Page images
PDF
EPUB

LE COURRIER DU VENDREDI 16. Septembre 1757.

L

De ROME le 31. Août.

E malheur, arrivé la femaine derniere à Montepulciano, occupe encore ici tout le monde. Un orage, annoncé par un tour billon des plus furieux, a ruïné les environs de cet endroit; le Monastère des Réligieufes a été renversé de fond en comble, & les deux tiers de ces Filles ont été enfévelis fous les ruïnes; plufieurs autres Maisons ont eu le même fort, & il eft peu d'arbres dans la Campagne qui n'aïent été arrachés, ou du moins ébranchés en un mot cette contrée préfente aujourdhui le plus trifte fpectacle. M. Aquaviva, Commiffaire Géneral de la Mer, reçut avis Dimanche au foir par un Exprès de Civitavechia, que les Galeres & les Schebecks de Malte étoient entrés dans le Port pour caréner & prendre des rafraîchiffemens ; & Lundi matin il arriva ici plufieurs Chevaliers, qui y pafferont tout le tems qu'on employera à la carenne, & à l'approvifionnement de l'Efcadre. La S. Confulte a reçu avis qu'une Troupe de Bandits & de Contrebandiers, fe voyant pourfuivis par une nombreufe efcoüade de Sbirres jufqu'à Duomo, fe font jettés dans ce Village, dont les Habitans ont fonné auffi-tôt le tocfin; qu'à ce fignal plus de 600. Paifans ont pris les armes, & fait plufieurs Détachemens qui s'étant répandus de côté & d'autre, ont enfermé les Sbirres & les ont obligé à capituler. De GENES le 3. Septembre.

nion. Il s'agit pour eux ou de les fatisfaire, ou de les mécontenter toutes en fe conformant, ou en fe refufant à leurs vûës refpectives. Les Maritimes demandent qu'on équipe un certain nombre de Vaiffeaux fous le titre de Garde-Côtes ; les autres, qui trop voisines à leur gré du théâtre de la Guerre en Allemagne, en craignent les fuites pour leur Territoire, infiftent fur l'augmentation des Troupes de terre, & prétendent qu'elle foit de 25. à 30. mille hommes. Vainement défereroit-on à l'une de ces demandes, fi l'on rejettoit l'autre. Les Provinces de Gueldre, d'Utrecht, de Groningue & d'Overiffel ont nettement déclaré qu'elles ne contribueront en rien à l'équipement des Vaisseaux, fi l'on r'augmente pas les forces de terre; & les Provinces de Frife & de Zélande ne veulent point entrer dans les fraix de cette augmentation, à moins qu'on ne leur donne fatisfaction fur l'armement des Garde-Côtes. Si l'on pouvoit juger des difpofitions préfentes de L. N. & G. P. par ce qu'elles firent dans leur derniere Affemblée, on prédiroit que les deux propofitions feront également rejettées, puifque, bien loin de les admettre alors, l'Affemblée ne voulut pas même qu'elles fuffent mifes fur le Bureau. Mais de nouvelles circonstances peuvent avoir infpiré d'autres fentimens. On compte pour une la négociation qui fe traite d'une Alliance entre l'Angleterre obligé à capituler. l'Angleterre, la Pruffe, le Dannemarck & les Provinces Unies, felon laquelle le Dannemarck doit fournir un Corps confidérable de Troupes, & agir de concert avec l'Angleterre & la Hollande, pour qu'il y ait dans la Mer Baltique une Flotte combinée qui ferve à prévenir les fuites d'une convention, qu'on fuppofe arrêtée & fignée entre la France & la Suede. Le refroidiffement qu'on remarque entre les Cours de Coppenhague & de Stockholm, qu'on avoit vû l'année derniere fi étroitement unies, les mouvemens que fe donnent à Londres & ici les Miniftres de la premiere; les fréquentes Conférences que les Ambaffadeurs d'Angleterre, de Dannemarck & de Pruffe ont entr'eux & avec les principaux Membres de la République ; & enfin le grand nombre de Courriers que ces Puiffances s'envoyent réciproquement, font autant de raifons de croire non-feulement que l'Alliance dont il s'agit fe traite effectivement, mais qu'elle eft avancée à tel point, qu'on pourra bientôt en voir éclater les fuites. C'eft fans doute rélativement à cet objet que la Cour de Dannemarck, ainsi qu'on l'apprend de Hambourg, y a envoyé le plan d'une foufcription ouverte pour un emprunt de De la HAYE le 1er. Septembre. 300. mille écus, que S. M. Dan. a réfolu de faire en Les Etats de Hollande, affemblés depuis le 25. forme de tontine. Mais on demande pourquoi l'Aldu mois dernier, intriguent fort le public, & font lié de deux Cours, auffi pécunieufes & auffi libérapeut-être encore plus intrigués eux-mêmes fur la ré-les en fubfides, que le font celles de Londres & de folution qu'ils prendront au fujet des propofitions qui leur font faites par les autres Provinces de l'U

Il paffa ici Dimanche un Courrier extraordinaire de Madrid allant en toute diligence à Naples, d'où l'on apprend que les Vaiffeaux de Guerre & Fregates du Roi des Deux-Siciles ont ordre de paffer en Espagne, & qu'ils font fur le point de mettre à la voile. On commence à voir clair dans les difpofitions de la Cour de Madrid. Les dernieres Lettres qu'on en a reçu portent qu'il s'eft tenu plufieurs Conférences en préfence du Roi, aufquelles l'Ambaf fadeur de France a été appellé, & que ce Miniftre a fait partir un Courrier pour fa Cour, chargé du résultat qu'on fuppofe favorable aux intentions de cette Couronne. Ces Lettres ajoûtent qu'on leve de tout côté des Matelots pour l'armement des Vaiffeaux, qui ont été dépuis peu lancés à l'eau, & qu'on bat la caiffe dans toutes les Villes du Royaume pour recrûter & completter les Régimens. M. Keenne, Ambaffadeur d'Angleterre, reçut le 13. un Courrier de Londres, qu'il fit auffi-tôt partir pour Gibraltar avec un paquet de dépêches pour le Gouverneur de cette Fortereffe, qui fait de grands amas de vivres.

Berlin, a eû befoin de fe faire cette ressource. Seroit-ce que leurs tréfors font épuifés par les fraix

immenfes qu'elles ont faits pour elles-mêmes, on que l'intérêt particulier, qu'a le Roi de Dannemarck à s'armer contre la Suede, difpenfe fes Aliiés de faire les fraix de fon armement. Quoi qu'il en foit, on ne voit pas que cette Alliance, quelque prochaine qu'en foit la conclufion, puiffe produire, pendant le reste de cette Campagne, des effets bien nuifibles à ceux contre qui elle eft formée. Les 25. mille hommes, que les Suedois ont en Pomeranie, n'empêchent pas qu'il ne leur reste encore affez de Troupes pour défendre leurs propres foyers. Il y a peu d'apparence que la Flotte combinée dont il s'agit puiffe être employée cette année; & il n'y en a guéres plus, que l'arrivée d'un Corps de Danois en Allemagne fût encore à tems d'y faire changer la face des affaires.

Bataille & de fe retirer en défordre, laiffant un grand nom bre de morts. Nous lui avons fait plus de 1400. prifonniers, parmi lesquels 400. bleffés, grand nombre de Déferteurs font venus à nous, & nous avons pris auffi 6. pieces de Canon, un chariot de munitions, 2. caiffons qui en étoient remplis, plufieurs tambours & quantité d'armes. Les Ennemis n'avoient point de Drapeaux, ainfi on n'a pû leur en prendre. Des que tous les rapports me feront parvenus, j'aurai l'honneur d'envoyer à V. A. R. une rélation plus detaillée. En attendant je m'en rapporte à ce que le Comte de Taffe pourra lui dire de bouche. J'ai perda denx Capitaines & un Lieutenant, & je ne crois pas avoir plus de 40. hommes tués ou bleffes. Je suis &c. F. Baron de JAHNUS. De l'Armée Françoise à Werden le 29. Août. Si nous avions l'humeur affez follement guerriére, pour préferer les progrès qui coûtent des Combats à ceux qui ne coûtent que des marches, le Duc de Cumberland nous dépiteroit par le foin qu'il prend d'éviter notre rencontre. Sa circonspection à cet égard eft extrême; il n'eft point de Camp fi avantageux qu'il n'abandonne, lorfqu'il fent que nous nous en approchons; & il ne fe pique pas même de nous difputer les poftes avancés qui fervent à leur défenfe. Il fembloit qu'au moins il auroit dù nous attendre dans le Camp de Werden, où il fe ,propofoit de couvrir cette Place, ainfi que les Villes de Bremen & de Stade, & pouvoit fe jetter dans l'Ooft-Frife en cas de befoin par le Comté d'OLdenbourg, en paffant le Wefer au-deffous du confluent de l'Aller avec ce Fleuve; mais nous avons rompu toutes fes mefures, & lorfqu'il a vû que nous marchions à Rethem, où il avoit laiflé une tête de 6000. hommes, il a non-feulement fait replier fur le gros de fon Armée ce Corps de Troupes mais il a quitté fon Camp de Werden, & s'eft porté à Rothembourg, où appuyant fa droite à cette Ville, il a porté la gauche au Château de Brackel, ayant ainfi mis devant lui des marais qui rendent fon approche difficile, mais qui ne nous feront pas impraticables; car nous ferions déjà à lui fans l'accident imprévû qui arriva le 26. Il furvint ce jour-là à 7. heures du foir un orage affreux. Les vents s'entrechoquoient avec une impétuofité qui avoit quelque chofe de terrible & d'épouvantable; nos tentes furent arrachées, déchirées, emportées, nos provifions perdues, & toute l'Armée fut obligée de coucher en bivouac, & de paffer la nuit dans l'eau. A ces coups de vents impétueux ayant fuccédé une pluye extraordinaire, nous eûmes plufieurs Soldats tués & noyés dans ce défaftre géneral, & cette fâcheufe circonstance a retardé notre marche de 24. heures, & occafionné bien du dominage. Nous quittâmes enfin le Camp de Rethem & nous fommes venus aujourdhui ici, où nous avons appris par les transfuges que le Duc de Cumberland s'étant d'abord apperçu que nous pouvions aller à lui, & l'attaquer par fon centre, avoit aufsi-tôt fait conftruire des Redoutes pour en défendre les approches; mais que confidérant enfuite que c'étoient-ià de foibles obf tacles à nous opposer après l'expérience qu'il en a fait à Haftenbeck, il s'étoit déterminé hier au matin à faire démolir fes fours, & à ordonner

De FRANCFORT le 1er. Septembre. L'Affemblée du Cercle du Haut-Rhin, infermée qu'il y avoit eu quelque défertion parmi les Troupes de fon contingent dès le moment qu'il avoit été queftion de les affembler, & que depuis lors, les Déferteurs étoient dans la réfolution de rejoin-, dre leurs Drapeaux, s'ils pouvoient le faire fans être expofés à fubir la peine qu'ils ont mérités leur a accordé une amniftie générale, à condition qu'ils joindront leurs Corps refpectifs avant le 6. du mois prochain, paffé lequel tems, ceux qui e trouveront dans le cas feront punis par la confication de leurs biens paternels, & autres qu'ils peuvent poffeder actuellement ; & s'ils font arrêtés, par la peine ordinaire qu'impofent les Loix de la Guerre. La premiere colonne des Troupes de l'Empire, compofée de 18. Bataillons, 11. Elcadrons de Cuiraffiers & 5. de Dragons, a joint à Erfurt M. le Prince de Soubife & on apprend que le Prince de Saxe-Hildburghaufen, qui la commande immédiatement, a pris tout de fuite la route de Leipfick avec le Général François. La feconde colonne compofée de treize Bataillons & de dix-fept Efcadrons, que commande le Prince Charles Auguite de Bade-Dourlach, fuit la premiere ; & les deux colonnes font déja plus de 25000. hommes effectifs. Les Bavarois, qui font bande à part, font arrivés fur les frontieres de la Bohème ; & les Troupes de Wirtemberg, à la tête defquelles leur Souverain eft en perfonne, font au-delà de Lintz prenant la

même route.

[ocr errors]
[ocr errors]

L'avantage que le Colonel Baron de Jahnus a remporté fur les Pruffiens le 13. & le 14. Août près de Landshut en Silefie, eft très-considérable, ainfi qu'il paroît par la Lettre que ce Colonel a écrit au Prince Charles de Lorraine, dont voici la copie.

MONSEIGNEUR,

J'ai l'honneur d'informer très-humblement V. A. R. que les Generaux Pruffiens de Creutzen & Mitfchepfahl m'ont attaqué hier 13. vers les trois heures après-midi avec un Corps d'environ 8. mille hommes, 16. pieces de Canon & quatre Efcadrons de Huffards. La nuit fit cefler l'attaque, mais ce matin à la pointe du jour, comme j'ai vu que les Ennemis vouloient la recommencer, je les ai prévenus, & les ai attaqués moi-même. Dieu a beni mon entreprife, & nous avons remporté une victoire fi complette, qu'à dix heures l'Ennemi a été obligé d'abandonner le champ de

la derniere livraison du Pain, dans le deffein fans doute de chercher un autre azile, fi ce n'eft pas de profiter de l'arrivée de quatre Vaiffeaux de Guerre Anglois & de deux Fregates dans l'Elbe, qui doivent, dit-on, venir à Stade prendre les effets qu'on y a tranfportés de Hanovre lorfque nous nous fommes approchés du Wefer, & les transporter en Angleterre. Nous faurons bientôt le parti qu'il aura pris. M. le Maréchal a donné ordre de fe préparer à marcher en avant, pour aller attaquer l'Ennemi, s'il gardoit fon Camp de Rothenbourg, ou pour le fuivre s'il continue de prendre la route de Stade. Dès hier, M. le Marquis d'Armentieres fut détaché avec la Réserve pour fe porter à Achun, & cette marche indique que M. le Maréchal veut abfolument tâcher de tourner les Hanovriens, afin de leur ôter les moyens de faire une plus longue retraite, & nous éviter la peine de faire de plus longues marches. M. le Duc de Chevreufe eft pour le même deflein à Bolm fur notre droite, avec 30. Efcadrons & 4. Bataillons; M. le Duc de Broglio avec fon Corps de Réferve fur notre gauche ; & nous marchons demain en forces. On repara avant-hier nos ponts fur l'Aller, & nous paffames hier cette Riviére. M. le Duc de Randan, Commandant-Géneral dans Hanovre & dans tout l'Electorat, paffera l'hyver ici. Les Troupes qui devoient compofer l'Armée de M. le Maréchal, felon les anciennes difpofitions, dans le tems que nous étions au-delà du Wefer, doivent être toutes renduës à leur destination avant le 3. du mois prochain, elles viennent par Caffel; & à mesure qu'elles arrivent, on retire les Corps que nous avions laiffés en arriére & qu'elles remplacent. M. le Duc d'Ayen commande à Brunswick, M. le Marquis de Voyer à Wolfenbuttel, & M. le Marquis de Berville à Minden.

Du Camp retranché à Quelerne près de Breft le 31. Août.

[ocr errors]

Il vint avant-hier d'Angleterre de nos prifonniers qui ont été échangés, & qui ont fait le trajet en 36. heures. Ils nous ont rapporté que la Flotte Angloife étoit encore à Portsmouth ; & qu'elle confifte en 30. Vaiffeaux ou Fregates & 400. Bâtimens de tranfport, fur lefquels on a embarqué 15000. hommes; mais ils ont ajoûté que cette Flotte manque de monde pour la manoeuvre. Les Anglois, difent-ils en prennent par-tout de force & fans diftinction; mais quelque diligence qu'ils puiffent faire, il leur fera impoffible de pouvoir faire partir leur Flotte avant le 8. Septembre, fuppofé que le tems foit favorable; car il fait depuis quelques jours des coups de vents terribles, qui les feroient périr contre nos rochers, s'ils s'avifoient de s'éloigner de leurs Côtes. Quoi qu'il en foit de leur réfolution & de leur deffein, on ne les craint guéres, toutes nos difpofitions font achevées. L'Orient eft auffi à l'abri d'infulte, & nous apprenons qu'il en eft de même à Rochefort où les Vaiffeaux & les Fregates qui étoient à l'Ile d'Aix, ont eu ordre de rentrer dans le Port; on les a défarmés pour éta

blir de leur Artillerie des Batteries dans les endroits fufceptibles de defcente. Les Ifles de Rhé & d'Oleron font également à l'abri de furprife; en un mot on ne feroit pas fâché de voir arriver les Anglois, pour avoir la fatisfaction de les voir échouer dans leurs entreprises.

[ocr errors]

De VERSAILLES le 5. Septembre. La Famille Royale n'eft pas plus diftinguée des autres par l'élevation de fon rang, que par la tendreffe mutuelle des auguftes perfonnes qui la compofent. On eft toûjours plus nouveau aux témoignages touchans qu'elles s'en donnent ; & on les admire d'autant plus, que l'Histoire fi remplie d'exemples contraires, n'en fournit point de femblables. Autant d'évenemens triftes ou joyeux qui en affectent quelqu'une, font autant de fources d'une affliction ou d'une joye commune, encore plus vive dans toutes les autres, que dans celle qui en fait le fujet. Madame Louise reffentit moins d'allarmes qu'elle n'en caufa, par la chûte qui mit, il y a quelque tems, fa vie en péril. Madame Infante a montré, & s'il eft poffible, encore plus éprouvé à fon arrivée tout ce que l'amour du fang peut montrer & faire éprouver de plus tendre, foit dans l'accuëil que le Roi lui fit à Choify, foit dans celui que lui firent hier ici la Reine, le Roi de Pologne, Mgr. le Dauphin, Mme. la Dauphine & Mefdames de France. Le Roi fe rendit Samedi avec Mefdames à Choify, pour aller au devant de S. A. R., qui arriva ce jour-là à cette Maifon de Plaisance & hier après fouper S. M. la reconduifit d'ici à Choily, d'où Elle doit partir demain avec Mefdames pour Fontainebleau, où toute la Cour fe rendra aprèsdemain. S. M. tint Vendredi les Sceaux pour la vingt-deuxième fois, & déclara qu'Elle les tiendroit encore le Jeudi 22. de ce mois. Samedi un peu avant le départ de S. M. pour Choify,la grande Députation du Parlement arriva ici, & fut reçue avec beaucoup de bonté. M. le Premier Préfident porta la parole, & le Roi lui répondit en ces termes.

Je reçois avec fatisfaction les témoignages que vous venez de me donner de votre éle, de votre fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.

Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui vous aime, & de l'avantage de contribuër au bien de mes Sujets, en remplissant vos devoirs.

Achevez de répondre aux vûës & aux intentions que Je vous ai fait connoître pour le rétablissement de la paix, & Je ne tarderai pas à réalifer les ef pérances que Je vous ai données par rapport à ceux de vos Confreres dont vous follicitez le retour. Ayez une entiere confiance en mes bontés. Si vous pouviez en douter, vous cefferiez d'en étre dignes.

S. M. dit enfuite à M. le Premier Préfident: Si vous avez quelque compte à me rendre , trouvez-vous Lundi à 7. heures du foir à Choify avec deux Préfidens.

On est très-fatisfait des nouvelles que M. le Marquis de l'Hôpital, Ambassadeur du Roi à 'a Cour de Petersbourg, a mandé touchant les difpofitions de la Czarine; ce Seigneur après avoir

[ocr errors]
[ocr errors]

marqué de quelle façon il a été accueilli par S. M.
Imp., le Grand Duc & la Grande-Ducheffe
des Ruffies, ajoûte qu'il a été enchanté des fen-
timens du Comte de Beftucheff, Grand Chan-
celier de l'Empire, & du Comte de Woronzoff,
Vice-Chancelier, pour refferrer de plus en plus les
noeuds de la plus étroite union entre les deux Puif-
fances, par le concert le plus parfait dans les me-
fures propres à rétablir & à perpétuer enfuite, s'il
eft poffible, le bien & le repos géneral de l'Eu-
rope & de l'Empire Germanique en particulier.

De PARIS le 6. Septembre.

jugent que par fpeculation; le Roi ayant mis ce Duché dans un état propre à résister aux entreprises qu'on voudroit y former. Selon le plan qui a été concerté entre le Velt-Maréchal d'Apraxin, & le Géneral Impérial de Buccow, qui au retour de Petersbourg, où il étoit aller exécuter une Commiffion particuliere de la part de l'Impératrice Reine, eft allé le joindre fur la Niemen, une colonne de Troupes Ruthiennes devoit marcher directement fur Oppelen qui eft du côté de Pologne, tandis que les Impériaux fe rendront par la Luface à Glogaw afin de s'ouvrir de l'un & de l'autre côté la route de Breflau, Capitale de la Silefie.

De TOULON le 8. Septembre,

Il est maintenant décidé que M. Duquesne commandera l'Efcadre qu'on va former des cinq Vaifleaux qu'il y a encore dans ce Fort, & parmi lefquels on compte le Centaure & le Souverain, chacun de 74. Canons; Vaiffeaux neufs, qu'on va mettre en mâture, & pour l'armement deiquels tout eft prêt. Les autres font le Foudroyant de qui font actuellement à la carenne, & qui vont prendre 84. que montera M. Duquesne, la Couronne & le Téméraire, tout de fuite leurs vivres. Les Capitaines de la Coureane du Téméraire, du Centaure & du Souverain ne font pas encore nommés. L'Efcadre de M. de la Clue eft entièrement carenée & prend fes vivres avec tant de célérité, qu'on travaille Dimanches & Fêtes. La Fregate l'Oiseau en a pris pour les quinze jours qui lui manquoient, pour completter fes quatre mois de Campagne. La Rofe delarme, pour fe mettre en carenne, mais elle réarmera tout de fuite. On ne dit plus rien de la Corfe, ni des Vaiffe faire que le bruit de l'armement qui fe fait ici, & des feaux Anglois qui bloquoient la Baftia. Il pourroit bien préparatifs aufquels on travaille à Marseille, où l'on a mis un embargo fur plufieurs Bâtimens Marchands, & où l'on conftruit quantité d'attirails militaires, aura ralenti l'ardeur & l'empreffement des Rébelles, qui avoient pris les armes; & qui auront apprehendé quelque facheux évenement pour eux. Ce bruit s'eft repandu fur toutes les le Marquis de Fremur eft toujours ici, & nous attenCôtes d'Italie, & a pû aifément paffer dans la Corfe. M. dons cette automne l'Efcadre de M. de Grammont compofée de 3. Vaiffeaux de ligne & de 3. Fregates.

La Députation, que le Parlement arrêta de faire au Roi Samedi dernier, fe rendit le même jour à Versailles, & fut de retour le foir. Hier les Chambres s'affemblerent pour déliberer fur l'enregiftrement de la Déclaration touchant la Bulle Unigenitus; & on arrêta que le Vme. article concernant l'amniftie accordée par le Roi feroit exécutée, fans tirer conféquence pour l'avenir; & que le furplus de ladite Déclaration le feroit fuivant les Canons reçus, les Loix & les Ordonnances du Royaume. Quant-à celle qui regarde la difcipline du Parlement, il fut arrêté qu'il feroit fait au Roi de très-humbles Remontrances ; & M. le Premier Préfident avec deux Préfidens allerent le foir à Choify rendre compte du tout au Roi, qui avoit dit le Samedi précédent à M. de Maupeou, de fe porter avec eux à cette Maifon de plaifance, s'il avoit quel que chofe à lui communiquer. On va faire aujourdhui une Chambre des Vacations, felon l'ufage ordinaire, & dont les féances feront jusqu'au 27. Octobre. Les Lettres de Pologne portent que l'Armée Ruf fienne ayant achevé de paffer la Niemen, s'eft avancé fur la Pregel, & que de gros Détachemens font venus reconnoître le Camp que le Géneral Pruffien occupe à Welau, ce qui a d'abord occafionné quelques efcarmouches entre ces Détachemens & les Gardes avancées des Pruffiens; & fur le rapport qui a été fait au Velt-Maréchal d'Apraxin de leur pofition, il a pris le parti de camper de façon à tenir en échec le Géneral Lewald, qui couvre Konisberg, mais qui ne peut tirer fes fubfiftances que, des magafins qui font dans cette Place, laquelle ne peut être ravitaillée que par le moyen du Pillau, Le Velt-Maréchal ainfi campé a fait défiler plufieurs colonnes par fa gauche; elles traverfent la Pologne, & fe portent en avant fur la Viftule, afin de s'avancer fur l'Oder, & favorifer la diverfion que les Impériaux ont commencé de faire en Silefie dont, f-lon les Pruffiens, la conquête ne fera pas fi aifée dins l'exécution, que fe l'imaginent ceux qui n'en M M. les Directeurs des pauvres de la Miféricorde de la Ville de Marseille toûjours zélés & charitables pour leur foulagement, informes des heureux fuccès des Dragées antiveneriennes découvertes par M. Keyler, pour la guérifon de toute forte de maladies véneriennes des plus invéterées, dont on a déja fait de fi merveilleufes expériences à Paris dans l'Hôpital, que M. le Duc de Biron a fait nftruire pour faire traiter les Gardes Françoifes de cette forte de maladie, ont fait venir M. Naudinat, à qui M. Keyler a commu◄ niqué fa méthode de traiter, ainfi qu'à plufieurs autres perfonnes, pour qu'elle für connue dans cures les Provinces du Royaume. M Naudinat, qui a fait à Paris plufieurs belles cures fous la direction de M Keyler, & qui eft actuellement à Marseille logé chez M. Lamotte Rue Paradis au-deffus la Porte du Parc, donne avis queles perfonnes des Provinces voifines qui voudront être traitées, n'auronz pas befoin à l'avenir de faire le voyage de Paris, il leur fuffira de faire celui de Marfeille, & elles y feront traitées de la même maniere avec autant de fuccès qu'à Paris, M. Naudinat donnant les mêmes remèdes que M. Keyler, & fuivant la meme méthode, moyennant Ja muelle ceux qui font ufage de ce Remède peuvent agir avec autant de liberté, que les Domestiques ne s'en apperçoivent pas, fi leurs Mitres vouloient leur en faire un mystère. Il traire actuellement à l'Hôtel-Dieu plufieurs perfonnes, qui lui ont été remifès par M. AS les Echevins, qui par charité font la dépenfe.

[ocr errors]
[ocr errors]

De CARPENTRAS le 12. Septembre. M. Dominique-Jofeph-Marie d'Inguimberti, Evêque de cette Ville depuis le 25. Mai 1733., ci-devant Archevêque de Theodofie in-Partibus, dont il avoit retenu le nom, mourut ici Mardi dernier des fuites d'une attaque d'apoplexie dans la 75me. année de fon âge, étant né à Carpentras le 16. Août 1683. Ce Prélat, connu dans la République des Lettres par divers ouvrages publiés en 1718. tiré par les vertus & fes talens l'eftime & la bienveillance 22. 24. 25. & 27. tant en Latin qu'en Italien, s'étoit atdu Pape Clément XII. Devenu Evêque de fa Patrie, il a donné des marques de fon amour pour les Lettres par la collection de la plus riche Bibliothèque qui foit en Province, dans le deffein de la rendre publique; & de fa Vince fait bâtir un magnifique Hôpital, & qu'il a inftitués fes grande charité pour les pauvres, en faveur defquels il a legataires univerfels.

LE COURRIER DU MARDI 20. Septembre 1757.

O

De HAMBOURG le 1er. Septembre. Uoique ce foit ici le centre des nouvelles d'Allemagne, nous n'en fommes pas plus exactement inftruits de ce qui s'y paffe. Les Lettres qu'on reçoit, venant de deux partis oppofés, ont ordinairement la mêine oppofition entr'elles. Un fait rapporté dans les unes eft, ou fupprimé, ou tout différemment raconté dans les autres; & il n'y a guéres que ceux qu font, ou très-peu intéreffans, ou trop notoires pour pouvoir être déguifés, dont les rélations fe trouvent conformes. Les Pruffiens s'attribuent divers avantages; des furprifes faites aux Autrichiens, des bag ges enlevés, des poftes emportés, & des comBats, où ils ont fait perdre à ceux-ci, difent-ils, & prefque fans nulle perte pour eux-mêmes, nombre d'Ofici rs & encore plus de Soldats tués bieffes ou faits prifonniers. Entre les Lettres des Imperiaux, les unes ne font point mention de ces fait, les autres en rabattent, & en échange en relevent d'autres à leur avantage, que celles de leurs Ennemis fuppriment ou diminuent. Selon les Pruffiens, les vivres & les fourages abondans pour eux, manquent aux Impériaux, qui de leur côte reprétentent les Pruffions dans cette difette fans s'en plaindre eux-mêmes ; quoiqu'on fache bien que ni les uns ni les autres, ap ès un fi long lejour dans le même Païs, n'y peuvent avoir de tout à founait. Ce qu'il y de plus conforme dans les ré ations des deux partis, c'eft que les Pruffiens n'ayant pû par tous leurs mouvemens attirer les Autrichiens hors de la position avantageufe où is fe trou o ent ni ofé les y attiquer, ils avoient pris le parti de fe retirer, quoique leur manœuvre precedente défignât un projec tout different; car le 19. Août ils continuérent d'étabur leurs Batteries, & le for ils marquerent devant le front de leur Camp un terrein, comme s'ils euffent voulu s'y former en Bataille: mais c'étoient là des ftatagères pour cacher leur véritable deffein. La nuit du même jour, ils firent pa tir d'avance tout ce qui auroit pû ies embarrafler dans leur retraite, & le lendemain (natin its partirent eux mêmes & marcherent vers Of tritz. Ce ne fut cependant, fe on les Lettres qui viennent de leur part, que fur les 6. heures, à la vûë des Autrichiens, après leur avoir de nouveau offet la Bt-ille, & fans en être le moins du monde inquiétés, ni dans leur décampement, ni dans leur retraite au ireu que les Lettres Autrichiennes les font décamper avant le jour, & mettent à leurs trouffes les Troupes égeres qui les harcerent; ce qu'il eft très-naturel de croire plus vrai, parce qu'il eft plus vraisemb ab e.

[ocr errors]

On apprend de Dantzick que les Archives du Royaume de Pruffe ont été recrées de Konisberg & envoyées à Cultrin; que les Ruffiens ont exige & doivent avoir reçu de la Ville de Mêmel 40.

mille écus de contribution; qu'un nombre infini d'Habitans quitte le Païs, & que plufieurs Membres du Gouvernement fe font refugiés à Dantzick. Le Velt-Maréchal de Lehwald, pofté entre Welau & Konisberg, tâche de s'y maintenir, afin de protéger cette derniere Ville.

De VIENNE le 30. Août.

[ocr errors]
[ocr errors]

Les Colonels Laudon & Jahnus qui, à la tête des Corps qu'ils commandent, fe font fignalés par leur courage, par leur conduite & par leurs fuccès, viennent d'en être recompenfés par un Brevet de Géneral-Major, que l'Impératrice Reine leur a fait expédier franc de toute taxe. Dans cette justice rendue à leur mérite on reconnoît l'attention que S. M. Imp. donne, & le prix qu'Elle ne manque jamais d'attacher aux actions d'éclat. M. le Comte de Stainville, nouvel Ambaffadeur de France qui eft ici depuis dix jours, s'eft déja acquis dans cette Cour une eftime univerfelle. On attend d'un moment à l'autre le Duc de Wirtemberg, qui doit enfuite retourner à l'Armée Impériale en Luface. Selon les dernieres nouvelles que la Cour en a reçu, il ne paroît pas qu'elle doive s'arrêter long tems dans cette contrée attendu l'épuifement où se trouve le Païs. Le Roi de Prusse eft entiérement forti de la Province, & par une marche forcée de 10. heures, il s'eft retiré dans la Prinpauté d Coffen en Silefie, pour couvrir fon Pais. Il arriva ici avant-hier un Courrier dépêché par le Duc de Cumberland, on en ignore le fujet; mais le bruit s'eft repandu qu'il y a fur le tapis qu. lques propofitions d'accommodement fous la médiation du Roi de Dannemarck. Quoi qu'il en foit, il y eut hier une grande conférence entre le Miniftre de S. M. Danoife, & le Vice-Chancelier Impérial Comte de Colleredo, & il partit fur le foir un Courrier extraordinaire pour la Cour de France. On a encore fait partir ces jours derniers pour Trieste quantité de fufi's & d'autres armes, qu'on doit diftribuer aux H. bitans de cette Ville & des endroits circonvo fins, au cas que les Anglois euffent deffein de faire quelque tentative de ce côté là. On attend de Comore, Ville de la Hongrie, 800. chevaux turcs, qui ont été achetés dans la Bulgarie pour le fervice de l'Impératrice Reine. Le Baron de Weidman, Miniftre de S. M. Imp. à la Cour de Munich, qui en eft arr.vé ces jours-ci, a rendu compte de l'état où se trouvent actuellement les affaires entre l'Electeur de Baviere & l'Impératrice Rine; & l'on a tout lieu d'être fatisfait des difpofitions de S. A. S. Elect. Le Corps de Troupes, que ce Prince envoye au fervice de S. M. Imp. doit être actuellement bien avant dans la Bohème, & prêt à fe joindre à l'Armée que l'on destine à faire la conquête de la Silefie.

Du Camp Imperial à Erfurt le 2. Septembre.
M. le Prince de Saxe Hildburghausen, General

[ocr errors]
« PreviousContinue »