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La mort ou la messe, lui avait crié Charles IX; et Henri IV, qui ne fut de sa vie disposé au martyre, choisit la messe. Mais quelque temps après, s'étant enfui de la cour, il fit abjuration à Saumur pour professer de nouveau le calvinisme. Enfin, en 1593, éclairé par sa longue lutte contre les ligueurs, sur la nécessité que le roi de France professât la même religion que l'immense majorité des Français, il fit une troisieme et dernière abjuration à SaintDenis. Mais laissons parler un catholique du temps.

Après plusieurs conferences et instructions, le Roy s'estant, par la grace de Dieu, suffisamment instruict des points desquels il doutoit en la religion catholique, par le bon soing que messieurs les evesques et docteurs assemblez à cet effect y apporterent, il prit resolution de faire l'abjuration de Son heresie passée et profession pour l'avenir à la vraye foy catholique, apostolique et romaine, pour y vivre et mourir ainsi que les rois ses predecesseurs, et voulut faire cette bonne et saincte action publiquement dans l'éAlise de Sainct-Denys, le 25 juillet 1593, ayant Sa Majesté choisy ce lieu a cause des sépultures des rois qui y sont, les faits desquels il vouloit ensuivre; et de sadite conversion donna aussi tost advis, par lettre de cachet u mesme jour, a toutes les cours souveraines, corps et communautez, évesques absens, gouverneurs et autres personnes de qualité de son obéissance, afu que chacun en rendist graces à Dieu par Te Deum, processions et } rieres publiques, comme pas un n'y manqua estant le coup du salut de cet Estat.

Et bien que ce soit le fait des historiens de ce temps, d'escrire et laisser a la postérité les formes et cérémonies qui furent gardées à ladite conversion du Roy, je ne puis m'empescher, pour l'extrême contentement que j'en receus avec tous les bons cathoques et vrais François, d'en dire ici Sommairement quelque chose, après y avoir contribué de ma part toute l'affection et le service très-humble que je

devois; et ainsi je remarquay qu'après l'instruction du Roy, parfaite et achevée par M. l'archevesque de Bourges, grand aumosnier de France, et par messieurs les évesques de Nantes, du Mans, et du Perron, nommé à l'évesché d'Evreux, tous les autres évesques et docteurs ayant esté mandez plus pour authoriser l'action que pour y estre nécessaires, le dimanche matin 25 juillet 1593, Sa Majesté vestuë fort simplement, alla de son logis, qui estoit celui de l'abbé de Sainct-Denys, par la rue, toute tapissée, jusques au grand portail de l'église de ladite abbaye, assisté de tous les princes et officiers de la couronne, de ceux de son conseil, de trompettes et hauts-bois, comme il est de coutume aux grandes cérémonies, toutes les rues estant bordées du régiment de ses gardes, et ayant pris à l'entour de luy et derrière toutes ses gardes ordinaires du corps; et Sa Majesté arrivant audit portail, il y trouva ledit sieur archevesque de Bourges, revestu pontificalement, qui l'attendoit assis dans une chaire, et ayant à l'entour et près de luy M. le cardinal de Bourbon, et tous messieurs les archevesques, évesques, prélats, docteurs, et autres ecclésiastiques en nombre infiny revestus de rochets et camails, avec les religieux de Sainct-Denys, tous vestus en chappes, et toute ladite eglise si remplie de peuple d'un et d'autre party, qu'il estoit impossible d'y pouvoir trouver place ny s'entendre, pour les infinies et redoublées acclamations de Vive le roy, et autres applaudissements et signes d'allégresse qui se faisoient sans

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ses anges et tout le monde, de vouloir vivre et mourir en la religion catholique, apostolique et romaine, comme estant la seule et vraye mère, nécessaire à salut, et de laquelle il désiroit faire profession; lors ledit sieur de Bourges, se levant de sa chaire sans oster sa mittre, bailla de l'eau béniste au Roy, luy fit baiser la saincte croix, que lesdits religieux avoient apportée, et puis s'estant rassis, interrogea Sa Majesté des points de la foy, et luy fit faire l'abjuration nécessaire de ses hérésies, et sa profession de foy, suivant la forme prescrite par le concile de Trente, laquelle il luy fit signer; et après ayant fait relever le Roy, tousjours jusques là demeuré à genoux, ledit sieur de Bourges le prit par la main, et le conduisit au grand autel de ladite église, où Sa Majesté se prosterna encores à genoux, et baisa le pied dudit autel; puis, estant relevé, reconfirma sadite profession, et en jura l'entretien inviolable sur les saincts Évangiles qui estoient sur ledit autel, et aussitost se retira seul avec ledit sieur de Bourges dans un confessionaire préparé exprès à costé dudit autel, où il fit sa confession générale, et receut la pénitence que luy imposa ledit sieur de Bourges, avec l'absolution nécessaire, attendant qu'il envoyast à Rome vers Sa Saincteté pour la requérir et obtenir encores : et cependant le Te Deum se chanta par la musique de la chapelle de Sa Majesté, et se prépara la grand' messe, laquelle fut après ladite confession célébrée pontificalement par ledit sieur de Bourges, le Roy y assistant sous un daix de velours au milieu du chœur avec messieurs les prélats, princes, ducs, officiers de la couronne et autres, tous à l'entour de luy, sans rang, comme aux messes ordinaires du Roy. Mondit sieur le cardinal de Bourbon ayant présenté et fait baiser à Sa Majesté l'Evangile et la paix à la manière accoustumée, comme aussi elle alla à l'offrande, et à la fin de ladite grand' messe Sa Majesté communia publiquement par la main dudit sieur de Bourges, et après ladite grand'messe

finie fut faite largesse au peuple, au bruit des trompettes, hauts-bois, et infinies rejouissances de tout le monde; et cela fait Sa Majesté s'en retourna en son logis, en mesme ordre qu'elle estoit venue. A son dîner ledit sieur de Bourges, comme grand aumosnier, dit le Benedicite et les Graces avec la musique, et peu de temps après le Roy retourna à l'église, où il entendit le sermon que fit très-dignement ledit sieur de Bourges, puis assista à vespres, que sa musique chanta, et sur le soir s'en alla jusques au monastère de Mont-Martre faire ses devotions, à la veue et porte de Paris, dont le peuple tout ravy d'aise partit en si grande et merveilleuse foulle, et avec tant de tesmoignage d'affection, voir Sa Majesté, que l'on creut qu'elle eust bien peu dès ce jour là se rendre maistre de la ville de Paris si elle eust voulu s'y hazarder, et se servir de cette occasion et acclamations publiques; et en suitte de cette heureuse conversion l'on veid incontinent courir parmy la France infinis beaux discours, mesmes faits par personnes d'Estat, sur le grand heur qu'elle promettoit et pouvoit apporter à la France en son extrême nécessité, et l'estroite obligation qu'avoient après cela tous les bons François de recognoistre et bien servir le Roy, auquel l'on ne pouvoit rien plus désirer, puisqu'avec cela il estoit doué de toutes les conditions et qualitez convenables à sa grandeur et à la conservation et dignité de cette monarchie (*). »

S'il faut en croire certains écrivains, cette abjuration politique était chez Henri IV une affaire de conscience, et il n'avait retardé si longtemps sa conversion que parce qu'il avait trouvé dans son conseil une vive opposition à ce changement de religion, et parce qu'il n'avait pas voulu paraître faire une concession à la Ligue. On s'appuie sur un passage de Cayet, son ancien précepteur et zélé protestant, lequel

(*) Mémoires de Philippe Huzault, comte de Cheverny. Collection Petitot, première série, t. 36, p. 238 et suiv.

raconte que Henri IV, s'entretenant avec des ministres, leur disait : « Je ne vois ni ordre ni dévotion dans la religion nouvelle; elle ne gist qu'en un presche qui n'est qu'une langue qui parle bien françois : bref, j'ay ce scrupule qu'il faut croire que véritablement le corps de Nostre-Seigneur est au sacrement; autrement, tout ce qu'on fait en la religion n'est qu'une cérémonie.» Que Henri IV n'ait pas été fort bon calviniste, j'ai peu de peine à le croire; qu'il n'ait pas aimé les prédications quelque peu démocratiques des ministres instruits à Genève, et que ses instincts de roi absolu, qui se révélèrent si hautement plus tard, l'aient détourné du calvinisme, cela est fort probable, mais ne prouve rien en faveur de son catholicisme. Rappelons seulement le mot : « Paris vaut bien une messe.»>

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« On voit assez, dit Voltaire, ce qu'il pensait de sa conversion par sa lettre à Gabrielle d'Estrées : « C'est demain que je fais le saut périlleux. Je crois que ces gens-ci me feront haïr SaintDenis autant que vous haïssez Monceaux... » C'est immoler la vérité à de très-fausses bienséances, de prétendre, comme le jésuite Daniel, que quand Henri IV se convertit, il était dès longtemps catholique dans le cœur.... Il parait bien que l'amant de Gabrielle ne se convertit que pour régner...

« Il avait alors auprès de lui un envové secret de la reine Élisabeth, nommé Thomas Vilquési, qui écrivit ces propres mots quelque temps après à la reine sa maîtresse :

«Voici comme ce prince s'excuse sur son changement de religion, et les paroles qu'il m'a dites : « Quand je fus ⚫ appelé à la couronne, huit cents gen« tilshommes et neuf régiments se re« tirerent de mon service, sous prétexte

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« Henri envoya le sieur Morland à la reine d'Angleterre pour certifier les mêmes choses, et faire comme il pourrait ses excuses. Morland dit qu'Elisabeth lui répondit : « Se peut-il faire << qu'une chose mondaine lui ait fait << mettre bas la crainte de Dieu (**). » Quand la meurtrière de Marie Stuart parlait de la crainte de Dieu, il est très probable que cette reine faisait la comédienne, comme on le lui a tant reproché; mais quand le brave et généreux Henri IV avouait qu'il n'avait changé de religion que par l'intérêt de l'État, qui est la souveraine raison des rois, on ne peut douter qu'il ne parlat de bonne foi (***). »

Abjuration de Turenne. - « Cette conversion a fait tant de bruit dans le monde, dit l'abbé de Choisy, les catholiques en ont été si aises, et les protestans si fâchés, qu'il faut apprendre aux uns et aux autres la vérité d'un fait dont on a parlé si diversement. Jurieu et quelques autres ministres ont osé dire qu'il avoit changé de religion par politique: mais, en le disant, ils se sont exposés à la risée de tout le monde, qui à su qu'à la paix des Pyrénées, le cardinal Mazarin ne sachant quelle récompense procurer à M. de Turenne, pour les grands services qu'il avoit rendus à l'État, lui offrit l'épée de connétable, pourvu qu'il se fit catholique. L'accommodement de monsieur le prince n'étoit pas encore fait, et le cardinal n'eût peut-être pas été faché de le mortifier encore: mais M. de Turenne, en fait de religion, ne se conduisoit pas par des vues humaines; et, se voyant attaqué d'une manière si forte, il se roidit contre la

que j'étais hérétique. Les ligueurs « se sont hâtés d'élire un roi; les plus • notables se sont offerts au duc de Guise; c'est pourquoi je me suis résolu, après mûre délibération, d'embrasser la religion romaine; par ce moyen, je me suis entièrement adjoint le tiers parti; j'ai anticipé l'élec3 Livraison. (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE, ETC.)

(*) Tiré du troisième tome des manuscrits de Bèze, n° vir (note de Voltaire.)

(**) Ibid. (idem.)

(***) Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, ch. CLXXIV.

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grâce qui vouloit l'éclairer, et demeura encore plusieurs années dans l'incertitude. Il avoit toute sa vie aimé à parler religion, dans l'espérance de trouver la véritable en la cherchant. Il me souvient, à ce propos, d'avoir ouï dire au cardinal de Bouillon qu'un jour M. de Turenne s'étant trouvé dans son cabinet avec M. de Belinghen et VanBeuning, ambassadeur de Hollande, après avoir beaucoup parlé de religion, Van-Beuning avoua que s'il étoit bien persuadé qu'il n'y eût qu'une religion de bonne, il choisiroit la catholique; mais qu'il croyoit qu'on pouvoit aller au ciel par différens chemins. « Si je « croyois comme vous, lui dit M. de << Turenne, je serois bientôt catholique. «Ne faut-il pas toujours aller au plus « sûr? » Il sentoit assez souvent qu'il manquoit quelque chose à la doctrine qu'on lui avoit enseignée dans son enfance; ses premiers préjugés contre la religion catholique s'étoient évanouis par la conversation de quelques évêques de ses amis M. de Choiseul, évêque de Tournay, et M. Vialart, évêque de Châlons, l'avoient embarrassé; l'abbé Bossuet, depuis évêque de Condom, et enfin de Meaux, l'avoit peut-être ébranlé par quelques-uns de ses sermons, ou dans une conversation qu'il eut avec lui chez madame de Longueville, devant sa conversion. Le duc d'Albret, son neveu, nouveau docteur, et frais sur ces matières, lui en avoit parlé cent fois. Enfin le moment arriva; et, sans le dire à personne, sans sonner la trompette, sans ostentation, et seulement pour le salut de son âme, il fit son abjuration dans la chapelle particuliere de l'archevêché, entre les mains de M. de Péré fixe, dans un temps où toutes les raisons mondaines sembloient s'y opposer. Il vit fort bien qu'il se confondoit par là dans la foule des courtisans qu'on méprise parce qu'on ne les craint pas; au lieu que, demeurant huguenot, il se voyoit à la tête d'un parti autrefois si puissant, et qui feroit les derniers efforts pour se soutenir jusqu'à la fin. Ainsi sa conversion fut sincère; et la meilleure preuve qu'il en donna fut le

zèle qui le dévoroit pour le salut de ses frères errans. Il dit à l'évêque de Condom, avec lequel il fit depuis une amitié très-intime, que la plupart des huguenots ne se convertissoient pas faute d'entendre la véritable doctrine de l'Église catholique; et lui donna peut-être les premières vues qui ont produit le livre admirable de l'Exposition de la foi, en lui exposant les articles qui lui avoient fait le plus de peine, et qui ne lui en faisoient plus de la manière dont l'évêque de Condom les expliquoit.

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« Je n'oublierai pas que M. de Turenne ayant pris sa dernière résolution de se convertir, dit un matin au duc d'Albret: « Vous allez être bien aise « et bien fâché; je vais me faire catholique, et je vous en ai fait le secret, << de peur qu'on ne dise que vous m'avez « converti. Je voudrois, si cela se pou« voit, que personne ne le sût; et je <«< veux trouver un simple prêtre qui « reçoive mon abjuration. » Le duc d'Albret l'assura que la joie étouffoit en lui tout autre sentiment; mais qu'il le supplioit de se souvenir que M. l'archevêque de Paris étoit son pasteur, et qu'il devroit aller recevoir ses instructions, quand même il ne seroit pas autant de leurs amis qu'il l'étoit. Il y alla, et fit son abjuration entre ses mains le lendemain, en présence de Perthuis, capitaine de ses gardes, de Desroziers, son maître d'hotel, et de Duhault, son premier valet de chambre, tous trois catholiques, qui fondoient en larmes en voyant leur maître rentrer dans le bon chemin. M. Boucherat et M. l'abbé le Sauvage y furent aussi présents: je ne sais pas pourquoi le duc d'Albret ne s'y trouva pas (*). »

Abjuration du clergé de Paris en 1793. Après l'abjuration politique de Henri IV, et l'abjuration consciencieuse de Turenne, il faut citer encore, pour avoir des exemples de tous les genres, l'abjuration honteuse de l'évêque et

(*) Mém. de l'abbé de Choisy. Collection Petitot, deuxième série, t. LXIII, p. 460 et suiv.

du clergé de Paris, qui adoptèrent le lendemain, était encore un charlatan. Léoculte de la Raison.

Séance de la convention du 17 brumaire an II (7 novembre 1793).

LALOI, président.

On lit la lettre suivante dont l'insertion au procès-verbal est ordonnée.

a Citoyens représentants, je suis prètre, je suis curé, c'est-à-dire charlatan. Jusqu'ici charlatan de bonne foi, je n'ai trompé que parce que moi-même j'avais été trompé; maintenant que je suis décrassé, je vous avoue que je ne voudrais pas être charlatan de mauvaise foi. Cependant la misère pourrait m'y contraindre, car je n'ai absolument que les douze cents livres de ma cure pour vivre; d'ailleurs je ne sais guère que ce qu'on m'a forcé d'apprendre, des oremus.

<< Je vous fais donc cette lettre pour vous prier d'assurer une pension suffisante aux évêques, curés et vicaires sans fortune et sans moyens de subsister, et cependant assez honnêtes pour ne vouloir plus tromper le peuple, auquel il est temps enfin d'apprendre qu'il n'y a de religion vraie que la religion naturelle, et que tous ces rêves, toutes ces momeries, toutes ces pratiques que l'on décore du nom de religion, ne sont que des contes de la Barbe bleue!

« Plus de prêtres ! Nous y parviendrons avec le temps. Pour se hâter, il me semble qu'il serait bon d'assurer le nécessaire à ceux qui veulent rendre justice à la vérité, et qui sont disposés à descendre d'un rang auquel l'ignorance, l'erreur et la superstition ont pu seules les faire monter.

Plus de prêtres! cela ne veut pas dire plus de religion! Sois juste, sois bienfaisant, aime tes semblables, et tu as de la religion, parce qu'ayant toutes les vertus qui peuvent te rendre heureux en te rendant utile à tes frères, tu as tout ce qu'il faut pour plaire à la Divinité.

Si je pouvais ne prêcher que cette morale, à la bonne heure; mais mes paroissiens veulent que je leur parle de neuvaines, de sacrements, de cent mille dieux... Ce n'est pas plus mon goût que le vôtre; je vous prie done de me permettre de me retirer, en m'assurant une pension.

Signé PARENT, curé de Boissise-la-Bertrand, district de Melun, le 14 brumaire an Il de la république.

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Sergent demande l'ordre du jour, motivé sur ce qu'un prêtre qui disait qu'il était la veille dans l'erreur, et qu'il n'y était plus le

nard Bourdon et Thuriot font décréter l'insertion au procès-verbal.

Le président donne ensuite lecture de la lettre ci-après qui lui est adressée :

Citoyen président, les autorités constituées de Paris précèdent dans votre sein le ci devant évêque de Paris et son ci-devant clergé, qui viennent de leur propre mouvement rendre à la raison et à la justice éternelle un hommage éclatant et sincère.

«Signé CHAUMETTE, procureur de la com mune; MOMORO, président par intérim; LHUILLIER, procureur général du département de Paris; PACHE, maire. »

Les autorités et le clergé de Paris sont admis à la barre. (Applaudissements réitérés dans les tribunes.)

MOMORO. «Citoyens législateurs, l'évêque de Paris et plusieurs autres prêtres, conduits par la raison, viennent dans votre sein se dépouiller du caractère que leur avait imprimé la superstition. Ce grand exemple, nous n'en doutons pas, sera imité par leurs collegues. C'est ainsi que les fauteurs du despotisme en deviendront les destructeurs; c'est ainsi que dans peu la république française n'aura plus d'autre culte que celui de la liberté, de l'égalité et de la vérité, culte puisé dans sein de la nature, et qui, grâce à vos travaux, sera bientôt le culte universel.

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Signé MoмORO, président de la députation. »>

GOBEL, évêque de Paris : « Je prie les représentants du peuple d'entendre ma déclaration :

Né plébéien, j'eus de bonne heure dans l'âme les principes de la liberté et de l'égalité. Appelé à l'assemblée constituante par le vœu de mes concitoyens, je n'attendis pas la déclaration des droits de l'homme pour reconnaître la souveraineté du peuple : j'eus plus d'une occasion de faire publiquement ma profession de foi politique à cet égard, et depuis ce moment toutes mes opinions ont été rangées sous ce grand régulateur. Depuis ce moment la volonté du peuple souverain est devenue ma loi suprême; mon premier devoir, la soumission à ses ordres: c'est cette volonté qui m'avait élevé au siége de l'évêché de Paris, et qui m'avait appelé en même temps à trois autres. J'ai obéi en acceptant celui de cette grande cité, et ma conscience me dit qu'en me rendant au vœu du peuple du département de Paris, je ne l'ai pas trompé; que

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