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le texte de la convention relative à la dette (1), et l'a pressé de prendre les dispositions nécessaires pour le transfert des inscriptions de rentes. Le Cardinal s'est montré assez ému de cette mise en demeure». Il comptait faire examiner la question par le Ministre du Trésor (2). « J'ai rappelé à Son Éminence, ajoute le Comte de Sartiges, qu'aucune modification de détails ou de fond ne pouvait être apportée à une convention ratifiée par les Gouvernements de France et d'Italie et insérée au Moniteur de l'Empire. »]

3942. BENEDETTI, AMBASSADEUR À BERLIN, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Télégr. Déchiffrement. Prusse, 360.)

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Ayant rencontré le Comte de Bismarck à la promenade, j'ai eu avec lui un long entretien (3) dans lequel il ne m'a pas caché que la Prusse ne pouvait s'engager à garantir le pouvoir temporel du Pape et que, dans son opinion, notre projet de convention, du moment où on en retrancherait cette clause, n'avait plus de raison d'être, attendu que les autres dispositions concernant les démarches simultanées ou collectives à faire à Rome ou à Florence pouvaient être concertées par la voie diplomatique.

En ce qui concerne l'autre projet, il est entré dans des explications qui ne m'en font pas espérer le succès, au moins immédiat; j'aurai soin de vous en rendre compte.

Je suis en possession du projet de constitution fédérale (4) ; je vous en enverrai demain la traduction.

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(3) Cf. Benedetti, 14 décembre, particulière, et Goltz à Moustier, 17 décembre.

(4) Cf. Benedetti, 18 décembre, no 277 bis.

ORIG. DIPL.

XIII.

20

IMPRIMERIE NATIONALE.

3943. BenedeTTI, AMBASSADEUR À BERLIN, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Orig., avec déchiffrement. Prusse, 36o, n° 279.)

Berlin, 19 décembre 1866.

(Cabinet, 21 décembre; Dir. pol., 22 décembre.)

[Déchiffrement] Comme on l'avait annoncé, le Roi de Saxe a quitté Berlin ce matin pour retourner à Dresde (1), et les Princes. de Prusse, en l'accompagnant à la gare, ont tenu à lui témoigner jusqu'à la dernière heure la déférence et les attentions délicates dont on se proposait de le combler.

S. M. Saxonne a eu hier avec le Roi Guillaume un entretien particulier qui a été repris ce matin et s'est prolongé pendant plus d'une heure. Il me revient que les deux Souverains se sont séparés entièrement satisfaits l'un de l'autre, et que le Roi Jean emporterait l'assurance qu'on atténuerait, dans une certaine mesure, les dispositions rigoureuses prises ou projetées à l'égard de la Saxe. On lui aurait manifesté l'intention de lui prouver qu'on désirait sincèrement nouer avec lui des relations d'une mutuelle confiance, et promis de se concerter sur les points qu'il a particulièrement signalés comme devant fixer l'attention des deux Gouvernements. Je suis tenté de croire qu'on a en quelque sorte fixé les bases de ce rapprochement; on a, dans tous les cas, décidé que le Ministre des Affaires étrangères de Saxe, M. de Friesen, qui avait refusé de participer aux conférences des Représentants de la Confédération du Nord, viendrait prochainement à Berlin, assisté du Général Fabrice, pour ouvrir des pourparlers particuliers avec le Cabinet prussien. Dans les négociations qui ont précédé le rétablissement de la paix avec les États de l'Allemagne du Midi, le Gouvernement du Roi Guillaume a mis en avant des prétentions d'une extrême dureté, sur lesquelles il est revenu plus tard sans qu'on ait jamais pu être complètement fixé sur les motifs de ce revirement; on prétend actuellement que la Bavière, notamment, dont il voulait exiger une concession territoriale comprenant une population de neuf cent mille habitants, avait racheté ce sacrifice moyennant la promesse ou l'engagement de

(1) Cf. Benedetti, 18 décembre, no 276.

s'unir éventuellement à la Prusse (1). On semble aujourd'hui vouloir user d'un expédient analogue avec la Saxe, ou du moins tous les efforts du Cabinet de Berlin paraissent tendre à établir entre lui et tous les États de l'Allemagne, indistinctement, des rapports d'une solidarité relative. La retraite probable de M. von der Pfordten (2) et celle du Baron de Dalwigk, que quelques journaux dévoués à la Prusse se plaisent à annoncer, constitueraient un double succès de cette politique (3).

Bien que la télégraphie privée ait prétendu le contraire, M. de Bismarck, par un sentiment de délicatesse, s'est abstenu de se trouver à la gare au moment de l'arrivée du Roi de Saxe à Berlin. Mais, S. M. Saxonne ayant daigné le recevoir hier et conférer longuement avec lui des affaires qui intéressent les deux pays, le Président du Conseil s'est joint ce matin aux Princes qui ont reconduit le Roi jusqu'au chemin de fer.

M. de Schulenbourg, qui représentait la Prusse à Dresde avant la guerre, ayant dû, pour se conformer à ses instructions, prendre durant les derniers temps une attitude dont le Roi Jean ne peut avoir perdu le souvenir, on a jugé convenable, pour témoigner des nouvelles dispositions qui animent la Cour de Prusse, de confier ce poste à un nouvel Agent, et M. de Werthern, accrédité en Espagne, a été désigné pour l'occuper à l'avenir (4).

3944. LE BARON DE MALARET, MINISTRE À FLORENCE, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Orig. Italie, 366, n° 144.)

Florence, 19 décembre 1866.

(Cabinet, 22 décembre; Dir. pol., 25 décembre.)

Le Général Fleury a quitté hier Florence (5) et sera sans doute à Paris avant que cette dépêche ne parvienne à Votre Excellence.

(1) Ce fut l'alliance offensive et défensive secrète du 22 août.

(2) Cf. des Méloizes, 6 décembre. Le 15 décembre, des Méloizes annonçait que Pfordten avait offert sa démission au Roi, qui avait ajourné toute décision jusqu'à son arrivée à Munich.

(3) Le déchiffrement se termine ici.

(4) La nomination de Werthern à Dresde ne fut pas maintenue. Le baron de Landsberg, secrétaire de légation, fut chargé d'affaires à Dresde de décembre 1866 à février 1867.

(5) Cf. Fleury à Napoléon III, télégramme, 16 décembre.

Les informations qu'il a transmises au Gouvernement de l'Empereur, celles qu'il est mieux que personne en mesure de lui donner de vive voix me dispensent d'entrer dans le détail des incidents diplomatiques qui ont précédé l'ouverture des Chambres italiennes. Je me réserve cependant de revenir plus tard sur les différentes phases de la négociation que le Général Fleury a été chargé de diriger, et dont les conséquences ne pourront être sainement appréciées qu'après que le Parlement aura eu l'occasion de se prononcer sur l'attitude récemment prise par le Gouvernement du Roi dans la question romaine.

Ainsi qu'il était facile de le prévoir, tous ceux qui ont un intérêt politique ou seulement un intérêt d'amour-propre à éviter les déclarations explicites, exploitent au gré de leurs désirs ce qu'il peut y avoir d'ambigu dans certaines expressions du discours royal (1); d'autres, plus disposés à entrer résolument dans la voie de la conciliation avec le Saint-Siège, applaudissent aux paroles respectueuses et modérées que le Ministère a placées dans la bouche du Roi, et veulent y voir un premier pas vers la solution définitive du grand problème qui préoccupe en ce moment la catholicité tout entière. Le Gouvernement assure que, pour qu'il lui soit possible de suivre dans les affaires de Rome une politique conforme aux vœux du Gouvernement de l'Empereur, il est essentiel qu'il ne heurte point de front les opinions ou les préjugés dont on pourrait se faire une arme contre lui; il promet d'être parfaitement correct dans les faits, mais il demande qu'on lui permette de rester un peu énigmatique dans les paroles. La presse modérée applaudit au langage du Roi, elle parle du SaintPère en termes respectueux, et un grand nombre des articles qu'elle publie seraient on ne peut plus satisfaisants si on ne retrouvait dans tous, ou dans presque tous, une phrase qui subordonne plus ou moins la réconciliation future avec le Saint-Siège à l'accomplissement du programme national.

L'attitude et le langage ne sont donc absolument corrects ni dans le Gouvernement, ni dans la presse, ni dans le public; il est cependant incontestable que depuis peu de temps tout le monde

(1) Cf. Malaret, télégramme et dépêche, 15 décembre; Fleury, télégramme, 16 décembre.

en Italie a sérieusement réfléchi sur la question romaine, et que le résultat de ces réflexions a été on ne peut plus favorable aux idées de conciliation que la politique de l'Empereur a toujours cherché à faire prévaloir. A ce point de vue, le discours de la Couronne constitue un notable progrès; il ne dit point tout ce qu'il aurait pu dire; il laisse, sciemment peut-être, la porte ouverte à des interprétations très contradictoires; mais, pris dans son ensemble, il est conciliant et modéré, et en somme aussi satisfaisant qu'il était permis de l'espérer dans les circonstances actuelles.

[Le Commandeur Tonello (1) vient d'adresser au Roi son premier rapport. Ses impressions ne sont pas complètement bonnes. Il n'a obtenu qu'au bout de huit jours l'audience qu'il avait sollicitée du Pape aussitôt après son arrivée. Du moins le Pape s'est-il montré disposé à écouter avec bienveillance les propositions qui pourraient lui être faites.]

Votre Excellence sait sans doute que, dans le dernier entretien qu'il a eu avec le Général Fleury, M. le Président du Conseil a exprimé la crainte que l'Empereur ne songeât à négocier avec diverses Puissances européennes dans le but de les amener à garantir avec lui le territoire pontifical. M. le Ministre des Affaires étrangères m'a, peu de moments après, manifesté les mêmes appréhensions. Si j'ai bien compris son langage, il s'agirait de pourparlers engagés entre la France et la Prusse (2) pour établir les bases d'une combinaison à laquelle les Puissances catholiques devraient plus tard accéder. M. Visconti-Venosta m'a paru n'avoir sur ce point que des informations très vagues; il m'a néanmoins fait connaître quelle serait l'impression du Gouvernement du Roi pour le cas où la France, ne jugeant pas les États du Saint-Père suffisamment protégés par la Convention du 15 septembre, voudrait substituer une garantie européenne ou catholique à celles qui ont été stipulées dans cet acte international. Suivant lui, une pareille mesure n'aurait de raison d'être que si le Gouvernement italien, après notre départ de Rome, s'était montré hostile au Pape ou impuissant à accomplir ses engagements. Dans l'état

(1) Cf. Malaret, télégramme, 8 décembre.
(2) Cf. Moustier à Benedetti, 25 novembre.

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