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de Leipzig ne peuvent être effacées de l'histoire ; mais ce qu'il y a dans notre gloire militaire de véritable, de solide et de durable, aucune négociation politique ne pourra nous l'enlever. »

Tel est, n'en doutons pas, le langage de tous les François justes et instruits. Napoléon seul trouveroit-il sa gloire et sa satisfaction dans le malheur du monde et dans la servitude de tous les autres états? Il dit qu'il ne pourroit pas s'as`seoir sur un trône dégradé, ni porter une couronne flétrie. De quel droit veut-il échapper à cette humiliation chimérique, en continuant un ordre de choses qui ne peut exister qu'en dégradant tous les autres trônes et flétrissant toutes les autres couronnes? De quel droit se regarde-t-il comme déshonoré si on lui fait une demande qu'il regarde comme incompatible avec le pouvoir d'humilier, d'injurier, ou d'anéantir tout ce qui l'en toure?

No CVI.

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Extrait du discours prononcé par lord Castlereagh dans la séance du parlement britannique, du 14 novembre 1813.

Je dois rendre compte de l'emploi des sommes qu'à la fin de la dernière session le parlement a si libéralement confiées au gouvernement. On a

a

qu

fu pe

donné à la nation espagnole, en argent et munitions de guerre, deux millions de livres sterling. Le Portugal en a reçu autant; la Sicile quatre cent mille livres ; la Suède, un million. On avoit voté un crédit de cinq millions, et je suis bien aise de pouvoir dire que cette somme suffit pour couvrir toutes les dépenses auxquelles la GrandeBretagne s'étoit engagée pour le soutien de la cause commune. Une grande partie de cette somme est déjà partie pour le continent; une autre partie a été promise aux personnes chargées de soigner les munitions : je ne fais mention ici que de quatre cent mille sabres et d'autant de fusils qui ont été envoyés sur le continent, indépendamment de ce qui a été transporté en Espagne.

Il me reste à indiquer les besoins futurs du continent. La Suède appelle la première notre attention. Le million qu'elle a reçu à couvert les dépenses de la couronne de Suède pour ses armées jusqu'au mois d'octobre. Dans la première convention de subsides il avoit été stipulé qu'elle seroit renouvelée; l'ordre en a été donné, mais les vents contraires sont cause que n'ai pas encore reçu la nouvelle convention. Il est probable qu'il faudra encore un million à ce royaume. Je ne crois pas qu'on puisse faire une observation sur

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l'utilité de ces subsides qui nous a été prouvée par l'expérience d'une année. La Suède a fourni le nombre complet de troupes auquel elle s'étoit engagée; ces troupes, avec celles du général Wallmoden que l'Angleterre soudoie, ont procuré à la cause commune un renfort de cinquante mille hommes. Comme le Prince Royal a déclaré qu'il oublioit l'intérêt particulier de la Suède en faveur de la cause commune; comme il remplit cette promesse dans toute son étendue; que dans les glorieux événemens qui se sont passés sur le continent, son nom a été couvert d'un éclat brillant; comme il s'est engagé à faire tous ses efforts pour faire exécuter le plan convenu, quel qu'il fût; comme il en a lui-même dressé trois, dont chacun étoit de nature à être adopté ; comme avec une armée telle que la sienne, composée en grande partie de recrues ou de troupes de diverses nations, il a cu de grands succès cóntre les meilleures troupes françoises, je ne doute pas que tous les membres ne souhaitent que les rapports avec la Suède soient renouvelés. Avec cette armée, et soutenu par le général expérimenté dont le nom ne peut jamais être prononcé qu'avec gloire (je parle de Blücher), le Prince Royal, avant de passer l'Elbe, a déjà fait beaucoup de mal à l'ennemi. Il ne lui a pas été possible de tour

ner ses forces vers Hambourg; mais il ne faut pas oublier qu'en combinant ses marches avec celles des alliés, au lieu de diviser ses forces, le Prince Royal a essentiellement contribué aux

succès.

Je dois fixer maintenant votre attention sur la Russie et sur la Prusse, les deux puissances à l'égard desquelles il faut que nous fassions les plus grands efforts. On leur a accordé cinq millions de livres sterling: comme c'est d'elles que dépend surtout le résultat de la guerre actuelle, le gouvernement a cru devoir leur allouer cette somme. Il est vrai qu'avant l'armistice les troupes de ces deux puissances paroissoient n'être pas au complet; mais la marche accélérée des Russes et les fatigues qu'elle occasiona ne permirent pas à tous les renforts d'arriver à temps. La forte armée de réserve ne peut être sur-le-champ transportée sur un théâtre si éloigné. Mais la Russie a fait tout ce qui étoit possible. Aussi l'Empereur Alexandre, en signant l'armistice, a eu les plus grands égards pour notre pays et pour d'autres puissances. Il n'a rien négligé pour porter le dominateur de la France à des conditions de paix équitables. Cette démarche étoit nécessaire pour convaincre son propre peuple, et surtout l'Autriche, qu'il n'étoit pas possible d'a

voir la paix sans faire de nouveaux et de plus grands sacrifices. Le résultat de cette sage conduite fut que l'Autriche se détermina à prendre part aux efforts nécessaires pour obtenir une paix juste. Dans l'intervalle, la Russie employa la plus grande activité et promptitude, et fit arriver son armée de réserve dans le moment où elle devint décisive. Depuis, elle a remplacé cette réserve sur ses frontières par de nouvelles levées qu'elle a faites. Après avoir sauvé son empire, l'Empereur de Russie étendit sa sollicitude sur les pays voisins, et donna ses généraux et ses troupes pour les délivrer; libre de toute méfiance et de tout orgueil, il renonça généreusement au droit de les diriger, et les subordonna aux généraux de ses alliés, pour coopérer à la grande

cause.

La gloire de la Prusse n'est pas moins grande. Lorsqu'on commença à négocier avec cette puissance, on ne crut pas qu'elle pourroit fournir des forces considérables; mais ce qui caractérise cette guerre, c'est que le pays qui y avoit le plus souffert s'est relevé avec le plus d'éclat. L'esprit de la nation s'est éveillé; il sut triompher de toutes les difficultés, renouvela l'époque la plus glorieuse de l'histoire de la Prusse, et fit naître une armée qui sut se placer à côté de celles des plus

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