La Marseillaise ailée et volant dans les balles, La Révolution leur criait : Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères! Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes! La tristesse et la peur leur étaient inconnues; En retournant les yeux dans leurs course olympique, Montrant du doigt les cieux! II Oh! vers ces vétérans quand notre esprit s'élève, C'étaient là les anciens. Mais ce temps les efface! Oui, gloire à ceux d'hier! ils se mettent cent mille Un enfant de sept ans ! Ceux-ci sont des héros qui n'ont pas peur des femmes ! On voit, quand dans Paris leur troupe se promène, Ils montent à l'assaut des lois; sur la Patrie Gorgés, payés, repus, joyeux, fous de colère, Tout, le fer et le plomb, manque à nos bras farouches; Avec quelques tribuns la loi demeure seule. O soldats de décembre! ô soldats d'embuscades Vos pères, je l'ai dit, brillaient comme le phare; Vos pères combattaient les plus fières armées, Vous, vous tuez des gens de bourse et de négoce! Histoire, qu'en dis-tu? les vieux dans les batailles Foulant aux pieds vieillards sanglants, femmes mourantes, Cet homme fait venir, à l'heure où la nuit voile Des généraux français portant la triple étoile Il leur dit « Écoutez, pour vos yeux seuls j'écarte » L'ombre que je répands; » Vous crûtes jusqu'ici que j'étais Bonaparte, » Mon nom est Guet-apens. » C'est demain le grand jour, le jour des funérailles » Et le jour des douleurs. » Vous allez vous glisser sans bruit sous les murailles, » Comme font les voleurs; >> Vous prendrez cette pince, à mon service usée, >> Que je cache sur moi, » Et vous soulèverez avec une pesée » La porte de la loi; » Puis, hourrah! sabre au vent, et la police en tête! » Et main-basse sur tout, » Sur vos chefs africains, sur quiconque est honnête, >> Sur quiconque est debout, » Sur les représentants, et ceux qu'ils représentent, » Sur Paris terrassé! » Et je vous paierai bien ! » — Ces généraux consentent; Vidocq eût refusé. IV Maintenant, largesse au prétoire! L'orgie a rougi leur moustache, La bombance après l'équipée. Sert de broche à Gargantua. Le meurtre est pour eux la victoire; France, ils t'égorgèrent la veille. Ils dansent en rond, noirs quadrilles, Et leurs banquets sans fin ni trèves Nous faisions pour vous d'autres rêves, Nous rêvions pour vous l'apre bise, Nous rêvions les marches forcées, Et la victoire un contre dix! Nous rêvions, o soldats esclaves, Car l'Europe en ses fers soupire, |