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E. DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR

PALAIS-ROYAL, 15, 17, 19, GALERIE D'ORLÉANS

1877

Tous droits réservés.

N

5/3/241

CAVANT-PROPOS

J'ai récemment présenté à la Chambre des Députés, une proposition de loi tendant au rétablissement du divorce, en l'accompagnant d'un exposé des motifs. auquel je ne crois pas qu'on puisse opposer d'arguments sérieux.

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Aujourd'hui je livre au public, sous la forme du livre, le résultat de mes études sur ce sujet, voulant à la fois préparer la solution de cette grande question de liberté et de justice par la voie de la discussion parlementaire, par la voie du livre et même par la voie des conférences.

Il faut créer un courant d'opinion en faveur du divorce, afin qu'on ne puisse pas repousser cette salu

taire institution par une fin de non recevoir et sous le prétexte qu'elle n'est pas demandée.

Ce prétexte est d'ailleurs sans valeur aucune.

Le divorce étant une loi faite en vue de la très grande minorité, n'intéresse que médiocrement ceux qui sont heureux en ménage et qui n'en ont aucun besoin. Il faut les y intéresser en leur montrant que cette réforme leur est aussi utile à eux qu'à ceux qui veulent s'en servir. C'est facile : le divorce, nous le prouvons dans le corps de cet ouvrage, est une institution essentiellement moralisatrice et tous les citoyens ont un même intérêt à la moralisation de la société.

Cela est si vrai que, si le divorce n'est pas réclamé aujourd'hui comme il l'était en 1792, comme il l'a été pendant quelque temps après son abrogation, on peut l'attribuer à ce que, n'ayant plus l'espérance de son rétablissement, on a arrangé la société de manière à pouvoir s'en passer.

Le divorce est un remède héroïque, qui nécessite un certain courage de la part de ceux qui en font usage; le dérèglement des mœurs n'en nécessite aucun.

On a fini par considérer le concubinage, les unions clandestines, comme plus commodes que le divorce,

et l'on a jugé inutile de réclamer une institution dont on ne voulait plus se servir désormais.

Mais en même temps que cette perversion sociale empêchait un mouvement d'opinion en faveur du divorce de se produire, l'abolition du divorce facilitait cette perversion de la société.

Les époux séparés ne pouvant se remarier, la société leur a facilement reconnu le droit au concubinage, droit dont ils ont largement usé; et, pendant qu'on cachait à tous les yeux, par un voile épais, le vice qui nous dévore, le vice allait se développant sous ce voile, d'autant plus librement qu'on ne le voyait plus.

Il n'est que temps de faire cesser un pareil état de choses.

Rien n'est plus opportun que le rétablissement du divorce; c'est au législateur qu'il appartient d'en prendre l'initiative et, s'il ne la prend pas, c'est au public à s'emparer de cette question et à en faire sa préoccupation constante jusqu'à ce qu'il soit parvenu à en imposer la solution aux représentants de la nation.

Ajoutons qu'il n'est pas vrai que le divorce ne soit pas réclamé. Il l'est par toutes les personnes honnêtes qui ont été frappées dans le mariage et à qui il répugne de vivre en dehors des conditions sociales.

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