Les malades admis en 1854 et 1855 se répartissent entre les divers âges de la manière suivante:

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Ce tableau démontre qu'en 1854, on a reçu 76 enfants et adolescents au-dessous de l'âge de 16 ans. D'où venaient ces enfants? à quels parents, à quelles professions appartenaient-ils, si tant est qu'ils eussent déjà une profession? Ici encore on en est réduit aux conjectures. On ne sait rien à l'hôpital sur les antécédents des malades. Les questions qu'on pourrait leur adresser ne fourniraient aucun renseignement, car leurs réponses ne seraient pas sincères et ne pourraient être contrôlées. Il y a lieu toutefois de supposer que la plupart d'entre eux sont en apprentissage ou travaillent dans des fabriques et des ateliers. Ils y entendent les discours les plus licencieux; ils ont sous les yeux les plus fâcheux exemples. Les plus âgés les pervertissent, les entraînent, les excitent à mal faire, et se constituent leurs initiateurs. Ils ne sont du reste, en général, que trop disposés à céder à ces dangereuses incitations. Ils considèrent leur participation à une débauche comme une prouesse qui les grandit, comme un acte d'émancipation qui les transforme, et les élève de l'adolescence à la virilité. Ils se croient hommes, en un mot, pour être entrés avant le temps dans la carrière du vice, et se regardent comme très supérieurs aux jeunes gens de leur âge, qui ont assez de retenue pour ne pas les imiter. Ainsi se produit dans les classes inférieures des grandes villes une démoralisation précoce; ainsi se peuplent les établissements consacrés au traitement des affections vénériennes. On sait d'ailleurs que ces affections se contractent plus facilement dans le jeune âge qu'à une époque plus avancée de la vie.

En 1854, c'est l'âge de 16 à 20 ans qui a donné le

plus de malades, 1,050 sur 3,425, ou près de 31 pour 100. En 1855, c'est celui de 20 à 25 ans (1286 ou 35,40 pour 100). Une différence analogue se fait remarquer pour l'âge de 25 à 30 qui, en 1854, n'a donné que 11.38 malades pour 100, tandis qu'il en a produit 25.77 pour 100 en 1855. Il n'y a rien à induire de différences, si considérables qu'elles soient, lorsqu'elles ne sont constatées que pour deux années. Il faudrait les suivre pendant une longue période pour reconnaître si elles se reproduisent ou alternent d'une manière à peu près constante, et pour leur assigner une cause ou en trouver la signification.

L'âge de 50 à 60 fournit aussi un certain contingent; celui de 60 à 80 présente même encore quelques victimes.

La durée comparative du séjour pour chaque sexe offre des différences remarquables :

La durée du séjour a toujours été infiniment moindre pour les hommes que pour les femmes, bien qu'elle ait aussi diminué dans des proportions assez notables pour ces dernières. Mais pour avoir une idée plus exacte des différences de sexe à sexe, il faut les considérer année par année dans la période la plus rapprochée. Voici les chiffres pour les onze dernières années :

nin, comme on le verra par le tableau suivant, que j'ai dressé pour 20 années, c'est-à-dire depuis l'époque où a été ouvert l'hôpital de Lourcine :

Ainsi, à l'exception de la seule année 1847, le prix de journée des femmes a été constamment le plus élevé. Il en résulte que l'entretien d'un lit à Lourcine est plus dispendieux que celui d'un lit au Midi, dans les propor

J'ai fait connaître quelle avait été la mortalité chez les femmes vénériennes par périodes décennales depuis

un demi-siècle à compter de 1805; voici le même renseignement pour les hommes traités à l'hôpital du Midi (1) :

De 1805 à 1814 (dix ans) 1 sur 56.04
De 1815 à 1824 (dix ans) 1 sur
De 1825 à 1834 (dix ans) 1 sur

62.03
80.32

On voit par là que depuis 1805 le chiffre de la mortalité s'est abaissé progressivement, et qu'elle a été trois fois moindre dans la dernière période que dans la pre

mière.

Pour justifier ce que j'ai dit, page 63, de la mortalité occasionnée par les affections syphilitiques, je vais indiquer les causes des décès survenus à l'hôpital du Midi pendant les années 1854 et 1855. Ce relevé est extrait des documents officiels publiés par l'administration de l'assistance.

(1) Pour la période écoulée de 1792 à l'an 1x, Cullerier avait trouvé que la mortalité avait été de 1 sur 47.