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Rotterdam est, sous le rapport de la prostitution, soumis à la loi commune, modifiée par quelques dispositions locales. Cette ville est sans garnison; mais la population flottante, marins, étrangers, paysans attirés par les marchés, y est considérable. Sur une population de 96,749 habitants, on compte : 362 femmes inscrites, divisées en trois catégories :

1° Filles de maison....

2o Filles en carte

3° Filles étrangères)

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demeurant isolément....... 231

Mouvement des maisons de tolérance et des femmes publiques habitant ces lieux ou bien demeurant isolément, pendant les années 1852—1o janvier 1857 (statistique donnée par le commissaire central de la police de Rotterdam).

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La première catégorie comprend en proportion un plus grand nombre de filles soumises que les deux autres, ce qu'il faut attribuer à la permanence déjà remarquée d'une population flottante considérable, à l'affluence périodique des gens de la campagne et de la banlieue, appelés par les marchés et les fêtes publiques,

La classe aisée, composée surtout de négociants et de jeunes gens employés dans le commerce, demande d'ordinaire ses plaisirs aux prostituées de la deuxième et de la troisième catégorie, quand elle ne va pas chercher ses distractions dans la capitale. Le rigo

risme des mœurs hollandaises a ses exigences, d'où la préférence accordée par les personnes des classes supérieures aux filles vivant isolément sur celles de la première catégorie, dont la fréquentation est plus difficile à dissimuler.

Le plus grand nombre des maisons est aggloméré dans un quartier de la ville, tandis que les filles isolées occupent des logements disséminés.

La surveillance sanitaire et administrative ne date que d'environ cinq ans; antérieurement, aucune loi n'obligeait les femmes à la visite.

Les vénériennes étaient traitées dans le seul hôpital existant alors, mais dans des salles séparées. Depuis la construction d'un nouvel hospice en 1851, l'ancien établissement est tout entier réservé aux prostituées atteintes de maladies syphilitiques. Il renferme soixante-dix lits, sous la surveillance d'un médecin spécial.

Sous le double rapport de la surveillance sanitaire et administrative, on divise les prostituées en :

1° Filles de maison;

2° Filles en carte et clandestines;

3° Filles étrangères.

On désigue sous la dénomination toute locale de filles étrangères les prostituées qui, en arrivant à Rotterdam, se font inscrire volontairement. La surveillance des femmes publiques est confiée à un inspecteur de police chargé aussi de la recherche de la prostitution clandestine.

REGLEMENT RELATIF A LA PROSTITUTION DANS LA VILLE DE ROTTERDAM.

4° Obligations des individus tenant maison publique,

Art. 4. Bien qu'interdite en principe, l'existence des maisons publiques pourra être tolérée par le directeur de la police à des conditions particulières et sans contrevenir en rien à la règle générale établie sur ce point. Les maisons ainsi tolérées et qui ne se soumettraient pas en tout aux mesures indiquées ci-dessous seront fermées.

Art. 2. Les maisons de prostitution sont de deux ordres :

A. Maisons habitées par des filles publiques;

B. Maisons fréquentées par des filles publiques, ayant leur domicile isolément.

L'établissement des maisons secrètes est interdit et puni selon la rigueur des lois.

Art. 3. Toute personne qui veut tenir un lieu de débauche (art. 2) est obligée d'en faire la demande par écrit au directeur de la police

avec indication du local où elle compte s'établir. Elle déclarera le nombre des chambres que renferme la maison et celui des filles qu'elle compte y admettre. Sa demande devra être accompagnée :

De la permission du mari de la postulante, si celle-ci est mariée et non séparée de son mari;

2° De la permission du propriétaire de l'immeuble.

Art. 4. Aucune chambre ni appartement dépendants d'une maison de tolérance ne pourront être loués séparément.

Art. 5. Les ouvertures donnant sur la rue devront être garnies de rideaux d'une étoffe épaisse qui seront constamment fermés. Les employés de la police auront libre accès à toute heure du jour et de la nuit. Art. 6. Aucune femme ne pourra être admise sans qu'elle soit pourvue d'un livret personnel constatant son inscription à la police.

Les servantes devront être approuvées par la police, et, si elles ont moins de quarante ans, elles seront soumises à la visite.

Les maîtresses de maisons non mariées et âgées de moins de quarante ans seront également soumises à la visite.

Art. 7. Les livrets des tenants de maisons devront toujours être exhibés sur la première réquisition d'un employé de la police. Ils seront délivrés gratis; mais, en cas de perte, ils seront remplacés contre payement d'un florin.

Art. 8. Les tenants de maisons devront se rappeler qu'ils sont passibles de toutes les rigueurs de la loi en cas d'attentat à la pudeur ou de détournement de mineures.

2o Obligations des filles publiques.

Art. 1. Est appelée femme publique, et traitée comme telle, toute femme qui se livre habituellement à la débauche, soit qu'elle habite une maison publique de prostitution, soit qu'elle demeure isolément.

Art. 2. Toutes les femmes publiques seront tenues de se présenter au bureau central de la police pour y être inscrites sur un registre tenu à cet effet.

Art. 3. Elles seront obligées de produire leur acte de naissance ou, si elles sont étrangères, leur passe-port.

Art. 4. Après leur inscription, elles seront visitées par le médecin. Si l'état de leur santé est satisfaisant, il leur sera délivré un livret renfermant leur nom, signalement, âge et règle de conduite. Elles devront montrer ce livret à toute réquisition faite par un employé de la police. Il leur sera délivré gratis; mais, en cas de perte, il sera remplacé contre payement de 50 cents (1 fr. 5 cent.) au plus.

Art. 5. Qu'elles habitent ou non une maison publique, il est défendu aux femmes inscrites de changer de domicile sans en avoir fait la demande au bureau central de la police.

Art. 6. Toute femme publique qui désire quitter la vie de débauche pourra toujours demander à être rayée du registre, afin de n'être plus soumise à la surveillance de la police.

Elle devra faire cette demande par écrit au commissaire central, qui ne la refusera jamais si la demande est sincère.

En cas de mariage ou de mort, la rature sera faite de droit. Art. 7. Les femmes publiques qui habitent les maisons de prostitution seront visitées toutes les semaines. Pour les femmes qui habitent isolément, cette visite n'aura lieu qu'une fois tous les quinze jours. Les visites seront gratuites et faites par le chirurgien désigné par la police. Les femmes des maisons publiques seront visitées à domicile, tandis que celles qui vivent isolément seront tenues de se rendre au cabinet du médecin; les maîtresses de maisons et les servantes âgées de moins de quarante ans sont soumises à la visite.

Il sera pris note sur le livret de la visite faite, avec la date et l'observation de l'état sanitaire.

Le cabinet du médecin sera ouvert de deux à quatre heures pendant les cinq premiers jours de la semaine, excepté les jours de fête. Art. 8. Il est défendu aux femmes publiques :

4° De se montrer dans la rue en état d'ivresse ou de nudité;

2o De se montrer aux portes ou aux fenêtres, soit de jour, soit de nuit; 3o De troubler la tranquillité publique et de tenir des propos obscènes dans la rue;

4o De provoquer les passants dans la rue par des paroles ou des signes;

5° De se prêter mutuellement leur livret. En cas de perte dudit livret, elles devront se conformer aux dispositions de l'article 4.

Art. 9. Indépendamment de ces obligations, toutes les femmes publiques doivent se rappeler qu'elles sont soumises aux peines portées par la loi contre l'attentat aux mœurs et à la pudeur.

Les règlements précédents sont reproduits dans les livrets que la police délivre aux tenants de maisons et aux filles publiques. Les livrets des tenants de maisons portent sur la première page l'instruction suivante:

« Le directeur de la police de Rotterdam permet par la présente à... de tenir une maison de prostitution rue..., n°..., et d'y admettre (nombre des filles). »

Sur la réquisition d'un employé de la police, on sera tenu de montrer le présent permis, lequel pourra être retiré s'il y a lieu. Le livret donné aux filles publiques porte en tête:

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>> Le présent livret, contenant six feuilles cotées et paraphées par nous, commissaire de police, est délivré à... (suivent le nom et le signalement de la fille). »

Quant à l'état sanitaire, le nombre des cas d'infection est dans la proportion suivante :

1° Femmes inscrites et en maison.....

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1 sur 7

1 sur 5

1 sur 2 ou 3

Cette proportion démontre que le service médical organisé avec soin réussit à diminuer le danger physique, mais qu'en même temps les visites par quinzaine sont insuffisantes (1).

Nous regrettons de ne pouvoir donner de statistiques plus détaillées sur l'origine, l'âge et la fin des malheureuses livrées à la prostitution. Elles sont pour la plupart originaires des provinces les moins favorisées sous le rapport de l'instruction et du bienêtre. Beaucoup viennent des contrées limitrophes ou voisines, de Belgique, d'Allemagne et d'Angleterre.

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On peut s'attendre à trouver dans la capitale de la Hollande, ville maritime et commerciale, un berceau assez favorable au développement de la prostitution. Un coup d'œil sur le mouvement de la population de cette ville, pendant les dernières années, servira à en mieux faire apprécier les éléments. Elle se compose comme suit :

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L'affluence continuelle d'étrangers, les marins que le commerce y attire, le luxe que déploient les classes aisées, le grand nombre de jeunes gens de bonne famille qu'une fortune médiocre condamne au célibat, l'indigence, unie au relâchement des mœurs parmi les ouvriers, sont autant de causes de débauche dont les conséquences doivent se manifester à chaque pas.

Cette assertion, bien qu'évidemment fondée pour quiconque étudie sainement la question, est loin de pouvoir s'étayer de données positives, car, avouons-le tout d'abord, l'administration municipale jusqu'à ce jour a reculé devant les obstacles que lui oppose la tendance éminemment libérale de l'esprit hollandais. La police, parmi nous, dans l'exercice de ses fonctions, se heurte à tout moment avec le peuple qui n'aime pas les mesures imposées avec autorité, toutes salutaires qu'elles soient: aussi a-t-on vainement tenté des démarches décisives pour enrayer le développement du mal, comme pour en connaître l'étendue. On se

(1) Voyez Règlement des filles, art. 7.

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