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mission de retourner chez elles. La garnison est mal pourvue de vivres, les soldats sont mécontens.

Le général Narbonne, gouverneur de Torgau, est mort. Le général Dutaillis qui le remplace, et trois autres généraux, sont malades de l'épidémie qui règne dans la ville, et qui enlève journellement un grand nombre d'hommes.

Le maréchal Saint-Cyr a capitulé, et Dresde est dans les mains des alliés. Ainsi, à l'exception de quelques places fortes qu'on assiége, tous les pays entre l'Elbe et le Rhin sont débarrassés de l'ennemi. Tous les habitans se mettent en armes, et bientôt on verra en Allemagne tout un peuple armé pour défendre son indépendance.

La ville libre de Brême a repris son ancienne forme de gouvernement. Il faut espérer que ses sœurs, les villes de Hambourg et de Lubeck, jouiront bientôt du même bonheur.

Suivant les dernières nouvelles, un sombre désespoir règne parmi les malheureux habitans de Hambourg. Les soldats sont las de la guerre, et désirent retourner dans leurs familles. On a enlevé la banque; c'est un crime politique. Les principaux habitans sont obligés à travailler aux fortifications, et ce travail se continue jour et

TOM. IV.

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nuit. Tous les arbres de Wilhelmsbourg sont abattus, et le pont établi par les François entre cette île et Haarbourg est détruit.

En poursuivant le noble but vers lequel se dirigent tous ses efforts, qui est la paix, l'armée du nord de l'Allemagne ne pouvoit pas permettre qu'une puissance ennemie se cantonnât sur ses communications. Allemands d'origine et de langage, les habitans du Holstein jouiront de la liberté qui a été rendue à leurs compatriotes; ils doivent désirer l'éloignement d'une armée dont la présence ne leur pronostique que des malheurs. Si le théâtre de la guerre est bientôt transporté thez eux, ils doivent en accuser la politique du gouvernement danois; mais il en est encore temps'; il dépend encore du Roi de Danemarck d'épargner ce fléau à un pays qui depuis plusieurs générations a été le séjour de la paix et du bonheur. C'est en abandonnant la cause qui a été si désastreuse pour sa propre dignité et pour l'intérêt de son peuple, et en acceptant enfin les propositions des puissances alliées, que le Roi de Danemarck pourra détourner l'orage qui menace ses états. Leur sort et leur avenir dépendent de la résolution qu'il prendra.

Pampelune a capitulé. Les troupes victorieuses du maréchal Wellington se trouvent sur le ter

ritoire françois, et parce que les Espagnols ont été attaqués au sein de la paix, les paisibles habitans des rives de l'Adour voient aujourd'hui une armée ennemie sur leurs confins. L'Empereur de Russie, l'Empereur d'Autriche, le Roi de Prusse et leurs armées redoutables sont sur les bords du Rhin. Toutes ces masses ne sont animées que par un désir, la paix générale, fondée sur des limites naturelles, seuls gages de sa durée. Dans les longues calamités qui ont dévasté l'Europe, les instrumens ont été autant à plaindre que les victimes, et les souverains alliés souhaitent autant le bien des François que celui de leurs peuples. La guerre ne peut avoir qu'un but honorable, ne faire qu'une conquête désirable et juste : la paix. Des millions de voix la demandent au peuple françois; peut-il être sourd au cri de l'humanité, de la raison, et de son propre intérêt le plus cher?

Quel François, quel véritable Européen n'est pas profondément affligé en lisant la réponse de Napoléon au Sénat? Le président de cette assemblée demande au nom de la France la paix å l'Empereur, et ce souverain, qui depuis deux ans a été témoin comment sept cent mille hommes ont péri, répond froidement, et se contente de la postérité reconnoîtra qu'il n'a' pas été

dire

que

au-dessous des circonstances. Par conséquent l'Empereur Napoléon ne veut pas la paix, et parce que l'Europe la désire, il faut qu'elle prenne des mesures pour l'obtenir à main armée. Nous espérons que les vœux des François se réuniront à ceux de l'Europe.

No CIX.

Bulletin du Prince Royal de Suède, du quartier général de Lubeck, du 6 décembre 1813.

Le général Bulow a pris d'assaut, avec ses troupes, la place forte d'Arnheim. Cette place est pour nous de grande conséquence pour la possession de la Hollande. Elle avoit une garnison de quatre mille hommes, et ses ouvrages, la plupart récens, étoient en bon état. Les troupes prussiennes ont, dans l'assaut, donné une nouvelle preuve de leur intrépidité. La perte du gé

néral Bulow se monte en morts et en blessés à trois cents hommes. L'ennemi doit avoir perdu incomparablement plus. Il nous est tombé quelques centaines de prisonniers dans les mains.

Le major Marklay, qui appartient à l'avantgarde du général Wintzingerode, est entré le 24 novembre à Amsterdam, au milieu des acclama

tions de joie des habitans. Le général Benkendorf l'y a suivi.

Le Prince Gagarin a fait, le 27 novembre mettre pied à terre à trois cents Cosaques pour attaquer la garnison de Deventer, qui faisoit une sortie pour s'emparer des faubourgs, ou les brûler, dans le cas où elle ne pourroit pas les conserver. Après un combat opiniâtre, il repoussa l'ennemi au-delà du pont, lui tua un nombre considérable d'hommes, et lui fit soixante prisonniers.

Le 28 novembre, le colonel Narischkin occupa Amersfort, dont la garnison s'étoit retirée à Naarden. Les deux forts de Cuxhaven, Faros, et le fort Napoléon sont en notre pouvoir; leurs garnisons se sont rendues prisonnières de guerre. Les fortifications de Dosbourg et de Zutphen seront réparées et augmentées. Le général Wintzingerode a envoyé à son A. R. le Prince Royal les clefs de la ville d'Utrecht, prise par le colonel Narischkin; et le Prince Royal les a envoyées à l'Empereur Alexandre. Le blocus de Haarbourg est confié au Comte Strogonoff.

L'armée suédoise, avec le corps de Lutzow, s'étoit rapprochée de la Stecknitz, et avoit occupé tous les postes depuis l'embouchure de cette rivière jusque dans les environs de Büchen, et

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