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Suite du Tableau généalogique de la seconde maison d'Anjou.

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ANNAT (François). Le véritable nom de ce fameux jésuite était, à ce qu'il paraît, Canard; pour éviter les mauvaises plaisanteries, il le latinisa en celui d'Annat. Né à Rodez en 1607, il professa pendant treize ans la philosophie et la théologie à Toulouse. Appelé à Rome pour remplir les fonctions de censeur de la société, il fut, après son retour en France, député par sa province, en 1645, à la huitième congrégation générale des jésuites. Revenu dans sa patrie avec la qualité de provincial, il fut choisi, en 1654, pour être confesseur de Louis XIV, et occupa ce poste pendant seize ans. Le P. Sotwel l'appelle le marteau des hérésies, et surtout de la nouvelle hérésie du jansénisme. C'est lui, en effet, qui, par son activité et ses intrigues, lorsqu'il était à Rome, contribua le plus à la promulgation de la bulle d'Innocent X contre les cinq propositions attribuées à l'évêque d'Ypres, et qui ensuite parvint, par le crédit du cardinal Mazarin et de M. de Marca, à faire déclarer dans l'assemblée du clergé de France, que ces propositions sont tirées du livre de Jansenius. Il fut l'âme du parti opposé à Port-Royal, et le promoteur de tous les actes d'autorité que fit le gouvernement pour ériger le Formulaire d'Alexandre VII en loi de l'Etat. Entraîné dans une guerre très-vive avec MM. de PortRoyal, pour se venger des coups que lui portèrent ces célebres théologiens, il fit déférer et condamner en Sorbonne les deux propositions qui provoquèrent l'expulsion du grand Arnauld de la faculté de théologie. A l'occasion de cette polémique, le P. Annat composa un grand nombre d'écrits en latin et en français, dont le plus singulier est intitulé: le Rabat-joie des jansenistes, ou Observations sur le miracle qu'on dit être arrivé à Port-Royal. Ils furent, pour la plupart, réfutés par Arnauld, Nicole et Pascal, qui adressa au R. P. Annat sa dixseptième et sa dix-huitième Provinciale.

▸ ANSCHAIRE OU ANSGARIUS (saint), surnommé l'Apôtre du Nord, naquit

en Picardie, le 8 septembre 801, et fut élevé dans l'abbaye de Corbie, pres Amiens. Il passa ensuite à Corvey, en Westphalie, où il fut en 821 nommé recteur de l'école du couvent. Peu de temps après, il accompagna en Danemark le roi Harald, qui venait de se faire baptiser à Mayence, et retournait dans ses États, avec l'intention d'y introduire le christianisme. Auschaire obtint d'abord de grands succès, et fonda une école chrétienne à Hadeby, aujourd'hui Schleswig ; mais il fut bientot forcé de quitter le theâtre de ses travaux apostoliques avec Harald, dont le zèle intolerant avait soulevé les Danois. Il se rendit alors en Suède, à la suite des ambassadeurs envoyés par le roi Bioern à l'empereur Louis le Pieux, et obtint la permission d'y enseigner publiquement le christianisme. Il convertit un grand nombre des principaux de la nation, bâtit une église, et revint à Corvey en 831. Louis le Pieux venait de fonder l'archevêché de Hambourg, il le donna à Anschaire; le pape Pascal lui envoya en même temps le pallium, et le nomma son légat dans le Nord. Mais en 845, Hambourg fut pris et brûlé par des brigands, et Anschaire, chassé de sa ville archiepiscopale, fut obligé d'ac-cepter un asile chez une femme nouvellement convertie. Peu de temps après, il fut nommé à l'évêché de Brême, qui depuis lors n'a jamais cessé d'être réuni à l'archevêché de Hambourg. Vers cette époque, Anschaire retourna en Danemark, où il acquit la faveur du roi Eric, et consolida l'établissement de la religion chrétienne. Il réussit également en Suède, auprès du roi Olof ou Olaus, et dans le Holstein. De retour à Brême, il y mourut, le 3 février 864. D'un assez grand nombre d'ouvrages qu'il avait composés, il ne nous reste que quelques lettres, et une histoire de la vie et des miracles de saint Vilohade.

ANSELME, religieux bénédictin de St-Remi de Reims, fut chargé par He rimar, son abbé, de mettre par ecrit tout ce qui s'était passe dans cette ville pendant le séjour que le pape

Léon IX y fit en 1049. Voici à quelle occasion. Hérimar ayant achevé l'église qu'il avait fait construire en l'honneur de saint Remi, envoya prier le pape de vouloir bien en faire la dédicace. Le pontife se rendit à Reims le 1er octobre 1049; et la dédicace étant achevée, il tint dans cette ville un concile où se rendirent le roi Henri, les évêques et tous les prélats de la France. Anselme écrivit l'histoire de la dédicace, ainsi que les actes du concile, et il y ajouta la relation du voyage du pape. De là vient que son ouvrage est quelquefois intitulé : Itineraire du pape Léon IX. Mabillon l'a inséré dans les Acta ordinis sancti Benedicti.

ANTELMI (Joseph), chanoine de la cathédrale de Fréjus, né dans cette ville, au milieu du dix-septième siècle, s'est pendant toute sa vie occupé de travaux littéraires et archéologiques. Il a publié plusieurs dissertations estimées sur l'église et les monuments romains de Frejus, sur les ouvrages de saint Léon le Grand et de saint Prosper, sur la vie de saint Martin de Tours, etc. Il a en outre laissé les matériaux d'une histoire complète de sa ville natale.

ANTHOINE (Nicolas), fanatique du dix-septième siècle, naquit à Briey, en Lorraine, de parents catholiques. Après avoir achevé sa première éducation sous la direction des jésuites, il se mit en relation avec Paul Ferri, ministre protestant à Genève, et embrassa le protestantisme. Envoyé à Sedan, puis à Genève pour étudier la théologie, il trouva dans le Nouveau Testament des difficultés qui lui parurent insolubles. Ces difficultés le tourmentèrent; il se jeta dans la lecture assidue de l'Ancien Testament, et arriva bientôt au judaïsme. Résolu d'embrasser cette religion, il retourna à Metz, découvrit son projet aux rabbins de cette ville, et demanda la circoncision. La synagogue l'adressa aux juifs de Venise, qui le renvoyèrent à ceux de Padoue. Mais ceux-ci, craignant de s'attirer de mauvaises affaires, n'osèrent l'admettre parmi eux, et lui di

rent qu'il lui suffisait d'être bon israélite dans le fond du cœur, sans professer extérieurement la loi de Moïse. Anthoine revint à Genève, dissimula sa croyance, et fut nommé par le synode de Bourgogne, ministre à Divonne, dans le pays de Gex. Il prenait toujours pour texte de ses sermons des passages de l'Ancien Testament, et ne parlait jamais de JésusChrist, ce qui inspira quelques doutes sur son orthodoxie protestante. La crainte d'être dénoncé le fit tomber en démence. Dans son délire, il proférait des imprécations contre le Christ et l'Évangile, et offrait de mettre sa main au feu pour prouver la vérité de ce qu'il avançait. S'étant échappé pendant la nuit, il arriva à Genève, dont les magistrats le firent conduire à l'hôpital. Après un traitement convenable, son esprit se calma, il mit plus de modération dans ses paroles; mais il persista dans son attachement au judaïsme. Tous les efforts pour le ramener à la foi chrétienne furent inutiles. Alors on procéda juridiquement contre lui. Il fut condamné à être étranglé sur le bûcher, et ensuite brûlé. La sentence, prononcée le 20 avril 1632, fut exécutée le même jour. On trouva parmi ses papiers une profession de foi judaique en douze articles, qu'il avait envoyée au conseil pendant sa détention.

AOUT (Nuit du 4). Depuis la prise de la Bastille, une terreur génerale régnait dans toute la France. Le bruit se répandait partout, que des brigands parcouraient le royaume et coupaient les moissons avant leur maturité. Partout le peuple prit les armes; mais les brigands attendus n'arrivèrent nulle part. Ce moyen de soulever et de faire armer le peuple des campagnes fut attribué aux divers partis. Quoi qu'il en soit, dit M. Thiers, il tourna au profit de la nation, qu'il mit en armes et en état de veiller à sa sûreté et à ses droits. >>

Le peuple des villes avait secoué ses entraves, le peuple des campagnes voulait aussi secouer les siennes ; il refusait de payer les droits féodaux ; il poursuivait ceux des seigneurs qui l'a

vaient opprimé; il incendiait les châteaux, brulait les titres de propriété, et se livrait, dans quelques pays, à des vengeances atroces. Un accident déplorable avait surtout excité cette effervescence universelle. Un sieur de Mesmai, seigneur de Quincey, donnait une fête autour de son château. Tout le peuple des campagnes y était rassemble, et se livrait à la joie, lorsqu'un baril de poudre, s'enflammant tout à coup, produisit une explosion meurtrière. Cet accident, reconnu deLuis pour un effet de l'imprudence et non de la trahison, fut imputé à crime au sieur de Mesmai. Le bruit s'en répandit bientôt, et provoqua partout les cruautés de ces paysans, endurcis par une vie misérable, et rendus féroces par de longues souffrances. Les ministres vinrent en corps faire à l'assemblée un tableau de l'état déplorable de la France, et lui demander les moyens de rétablir l'ordre. Ces désastres de tout genre s'étaient manifestés depuis le 14 juillet. Le mois d'août commençait, et il devenait indispensable de rétablir l'action du gouvernement et des lois. Mais pour le tenter avec succès, il fallait commencer la régénération de l'État par la réforme des institutions qui blessaient le plus vivement le peuple, et le disposaient davantage à se soulever. Une partie de la nation, soumise à l'autre, supportait une foule de droits appelés féodaux. Les uns, qualifiés utiles, obligeaient les paysans à des redevances ruineuses; les autres, qualifiés honorifiques, les soumettaient envers leurs seigneurs à des respects et des services humiliants. C'étaient là des restes de la barbarie féodale, dont l'abolition était un sacrifice dû à l'humanité. Ces priviléges, regardés comme des propriétés, appelés même de ce nom par le roi, dans la déclaration du 23 juin, ne pouvaient être abolis par une discussion. Il fallait, par un mouvement subit et inspiré, exciter les possesseurs à s'en dépouiller eux-mêmes.

A l'ouverture de la séance de nuit du 4 août 1789, le président donna à l'Assemblée nationale lecture du projet

d'arrêté relatif à la sûreté du royaume; et la discussion s'ouvrit aussitôt. Le premier orateur qui parut à la tribune, fut le vicomte de Noailles : « Le but de « ce projet, dit-il, est d'arrêter l'effer<< vescence des provinces, d'assurer la li«berté publique, et de confirmer les propriétaires dans leurs véritables droits. «Mais comment peut-on espérer d'y « parvenir, sans connaître quelle est la cause de l'insurrection qui se ma«nifeste dans le royaume? et com<< ment y remédier, sans appliquer le « remède au mal qui l'agite ?...

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Pour arriver à cette tranquillité si « nécessaire, je propose:

« 1° Qu'il soit dit, avant la procla «mation projetée par le comité, que « les représentants de la nation ont

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décidé que l'impôt sera payé par tous «<les individus du royaume, dans la « proportion de leurs revenus.

«20 Que toutes les charges publiques « seront à l'avenir supportées égale«ment par tous.

« 3° Que tous les droits féodaux se « ront rachetables par les communau«< tés, en argent, ou échangés sur le prix d'une juste estimation, c'est« à-dire, d'après le revenu d'une an«née commune, prise sur dix an«nées de revenu.

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« dans les vexations dont le peuple est << la victime. Les proprietaires des fiefs, « des terres seigneuriales, ne sont, il « faut l'avouer, que bien rarement <coupables des exces dont se plaignent <<< leurs vassaux; mais leurs gens d'affaia res sont souvent sans pitié, et le « malheureux cultivateur, soumis au << reste barbare des lois féodales qui << subsistent encore en France, gémit « de la contrainte dont il est la vic« time. Ces droits, on ne peut se le « dissimuler, sont une propriété, et « toute propriété est sacrée; mais ils << sont onéreux aux peuples, et tout «<le monde convient de la gêne con«tinuelle qu'ils leur imposent.

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« Dans ce siècle de lumières, où la << saine philosophie a repris son empire, à cette époque fortunée, où, réunis pour le bonheur public, et « dégagés de tout intérêt personnel, « nous allons travailler à la régéné«ration de l'État, il me semble, Mes«sieurs, qu'il faudrait, avant d'établir « cette constitution si désirée, que la << nation attend, il faudrait, dis-je, << prouver à tous les citoyens que no<< tre intention, notre vœu est d'aller « au-devant de leurs désirs, et d'éta« blir le plus promptement possible « cette égalité de droits, qui doit exiseter entre tous les hommes, et qui « peut seule assurer leur liberté. Je ne doute pas que les propriétaires de fiefs, les seigneurs des terres, loin « de se refuser à cette vérité, ne soient disposés à faire à la justice le sacri«fice de leurs droits. Ils ont déjà re« noncé à leurs priviléges, à leurs « exemptions pécuniaires; sans doute, « en ce moment, on ne peut pas leur << demander la renonciation pure et << simple à leurs droits féodaux........ »

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Le duc d'Aiguillon demande ensuite qu'on établisse le rachat de ces droits, et présente une proposition tendant à fixer le mode de rachat. Jusqu'alors, il n'y avait rien que de très-naturel dans les propositions faites à l'Assemblée; la noblesse reconnaissait l'odieux des droits féodaux, elle sentait qu'il fallait enfin céder, et proposait une transaction devenue nécessaire,

elle aimait mieux vendre que de perdre en entier une source abondante de revenus. Mais Le Guen de Kerengal. député de la basse Bretagne, et propriétaire dans ce pays, monte à la tribune en habit de cultivateur; et, dans un discours plein de vérité et de chaleur, il aborde franchement la question: « Messieurs, dit-il, vous «eussiez prévenu l'incendie des châ<< teaux, si vous aviez été plus prompts « à déclarer que les armes terribles << qu'ils contenaient, et qui tourmen<< taient le peuple depuis des siècles, « allaient être anéanties par le rachat « forcé que vous en alliez ordonner.

« Le peuple, impatient d'obtenir a justice et las de l'oppression, s'em« presse de détruire ces titres, mo«<numents de la barbarie de nos pères.

« Soyons justes, Messieurs: qu'on << nous apporte ici les titres qui ou << tragent non-seulement la pudeur, < mais l'humanité même; qu'on nous « apporte ces titres qui humilient l'es<< pèce humaine, en exigeant que les « hommes soient attelés à une char<< rette, comme les animaux de labou «rage; qu'on nous apporte ces titres I qui obligent les hommes à passer « les nuits à battre les étangs, pour empêcher les grenouilles de trouabler le sommeil de leurs voluptueux << seigneurs !

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« Qui de nous, Messieurs, dans ce « siècle de lumières, ne ferait pas un « bûcher expiatoire de ces infâmes par« chemins, et ne porterait pas le flam<< beau pour en faire un sacrifice sur « l'autel du bien public?

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<< Vous ne ramènerez, Messieurs, le «< calme dans la France agitée que quand vous aurez promis au peuple « que vous allez convertir en presta«<tions en argent, rachetables à vo

lonté, tous les droits féodaux quel« conques; que les lois que vous allez « promulguer anéantiront, jusqu'aux « moindres traces, les droits de ser<< vitude dont il se plaint justement. « Dites-lui que vous reconnaissez l'injustice de ces droits acquis dans des « temps d'ignorance et de ténèbres. « Pour le bien de la paix, hâtez-vous

«

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