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Canon. Ces dix Bâtimens feront en état de mettre en Mer avant la fin de Mars.

On a mandé de Dunkerque que le 6. de ce mois, quelques Fregates Angioiles avoient paru fur le foir à la hauteur du Port, & que fur le champ on doubla le nombre des Canoniers & des Grenadiers aux trois Batteries; mais cette précaution fut inutile, les Fregates difparurent bien tôt après, & on fçut le lendemain qu'elles avoient parcouru la Côte durant la nuit, en évitant néanmoins les Rades,fur-tout celle de Calais. M. Bart, fils du feu Chef d'Efcadre de ce nom, commande les cinq Compagnies de Marine qui font à Dunkerque; & cet Officier ne, dégénère point de la valeur de fon Pere & de fon Ayeul, que les Anglois éprouverent plus d'une fois.

M. Hocquart, Capitaine de Vaiffeau, qui commandoit l'Alcide, & les Officiers qui ont été pris par les Anglois, font revenus en France pai différens Ports: ils tiennent tous le même langage fur la façon dont les prifonniers font traités en Angleterre, & en paroiffent indignés ; ils ont été volés ou pillés, & on ne les a renvoyé, qu'après avoir exigé leur parole d'honneur qu'ils ne ferviroient point contre la Grande Bretagne.

Tandis que nos Guerriers fe difpofent à venger le Commerce légitime des torts que lui font les Anglois, nos Magiftrats s'exercent ici à punir des Commerces criminels. Trois femmes qui négocioient en volupté, proftituées & proftitutrices tout ensemble, fubirent hier un châtiment d'autant plus exemplaire, que fa fingularité lui attira un plus grand nombre de témoins. La plus coupable des trois, coëffée d'un chapeau de paille, affife fur un âne, le vifage tourné vers la queue de cet animal, ayant devant & derrière un Ecriteau où étoit exprimé en quatre fyllabes énergiques l'office de femme commode, qu'elle avoit exercé, fut promenée par le Bourreau dans les Lieux & Carrefours accoûtumés, fuftigée nue le long de fa marche, flétrie d'un fer chaud en forme de Fleur de Lys au coin de la Rue du Cimetiere de St. Nicolas des Champs, & bannie pour cinq ans de la Ville, Prévôté & Vicomté de Paris. Les deux autres, en l'accompagnant à pied, partagerent fa confufion fans partager fon fupplice; mais elles ont été bannies pour trois ans. Ce Spectacle grotefquement ignominieux eut autant de fpectateurs, que pourroit en avoir le plus beau triomphe.

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Une partie des Habitans de Biceftre, qui eft le lieu où l'on enferme les mauvais garnemens, fe révolta la femaine derniere, & il y eut à cette occafion plufieurs perfonnes tuées ou bleffées. On informe actuellement pour découvrir les Auteurs de la Rebellion, afin de leur affigner la récompenfe qu'ils méritent.

Mgr. le Dauphin & Mme. la Dauphine doivent venir Lundi prochain en cette Capitale pour faire leurs actions de graces à la Ste. Vierge, au fujet de l'heureufe naiffance de Mgr. le Comte de Pro

vence; & il y aura un Te Deum folemnel à cette occafion, felon l'ufage ordinaire.

M. de Rigemorte, premier Commis du Bureau de la Guerre & Chef du Genie & du Bureau des Fortifications, quitte cet Emploi pour fe retirer avec fon frere, Infpecteur des Turcies, Ponts & Chauffées du Royaume. On ne fçait s'il faut attribuer aux mauvais tems qu'il a fait fur Mer, ou à la crainte des Anglois le retardement de l'arrivée des Navires Marchands qu'on attendoit à Bordeaux, à Bayonne & dans d'autres Ports du Royaume fur l'Océan. On mande de ces différens Ports que depuis les derniers jours de Decembre jufqu'au 6. de ce mois, il n'en a paru aucun. Les dernieres Lettres de Cadix portent que le Vaiffeau le St. Georges,qu'on croyoit parti de Buenos-Aires au commencement du mois de Septembre dernier n'a pû mettre à la voile qu'en Decembre, & qu'ainfi, il ne pourra être de retour en Europe que vers le mois d'Avril : le Vaiffeau le Lion, parti du même endroit fur la fin de Septembre, eft attendu d'un jour à l'autre.

Il eft mort ici cette femaine plufieurs perfonnes de marque, & entr'autres, M. Davy de la Fautriere, Confeiller de la troifiéme Chambre des Enquêtes, reçu le 27. Fevrier 1726. chargé du dépôt de la Guerre; M. le Marquis de Prulay, Officier de la Gendarmerie, & Mme. la jeune Ducheffe de Grammont. La Mere de cette Dame eft dangereufement malade, de même que Mme. de Seffac, & M. le Prince de Grimbergue. Mme. la Marquife de Mongneville eft morte en Lorrai ne, âgée de 74. ans. M. de Morfan, fils de M. d'Harnoncourt, époufe Mlle. de Caftelnau, fille de M. le Marquis de Montboiffier, ancien Commandant de la feconde Compagnie des Moufquetaires. Mme. de Perfan, épouse de l'Intendant du Commerce, eft accouchée d'une fille.

On mande de Belac, Capitale de la baffeMarche, qu'on a célebré dans le Collège des Prêtres Seculiers de la Doctrine Chrétienne, la naiffance de Mgr. le Comte de Provence par deux Genethliaques en Vers Latins, que deux Profeffeurs de ce Collège ont prononcé. Ces deux Harangues furent précédées & fuivies d'une grande fymphonie ; le foir tout le Collège fut illuminé.

Les Actions de la Compagnie des Indes font à 1400. livres. Les Billets de la premiere Lotterie Royale à 829. Ceux de la feconde n'ont point de prix, & ceux de la 3me. à 624. livres.

De LYON le 16. Janvier.

Le Rhône & la Saône, groñis par la fonte des neiges, & par les pluyes continuelles que nous effuyons depuis. quinze jours, ont occafionné quelque dérangement dans l'activité du Commerce. L'un & l'autre ont innondé les endroits qui en font voifins. Les voitures n'ont pû par cette raifon remonter la Saône, qui a couvert de fes caux tout le Quay de Villeroi; & le Rhône eft auffi entré dans la Ville de plufieurs côtés : l'Intendance, la Charité & la Place des Cordeliers, en ont été le plus incommodes. Le Fleuve, & la Riviere font depuis rentrés dans leur lit, & n'on heureufement caufé aucun dominage confidérable.

I

LE COURRIER

DU MARDI 27. JANVIER 1756.

De MADRID le 4. Janvier. L fe tient depuis quelques jours de fréquens Confeils à la Cour ; il partit hier trois Courriers, dont on ignore la deftination, quoiqu'ils ayent tous pris la route de Barcelonne. Don Eftevan Jofeph de Abaria, Préfident de la Maifon de la Contractation des Indes, vient de mander de Cad x que le Fregate le San Peregrino, autrefois le fafon, venant de BuenosAires,eft entrée dans ce Port avec un chargement confiftant en 917874. pefos fuertes en or ou argent monoyé, en ouvrages d'orfévrerie, ou en lingots , 43. quintaux 63. livres Laine de Vigogne, 15667. Cuirs en poil, 360. peaux de Tigre, & autres marchandifes des Indes. Il a donné avis en même tems de l'arrivée du Vaiffeau la Conception, parti de la Vera-Crux & de la Havana avec un million 266947. pefos fuertes, auffi en or ou argent monoyé, ou mis en œuvre, 2175. Arobes de Cochenille, 997. d'Anil, 1196. de Jalap 3857. de Sucre, 260150. de Vanille, 1494. Cuirs tannés, 349. en poil, 1456. quintaux Bois de Campêche, 120. de Cuivre, & quantité d'autres marchandifes, denrées, ou Drogues Médicinales du crû des Indes-Efpagnoles.

De BARCELONNE le 10. Janvier. Le beau tems dont nous joüiffons depuis quelques femaines, & la retraite des Corfaires de Barbarie, amènent dans ce Port quantité de Bâtimens étrangers ou nationnaux, dont l'abord donne un nouveau luftre à notre Commerce par les avan tages qu'ils lui procurent. Il paffe auffi affez fré quemment à la vue de notre Port des petites flottes marchandes Angloifes & Hollandoifes, efcortées par des Vaiffeaux de Guerre de leur Nation, venant du Levant, ou allant dans les diverses Echelles & dans les différens Ports d'Italie. Nous voyons même de tems à autre entrer ici quelques Vaiffeaux de Guerre ou Fregates de ces deux Nations, pour prendre fous leur efcorte les Navires qui font fur le point de mettre à la voile. On croit que bien-tôt les Hollandois, qui prennent cette précaution par rapport aux courfes des Bâtimens Barbarefques, pourront s'en difpenfer, puisque d'un côté les ravages qu'ont fait les différentes fécouffes de Tremblement de terre fur toute la Côte d'Afrique depuis le Détroit de Gibraltar, jusqu'aux extrêmités de l'Empire de Maroc, ne permettront pas aux Bâtimens qui couroient les Mers d'Efpagne & de Portugal pouvoir reparoître de long-tems; & que de l'autre les Algeriens font aujourdhui trop occupés chez eux, pour penfer à continuer des courfes qui leur ont été très-inutiles jufqu'à ce four. On

fçait d'ailleurs que fur la Côte d'Afrique en deçà du Détroit, & par conféquent dans le Pais qu'occupent les trois Regences Barbarefques, la confternation y eft génerale depuis la nouvelle de ce qui eft arrivé dans les Royaumes de Fez & de Maroc, & qu'on y craint d'etre expofé à chaque intant aux mêmes défaftres.

De LIVOUR NE le 10. Janvier. Les fécouffes de Tremblement de terre qu'on a effuyées en Portugal, fur les Côtes d'Afrique, en France, dans les Pais - Bas, en Allemagne, au fond du Nord, & dans la Lombardie, pendant les mois de Novembre & de Decem bre derniers, ont caufé & caufent encore ici d'autant plus de frayeur, qu'on y a fous les yeux les vettiges des pernicieux effets qu'un pareil phénomène y produifit en 1746. Cette épouvante elt augmentée par la nouvelle des terribles ouragans qu'il y a eu en divers endroits du Royaume de Naples, fur-tout le long des Côtes, & par celle de quelques fimptômes qui femblent annoncer une nouvelle éruption du Mont-Vefuve. Comme les dernieres experiences ont fait voir que la diftance des lieux n'eft pas une raifon de fe raffurer, on craint que s'il furvenoit un tremblement de terre dans ce Royaume, les fécouffes ne fe fillent fentir jufqu'ici, puifque celles qui ont détruit Lisbonne ont été fenfibles à la même heure à plus de 600. lieues de cette malheureufe Ville. Mais quoiqu'il en doive être à notre égard des effets phyfiques de ce phénomène, dont l'appré henfion, malgré les exemples dont on l'appuie, peut fort bien être chimérique, nous en reffentons les effets civils, dans le préjudice qu'en fouffre notre Commerce; car la ruine de celui de Lisbonne n'influë pas moins ici que dans toutes les autres Villes commerçantes de l'Europe & nous prive, entr'autres avantages, de celui que nous retirions de notre correfpondance avec Londres, lorfque la fienne avec le Portugal lui en procuroit de fi grands.

Selon les derniers avis qu'on a reçus de Corfe, la fituation des Mécontens va de mal en pis & la République de Genes commence tellement à reprendre le deffus depuis le retour du Marquis Grimaldi dans cette Ifle, qu'il y a tout lieu d'efpérer, que, fi la divifion continue parmi les Chefs, on pourra enfin les mettre à la raison, ou du moins les réduire dans un état à n'avoir plus rien à craindre de leur part.

De LONDRES le 8. Janvier. Le résultat des fréquens Confeils qui fe font tenus ces jours ci, a été l'expédition de fept Courriers pour différentes Cours; leur retour doit enfin, à ce qu'on prétend, fixer la réfulu

,

tion du Gouvernement fur les affaires préfentes. Il doit y en avoir un autre demain ou après-demain, pour lequel on a mandé les Membres du Confeil Privé qui fe trouvoient abfens de cette Capitale ; ce qui fait juger qu'il doit y être queftion de quelque affaire de la derniere importance. En attendant, bien loin de fe rallentir en préparatifs de Guerre on les voit redoubler avec toute l'activité poffible; fur-tou ceux qui font rélatifs à la défense de la Grande Bretagne, comme fi elle devoit en être l'unique théatre. Les Ports de Mer font fortifiés dans toute l'étenduë de l'Angleterre, à l'exception de Carlisle. L'on ajoûtera de nouveaux ouvrages à celui de Chatham, & l'on va y employer les Soldats d'un Régiment qui y eft en quartier, & ceux d'un autre qui fe trouve à Maidene; & afin que les travaux fe faffent avec plus de promptitude, on encouragera les Soldats par une augmentation de paye de fix fols par jour. De pareilles difpofitions font affez connoître quel eft le point de vûë du Gouvernement. On va lever en même tems quatre mille hommes de nouvelles Troupes de Marine, & augmenter de vingt hommes par Compagnie les Régimens des Gardes,qui de 70. feront portés à 9o. Par cette augmentation & la levée de dix nouveaux Régimens qu'on commence de raffembler, & dont le Roi a nommé les Colonels & les Lieutenans Colonels, on compte que les Troupes reglées de la GrandeBretagne monteront à 70. mille hommes, fans y comprendre celles de l'Amérique & des Indes-Orientales. Il est décidé que chaque Régiment de Dragons aura déformais un Efcadron de Huffards.

On garde un profond filence à la Cour fur le contenu des dépêches qu'on a reçu de la Virginie & de la Nouvelle - Ecoffe; & ce filence prefuade que les nouvelles de ce Pays-là ne font rien moins que favorables; mais des particuliers qui ont en même tems reçu des Lettres de ces Colonies développent le mystére, & publient que fur la fin du mois d'Octobre deux mille Indiens du parti des François ont pénétré dans la Penfylvanie, où ils ont brûlé la Ville de Lancaftre, la plus confidérable de la Province après Philadelphie fa Capitale, & ravagé entierement le Pays dans tous les environs. Des PAYS-BAS le 12. Janvier. Les Lettres qu'on a reçu de Londres en datte, du 8., bien loin de nous apprendre, ainfi qu'on s'y attendoit, comment la Requifition du Roi de France avoit été reçue à la Cour Britannique, ne nous ont pas même appris qu'elle y foit parvenue. Cette Cour ne laiffe rien tranfpirer qui le donne à entendre, & moins encore qui aide à déviner la réponse qu'elle y fera. Mais le preffentiment des Anglois lui fert d'interprête; & il faut bien qu'ils comptent que fa réponse fera un refus, puifqu'ils regardent la Guerre comme certaine. Cette perfuafion eft chez eux fi génerale, qu'elle y tient tout en fufpens. Les fonds publics qui

fe font foutenus en crédit, tant qu'il y a eu quelque apparence d'accommodement, n'en ont plus, & témoignent par le rabbais où ils fe trouvent, que l'idée d'accommodement n'eft plus regardée que comme une chimère dont on ne peut déformais fe repaître, fans aimer à fe faire illufion. Ce feroit bien pis, fi la Guerre fe déclare en effet : ces fonds déja fi fort déchûs tomberont tout-à-fait, & le Gouvernement, difent les Lettres de Londres, aura bien de la peine à trouver dequoi fournir aux dépenfes même de l'année courante. Mis ce qui l'intrigue encore, ajoûte-t'on, c'est la négociation de M. le Marquis d'Affry auprès des Etats- Géneraux; objet d'une fi grande confidération pour le Ministère Anglois, que fi les principaux Membres du Confeil en font crûs, on ne prendra aucune réfolution au fujet de la Requifition du Roi de France, qu'on n'ait fçû quel fuccès auront eû les opérations de fon Miniftre à la Haye. Ce que l'on en craint à Londres n'eft pas feulement la neutralité des Provinces-Unies, mais encore & principalement la conclufion d'un Traité de Commerce entr'Elles & la France, à quoi l'on croit que L. H. P. feront d'autant plus portées, que cette Couronne, dans la conjoncture d'une guerre imminente entre elle & la Grande-Bretagne, leur offrira apparemment, ou leur accordera des conditions plus avantageufes pour Elles, qu'elle n'auroit fait dans d'autres circonstances. Dans la perfuafion où font les Anglois qu'un pareil Traité tourneroit au préjudice de leur Commerce, l'idée qu'il pourra avoir lieu, quoiqu'elle ne foit peut-être fondée que fur la crainte qu'ils en ont, ne contribuë guéres moins, que celle de la guerre, à leur faire fermer leurs bourses, & conféquemment à târir les fonds où le Gouvernement pourroit puifer fes reffources. Ce refroidiffement de leur confiance est encore augmenté par la diminution, ou pour mieux dire, par la fuppreffion prefque totale des avantages qu'ils retiroient du Portugal, l'une des principales & des plus fécondes branches de leur Commerce. Enfin pour comble de circonftances fâcheuses aux Anglois, & encore plus inquiétantes pour ceux qui gouvernent chez eux, on y craint & une descente de la part de la France, & des mouvemens inteftins de la part d'une faction oppofée au Gouvernement préfent ; c'est pour y obvier que le Ministère fait mettre en mer tout ce qu'on a fur les lieux de forces navales, non pour des voyages de long cours, mais pour la feule garde des Côtes. Le Roi de France, felon les Lettres qu'on reçoit de Paris, a la fatisfaction de voir fes Sujets dans des difpofitions bien différentes & bien plus conformes à fes vûës. Certe fidéle Nation, de tout tems amoureufe de fes Souverains, & toûjours prête à prodiguer fon fang & fes biens pour vanger leur gloire outragée, renchérit, s'il eft poffible, dans la conjoncture préfente, fur fes anciens fentimens, & femble fe furpaffer elle-même par l'ardeur qu'elle fait pa

toître. L'augmentation de quatre fols par livre fur toutes les denrées qu'on appporte dans Paris, prefcrite par un Arrêt du Confeil du Roi, dont l'exécution a commencé le rer. de ce mois, bien loin d'exciter dans cette Capitale le moindre murmure, a été fubie avec autant d'affection que d'obéiffance; & les Parifiens fans nul regret à ce qu'elle leur coûte, n'ont égard qu'au produit de plufieurs millions qui en réfultera pour S. M. T. C., & qui contribuëra à la mettre en état de pouffer la Guerre contre les Anglois. Cet objet tient fi fort au coeur de tous les François, que jamais leur animofité contre leurs ag greffeurs ne fut pareille à celle que les hoftilites des Sujets Britanniques leur infpirent aujourdhui; & ce qui les indigne encore plus que les hoftilités même, c'eft la maniere infultante dont les Anglois s'en applaudiffent, & le ton ironique qu'ils laiffent prendre contre la France, non-feulement à leurs Ecrivains, dans des Imprimés, mais à leurs Acteurs même fur les Théatres.

De VERSAILLES le 16. Janvier. Un Courrier parti de Naples arriva hier avec la nouvelle que la Reine des Deux-Siciles, Soeur de Madame la Dauphine, accoucha heureusement d'un Prince le 31. du mois dernier, cette nouvelle fit beaucoup de plaifir à L. M., à la Famille Royale & à toute la Cour ; on attend auffi d'apprendre inceffamment la nouvelle de l'heu reux accouchement de Madame Infante Ducheffe de Savoye, qui eft entrée dans le dernier mois de fa groffeffe depuis la fin de Decembre. Mgr. le Dauphin, Madame la Dauphine & Mefdames de France allerent hier à la Maison Royale de St. Cyr, pour y voir représenter par les jeunes Demoifelles qu'on y éleve, la Tragédie d'Efter. Le Roi vient de mander pour le 23. de ce mois les Députés du Parlement de Paris pour recevoir fa réponse aux Remontrances de cette Compagnie concernant fes différends avec le Grand Confeil, & aux Représentations touchant la Lettre circulaire de l'Affemblée du Clergé. M. M. les Gens du Roi fe rendirent ici Dimanche dernier, & en vertu d'un ancien Arrêté du Parlement, ils fupplierent S. M. de donner fon agrément pour le remplacement de quaranteneuf Charges.de Préfidens ou Confeillers, qui fe trouvent vacantes dans la Compagnie; & le Roi leur répondit qu'il penfoit depuis long-tems à un arrangement fur cela, & les chargea de dire à fon Parlement que dans peu il lui enverroit un Edit pour une grande fuppreffion.

Le Bureau de la Guerre a envoyé ordre à M. M. les Intendans des Provinces de faire affembler les Milices de leurs Généralités ; & l'on croit qu'elles marcheront pour la garde des Places, dont les Garnifons font partie du nombre des Bataillons deftinés à fe rendre fur les Côtes du Royaume, Le Roi a accordé quatre mille livres d'appoin tement à chacun des Officiers-Généraux nommés pour commander ces Troupes; & ils ont

reçu ordre de fe difpofer à partir inceffamment chacun pour fa deftination.

M. le Duc de Grammont vient d'être relegué fur fes Terres. M. le Maréchal Duc de Noailles lui a intimé les ordres du Roi à ce fujet. On ignore le motif de fa difgrace. On lui laiffe 60. mille livres de revenus fur fes Biens pour fa fubfiftance.

De PARIS le 17. Janvier.

Le Parlement s'affembla Mercredi pour entendre le rapport de M. M. les Gens du Roi, qui avoient été députés à Verfailles pour demander à S. M. fon agrément pour le remplacement des Charges de Préfidens & de Confeillers', vacantes dans la Compagnie au nombre de quarante-neuf. Ces Meffieurs ayant dit que le Roi les avoit chargés d'annoncer à fon Parlement qu'il enverroit dans peu un Edit pour une grande fuppreffion, cette Déclaration fut mife en délibération; il y eut plufieurs avis différens, & l'on ne décida rien. L'Affemblée fut remife au lendemain, & afin qu'elle fût plus nombreuse, on appella tous les anciens & ceux qui ne vont au Palais que rarement. Les Chambres furent donc affemblées avant-hier, la Séance dura très longtems, mais rien n'a encore tranfpiré de ce qui peut avoir été délibéré fur cet objet. Dans l'Af femblée de Mercredi on demanda à M. M. les Gens du Roi fi l'Arrêt rendu contre le Chapitre de Ste. Croix d'Orléans avoit été exécuté en fon entier, & fi la plaque ordonnée par cet Arrêt avoit été placée à l'endroit défigné. M. le Procureur Général répondit que fon Subftitut ne lui avoit encore rien mandé fur cet article ; & il ne fut plus parlé de cette affaire.

Les Lettres de Breft du 12. de ce mois ne parlent point encore du départ de l'Escadre de M. de Perrier, quoiqu'elle foit en rade depuis affez long-tems; outre que les Vaiffeaux du Dépar tement de Rochefort qui doivent la joindre, n'y étoient pas encore arrivés à cette datte, on 'mande que ce Chef d'Efcadre n'avoit point encore reçu fes dernieres inftructions. On croit qu'il fera voile pour St. Domingue, attendu que M. de Chambert, nommé pour aller relever M. de la Porte-Lalanne, Intendant des Ifles Sous-leVent, 'doit s'embarquer fur fon Efcadre. Selon les mêmes Lettres, les mauvais tems continuent fur l'Océan, les Navires le Conftant, le Fau con & le Prince Noir, qui revenant de St. Do mingue alloient à Bordeaux, ont été obligés de relâcher fur les Côtes de Bretagne, le premier avoit déja été forcé de relâcher au Cap François à caufe d'une voye d'eau. Le Lion & le Telemaque venant du Grand Banc de Terre-Neuve font heureufement arrivés à Honfleur ; & l'Amitié, l'Imperatrice, la Petite Sufanne & le Grand St. Urfin à la Rochelle; les deux premiers étoient partis du Cap, le fecond de la Loüifiane & le dernier de Quebec. Le Duc de Berri & le Benjamin, partis de la Martinique pour Bordeaux, n'ont point été pris par le Vaiffeau de Guerre An

glois l'Oxford, ainfi que les nouvelles étrangeres l'avoient annoncé on a appris que ces deux Bâtimens ont fait naufrage fur la Côte de Chaffiron dans l'Ile d'Oleron.

On mande de Luneville, que le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, a fait l'honneur de revêtir du Grand Cordon Rouge M. de Baye, Brigadier de Cavalerie, Commandant les deux Compagnies des Cadets Gentilshommes de S. M., qui a été nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal & Militaire de St. Louis. Dame Marie-Loüife- Victoire de Gramont, Epoufe de M. le Duc de Gramont, Pair de France, Souverain de Bidache, Brigadier d'Infanterie, Gouverneur & Lieutenant-General de la Navarre & du Béarn, eft morte ici le 11. de ce mois âgée de 33. ans. Le Comte de Bukeley, Lieutenant-General des Armées du Roi de la promotion du 1er. Mars 1738., Chevalier

fonne de confiance qu'elle a nommé dans fon Teftament. Meffire Louis Antoine du Fos, Marquis de Mery, eft mort le 12. dans le Château de la Caulle en Picardie âgé de 56. ans.

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Par un Arrêt du Conseil d'Etat le Roi fu broge l'Adjudicataire des Fermes Générales aux Fermes des Octrois de Lyon, pour percevoir tous droits d'entrée fur les Soyes, attribués à ladite Ville; en conféqnence, S. M. ordonne que les droits d'entrée fur les Soyes étrangeres & fur celles d'Avignon foient perçus, à commencer du rer. Fevrier prochain, dans ladite Ville de Lyon par ledit Adjudicataire, fes Commis ou prépofés, ainfi & de la même maniere que ces droits ont été perçus jufqu'à préfent par le Fermier des Octrois, à la charge par ledit Adjudicataire d'indemnifer ledit Fermier & la Ville de Lyon, conformément à ce qui fera réglé

Ordres depuis le 2. Fevrier 1748., eft mort ay à cet effet. Veut S. M. qu'à commencer auffi

hier. Dame Jeanne-Therese Pelagie d'Abbert, Veuve de Meffire Louis Guilhem de Caltelnau de Clermont-Lodeve, Marquis de Seffac, Maître de la Garderobe du Roi, mourut le 14. âgée de 21. ans. Cette Dame a inftitué fon Legataire univerfel M. le Duc de Chevreufe, & a fait quan tité de Legs pies. Elle a laiffé 30. mille livres à Mme. la Princeffe de Carignan, fon beau Chandelier à Mme. la Princeffe de Grimbergue, une partie de fa vaiffelle d'argent & de fes meubles M. l'Abbé Foucault avec une penfion de mille livres, pour joindre à celles qu'il a déja d'elle; & ordonné que fon Corps feroit gardé pendant quatre jours avant l'inhumation par une per

du

Février droit de trois fols fix deniers, de même que les droits de Foraine, Douane de Valence, Table de Mer, & tous autres droits locaux, généralement & fans exception, qui fe perçoivent fur les Soyes du crû du Royaume, foient & demeurent fupprimés; & que lefdites Soyes, de quelques Provinces du Royaume qu'elles foient originaires, puiffent circuler & être transportées dans toutes les autres Provinces de France, fans être affujetties, fous quelque prétexte que ce foit, à paffer par la Ville de Lyon, ni à payer aucuns droits; le tout nonobftant l'Edit du mois de Janvier 1722., l'Arrêt du 21. Novembre 1724., & tous autres Edits ou Réglemens à ce contraires.

Lifte des Vaiffeaux appartenant à la Compagnie des Indes partis de l'Orient depuis le 19. Novembre 1754

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