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Les sommes employées en achats de rentes sur la demande et pour le compte de nos déposants n'offrent pas, en 1855, une grande différence sur celles de l'année précédente.

En 1854, nous avions acheté 227,610 fr. de rentes sur l'État pour 7,151 déposants, coûtant 4,843,102 fr. En 1855, nous avons acheté 202,434 fr. de rentes, pour 6,390 déposants, coûtant 4,230,299 fr.

En comparant ensuite le montant de l'avoir de nos déposants à la fin des deux années 1854 et 1855, nous voyons que le total des dépôts était, au 31 décembre 1854, de 48,182,475 fr., et qu'il n'était plus, au 31 décembre 1855, que de 46,944,324 fr. Mais nous ferons observer que cette diminution de l'avoir de nos déposants n'a pas été occasionnée par une diminution de versements de capitaux dans la caisse d'épargne, puisque nous venons de vous dire que le chiffre des versements avait été supérieur à celui des remboursements de 1,200,000 fr. environ, ni par une augmentation des retraits, puisque vous venez de voir que la somme des retraits a été inférieure à celle de 1854. Ce sont les achats de rentes faits pour compte des déposants qui ont donné lieu à cette différence dans le solde de leur avoir.

Quant au nombre des déposants, il était, au 31 décembre 1854, de 212,308, et, au 31 décembre 1855, de 216,052, ce qui donne une augmentation de 4,000 déposants environ.

En exécution des prescriptions de la loi du 7 mars 1853, qui a introduit dans la législation des caisses d'épargne le principe d'une prescription trentenaire, notre compte de dotation s'est grossi cette année du reliquat de 492 comptes abandonnés, formant ensemble une somme de 8,486 fr. 50 c. Nous avons remis à la caisse des dépôts et consignations toute la partie des mêmes comptes qui était convertible en rentes, s'élevant à 19,852 fr. 85 c., et nous y avons joint, toujours en exécution de ladite loi du 7 mars 1853, 1,254 fr. d'inscriptions de rentes anciennes provenant des susdits comptes. Le Conseil des directeurs a dû s'occuper de traiter avec la ville de Paris pour le rachat d'une concession

d'eau faite à perpétuité par la ville, au milieu du siècle dernier, au profit d'une des maisons acquises par l'administration de la caisse d'épargne. La ville de Paris nous a payé, pour le rachat de cette concession, la somme de 3,200 fr., que nous avons ajoutée à notre fonds capital.

La susdite concession, dont la révocation avait été ordonnée par l'autorité compétente, a été remplacée par un abonnement annuel. A cette occasion, nous avons fait examiner avec le plus grand soin tout notre système de précautions contre les dangers d'incendie, et nous avons organisé, avec les conseils et la surveillance de M. le commandant des sapeurs-pompiers (auquel nous devons des remerciments pour son utile direction), un système intérieur plus complet de secours contre l'incendie présentant toutes les garanties désirables. Toutes nos pompes, ainsi que les appareils qui s'y rattachent, sont maintenant l'objet d'une vérification mensuelle. Vous approuverez sans doute cet ensemble de précautions, qui a pour but la conservation des milliers de titres et de registres qui intéressent un grand nombre de familles.

Nouveaux déposants. La statistique des nouveaux déposants pendant l'année 1855 résulte du tableau ciaprès :

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Un premier chiffre significatif est celui du nombre des nouveaux comptes ouverts en 1855 comparés à ceux de 1854; malgré toutes les causes qui étaient de nature à diminuer ce nombre, nous sommes heureux de constater de nouveau qu'il s'est accru de plus de 2,000 sur celui

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de 1854, qui était de 29,018, tandis qu'en 1855 il s'est élevé à 31,096.

La même proportion existe entre le montant total des sommes versées pendant ces deux années à titre de premier dépôt ; en 1854, ce chiffre était de 4,604,466 fr., et, en 1855, il a été de 5,092,415 fr.

En se reportant aux résultats de 1853, rapprochés de ceux de l'année suivante, on verra avec satisfaction qu'une décroissance aussi forte que celle qui avait marqué 1854 (un quart environ, soit dans le nombre des premiers déposants, soit dans les sommes versées) nonseulement n'a pas continué à se faire sentir sous l'influence de circonstances semblables, mais encore s'est changée en un mouvement ascensionnel que nous ne pouvions pas espérer pour 1855.

Si nous insistons sur cette augmentation, peu considérable en elle-même, c'est surtout parce qu'elle porte entièrement sur la classe des ouvriers, qui, pour les nouveaux déposants, ne s'élevait qu'au nombre de 14,439 en 1854, tandis qu'en 1855 elle atteint le chiffre de 16,157, qui forme plus de la moitié de la totalité des nouveaux déposants de l'année.

Ce que la classe des domestiques a gagné en nombre (200 environ) cette année, a été perdu pour celle des em'ployés, et ce double fait s'explique suffisamment par la position même des déposants qui forment ces deux classes; les domestiques étant nourris chez leurs maîtres souffrent moins que les employés de la cherté des vivres.

Les autres classes, des militaires, des professions dites libérales, et les rentiers, n'ont éprouvé que des modifica tions insignifiantes; quant aux sociétés de secours mutuels entre ouvriers, cinq seulement sont venues s'ajouter à celles qui ont des comptes ouverts à la caisse d'épargne de Paris.

L'examen des divisions et des catégories qui composent chaque classe des nouveaux déposants n'offre aucune diférence bien notable avec les mêmes groupes des années précédentes; et nous nous bornerous citer l'accroissement toujours sensible des ouvriers attachés aux chemins de fer.

Parmi les groupes de professions qui ont pris des livrets en 1855, il faut toujours mettre en première ligne :

Dans le bâtiment : les ouvriers maçons, serruriers, mécaniciens, menuisiers et peintres ;

Dans le vêtement les ouvriers tailleurs, et surtout les ouvriers cordonniers;

Dans le meuble et les objets de luxe : les ouvriers ébénistes, les ouvriers orfévres, bijoutiers, et les ouvriers imprimeurs et lithographes.

Le service militaire de Paris et les remplaçants tiennent, comme de raison, la première place dans la classe des militaires. Les proportions entre les différentes armes se maintiennent, à peu de chose près, dans les mêmes chiffres que par le passé; et, grâce au bienfait des virements de fonds effectués par les différentes caisses d'épargne, les nombres relatifs à cette classe de déposants se balancent presque constamment; c'est dire quels services rendent à nos braves soldats les transferts de comptes dans les diverses garnisons qu'ils vont occuper, et où ils retrouvent intact un pécule qui, sans cette sage mesure, pourrait être souvent dissipé pendant la route.

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Quotités des soldes existant au 31 décembre dernier. Sur 216,052 déposants ayant des comptes ouverts à cette date, 182,655 possèdent ensemble plus de 21 millions de francs, et n'ont, en moyenne, que 115 fr. de capital; les autres déposants ont, en moyenne 626 fr. de capital; et, pour arriver à parfaire une moyenne de 217 fr. à chacun des 216,052 déposants, il faut comprendre dans le chiffre total du montant des comptes ceux qui sont supérieurs au maximum de 1,000 fr., soit à titre de remplaçants militaires, soit comme sociétés de secours mutuels. Ces 182,655 déposants, dont la moyenne du montant de chacun de leur compte n'est que de 115 fr., sont une nouvelle et victorieuse réponse au reproche, répété tant de fois et avec si peu de fondement, que les caisses 'd'épargne servent plutôt les intérêts des classes aisées que ceux des classes peu fortunées et des ouvriers.

COMPTE RENDU

DES OPÉRATIONS DU MONT-DE-PIÉTÉ DE PARIS.

Pendant l'année 1855.

(Extrait du Rapport du directeur.)

Emprunt. La fixation à 4 p. 100 de l'intérêt des fonds empruntés 1 m'avait fait espérer que le dégrèvement du droit temporaire pourrait avoir lieu au commencement de l'exercice; aussi, dès le 30 novembre 1854, rassuré par un retour momentané des capitaux à la caisse, et désirant me conformer aux prescriptions de l'autorité supérieure, je vous proposais ce dégrèvement comme `étant, d'ailleurs, une conséquence de la fixation de 4 p. 100, adoptée pour l'année 1855; mais, tout en reconnaissant combien la mesure en elle-même était désirable, vous avez pensé qu'elle devait être ajournée jusqu'au moment où le courant de l'emprunt serait complétement établi. Les faits sont venus démontrer que vous aviez eu raison d'attendre, car, dès le 27 juin 1855, nous avons été forcé de revenir au taux de 4 1/2, qui créait précisément la nécessité de maintenir le droit dont je vous avais proposé l'abandon.

A 4 1/2 p. 100 la caisse a pu s'alimenter de capitaux suffisants pour assurer le service des prêts. Toutefois, en présence des emprunts faits, par l'Etat et par la ville, à des conditions plus avantageuses, soit en raison du taux offert, soit en raison de la durée du placement, les capitaux n'ont point été assez abondants pour que nous ne fussions pas obligés de toucher à la réserve, qui, dans le cours de l'exercice, est descendue de 4,621,137 fr. 80 c. à 2,560,295 fr. 44 c.

Si la position s'aggravait, ou si même elle se prolongeait plus longtemps, je me verrais dans l'obligation de vous proposer d'élever notre intérêt à 5 p. 100. Espérons, Messieurs, que nous ne serons pas contraints d'avoir recours à cette nouvelle fixation, dont malheureusement les nécessiteux ressentiraient le contre-coup; mais enfin,

1 Décision ministérielle du 26 décembre 1854, réglant l'intérêt pour l'année 1855.

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