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tage fe trouveroit de notre côté, n'auroit peutêtre pas caufé ici une joye plus vive & plus univerfelle, que la nouvelle publiée d'un Traité conclu & figné entre notre Cour & le Roi de Pruffe. Divers quartiers de la Ville ont retenti des acclamations du peuple relatives à cet évenement. On crut d'abord que le motif de cette joye étoit fondé fur l'acquifition que l'on faifoit par ce Traité d'un puiffant appui pour la Guerre; mais point du tout, c'étoit au contraire l'efpérance de voir par-là renouër; & renouer avec fuccès les négociations de paix. Cette idée ne s'eft pas feulement emparée de l'efprit du peuple, elle s'eft faifie de l'imagination de nos Ecrivains qui commencent à publier qu'un pareil Traité ne peut manquer d'amèner nos affaires avec la France à un paifible dénouemen. Il y a même actuellement des paris confdérables, que les négociations reprendront leur fil fous la médiation des Cours de Vienne & de Berlin. Rien ne feroit plus conforme aux voeux des poffeffeurs de Terres & de Plantations en Amerique,à qui il tarde fort de vor ceffer les dévaftations auxquelles elles font exposées. Le fond de la difpute pour ce qui concerne l'Amerique fe reduit de la part de la France à demander que la Grande-Bretagne fe défifte de la Côte Meridionale de la Riviere de St. Laurent, & du Lac dont les eaux fe déchargent dans cette Riviere; qu'on lui accorde vingt lieuës de Païs le long de la Baye de Fundi, & le Territoire entre l'Ohio & l'Oubecho. Ces trois points font les plus difficiles à difcuter; car pour ce qui regarde la reftitution des Vaiffeaux François, on feroit bientôt d'accord. En attendant, on ne perd pas de vûë ce qui fe paffe actuellement en Amerique, & les mesures qu'il convient de prendre pour les poffeffions de la Couronne Britannique en Europe.

On mande de Philadelphie, que dans la derniere Affemblée génerale de cette Colonie, qui s'eft tenue au commencement de Decembre, le Corps des principaux Habitans a fait les plus fortes représentations fur leur fituation. Après avoir fait voir que les Sauvages s'étant avancés jufqu'à cent milles de la Capitale de la Province , y avoient porté le meurtre & la défolation que le Pais étoit teint du fang de plufieurs Habitans, & que plus d'un mil lier de Colons qui vivoient paifiblement & à leur aife dans leurs propres habitations avoient déja été difperfés; que la plûpart mouroient de faim, & n'avoient pas même de quoi fe garantir des rigueurs de la faifon; que l'approche de l'hyver préfentoit l'aspect horrible des invafions de ces Sauvages, qui ne manqueroient pas de les réiterer, fi on ne prend foin de mettre la vie des Habitans en fureté, & d'arracher leurs biens des mains avides & cruelles de ces voleurs. « La force naturelle de tout Païs, ont»ils ajoûté, confifte dans fa Milice. Sans cela "nous ne connoiffons point de Gouvernement

» qui puiffe fubfifter ou fe maintenir. Il feroit » abfurde de penfer que quelque peu d'Habitans » dûffent feuls fe charger de la défenfe publique. » C'eft au Gouvernement à pourvoir à la fureté » génerale, & c'est à lui de réunir les Habitans » & de les mettre en état d'agir. Ce feroit ren» verfer & détruire le véritable but de tout Gou» vernement de refufer une protection légale à » ceux qui vivent fous fon adminiftration, puif» que ç'a été pour s'affurer cette protection, que » le principe de focieté a amené celui du Gou

» vernement.

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» Les Indiens qui font actuellement ici ont dé» claré tant pour eux, que pour leurs amis qui » font encore dans nos intérêts, que fi l'on ne paffe pas un acte pour la défense de notre Pro»vince & des Indiens nos Alliés, & fi l'on n'a"git pas avec vigueur en conféquence de cet » acte, ils ne peuvent plus avoir aucune confiance », en nous, & feront obligés de penfer à leur » propre fûreté", après nous avoir abandonnés » comme un peuple fans conduite & fans cou

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rage. Quelque fomme qu'on accorde, elle ne » répondra point aux vûës de défenfe qu'on doit » fe propofer, fi l'on ne paffe pas l'acte mili» litaire que nous demandons. Une fubvention » en argent n'eft du tout point propre à proté"ger la Province, il faut des arrangemens mi

litaires, & profiter de la difpofition où font »les Habitans de facrifier une partie de ce qu'ils » poffedent pour conferver le refte.

Les Lettres des Ports de mer du Royaume portent que l'on continuë d'y travailler à tout ce qui regarde leur fûreté ; on a arrêté à Chatham deux Batteliers, foupçonnés de favorifer la contrebande & d'entretenir des correfpondances avec les François. Le Vaiffeau de Guerre l'Invincible, que l'on acheve à Gofport, fera un des plus beaux qu'on ait encore vû en Europe. Des Lettres que le Gouvernement a reçues des Indes-Orientales font préfumer qu'on enverra bientôt quelques Vaiffeaux de Guerre pour relever l'Escadre de l'Amiral Wathon.

On a évalué à 22. mille livres fterlings l'indemnifation qui fera faite aux Sujets du Roi de Pruffe pour les Vaiffeaux & les chargemens dont S. M. a reclamé la reftitution ; & moyennant ce, Elle promet de faire remettre le refidû des hypotheques fur la Silefie dans un tems limité.

Selon les derniers avis de Portugal, l'un des principaux dommages qu'on ait effuyé à Lisbonne par les diverfes fecouffes du tremblement de terre, relatifs au Commerce, c'est la perte des marchandifes qui étoient dans les Doüanes, & qui valoient plufieurs millions de Cruzades. La Littérature y a auffi beaucoup perdu : la fameufe Bibliothèque de St. Dominique, celle du Comte d'Ericeyra & celle du Comte de Vinfiero, célébres par le nombre des Manufcrits rares & précieux qu'elles contenoient, ayant été confumées par le feu. Les Bourgs d'Alverea, d'Alandra, de Villafranca, de Caftagneira, de

Povos & d'Alenquet, avec toutes les habitations qui étoient dans le diftrict de Setuval ont été totalement détruits; & la partie baffe de Santarem, Peniche & le Fort Cafcaes ont beaucoup fouffert. La plupart des Villes du Royaume des Algarves qui ont été détruites, l'ont été moins par les tremblemens de terre, que par le reflux des eaux de la mer, qui ont inondé le Païs dans l'étenduë d'une lieuë. La pointe du Cap de la Boque s'eft confiderablement affaiffée. Plufieurs des fécouffes reffembloient à un coup de Canon tiré dans un fouterrain, & durant quelques autres la terre baiffoit avec un effet femblable à celui d'un Navire qui eft à la Cape. La Mer a furpaffé de neuf pieds le plus grand débordement dont on fe fouvienne en Portugal. Durant les premieres fecouffes, des centaines de perfonnes croyant trouver un afile fur les eaux, s'y expoferent; mais la Mer leur fut auffi peu favorable que la Terre. Le flux pouffoit les Vaiffeaux, les Barques & les Batteaux contre le rivage où ils fe heurtoient les uns contre les autres avec tant de violence, que plufieurs furent brifés. Le reflux qui les retiroit auffi violemment, fembloit voufoir les engloûtir avec les infortunés qui s'y trouvoient à bord. Les plus fortes fecouffes fe font toujours faites fentir à la fortie de la Lune & vers le crépufcule du matin. Le flux & le reflux qui duroit ordinairement toute la nuit, fe faifoit aufli fentir plus fortement de cinq en cinq

minutes.

D'ANTIBES, le 12. Fevrier. On vient de recevoir ordre de tenir tout prêt pour faire embarquer des piéces de canons de campagne, des affuts de toute efpêce, des charriots, des pêles & des pioches, & autres attirails. Les Regimens qui doivent venir en Provence font Royal Artillerie 1. Bataillon, qui arrivera le 11. Mars à Aix, avec la Compagnie de Mineurs de Bouli, & celle d'Ouvriers de Balmié. Le Regiment de Hainault de 2. Bataillons y arrivera le 1o. & le 15. Royal la Marine 2. Bataillons fera le 16. à Aubagne. Soiffonnois 1. Bataillon, le même jour à Čaffis, & Talaru 2. auffi le même jour à la Ciotat. Royal Comtois 2. arrivera le 15. au Beauffet, à Bandol, la Cadiere & Cartelet; Medoc 2. le 9. à Ollioules & St. Nazaire. Vermandois 2. le 5. à la Garde & à la Valette. La Marche 1. à Cuers le 15. Bretagne 2. le 10. à Hieres. Royal 2. le 12. à Solliers. Briqueville ci-devant Joyeufe 2. le 7. à St. Tropès. Cambis 2. le 16. à Cannes & à Napoule, Total 22. Bataillons qui borderont les Côtés.

De VERSAILLES le 9. Fevrier.. Toutes les mesures que prend la Cour, & tous les ordres qu'elle donne annoncent les réfolutions les plus vigoureuses contre les Anglois, & font efpérer qu'on fe procurera par la force la fatisfaction qu'on a fi long-tems & fi vainement effayé d'en obtenir par les autres voyes. Il a été ordonné aux Officiers qui commandent

dans les divers Ports du Royaume, d'en faire fortir au plûtôt tous les Sujets de la Grande Bretagne; & afin que ceux du Roi foient engagés par les vûës de l'intérêt propre à feconder celles de S. M., on a promis de fa part tant aux Commerçans des Places Maritimes qui feront conftruire de nouveaux Bâtimens pour aller en courfe, qu'aux Capitaines & aux Matelots qui les monteront, des exemptions & des avantages capables de les animer. On affure même les premiers que quand il arriveroit que les Navires qu'ils auront fait conftruire ne feroient point employés à l'ufage pour lequel on les deftine, le Roi ne laiffera pas de fe charger de tous ceux qui feront percés pour plus de vingt pieces de Canon, fuivant l'eftimation qui en fera faite.

S. M. a nommé Mme. la Marquife de Pompadour, Dame du Palais de la Reine; cette Dame fut préfenée hier en cete qualité à S. M. par Mme. la Ducheffe de Luynes, Dame d'honneur, & prit tout de fuite poffeffion de cette place, Le Roi a diftribué les Domaines qui lui font revenus par le décès de Mme. de Seffac: S M. n'a pas voulu les réunir à la Couronne; Elle a donné dix mille livres de rentes à perpétuité à M. le Marquis de Gontault, fix mille à Mme. la Comteffe de Flavacourt, fix mille à Mdlle. de Guefclin, pareille fomme à Mme. de Chambord, & autant à Mdlle. de Bafchy, fille du Comte de ce nom, fon Ambaffadeur à la Cour de Portugal. Elle a auffi accordé d'autres penfions moins confidérables à plufieurs perfonnes, & toutes reverfibles à leur Famille. M. le Comte de Vibraye vient d'obtenir une place de Colonel dans les Grenadiers de France; & M. de Moncalm, qui a été nommé pour commander les Troupes qui font en Canada, est attendu ici de Montpellier pour recevoir fes inftructions.

De PARIS le 10. Fevrier.

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Il paffe journellement dans les environs de cette Capitale quantité de Troupes qui viennent d'Alface, & qui ont ordre de fe rendre fur les Côtes de Picardie & de Bretagne ; il paffe auffi quantité de Matelots, qui vont à Calais, Dunkerque, Boulogne, Le Havre & Breft. On mande de ce dernier Port du 4. de ce mois que l'Efcadre de M. de Perrier, qui en devoit partir le 2. a été retenue dans la rade par un calme plat, & qu'elle attendoit encore de Rochefort le Vaiffeau le Prudent de 74. pieces de Canon commandé par M. d'Aubigny, l'Athalante Fregate de 30. montée par M. de Chafau & le Zéphir de même Port par M. de Truville. Ces trois Bâtimens ont ordre de prendre en paffant ceux qu'on a armé à l'Orient. Le même jour 4. Fevrier il entra dans le Port de Breft cent Na vires Marchands venant de Bordeaux & des environs. Cette Flotte étoit escortée par les Fregattes l'Hermione, la Friponne, la Thétis, le Cumberland & l'Héroïne, & a apporté ici tout ce qui'y manquoit de provisions pour les Vaif

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feaux de Guerre. Les Fregates l'Outarde & la Caille, qui faifoient auffi partie de cette Flotte, étoient chargées de Canons de différens calibres. Toutes ces Fregates doivent remettre à la voile le 11. pour escorter d'autres Flottes, & donner la chaffe aux Pirates Anglois qui fe font fait voir fur les Côtes. Les Vaiffeaux l'illuftre, le Palmier & le Leopard vont être armés en Fluttes pour fervir au nouveau tranfport de Troupes que l'on doit faire paffer en Amerique. Ils feront commandés par M. M. de Montalet, de Beauffier & Gaulmin. On croit que ce renfort fera de 5. mille 800. hommes, & qu'au lieu de prendre un Bataillon de quelque Régiment, on formera de nouveaux Corps, en tirant un homme de chaque Compagnie de tous les Régimens d'Infanterie Françoife. On ajoute que M. de Morliere & M. de Quincy pourroient bien avoir le Commandement de cette Troupe.

Lorsque les Vaiffeaux de Rochefort auront joint, on verra fur l'Océan 45. Vaiffeaux de Ligne indépendamment de ceux qui doivent tranfporter le nouveau Corps de Troupes en Amérique; & vingt à vingt-cinq fur la Méditerranée. Les Fregates feront deftinées à convoyer & protéger la navigation des Bâtimens Marchands. On a fait replier les Troupes qui étoient déja fur les Côtes ; & quoiqu'on ne craigne point de defcente, on en a envoyé une partie aux Batteries à tout évenement. Enfin le Port de Breft eft, à ce qu'on écrit, le mouvement perpetuel, on y travaille nuit & jour. Il en eft de même à Rochefort & au Havre de Grace. Le Navire la Victoire Infante, qui étoit de retour de Guinée au Cap François, a été entierement confumé par le feu; & le St. Louis Augufte eft arrivé heureufement de St Domingue à Bordeaux.

Le Parlement s'affembla Vendredi ; & l'un de M. M. les Confeillers dénonça aux Chambres un Imprimé, intitulé: Arrêt du Grand Confeil du Roi. On porta les différens avis & enfin on convint de l'Arrêté fuivant. « La Cour, attendu

tier. Ils répondirent qu'il leur avoit été remis un procès verbal fur cette affaire par le Baillage de Vitry-le-François, mais qui ne contenoit que des énonciations, & non la Sentence même d'enregiftrement, & qu'ils n'avoient point encore les pieces des deux autres Baillages. On fit enfuite le Reglement pour la Caiffe de Poiffy, qui doit paroitre aujourdhui, & on s'ajourna à Vendredi prochain.

La Cour des Aides de Montauban ayant rendu un Arrêt qui fufpendoit l'éxécution d'un Arrêt du Confeil, qui lui avoit été envoyé par M. le Chancelier, M. Le Franc, Préfident de cetté Cour, vient d'être exilé à Iffoudun en Berri par une Lettre de Cachet, & M. le Procureur Géneral en a reçu une autre qui l'exile à Treguier en Baffe-Bretagne. Un Huifier à la Chaine a eu ordre en même tems de fe rendre à Montauban, de rayer & biffer des Regiftres de la Cour l'Arrêt rendu par elle, & d'infcrire à la marge celui du Confeil, dont il étoit porteur.

M. le Marquis du Roure, Colonel dans les Grenadiers de France, époufe Mdlle. du Guesclin fille du feu premier Gentilhomme de la Chambre de M. le Duc d'Orléans M. le Marquis de Ceberet, Lieutenant Géneral des Armées du Roi, refté feul de la promotion du 22. Decembre 1731., eft mort dans fon Gouvernement d'Aire dans un âge fort avancé.

L'art de transporter la Peinture d'une Toile fur une autre n'eft plus à préfent un fecret. M. Gautier, dans le 1er. Tome de fes Obfervations fur l'Hiftoire Naturelle, fur la Phyfique & fur la Peinture, a décrit clairement la méthode dont fe fervoit un Italien pour réparer ou renouveller les Tableaux, & on vient d'en faire à Nancy l'épreuve avec tout le fuccès poffible. On ne peut donc trop répandre une Méthode utile, qui peut-être fauvera des d'après l'expérience faite à Nancy, toute l'Opération. ruïnes du tems beaucoup de Chef-d'oeuvres ignorés. Voici, Lorfqu'on veut reftaurer un vieux Tableau fort ufé, il faut d'abord y appliquer une Toile avec de la colle forte, le renverfer fur une Table, & l'y cloüer. On verfe en,, fuite fur toute la furface du Tableau de l'Eau Seconde c'eft-à-dire de l'Acide Nitreux affoibli, pour corroder

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,, corps de Peinture. Il faut ici beaucoup d'attention pour faifir le point convenable de corrofion néceffaire & fuffifante, de maniere qu'elle n'attire point le corps de Pein,,ture. Cela fait, on enleve toute la vieille Toile, & on en ,, fubftitue une neuve qu'on colle fur le corps de Peinture avec de la colle forte ordinaire. Lorfque cette nouvelle ,, toile eft fuffifamment féchée, on retourne le Tableau », entre les deux Toiles; on imbibe d'eau la premiere pour la détacher, & on lave doucement la Peinture pour en

» l'illufion d'un pareil Acte, & la fidélité conf-infenfiblement, défunir la vieille Toile, & en féparer le » tante des Siéges du Reffort dont ils viennent » de donner des preuves, comme il confte par le » compte que nous ont rendu les Gens du Roi » le 27. du mois dernier, a arrêté qu'il n'y avoit » pas à délibérer quant-à prefent. M. M. les Gens du Roi furent enfuite mandés, & on s'informa fi, felon ce qui avoit été arrêté dépuis quelques jours, ils s'étoient pourvûs des Sentences d'enregistrement des Baillages de Vitry leFrançois, Crecy en Brie, & St. Pierre-le Mou

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ôter toute la colle. En peu de jours par ce Procédé le vieux Tableau eft rajeuni, & remis dans fon premier état.,

Certificat de deux cures faites par application des Peaux Divines de Mme. CORDIER, feule poffeffive du ferret defdites Peaux, Jare exe fuéricunnier de M. de Julienne, Chevalier dela jarabe gut. Misli, ellei steroido In Manufac

ture d'Ecarlatte des Gobelins, a été guérie en 1755. d'un mal qui lui étoit venu à la jambe gauche, à laquelle il s'étoit formé plus de trente ulcères, provenant d'un lait répandu, par l'application affiduë du Remède Topique, appellé Peaux Divines.

Antoinette Nallot, veuve de Marin Milot, Bourgeois, demeurant chez un Epicier Rue d'Argenteuil, Paroiffe St. Roch, a été guérie d'un mal de tête des plus violens & d'ulcères dans la gorge, qui lui ôtoient la liberté de boire, manger, refpirer & moucher aisément par application des Peaux Divines.

Mme. CORDIER demeure à Paris vis-à-vis l'Hôtel de Ville où fon Tableau eft expofé. Lefdices Peaux Divines fe vendent à Avigma; chez M. CHALMETON, Marchand de Soye à la Place du Change.

LE COURRIER
Du MARDI 24. FEVRIER 1756.

De LIVOURNE le 12. Fevrier.

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Europe, pour venir rendre compte de fa conIverfes Lettres font mention d'un duite, & a déliberé d'y faire pafler des renforts Corps confidérable de Troupes étran- avec de nouveaux Géneraux ; mais comme ils geres qui doit fe rendre en Corfe ; & ne pourront partir pour la Virginie que dans le elles ajoutent que c'eft bien moins pour mois d'Avril, & pour la nouvelle Ecoffe que agir contre les Mécontens, que pour empêcher dans le mois de Mai, on eft fort inquiet fur le que cette Ifle retombe entre les mains d'une fort de ces Colonies jufqu'à ce tems-là. On ne le certaine Puiflance. On apprend que le Géné-paroît pas moins des delleins qu'on attribue à ral Paoli, leur Chef, a mis à prix la tête du la France fur l'un des trois Royaumes de la Marquis Grimaldi, promettant mille fequins à Couronne Britannique en Europe. On ne doute qui la lui apportera, ou trouvera le moyen de prefque plus que les François ne foient réfolus lui livrer ce Seigneur en vie. Paoli continue d'agir d'y porter la Guerre, & l'on parle déja de faire en Souverain dans la partie de l'Ille qui lui eft venir les Troupes de Heffe, & celles que la foumife; & pour engager les Troupes Genoifes Hollande, felon la teneur des Traités, doit à quitter le fervice de la Republique, & à fe fournir, lorfque l'Angleterre eft attaquée dans ranger fous fes Etendarts, il donne aux Défer- fes poffeffions. teurs qui vont fe rendre à lui, outre de gros engagemens, un tiers de plus de paye qu'ils h'en ont à la folde des Genois. On eft toujours plus intrigué pour découvrir d'où il peut retirer les groffes fommes qu'il dépenfe journel

lement.

De LONDRES le 6. Fevrier.

Quoique la Réponse que M. Fox fit par ordre du Roi à M. Rouillé exprimât les intentions de S. M. de maniere à faire juger qu'il n'y avoit que la Guerre à attendre, il paroît par la réfolution qu'on dit qu'elle a prife , que ce fléau pourroit bien encore être détourné. Sur de nouvelles inftances que lui ont fait faire la Cour de Vienne, les Etats-Géneraux des Provinces-Unies & même le Roi de Pruffe, d'agréer leur médiation pour moyenner un Accommodement avec la France, S. M. s'eft déterminée d'envo-, yer à la Cour de Verfailles fon Ultimatum fur les conditions auxquelles la Grande-Bretagne pourra confentir au rétablissement de la paix. On attend de la part de cette Cour une réponse décifive, qui fera communiquée aux Puissances médiatrices, & qui par fa teneur fixera peutêtre enfin nos incertitudes.

Lundi, la Chambre des Communes formée en Comitté accorda 115. mille livres fterlings pour les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale, & 5. mille pour le Major General Johnfon en recompenfe de fes fervices. Comme on eft actuellement bien inftruit que ce qui a occafionné le mauvais état de ces Colonies, c'eft d'une part la méfintelligence entre ce Géneral & le Colonel Shirley, Gouverneur de la Nouvelle Angleterre, & de l'autre la défection de cinq des Nations Indiennes alliées de l'Angle terre, lefquelles ont pris le parti des François, le Gouvernement vient d'envoyer ordre au Colonel Shirley de repaffer en toute diligence en

Cependant le crédit public diminuë journellement; & malgré les divers moyens imaginés & mis en ufage pour le foutenir, la foufcription pour le dernier emprunt n'eft pas remplie, quoique le fameux Samfon Gedeon y ait lui feul pris des Actions pour cent mille livres, & on prévoit que le Gouvernement fera obligé de faireaux Soufcripteurs de plus grands avantages que ceux portés par le plan établi; ce qui diminuëra les anciens fonds, qui ne rapportent que trois pour cent d'interêt. On parle de lever une nouvelle Taxe additionnelle fur les Caroffes, Chariots & autres fortes de voitures.

Un coup confidérable porté à la Marine de France, elt regardé ici comme la feule reffourcequi pût mettre en état de continuer la guerre avec fuccès; mais malgré notre fupériorité en nombre de Vaiffeaux, la tentative d'une attaque eft jugée d'autant plus difficile, que dans la crainte d'une invafion on ne peut gueres envoyer plus. de 30. Vaiffeaux de ligne hors de la Manche pour obferver les démarches des François.

On va augmenter de trente Compagnies les Corps de Troupes de la Marine qu'on a levés, & le Roi a déja nommé les Capitaines qui les commanderont.. Le terme qui avoit été fixé par la derniere proclamation du Roi, pour accorder une prime ou gratification à tout Matelot qui s'engageroit volontairement pour fervir à bord de la Flotte Royale, étant expiré à la fin de Janvier, S. M. a jugé à propos de le proroger jufqu'au 1er. Mars prochain. On projette de lever fix nouveaux Régimens de neuf cent hommes. chacun; & pour qu'ils foient plûtôt complets, on prétend obliger chaque Paroiffe du Royaume de fournir deux hommes. Tous les nouveaux Régimens doivent être repartis dans les Villes. & le long des Côtes du Royaume ; & les anciennes Troupes occuperont, en attendant la saison

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de camper, des quartiers de cantonnement qui les mettent à portée de fe raffembler par-tout où il en fera befon.

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De la HAYE le 9. Fevrier. Le doute où l'on eft encore ici fur le parti que prendra la France à l'égard de la République, y caufe bien de l'inquiétude. Les Etats-Géneraux, on ne fçait par quel obftacle, n'ont pas encore pû remettre à M. le Comte d'Affry leur réponse à la demande qu'il leur a faite depuis fi longtems de la part du Roi fon Maître. On vient de voir arriver M. le Baron de Breteuil qu'on dit chargé d'une nouvelle Commiffion, fur laquelle il a déja été en conférence avec le Conseiller Penfionnaire & le Greffier des Etats. Par le Traité conclu à Londres le 16. Janvier entre le Roi d'Angleterre & le Roi de Pruffe, les deux Monarques fe garantiffent leurs poffeffions mutuelles en Allemagne. On affure que par ce Traité le Roi de la Grande-Bretagne accorde pour le terme de fix années au Roi de Pruffe un fubfide de 400. mille livres fterlings par an, fi S. M. Pruff. eft obligée de faire marcher fes Troupes, & de 200. mille fi elles n'entrent point en Campagne; mais on ne dit point quel nombre Elle en fournira, ni dans quel cas Elle devra les faire marcher. On ajoûte que tout le Corps Proteftant de l'Empire doit être invité d'accéder à ce Traité pour le maintien du repos & de la tranquillité du Corps Germanique.

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De VERSAILLES le 13. Fevrier. Mardi le Roi, la Reine & la Famille Royale affifterent à la Mefle de Requiem, qui fut célebrée dans la Chapelle du Château pour l'anniverfaire de Mme. Henriette de France, & dant laquelle la Mufique chanta le De profundis. Il y eut Mercredi un pareil Service pour cette Princeffe dans l'Eglife de la Paroiffe, felon la fondation faite par Mgr. le Dauphin; la Reine y affifta avec ce Prince, fon augufte Epoufe Madame, & Mefdames Victoire, Sophie, & Loüife.

Mercredi M. le Comte de Sartinara, Ambaffadeur ordinaire du Roi de Sardaigne, eut une Audience particuliere du Roi, dans laquelle il notifia à S. M. de la part du Roi fon Maître l'heureux accouchement de Madame la Ducheffe de Savoye, & la naiffance d'une Princesse. Ce Miniftre eut enfuite Audience de la Reine, de Mgr. le Dauphin, de Madame la Dauphine, des Enfans de France & de Mefdames. Outre les penfions que le Roi a déja accordées fur les Domaines de feu Mme. de Seffac, S. M. vient encore d'en accorder une de 6000. livres à Mme. d'Avaà Mme. la Comteffe de Lugeac, & à Mdlle, de Talleirand, & de quatre mille à Mme. la Vicomteffe de Cambis, à Mme, la Comteffe de Damas, & à Mdlle. de Brezé.

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Il eft arrivé ces jours derniers plufieurs Courriers de Berlin, & on en augure qu'il doit y avoir quelque grande négociation entre les deux Cours. il paroît toûjours plus décidé que la guerre n'aura pas lieu fur terre: auffi donne-t'on toute l'attention poffible à la pouffer par mer avec la derniere vigueur. On fait monter jufqu'à fept cent le nombre des Bâtimens plats qu'on prepare dans les divers Ports de l'Océan ; ils font conftruits de maniere à embarquer quatre à cinq cent hommes fur chacun. Le Roi vient de faire de Vaiffeaux, & de trente-trois Enfeignes. une promotion de quatre vingt huit Lieutenans

Le parti Stathouderien voit ce Traité avec d'autant plus de fatisfaction, qu'il le regarde comme devant bien-tôt procurer le rétabliffement de l'ancienne correfpondance entre la Cour de Berlin & celle de Ruffie; mais d'un autre côté la négociation entre la France & la Cour de Vienne, dont on ne fait plus mystère, prête à cette fatiffaction quelques gouttes d'amertume. On apprend que la Cour de Drefde, bien loin de faire une reforme dans les Troupes de cet Electorat a refolu au contraire de les augmenter, de les porter même jusques à trente mille hommes, & qu'on n'a pas lieu de croire que cette augmentation fe faffe aux dépends de la Grande-Bretagne. On a auffi des Lettres de Stockholm par lefquelles on pourroit y voir bientôt une révolution dont le motif feroit de remettre le Gouvernement de la Suede fur le même pied qu'il étoit du tems de Charles XII. Enfin on écrit de Copenhague, qu'une Efcadre Danoife doit fortir de la mer Baltique au prin tems prochain; tout cela promet de grands événemens, & femble annoncer quelque changement de fyftème en Europe. En attendant, on eft ici déterminé de ne fe regler que felon les circonftances; & pour fe mettre en état de pouvoir prendre un parti, on a envoyé dans toutes les Villes de la Province de Hollande un Placard de L. N. & G. P., concernant la levée SA Majefté ayant ordonné pendant cet hyver, le dépladu centiéme & demi - centiéme denier; il y eft reglé que le payement s'en fera en deux termes, dont le premier au 15.de Mai, & le fecond le premier Juillet fuivant.

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De PARIS le 14. Fevrier. Quoiqu'on foit accoûtumé à voir des prépa-. ratifs de Guerre, que rien ne foit moins nouveau que les ordres qui s'y rapportent, & qu'on fache bien qu'en faine politique, prendre de pareilles mefures, ce foit moins rejetter les voyes d'accommodement que vouloir les faire adopter à fes Adverfaires & fe les rendre plus avantageufes à foi-même ; on ne laiffe pas ici, & peut-être ne manquera-t'on pas ailleurs, de conclurre une Guerre certaine & prochaine des deux Ordonnances que le Roi a faites, l'une du rer., l'autre du 6. de ce mois. En voici la teneur :

ORDONNANCE DU ROI, pour proroger jusqu'au mois. d'Avril prochain, le complet des Compagnies nouvelles de fon Infanterie Françoise.

DE PAR LE ROI.

cement de plufieurs Régimens de fon Infanterie Françoise, , pour les faire rendre dans les garnifons ou autres de ces Régimens ayant en même teins reçû ordre de fuilieux qu'Elle leur a réglés: Et les Compagnies nouvelles vre la deftination de leur Corps, ce qui a mis les Capitai

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