vigilant, n'ont qu'à franchir un pont pour se trouver sur le territoire de la commune voisine où leurs promenades ne sont pas dérangées ? Saint-Josse-ten-Noode, la commune dont nous voulons parler, dont la population est à peu près de 20,000 habitants, est, par son voisinage du chemin de fer, la plus fréquentée: c'est aussi le lieu de prédilection, l'asile des prostituées de toutes les conditions et où viennent même exercer, le soir, les grisettes de la ville non-inscrites. D'après nos informations, une dizaine au plus de femmes y sont inscrites à la police comme se livrant à la prostitution, alors qu'il est de notoriété publique que le nombre en est effrayant. Elles ne sont soumises à aucun contrôle, à aucune visite.

La raison de cette absence de mesures administratives et hy giéniques, est, nous dit-on, dans les dépenses qu'elles entraîneraient et que la commune ne peut supporter. Si la commune ordonnait les visites sanitaires, ajoute-t-on, elle devrait envoyer à l'hôpital les femmes trouvées atteintes du mal vénérien, et comme, d'après la loi, c'est la commune où la femme a son domicile qui doit payer les frais de séjour et de traitement, ces frais incomberaient à sa charge et elle a intérêt à les éviter.

Comme on le voit, les mesures que l'administration municipale de Bruxelles poursuit avec une persévérance digne d'éloges, ne peuvent atteindre complétement le but que se sont proposé les magistrats, celui de soumettre toutes les prostituées à l'action régulière de la police sanitaire et d'arriver ainsi, sinon à anéantir le mal vénérien, du moins à en arrêter, autant que possible, la propagation. Pour arriver à un semblable résultat, il faudrait que la police pût comprendre à la fois les prostituées de la ville et de ses faubourgs, et exercer librement et activement son action salutaire d'une manière générale, ou au moins, comme le Congrès général d'hygiène l'a exprimé en 1852, qu'il y eût une action simultanée et uniforme entre la capitale et les communes limitrophes pour tout ce qui touche à la prostitution.

C'est, nous l'espérons, ce que l'on finira par comprendre, et le temps n'est peut-être pas éloigné où une loi règlera cet objet d'une si haute importance pour la santé publique et les mœurs.

X. COUVENT Des filles repenties.

On connaît sous ce nom, à Bruxelles, un établissement tenu par des religieuses, où l'on admet les filles publiques qui, fatiguées du vice et de la débauche, témoignent le désir de rentrer dans la vie privée et de corriger leurs mœurs par un profond et sincère repentir. Là on les moralise et on les emploie à la couture et aux soins du ménage. Elles n'en sortent que quand on les croit suffisamment corrigées et décidées à se conduire honnêtement. Malheureusement, il n'en est pas toujours ainsi; beaucoup de ces filles, après un séjour plus ou moins long au couvent, trouvent plus commode et plus lucratif de se livrer de nouveau au funeste penchant qui les avait d'abord corrompues, et elles viennent de nouveau figurer sur les registres de la prostitution.

L'établissement dont il s'agit manque son but, en n'admettant que la prostituée déjà souillée par le vice et qui peut difficilement abandonner sa honteuse profession pour gagner sa vie par le travail de ses mains ou de la domesticité. Il en serait tout autrement si ceux qui patronnent et dirigent l'institution, 'cherchaient à recueillir les jeunes filles que le besoin et la misère seulement entraînent, presque malgré elles, à la séduction et à la débauche, et si, dès le premier pas qu'elles font dans cette fatale voie, elles trouvaient asile, protection et conseils près des religieuses vouées à ces soins charitables.

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