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autorité; je n'oublierai point un si grand bienfait. J'en réclame un autre de votre bonté: il est facile dans son exécution; ne me le refusez pas; ce service augmentera, s'il est possible, ma reconnaissance.

Je viens d'ordonner au Général Moyse de terminer l'achat du Brick armé pour lequel vous aviez presque terminé; mais il importe, Monsieur le Consul, qu'il se rende en sûreté à sa destination et sans craindre les Anglais. Si je possède Jacmel, par la croisière de la frégate "Le Général Greene," veuillez que la garnison vous doive la subsistance que vous pourrez y acheminer sans risque. Cette partie réduite à la famine la plus terrible, a des besoins pressants. L'hôpital y est dénué du plus petit nécessaire; pourriez-vous ne pas adhérer à ma proposition qui est que vous ayez la bonté de permettre que le Brick armé et chargé de provisions, ainsi que d'autres petits bâtiments aussi chargés, soient expédiés comme américains et sous son pavillon pour le Port-Républicain pour éviter les Anglais, avec ordre de passer par Santo Domingo et de là devant Jacmel, comme s'ils avaient des provisions à donner, en passant, au Brick américain "L'Augusta" qui croise devant Jacmel, pour, de là, continuer leur route pour leur destination; et alors qu'ils seraient devant Jacmel, ils saisiraient l'occasion favorable pour y entrer. Ce moyen, Monsieur le Consul, est infaillible; je le réclame de vos bontés; n'aurai-je plus droit d'y prétendre?

J'écris également à Monsieur le Commodore; je lui fais la même prière que vous. Si vous adoptez cette marche, Monsieur le Commodore ne s'y refusera pas: aidé de votre protection je compte beaucoup sur la réussite. J'envoie auprès de vous mon adjudant-Général pour solliciter de vous et de Monsieur le Commodore cette faveur inappréciable. Je le charge de vous assurer de mon inviolable attachement et de mon entier dévouement pour le gouvernement des Etats-Unis. L'Adjudant-Général D'Hébécourt vous instruira de la réduction de Jacmel, de son évacuation et des pertes incalculables qu'a éprouvées l'ennemi.

Monsieur le Consul Général, veuillez me rendre le service que je réclame de votre justice, et croyez-moi avec la plus parfaite considération, Monsieur le Consul Général,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

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ANNEXE NUMÉRO III.

Incident de la Navase.

Port-au-Prince, 24 Avril 1858.

Les soussignés, Chargé d'Affaires de France et Vice-Consul chargé du Consulat Général d'Angleterre, ont été informés par la rumeur publique que le Gouvernement haïtien est sur le point d'expédier à l'ile de Navaze un ou plusieurs des bâtiments de la flotille.

Après la démarche personnelle que les soussignés ont cru devoir faire auprès de Monsieur le Ministre des Relations Extérieures pour l'informer de l'occupation de Navaze par les citoyens des Etats-Unis dans le but d'en extraire du guano, ils devaient s'attendre à ce qu'aucune mesure ne serait prise par le gouvernement haïtien relativement à cette affaire sans leur être communiquée. Ils ont surtout lieu de s'étonner qu'on ait poussé le manque d'égards jusqu'à leur cacher le départ d'une expédition armée, et se voient dans la nécessité de notifier à Monsieur le Ministre des Relations Extérieures qu'ils attendent de lui, dans le plus bref délai, des explications précises tant sur la force de l'armement que sur sa véritable destination.

Dans l'espoir que Son Excellence voudra bien acquiescer à leur juste demande, les soussignés ont l'honneur de lui offrir les assurances de leur haute considération.

Le Chargé d'Affaires de France:

(Signé) A. Mellinet.

(Signé) H. Byron.

Le Vice-Consul chargé du Consulat Général d'Angleterre:

A Son Excellence

Monsieur le Ministre des Relations Extérieures d'Haïti.

Ministère des Relations Extérieures.

Port-au-Prince, le 27 Avril 1858.

Le soussigné, Ministre des Relations Extérieures, a eu l'honneur de recevoir la note collective du Chargé d'Affaires Consul Général de France et du Vice-Consul chargé du Consulat Général d'Angleterre, en date du 24 du courant.

Le gouvernement de Sa Majesté a su bon gré aux représentants de la France et de l'Angleterre, lorsqu'ils vinrent lui donner avis que des citoyens des Etats-Unis avaient pris possession de la Navaze, dépendance du territoire de l'Empire, et y exploitaient le guano dont cette petite île est remplie. Le soussigné se souvient même que Messieurs les représentants de France et d'Angleterre ajoutèrent à ce premier avis, celui que son gouvernement s'assurât officiellement du fait, quoiqu'euxmêmes s'en tinssent pour exactement informés et qu'ils en fussent certains.

L'expédition dont il s'agit est la mesure ouverte, publique et point clandestine que le gouvernement de Sa Majesté a cru devoir prendre pour s'assurer de cette occupation d'un point du territoire haïtien. C'est son droit absolu.

La rumeur publique, toujours vague, et ses exagérations sont de peu d'importance en une affaire aussi simple et pourtant aussi sérieuse.

Le gouvernement de Sa Majesté n'aurait jamais cru que dans un cas pareil il fût tenu ou obligé de soumettre ses décisions à l'appréciation ou au contrôle des représentants étrangers qui ont bien voulu lui faire, à ce sujet, une communication officieuse.

Le gouvernement de Sa Majesté n'est pas non plus tenu de donner les explications qui lui sont impérieusement demandées sur un fait de son administration intérieure.

La démarche des représentants des deux Puissances, avec lesquelles l'Empire a le plus à cœur d'entretenir les meilleurs rapports, est inexplicable pour le gouvernement de Sa Majesté. Elle lui suggère de pénibles réflexions, et le soussigné est chargé d'en témoigner ses profonds regrets. Ce n'est pas à nous, assurément, qu'on peut imputer ici un manque d'égard envers les représentants des Puissances amies auxquels le soussigné s'adresse, ce sont bien plutôt eux qui ne tiennent nul compte de la souveraineté et de l'indépendance d'Haïti.

Le soussigné prie Messieurs le Chargé d'Affaires et Consul Général de France et le Vice-Consul chargé du Consulat Général d'Angleterre d'agréer l'assurance de sa haute considération.

Le Ministre de l'Intérieur, chargé par intérim du portefeuille des Relations Extérieures.

A Messieurs

(Signé) Cte de Terrier-Rouge.

Le Chargé d'Affaires de France et le Vice-Consul chargé du Consulat Général de Sa Majesté Britannique.

Port-au-Prince.

Port-au-Prince, 28 Avril 1858.

Les soussignés, Chargé d'Affaires de France, et Vice-Consul chargé du Consulat Général de la Grande Bretagne, ont reçu la note que Monsieur le Ministre des Relations Extérieures d'Haïti leur a fait l'honneur de leur adresser sous la date d'hier, en réponse à celle qu'ils avaient précédemment transmise à Son Excellence à l'occasion de l'expédition dont le départ de Port-au-Prince leur avait été signalée.

Les soussignés regrettent vivement que Monsieur le Ministre ait été chargé par son gouvernement d'adopter, dans sa réponse, un langage offensant envers les représentants de deux Puissances amies, au lieu de leur faire purement et simplement connaître, comme c'était son devoir, le but de l'armement en question. S'ils ont demandé des explications, c'est sans doute parce que leurs instructions les y obligeaient, et la réflexion aura fait comprendre à Monsieur le Ministre que cette demande de leur part, autorisée par les principes du droit international, n'a pu en rien porter atteinte à la souveraineté et à l'indépendance d'Haïti à laquelle les soussignés rendent hommage et qu'ils sauront toujours respecter.

Monsieur le Ministre des Relations Extérieures n'a sans doute pas oublié qu'il a demandé aux soussignés dans la seconde conférence relative à l'affaire de Navaze si son gouvernement pourrait compter au besoin sur l'appui des Puissances alliées pour faire reconnaître ses droits sur cette petite île, et qu'ils se sont bornés à répondre que le meilleur moyen

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