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vitations aux Princes du Sang, aux Ducs & Pairs, aux Maréchaux de France, & à tous ceux qui doivent y affifter.

M. l'Évêque d'Orléans, en quittant fon Diocèfe, avoit nommé pour feul Vicaire Géneral l'ancien Evêque de cette Ville, & ce dernier avoit chargé M. Dauteroche, Chanoine de la Cathedrale, de défervir la Paroiffe de St. Pierre Lentin: mais informé que le Parlement avoit ordonné à ce Chanoine de faire l'Office dans ladite Eglife, il a revoqué les pouvoirs qu'il lui avoit donnés ; & par cette révocation, le fervice manquant, les Marguillers fe rendirent chez M. l'ancien Evêque , pour lui demander un Deffervant. Le Prélat répondit qu'il ne pouvoit s'expliquer fur le champ, & qu'ils euffent à revenir dans trois heures. Ils retournerent au tems indiqué, & il leur dit que fi fes infirmités ne lui permettoient pas de défervir par lui-même cette Paroiffe, il y pourvoiroit. La Paroiffe n'ayant point enfuite été pourvûë, le Baillage d'Orléans l'a fommé de le faire; & fur le Procès-verbal dreffé, il a envoyé le tout au Parlement.

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La Cour informée de ce qui s'eft paffé, arrêta le 9. que les Députés du Parlement fe rendroient auprès du Roi, & feroient chargés de lui repréfenter que les faits contenus au Procès-verbal an» noncent un fcandale qu'il eft inftant de réparer; » que la nomination faite par l'Evêque d'Orléans, » pour feul Vicaire de fon Diocèse, de la perfonne » de l'ancien Evêque d'Orléans malgré la con» noiffance qu'il a de fon état, eft un acte dérifoire » à la Réligion & à la Juftice; que l'indulgence » dont il a plû audit Seigneur Roi d'ufer envers » l'Evêque d'Orléans, l'a enhardi à pratiquer une » pareille voye dans la vûë de fouftraire les cou»pables à l'autorité du Roi exercée dans fes Cours: » que c'eft ainfi que l'Evêque de Troyes s'eft re» fervé la déferte d'une Paroiffe; qu'il eft donc » indifpenfable que le Parlement exerce même contre les Evêques la compétence de l'autorité du» dit Seigneur Roi, comme le feul moyen de réprimer les excès aufquels aucuns defdits Evêques »ofent fe porter, dans l'efpérance de l'impunité, » & au mépris dudit Seigneur Roi. »

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Commandement ne tarderont pas de mettre à la voile. Le Vaiffeau le Diadème est destiné à paffer à St. Domingue M. Bart qui a été nommé Gouverneur de cette Colonie.

Le Corfaire le Hardi Mendiant de Dunkerque a enlevé le Navire la Sara de Bervvick de 180. tonneaux armé de 4. Canons, chargé de 560. tonnes de Saumon. Le Comte de St. Germain, autre Corfaire du même Port, s'eft emparé du Brigantin l'Unité de Yarmouth de 90., auffi armé de 4. Canons & chargé de grains. Le Duc de Penthievre commandé par le Capitaine Adrien de Lille, s'eft rendu maître du Navire la Jeanne de 100. tonneaux venant de la Jamaïque chargé de Sucre, d'Indigo, de Cotton & d'autres marchandifes du Païs du Navire l'Eaglinton de 80. chargé de Tabac & de charbon de tetre & de deux autres, dont un de 70. chargé de Saumon 70. chargé de Saumon, & l'autre de 60. chargé de Beurre. Le Danger de Boulogne, a repris le Corfaire l'Intrepide de Nantes, & a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe de Londres. L'Aventure de Paole de 80. tonneaux le Delly de 120., le Sally, le Berton & le Jonh ont auffi été pris.

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On mande de la Haye que le Roi de Pruffe a écrit aux Etats-Géneraux, pour les détourner de répondre à la demande que leur a fait l'Impératrice Reine au fujet de la Guerre qui vient de s'allumer en Allemagne ; & que cette Lettre eft conçue dans des termes auffi peu ménagés, que ceux qui fe trouvent employés à l'égard de S. M. Imp. dans les derniers Ecrits publiés par la Cour de Berlin à la même occafion.

De TOULON le 14. Decembre. Le Vaiffeau l'Hippopotame de 50. Canons que montera M. de Pigaches, Lieutenant des Vaiffeaux du Roi, & que la Compagnie de Commerce de Marseille a obtenu de S. M. pour la course, partira au premier jour de beau tems & fera trois mois en mer. Au lieu des Compagnies de Cadets qu'on avoit projetté de lever pour mettre fur ce Vaiffeau, il y aura des Soldats de Marine. On a déja donné deux mois d'avance à tout l'Equipage & le quart en fus de ces deux mois à titre de gratification. M. M. les Négocians de cette Ville ont auffi demandé à la Cour la permiffion d'armer un des petits Bâtimens du Roi, & on leur a accordé le Schebeck le Serpent, qu'on arme actuellement, & qui fera fous les ordres de M. Jean de Toulon, Capitaine de Vaiffeau Marchand. Sa courfe fera également de trois mois. On ne lancera à l'eau la Fregate la Minerve de 30. Canons que Jeudi prochain, & on travaillera tout de fuite à mettre ce nouveau Bâtiment en état de faire la Campagne prochaine.

La Harangue du Roi d'Angleterre à fon Parlement qu'on reçut ici Mardi dernier, n'eft pas remplie de ces termes pompeux qu'on y voyoit dans d'autres tems; on attend avec impatience de voir comment s'exprimeront les deux Chambres dans les Adreffes qu'elles préfenteront en reponfe. M. M. de Beaufremont & d'Achey, Chefs d'Efcadre, viennent de partir pour retourner à Breft; on conjecture de-là que les Escadres dont ils ont le Le Sr. BENOT VOISIN, Docteur en Médecine, Bourgeois de la ville d'Annecy en Savoye, Penfionné de S. M. le Roi de Sardaigne, ci-devant Médecin & Infpecteur de tous les Hôpitaux pendant les Guerres d'Italie, où les maladies veneriennes étoient fi fréquentes, avertit qu'il a compofé un Livre intitulé: Le Medecin familier & fincere, qui traite de la Goutte & des Rhumatifmes, & de toutes les différentes efpeces de Maladies veneriennes, & indique une méthode fimple & commode pour les guérir radicalement fans la falivation; l'on peut fortir, fe promener & vaquer à fes affaires par le moyen de fon grand remède du dépuratif du fang & de fa panacée végetale & d'un Electuaire qu'il tire des Simples, dans les trois différentes faifons, qu'elles font en fleur, defquelles Simples il a la connoiffance générale, & dont il tire les plus rares fecrets de la nature avec lefquels il guerit les maladies les plus chroniques & invéterées qui avoient réfifté a tous les autres Remèdes que prefcrit la Médecine. Ledit Sr. BENOIT VOISIN voulant rendre fervice au public fans intérêts, & exercer fa charité envers les pauvres, n'exige point d'argent de tous ceux qui fouhaiteront le confulter par Lettres, qu'ils auront foin d'af franchir jufqu'à Annecy, auxquels il répondra exactement ce qu'il y aura à faire pour leur parfaite guérifon.

LE COURRIER DU VENDREDI 24. Décembre 175.6.

De ROME le 8. Decembre. Na donné ordre de chanter le Te Deum dans les Eglifes Patriarchales de cette Capitale, en actions de graces de ce que le St. Pere va mieux ; cependant on n'a pas encore jugé à propos que S. S. donnât des Audiences publiques, ni qu'Elle fortit de quelques jours. Elle a accordé une penfion de cent écus, & une gratification de 50. fequins, au Sr. Pierre-Paul Tonfi, qui a trouvé le moyen de la foulager dans le tems qu'Elle fouffroit fi fort par la difficulté d'uriner. M. M. les Cardinaux Landi, Tempi & Cavalchini font incommodés, & les deux derniers font alitez, M. le Comte de Stainville, Ambaffadeur de France, reçut Vendredi au foir un Courrier de Venife, qui lui apporta un Paquet de Dépêches; & lui en étant venu hier un autre de Versailles, il eut une conférence avec M. le Cardinal Archinto, Secretaire d'Etat, après laquelle Son Exc. dépêcha un Courrier à M. le Marquis de Durfort, fon Collégue auprès de la République de Venife.

Le premier Tome du Catalogue des Manufcrits de la Bibliothèque du Vatican vient d'être publié avec une Epitre dédicatoire à S. S. & une favante Préface, contenant l'Hiftoire de cette précieuse Bibliothéque. Ce premier Volume renferme une defcription exacte de tous les Manufcrits Hébreux & Samaritains, & le fecond contiendra les Chaldaïques & les Syriaques.

Les Seigneurs Anglois, qui font en cette Capitale en affés grand nombre, ont formé entr'eux une focieté pour dîner tous les jours ensemble; & Vendredi dernier Mylord Chilmont donna un dîner où ils fe trouverent au nombre de vingt-huit.

De GENES le 11. Decembre. M. le Chevalier de Chauvelin, Ambaffadeur de France auprès du Roi de Sardaigne, arriva ici la semaine derniere, venant de Parme exécuter une Commiffion auprès de S. A. R. l'Infant Duc. M. le Comte Lorenzi, Miniftre de France auprès de la Regence du Grand Duché de Tofcane, arriva auffi Samedi dernier, venant pareillement d'exécuter une Commiffion à Parme. Ces deux Miniftres doivent partir inceffamment pour aller continuër l'exercice de leur Emploi respectif.

De VIENNE le 3. Decembre.

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La Cour Imperiale a été extrêmement fatisfaite des dépêches qu'elle a reçu des différentes Cours d'Italie; elles portent les plus fortes affurances de leur attachement à fes intérêts & de la joye qu'elles ont de voir qu'on ait pris les mefures les plus prudentes, pour procurer à cette partie de l'Eu rope la jouiffance d'une paix & d'une tranquillité non interrompuës.

On mande de Bohème que les partis du Corps d'Armée fous les ordres du Géneral Piccolomini con

tinuent d'inquiéter extrêmement les ennemis dans leurs quartiers ; ils font fur-tout attentifs à leur couper les vivres, & à rompre la communication qu'ils avoient établie entre leurs différens quartiers. Le Comte de Lacy, qui commande un Détachement de Troupes reglées, deftiné à foûtenir les partis de Huffards, de Croates & de Pandoures qui ne ceffent de voltiger d'un endroit à l'autre, a enlevé auprès de Zittau dans la haute Luface vingt-quatre charretes chargées de fourages, a mis l'eicorte en fuite & a fait quelques Soldats Pruffiens prifonniers. On va faire raffembler à Ybbi & à Crems dans la baffe Autriche un grand nombre de Saxons qui on quitté le fervice du Roi de Pruffe, où ils avoient été forcés de prendre parti, & qui font venus fe refugier dans la Bohème.

Le Comte de Migatzzi revenu depuis peu de fon Ambassade de Madrid, a eu Audience de l'Empereur, & en a été parfaitement bien reçu, Le Prince de Schwartzenberg, qui étoit depuis quelque tems fur fes Terres en Bohème, en eft de retour. Le Marquis de Botta-Adorno, Miniftre plénipotentiaire de l'Empereur en Italie, & le Comte Chrif tiani, Grand Chancelier du Duché de Milan, s'arrêteront encore quelque tems ici.

De FRANCFORT le 8. Decembre. Le Cercle Electoral du Bas-Rhin, qui eft affemblé ici depuis le 1o. du mois dernier, continue fes Séances: celui du Haut-Rhin doit s'y affembler un de ces jours. On croit que l'on prendra dans l'une & dans l'autre de ces Affemblées des réfolutions rélatives aux circonftances où fe trouve l'Allemagne.

On a reçu avis que les Troupes Imperiales, qui s'étoient mifes en marche des Païs-Bas pour fe raffembler dans le Duché de Luxembourg, ont été jointes par une partie de la Garnison de cette Place ; & qu'ayant été divisées en trois Colonnes, elles ont paffé fucceffivement à Wafferbillich, pour s'avancer fur le Rhin qu'elles vont paffer à Spire, à Worms & à Germsheim, d'où elles dirigeront leur marche vers le Danube; elles le pafferont à Donawert, & iront prendre des quartiers dans la Haute-Autriche & dans la Bohème.

L'Electeur Palatin vient de conclure avec l'Impératrice Reine un Traité, par lequel il s'engage de fournir à S. M. Imp. un Corps de 6000. hommes pour fervir dans une des trois Armées qui agiront au Printems prochain. M. le Chevalier de Follard, Miniftre-Plénipotentiaire de France auprès de l'Electeur de Baviere, s'eft rendu à Nuremberg pour agir de concert avec le Baron de Widman, Miniftre de la Cour Imperiale, dans les négociations dont il est chargé auprès du Cercle de Franconie.

De LONDRES le 4. Decembre. L'Orateur des Communes doit expédier des Lettres circulaires, pour ajourner la Chambre après la fête des Rois, afin qu'il foit procédé, avant que

duite, quelque irréprochable qu'elle foít, autant d'éloges qu'on en a donné à leur Election.

Il vient de paroître de la part des Gentilshommes, & des Bourgeois poffédans Fiefs du Comté de Stollingham, une des plus bruyantes inftructions, qu'aucune Communauté ait encore, donné à fes Repréfentans au Parlement. Il y eft dit, que la lâcheté, ou la trahifon, ou une ignorance impardonnable ont caufé la perte de Minorque, & que de quelque côté qu'elle vienne, il faut en punir les Auteurs. «Nos Colonies de l'Amérique, » ajoûte - t'on, ont été honteusement négligées pendant qu'on a prodigué à des mercénaires étran»gers les fubfides accordés avec tant d'empreffe»ment, & on a fait par-là une tâche inéfaçablé à » la loyauté des fidéles Anglois, qui au moyen

le Parlement traite d'aucune autre affaire, à l'Election des Membres qui doivent remplacer tant ceux qui font morts, que ceux qui ont été pourvis d'Emplois dans le Ministère. Le choix qu'on a fait de ceux-ci est géneralement applaudi: mais la durée des louanges, qu'on leur donne, eft mife à des conditions fort onéreufes pour eux. C'eft le zéle: il peu de les mériter par les talens & par faut, pour qu'elles ne fe changent point en invectives, ou en quelque chofe de plus fâcheux encore, que le zéle & les talens foient accompagnés du fuccès ; & l'on perfiste à prétendre que ces nouveaux Miniftres foient refponfables des événemens. Eux, fans foufcrire à une condition auffi independante de leur bonne volonté que de leur indutrie, font cependant comme s'il ne tenoit qu'à eix de la remplir. Ils agiffent avec la plus grande crconf-, d'un Bill pour une milice bien reglée, pouvoient pection, & mettent du leur dans les affaires, tout la prudence humaine peut y mettre du fien pour les faire réüffir. Celles de l'Amerique étant un des plus férieux objets de leur adminitration, font auffi celui de leurs premiers foins. Comme elles vont de mal en pis, felon les nouveles qu'on en reçoit; que les Colonies,

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en butte aux violences & aux cruautés des Sauvages, courent rifque encore de devenir la proye des François, fi le nouveau renfort que le Lord Loudoun demande ne lui eft promptement envoyé ; on fe difpofe à faire paffer dans cette région un nombre confidérable de Troupes & quantité de munitions. Les nouveaux Commiffaires de l'Amirauté ont commencé leurs fonctions par ordonner qu'on payât à toute la Marine une année entière de falaire, à commencer depuis le 1er. Janvier 1755. jufqu'à pareil jour de 1756. & ont recommandé aux Commis la plus grande exactitude, pour que les ordres du Gouvernement ne fouffrent pas les mêmes délais que par le paffé. On a en même-tems donné ordre de perfectionner plufieurs Vaiffeaux de Guerre conftruits à neuf, de radouber en toute diligence ceux qui font endommagés & de lever au-plûtôt le nombre des Matelots néceffaire pour rendre les Equipages complets. On médite un nouveau plan pour lever le fubfide de l'année prochaine avec plus de facilité qu'on n'a fait les années précédentes. Mais quel qu'il puiffe être, il eft fort à craindre qu'on ne parvienne point à diminuer les dépenfes publiques, ni le fardeau des Tailles à moins qu'on ne licencie une bonne partie des Troupes reglées qu'on ne reftraigne le nombre des Employés, & fur-tout qu'on n'abandonne le systême de payer des fubfides à l'étranger. L'augmentation des Tailles qu'on avoit projettée, paroît aujourdhui fujette à rencontrer autant d'obstacles qu'elle en a trouvé cidevant; & tout le monde convient qu'elle feroit également rejettée par les deux Chambres. Toutes ces difficultés & bien d'autres, jointes au délabrement où nos nouveaux Miniftres trouvent les affaires, font conjecturer qu'avec tout leur zéle & toute leur capacité, ils auront bien de la peine à remplir leur tâche, & à faire donner à leur con

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rendre les plus grands fervices, & s'oppofer aux » Ennemis étrangers & domeftiques. Un Parlement » libre & indépendant peut feul redreffer les griefs » de la Nation. La durée de fept ans fixée jufqu'à » préfent n'a que trop fappé la liberté ; il eft tems

de la rétablir, en la ramenant à trois années. Les » taxes font prefque infoutenables ; & l'augmenta» tion des gens en place & des penfionnaires con» tribuë fans néceffité à cette augmentation. Il faut » non-feulement en diminuer le nombre, mais effacer leur nom de la lifte du Parlement. >>

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De PARIS le 14. Decembre.

Le Parlement s'étant assemblé Samedi matin, M. le Premier Préfident qui s'étoit rendu la veille à Verfailles avec M. M. les Présidens Mollé & Pelletier de Rofembo, rendit compte aux Chambres de la reponfe que le Roi lui avoit fait; & que S. M. avoit indiqué à Lundi dix heures du matin fon Lit de Juftice au Palais. La Reponfe du Roi portoit: » Je fens toute l'importance de l'objet géneral qui » m'occupe fi fort. Je ferai attention aux repréfen»tations de mon Parlement. » On délibera fur le récit de M. le Premier Préfident, & il fut arrêté qu'il feroit nommé des Commiffaires pour avifer à ce qu'il y avoit à faire à ce fujet. Les Commiffaires furent nommés & s'affemblerent à trois heures après-midi, l'Affemblée des Chambres fut continuée à fix heures du foir; & fur l'ordre du Roi qu'apporta hier le Grand Maître des Céremonies pour la tenue du Lit de Justice, on fit l'Arrêté fuivant.

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"Arrêté qu'obtempérant auxdits ordres, la Cour » s'affembleroit Lundi prochain à neuf heures du » matin en Robbes rouges, & que M. le Premier » Préfident feroit chargé de fupplier ledit Seigneur Roi, au nom de fon Parlement, de confidérer que » ledit Seigneur Roi déclarant à fon Parlement des » volontés, dont il avoit lui-même annoncé l'objet par plufieurs de fes réponses, alloit s'expliquer fur l'étendue & la stabilité de fa propre autorité, fur les » droits effentiels de fa Couronne, & fur la paix de »fon Royaume; que les difpofitions que ledit Sei"gneur Roife propofoit de faire connoître pouvoient

être pour fes peuples le principe,ou d'une paix foli» de, ou de troubles plus dangereux que ceux qui

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depuis tant d'années agitent l'Eglife & l'Etat; » que cette paix fi défirable alloit renaître dans fes "Etats par l'exécution pleine & entiére de la Dé»claration du 2. Septembre 1754. & ne pourroit y » être rétablie efficacement que par la manutention » conftante & illimitée de cette loi Que toute difpofition qui tendroit à altérer directement ou » indirectement l'exécution de cette loi ne pour» roit être que préjudiciable & au bonheur de fon » Royaume & à la gloire dudit Seigneur Roi; que » des objets d'une fi grande importance, ou tous » autres qui intéreffoient le bien public de fon Ro"yaume, ne peuvent être traités dans fon Parle»ment qu'après l'examen & les difcuffions les plus » mûres & les plus réfléchies: qu'en conféquence » fon Parlement a arrêté de le fupplier d'ordonner » que tous Edits, Déclarations ou Lettres-Paten»tes, qui pourroient être présentées, feront com» muniquées à la Cour, pour être vû & déliberé en en la maniere ordinaire, avant que les » Membres de ladite Cour donnent leur avis fur des » matieres, qui ne peuvent être décidées, fans rif» quer de compromettre également le bien de la Religion & le repos de l'Etat : ne pouvant ladite » Cour, fans cet examen préalable, & cette déli»bération libre & réfléchie, coopérer ni prendre » aucune part à tout ce qui pourroit être fait au Lit de » Juftice, ni aux fuites qui en pourroient réfulter.» Le Roi avoit couché Dimanche au foir à la Meutte, S. M. en partit hier à neuf heures du matin pour fe rendre ici. Elle trouva au Pont Tournant le Corps de Ville qui eut l'honneur de la complimenter, & à dix heures Elle arriva au Palais accompagnée de Mgr. le Dauphin, des Princes du Sang, des Ducs & Pairs, & des Maréchaux de France; il y avoit à fon cortège un Détachement de chaque Corps de Cavalerie de fa Maifon, & les Gardes Françoifes & Suiffes bordoient la haye depuis le Pont Tournant jufqu'au Palais. Les rues étoient pleines d'un monde infini, qui par des acclamations réitérées témoignoit fon affection & fon refpect pour fon augufte Souverain. Le Roi entendit la Meffe dans la Ste. Chapelle, & entra enfuite dans la Salle du Lit de Justice avec tout l'appareil de la Majefté. Il déclara fes volontés, & M. le Chancelier les expliqua. Tout fe paffa tranquillement. Le difcours de M. le Premier Préfident,rélatif à l'Arrêté du Samedi, fut très-fort. La cérémonie dura jusqu'à une heure, que le Roi partit dans le même ordre pour retourner à la Meutte; l'Artillerie de la Ville, de la Baftille, de l'Arfenal & des Invalides annonça fon départ, ainfi qu'à son arrivée.

On ne fait qu'en gros ce qui a été fait dans ce Lit de Juftice, qui eft le huitiéme depuis le régne de S. M. Les Déclarations vont être imprimées avec leur enrégiftrement. Il a néanmoins tranfpiré que par fa premiere Déclaration le Roi ordonne l'exécution de toutes celles ci-devant renduës fur la Bulle Unigenitus, voulant qu'elle foit reconnuë loi de l'Eglife & de l'Etat, fans néanmoins prétendre la qualifier de régle de foi; & en ordonnant de nouveau le filence le plus

rigoureux, S. M. déclare n'avoir jamais entendu l'impofer aux Pafteurs de l'Eglife ordonne l'exécution de l'Edit de 1695. & défend en conféquence à tout Juge Laïque de connoître des Sacremens, comme étant une matiere purement fpirituelle: ordonne que dans le cas d'un refus, les Particuliers fe pourvoiront aux Officialités, fauf après l'appel comme d'abus au Parlement, dont la Grand'Chambre feule pourra connoître ; & enfin S. M. caffe, annulle & anéantit toutes les procédures, Arrêts ou Sentences renduës fur cette matiere jufqu'à ce jour : remettant chacun dans fa place.

Par la feconde Déclaration, le Roi fupprime la quatriéme & cinquiéme Chambre des Enquêtes, les Charges de Préfident des premiére, feconde & troifiéme ; voulant qu'à l'avenir ces trois Chambres foient préfidées tour à tour par un Préfident à Mortier, & que les Préfidens fupprimés foient honoraires. Par la même Déclaration le prix des Charges fupprimées fe trouve fixé.

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La troifiéme contient un Reglement pour velle Police que S. M. a jugé à propos d'établir dans le Parlement, & en vertu de laquelle la Grand'Chambre feule pourra connoître de toutes les affaires Eccléfiaftiques; S. M. en permettant les Remontrances veut qu'elles foient faites fous quinzaine, & que les Edits, Déclarations &c. ayent lieu fur la premiére réponse que S. M. donnera; veut que les Chambres ne puiflent s'affembler qu'après que la Grand-Chambre, fur la convocation du Premier Préfident, aura jugé qu'il y aura matiére à Affemblée, laquelle néanmoins fera de droit, lorfque le Roi enverra des Edits, Déclarations, &c. Veut S. M. que les dénonciations ne puiffent être faites que par le Procureur-Géneral; défend de quitter le fervice fous quelque prétexte que ce foit, fous peine de la perte des Charges; défend à tout Préfident de laiffer déliberer dans fa Chambre; veut que tout Confeiller ne puiffe être admis aux Assemblées qu'après dix ans de fervice; attribue aux Chambres des Requêtes du Palais l'entrée à la Grand-Chambre, objet qui depuis 200. ans étoit en litige entre ces Chambres & celles des Enquêtes.

M. le Marquis de l'Hôpital, nommé Ambaffadeur du Roi à la Cour de Ruffie, partira pour Petersbourg les premiers jours de Janvier. Il emmenera avec lui trois Officiers François, qui font M. le Chevalier de la Meffelieres, Brigadier des Armées du Roi, M. le Marquis de Bermont-dePuifferier, & M. le Marquis de Fougiere, Offi cier dans la Gendarmerie, fils du Lieutenant des Gardes du Corps. Les deux premiers ont Commiflion du Roi, & chacun dix mille livres d'apointement. Il y aura auffi un Officier Suedois.

De BREST le 6. Decembre

Le manque de bois eft caufe que l'armement ; qui fe fait à l'Orient, ne fera pas fi-tôt prêt qu'on s'y étoit attendu. Il eft néanmoins bien avancé, & dans peu les Vaiffeaux arriveront deux à deux. Il a régné pendant plufieurs jours des vents impétueux, qui ont extrêmement dérangé la naviga

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tion fur toutes les Côtes de la Bretagne & de la Normandie ; & qui ont occafionné plufieurs naufrages; ce font ces vents qui ont difperfé la Flotte qu'on attendoit ici, & dont il n'eft encore arrivé que quatre ou cinq Bâtimens; on n'a aucune nouvelle du refte, ni de la Fregate le Cumberland qui l'efcortoit avec l'Ecureuil. Cette derniere, après avoir été perduë pendant trois jours, a enfin mouillé à Peinboeuf. La Flotte de Bordeaux a relâché à PortLouis fans aucun accident & la nouvelle qu'on en a reçu fait d'autant plus de plaifir, qu'on a ici un plus grand befoin de fon chargement. Trois Navires venant de Rouen, & qui avoient relâché au Havre, ont enfuite péri à Port en Beffin après leur départ de ce dernier Port pour fe rendre à Cherbourg, lieu de leur deftination. On eftime cere perte 150. mille livres, cependant on mande de Cherbourg que ce malheur n'a pas rallenti l'ardeur que les Habitans témoignent pour la courfe, on y travaille avec toute l'activité poffible à un Coraire de 14. Canons, qui eft fur le chantier.

On a logé chez les Bourgeois les 180. hommes du Régiment de Royal-Artillerie, qui arriverent ici la semaine derniere, & on en a détaché 50. hom mes pour l'Orient. On affure qu'il viendra ici jufqu'à deux mille hommes du Régiment de Fifcher, qui doivent s'embarquer. Il nous vient auffi une prodigieufe quantité de ballots qui font voiturés par terre, & qui doivent être embarqués. Les Vaif feaux de M. le Chevalier de Beaufremont font en ra de, & il arriva lui-même Vendredi dernier. On attend M. d'Achey cette femaine. On croit que M. Bart, qui doit paffer à St. Domingue en qualité de Gouverneur, & s'embarquer fur le Diademe, ne partira qu'avec l'Escadre de M. de Beaufremont, dont la destination intrigue autant les Politiques, que l'objet des préparatifs immenfes que l'on fait ici pour la Campagne prochaine. On n'a point de nouvelles de M. du Perrier, on efpére néanmoins qu'il pourra être de retour ici à la fin de ce mois. Le Vaiffeau l'Aquilon, qui eft revenu de Benaudet, a été mis au Ballin être radoubé.

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De TOULON le 17. Decembre.

La Fregate la Minerve de 30. Canons fut lancée avant-hier à l'eau avec tout le fuccès qu'on pouvoit défirer, La Cour ayant demandé le plan de deux Vaiffeaux à trois ponts, l'un de 114. & l'autre de 116, Canons qu'elle avoit envoyé ordre de conf truire, on l'attend d'un jour à l'autre pour mettre ces deux nouveaux Vaiffeaux fur les chantiers, &

auxquels on compte fürement de travailler le mois prochain, fans interrompre les autres constructions attendu la quantité de Matelots & Charpentiers étrangers qui continuent d'arriver dans ce Port. Les Fregates la Junon & la Gracieufe mirent hier à la voile pour aller croifer fur les Côtes de la Catalogne, où l'on dit avoir vû quelques Armateurs Anglois.

Le Vaiffeau l'Hippopotame de 50. Canons, qui và mettre à la voile, n'a point été armé aux fraix' de la Compagnie du Commerce de Marfeille, ainfi qu'on l'avoit toujours cru jufqu'à préfent; les affiches qu'on mit avant-hier aux lieux accoûtumés pour le falaire de l'Equipage, firent connoître les véritables Armateurs, qui font M. M. Rangony & Compagnie, Négocians de Marfeille, à qui le Roi a accordé ce Vailleau pour une courfe de quatre mois & non de trois à du jour qu'il met, compter tra à la voile, tra à la voile, & qui donnent aux Equipages un quib quart en fus du falaire qu'ils ont communément fur lès Vaiffeaux du Roi.

Le Schebeck le Serpent, que nos Négocians ont obtenu pour la Courfe, fera bientôt en état de mettre à la voile. Le Vaiffeau le Centaure, l'un de ceux qui font actuellement fur les chantiers, fera lancé à l'eau au commencement de Fevrier.

On a des avis d'Espagne, que les deux Ef cadres que le Roi avoit fait armer, font rentrées dans leurs Ports refpectifs, savoir, celle que commandoit Dom Pedro Stuart à Carthagene, & l'autre au Ferol, après avoir croifé quelque tems fur les Côtes du Royaume. On a permis aux Matelots qui étoient à bord de fe retirer chez eux, mais il leur a été en même-tems défendu très-expreffement, de s'engager au fervice de quelque Puiffance que ce foit, afin qu'on puiffe les rappeller dans leur Département au moment que la Cour jugera néceffaire d'armer de nouveau, Selon les mêmes avis, le retour de la bonne intelligence entre les Cours de Verfailles & de Petersbourg va produire celui de la même intelligence entre S. M. Cath. & la Souveraine des Ruffies, & il eft déja queftion de l'envoi d'un Ambaffadeur à Petersbourg, pour contribuer à l'affermiffement du nouveau fyftême qu'a fait naître dans le Nord le Traité de Verfailles du 1er. Mai dernier entre le Roi de France & l'Impératrice Reine de Hongrie. M. de Mahony Brigadier des Armées de S, M. Cath., eft allé en Suiffe pour prolonger l'engagement de trois Régimens de cette Nation, qui font au fervice de l'ELpagne.

Le Sr. ALLEMAND LA PLAINE, Maître Chirurgien, demeurant à la Tour d'Aigues en Provence, compofe une Opiate fpecifique pour la parfaite & entiére guérifon de toutes les maladies aufquelles les Quadrupedes font fujets. Il ne l'offre au public qu'après une longue expérience des plus grands fuccès: aflurant que par le moyen de ce Specifique, on pourra aifément obvier à la perte qui fe fait des Moutons, des Brebis, des Chevres &c. Le prix de chaque prife pour ces fortes d'Animaux eft de fix fols, & pour les Boeufs, Vaches, Chevaux, Mulets &c. vingt-quatre sols. Il donnera de plus grands éclairciflemens à ceux qui s'adrefferont à lui, outre l'Imprimé qu'il diftribue avec cette Opiate. II faut affranchir les Lettres en lui écrivant.

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