Mignet, Michelet, Henri Martin

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Calmann Lévy, 1890 - 367 pages
 

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Page 189 - Que de jours de labeur et d'étude au fond des archives! Je travaillais pour toi, j'allais, venais, cherchais, écrivais, je donnais chaque jour de moi-même tout, peut-être encore plus. Le lendemain matin, te trouvant à ma table, je me croyais le même fort de ta vie puissante et de ta jeunesse éternelle.
Page 179 - Toutefois je ne tardai pas à m'apercevoir dans le silence apparent de ces galeries, qu'il y avait un mouvement, un murmure qui n'était pas de la mort. Ces papiers, ces parchemins laissés là depuis longtemps ne demandaient pas mieux que de revenir au jour. Ces papiers ne sont pas des papiers, mais des vies d'hommes, de provinces, de peuples.
Page 341 - L'esclave et le tyran ont tous un compte à rendre, L'un du sceptre, l'autre des fers. Son cercueil est fermé : Dieu l'a jugé. Silence ! Son crime et ses exploits pèsent dans la balance : Que des faibles mortels la main n'y touche plus ! Qui peut sonder, Seigneur, ta clémence infinie ? Et vous, fléaux de Dieu, qui sait si le génie N'est pas une de vos vertus ?... LES ÉTOILES A MADAME DE p*** II est pour la pensée une heure...
Page 159 - ... étant à deux pas (1814!), et mes ennemis à moi se moquant de moi tous les jours, un jour, un jeudi matin, je me ramassai sur moi-même : sans feu (la neige couvrait tout), ne sachant pas trop si le pain viendrait le soir, tout semblant finir pour moi, — j'eus en moi, sans nul mélange d'espérance religieuse, un pur sentiment stoïcien, —je frappai de ma main, crevée par le froid, sur ma table de chêne (que j'ai toujours conservée), et sentis une joie virile de jeunesse et d'avenir.
Page 162 - Peu m'ont oublié; pour moi, vivans ou morts, je ne les oublierai jamais. Ils m'ont rendu sans le savoir un service immense. Si j'avais comme historien un mérite spécial qui me soutînt à côté de mes illustres prédécesseurs, je le devrais à l'enseignement qui pour moi fut l'amitié. Ces grands historiens ont été brillans, judicieux, profonds; moi, j'ai aimé davantage.
Page 191 - Sans une base géographique, le peuple, l'acteur historique, semble marcher en l'air comme dans les peintures chinoises, où le sol manque. Et notez que ce sol n'est pas seulement le théâtre de l'action. Par la nourriture, le climat, etc., il y influe de cent manières. Tel le nid, tel l'oiseau. Telle la patrie, tel l'homme.
Page 168 - C'est là, et nulle autre part, que j'ai reçu d'abord la vive impression de l'histoire. Je remplissais ces tombeaux de mon imagination, je sentais ces morts à travers les marbres, et ce n'était pas sans quelque terreur que j'entrais sous les voûtes basses où dormaient Dagobert, Chilpéric et Frédégonde.
Page 86 - Plus qu'aucun d'eux, il était propre à la prévenir ou à la terminer; car il était capable d'être un roi réformateur avant qu'elle éclatât, ou d'être ensuite un roi constitutionnel. Il est le seul prince, peut-être, qui, n'ayant aucune passion, n'eut pas celle du pouvoir, et qui réunit les deux qualités qui font les bons rois, la crainte de Dieu et l'amour du peuple. Il périt victime...
Page 198 - En contemplant cette muette armée d'apôtres et de prophètes, de saints et de docteurs échelonnés de la terre au ciel, qui ne reconnaîtra la Cité de Dieu élevant jusqu'à lui la pensée de l'homme?
Page 205 - Bièvre, au milieu de grands jardins de couvents, autres sépulcres. Je menais une vie que le monde aurait pu dire enterrée, n'ayant de société que celle du passé, et pour amis les peuples ensevelis. Refaisant leur légende, je réveillais en eux mille choses évanouies. Certains chants de nourrice dont j'avais le secret, étaient d'un effet sûr. A l'accent ils croyaient que j'étais un des leurs. Le don que Saint Louis demande et n'obtient pas, je l'eus : « le don des larmes ». Don puissant,...

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